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Automne

110 poésies en cours de vérification
Automne

Poésies de la collection automne

    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    L’automne De boue le chemin est devenu. Les arbres encore vivement vêtus. La pluie récente parfume l’air. Un million de feuilles se couchent par terre. A la descente de la brume, le bois secret s’allume. L’enchantement est divin, le temps n’a plus de fin. Errer dans le bois, voler du passé, ramasser du thym gentiment faire du thé. Rarement le silence reste dans ce ruisseau fascinant. Caresser tout le savoir dans les bras de maintenant.

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    C

    Christine Larrieu

    @christineLarrieu

    La voix Parfois, quand le brouillard, vient assombrir nos routes, Et qu’au fond du tunnel, la nuit s’est faite doute, Quand la vie fait frémir nos âmes, ô sort rageur, Et que la lassitude enveloppe nos cœurs, Quand la mélancolie est, seule, étincelle, Le rayon du soleil, lumière qui chancelle, Quand l’hiver, inlassable, est sombre citadelle, Nos tristes certitudes, de simples ritournelles. Les pétales, un à un, telles larmes versées, Au vent froid de l’automne, lentement balancés, Nous rappellent, cruels, l’éphémère beauté Et la douce nostalgie de ces temps envolés. Alors, comme il est doux le murmure divin, Et clair à nos oreilles le timbre cristallin, Qui résonne, sans fin, caresse accueillante, Le son, attendrissant, de la Voix Consolante !

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    C

    Claire Raphaël

    @claireRaphael

    Automne L’automne inonde nos regrets d’un lustre inconséquent et d’une couleur bronze ces regrets orgueilleux réveillés par le sucre d’un vin capiteux qui s’abreuvent du sang de nos mémoires sombres qu’on avait achetés à des marchands de mort pour habiller nos corps d’un drap de larmes rouges. Ces regrets qui remplacent le repentir sincère par des frissons de fièvre incisifs et tenaces qui nous laissent fautifs d’être aujourd’hui si vieux plus vieux que les serments qui n’ont pas eu le temps de mûrir au printemps. L’automne abreuve nos souvenirs de flammes meurtrières coupantes comme hier nous avons délaissé nos plaisirs ordinaires pour des postures noires pleines d’anxiété.

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    C

    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    Fuite d’automne Sors de ta chrysalide, ô mon âme, voici L’Automne. Un long baiser du soleil a roussi Les étangs ; les lointains sont vermeils de feuillage, Le flexible arc-en-ciel a retenu l’orage Sur sa voûte où se fond la clarté d’un vitrail ; La brume des terrains rôde autour du bétail Et parfois le soleil que le brouillard efface Est rond comme la lune aux marges de l’espace. Mon âme, sors de l’ombre épaisse de ta chair C’est le temps dans les prés où le silence est clair, Où le vent, suspendant son aile de froidure, Berce dans les rameaux un rêve d’aventure Et fait choir en jouant avec ses doigts bourrus La feuille jaune autour des peupliers pointus. La libellule vole avec un cri d’automne Dans ses réseaux cassants ; la brebis monotone A l’enrouement fêlé des branches dans la voix ; La lumière en faisceaux bruine sur les bois. Mon âme en robe d’or faite de feuilles mortes Se donne au tourbillon que la rafale apporte Et chavire au soleil sur la pointe du pied Plus vive qu’en avril le sauvage églantier ; Cependant que de loin elle voit sur la porte, Écoutant jusqu’au seuil rouler des feuilles mortes, Mon pauvre corps courbé dans son châle d’hiver. Et mon âme se sent étrangère à ma chair. Pourtant, docilement, lorsque les vitres closes Refléteront au soir la fleur des lampes roses, Elle regagnera le masque familier, Et, servante modeste avec un tablier, Elle trottinera dans les chambres amères En retenant des mains le sanglot des chimères.

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    D

    Doëtte Angliviel

    @doetteAngliviel

    Automne Automne roux, automne rouge, automne amer Aux yeux de cuivre, à la main chaude, aux lourdes lèvres, Frère de cet amour, beau péché de ma chair, Dont j'accepte sans geste et sans lutte la fièvre. Venez. Que la saveur de votre bouche soit Comme l'âpre baiser dont la mienne est gourmande, Que je retrouve dans le goût de votre offrande Celui du rêve auquel je bois depuis des mois. Que je cache parmi mes boucles dénouées Mon grand front paraphé de songe et de désir, Et que, de réveiller mon jeune souvenir, Leur acre odeur de feuilles mortes soit louée.

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    E

    Elodie Santos

    @elodieSantos

    Le vent d’automne Comme je l’aime le vent d’automne quand je l’entends à ma fenêtre Et qu’il sonne Comme je l’aime le vent d’automne quand il caresse ma cheminée Et qu’il ramone Comme je l’aime le vent d’automne quand il s’arrête d’un coup Et puis résonne Comme je l’aime le vent d’automne qui m’amène un peu l’hiver Mais je lui pardonne Comme je l’aime le vent d’automne quand je suis dans mon lit Et que je m’abandonne

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    E

    Emile Nelligan

    @emileNelligan

    Tarentelle d’automne Vois-tu près des cohortes bovines Choir les feuilles dans les ravines, Dans les ravines ? Vois-tu sur le côteau des années Choir mes illusions fanées, Toutes fanées ? Avec quelles rageuses prestesses Court la bise de nos tristesses, De mes tristesses ! Vois-tu près des cohortes bovines, Choir les feuilles dans les ravines Dans les ravines ? Ma sérénade d’octobre enfle une Funéraire voix à la lune, Au clair de lune. Avec quelles rageuses prestesses Court la bise de nos tristesses, De mes tristesses ! Le doguet bondit dans la vallée. Allons-nous-en par cette allée, La morne allée ! Ma sérénade d’octobre enfle une Funéraire voix à la lune, Au clair de lune. On dirait que chaque arbre divorce Avec sa feuille et son écorce, Sa vieille écorce. Ah ! Vois sur la pente des années Choir mes illusions fanées, Toutes fanées !

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Au Nord Deux vieux marins des mers du Nord S’en revenaient, un soir d’automne, De la Sicile et de ses îles souveraines, Avec un peuple de Sirènes, A bord. Joyeux d’orgueil, ils regagnaient leur fiord, Parmi les brumes mensongères, Joyeux d’orgueil, ils regagnaient le Nord Sous un vent morne et monotone, Un soir de tristesse et d’automne. De la rive, les gens du port Les regardaient, sans faire un signe : Aux cordages le long des mâts, Les Sirènes, couvertes d’or, Tordaient, comme des vignes, Les lignes Sinueuses de leurs corps. Et les gens se taisaient, ne sachant pas Ce qui venait de l’océan, là-bas, A travers brumes ; Le navire voguait comme un panier d’argent Rempli de chair, de fruits et d’or bougeant Qui s’avançait, porté sur des ailes d’écume. Les Sirènes chantaient Dans les cordages du navire, Les bras tendus en lyres, Les seins levés comme des feux ; Les Sirènes chantaient Devant le soir houleux, Qui fauchait sur la mer les lumières diurnes ; Les Sirènes chantaient, Le corps serré autour des mâts, Mais les hommes du port, frustes et taciturnes, Ne les entendaient pas. Ils ne reconnurent ni leurs amis – Les deux marins – ni le navire de leur pays, Ni les focs, ni les voiles Dont ils avaient cousu la toile ; Ils ne comprirent rien à ce grand songe Qui enchantait la mer de ses voyages, Puisqu’il n’était pas le même mensonge Qu’on enseignait dans leur village ; Et le navire auprès du bord Passa, les alléchant vers sa merveille, Sans que personne, entre les treilles, Ne recueillît les fruits de chair et l’or.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Automne Matins frileux Le temps se vêt de brume ; Le vent retrousse au cou des pigeons bleus Les plumes. La poule appelle Le pépiant fretin de ses poussins Sous l’aile. Panache au clair et glaive nu Les lansquenets des girouettes Pirouettent. L’air est rugueux et cru ; Un chat près du foyer se pelotonne ; Et tout à coup, du coin du bois résonne, Monotone et discord, L’appel tintamarrant des cors D’automne.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Fin d’année Sous des cieux faits de filasse et de suie, D’où choit morne et longue la pluie, Voici pourrir Au vent tenace et monotone, Les ors d’automne ; Voici les ors et les pourpres mourir. O vous qui frémissiez, doucement volontaires, Là-haut, contre le ciel, tout au long du chemin, Tristes feuilles comme des mains, Vous gisez, noires, sur la terre. L’heure s’épuise à composer les jours ; L’autan comme un rôdeur, par les plaines circule ; La vie ample et sacrée, avec des regrets sourds, Sous un vague tombeau d’ombre et de crépuscule, Jusques au fond du sol se tasse et se recule. Dites, l’entendez-vous venir au son des glas, Venir du fond des infinis là-bas, La vieille et morne destinée ? Celle qui jette immensément au tas Des siècles vieux, des siècles las, Comme un sac de bois mort, l’année.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Heure d’automne C’est bien mon deuil, le tien, ô l’automne dernière ! Râles que roule, au vent du nord, la sapinière, Feuillaison d’or à terre et feuillaison de sang, Sur des mousses d’orée ou des mares d’étang, Pleurs des arbres, mes pleurs, mes pauvres pleurs de sang. C’est bien mon deuil, le tien, ô l’automne dernière ! Secousses de colère et rages de crinière, Buissons battus, mordus, hachés, buissons crevés, Au double bord des longs chemins, sur les pavés, Bras des buissons, mes bras, mes pauvres bras levés. C’est bien mon deuil, le tien, ô l’automne dernière ? Quelque chose, là-bas, broyé dans une ornière, Qui grince immensément ses désespoirs ardus Et qui se plaint, ainsi que des arbres tordus, Cris des lointains, mes cris, mes pauvres cris perdus.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    La glycine est fanée et morte est l’aubépine La glycine est fanée et morte est l’aubépine ; Mais voici la saison de la bruyère en fleur Et par ce soir si calme et doux, le vent frôleur T’apporte les parfums de la pauvre Campine. Aime et respire-les, en songeant à son sort Sa terre est nue et rêche et le vent y guerroie ; La mare y fait ses trous, le sable en fait sa proie Et le peu qu’on lui laisse, elle le donne encor. En automne, jadis, nous avons vécu d’elle, De sa plaine et ses bois, de sa pluie et son ciel, Jusqu’en décembre où les anges de la Noël Traversaient sa légende avec leurs grands coups d’aile. Ton coeur s’y fit plus sûr, plus simple et plus humain ; Nous y avons aimé les gens des vieux villages, Et les femmes qui nous parlaient de leur grand âge Et de rouets déchus qu’avaient usés leurs mains. Notre calme maison dans la lande brumeuse Etait claire aux regards et facile à l’accueil, Son toit nous était cher et sa porte et son seuil Et son âtre noirci par la tourbe fumeuse. Quand la nuit étalait sa totale splendeur Sur l’innombrable et pâle et vaste somnolence, Nous y avons reçu des leçons du silence Dont notre âme jamais n’a oublié l’ardeur. A nous sentir plus seuls dans la plaine profonde Les aubes et les soirs pénétraient plus en nous ; Nos yeux étaient plus francs, nos coeurs étaient plus doux Et remplis jusqu’aux bords de la ferveur du monde. Nous trouvions le bonheur en ne l’exigeant pas, La tristesse des jours même nous était bonne Et le peu de soleil de cette fin d’automne Nous charmait d’autant plus qu’il semblait faible et las. La glycine est fanée, et morte est l’aubépine ; Mais voici la saison de la bruyère en fleur. Ressouviens-toi, ce soir, et laisse au vent frôleur T’apporter les parfums de la pauvre Campine.

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    Emile Verhaeren

    Emile Verhaeren

    @emileVerhaeren

    Novembre Les grand’routes tracent des croix A l’infini, à travers bois ; Les grand’routes tracent des croix lointaines A l’infini, à travers plaines ; Les grand’routes tracent des croix Dans l’air livide et froid, Où voyagent les vents déchevelés A l’infini, par les allées. Arbres et vents pareils aux pèlerins, Arbres tristes et fous où l’orage s’accroche, Arbres pareils au défilé de tous les saints, Au défilé de tous les morts Au son des cloches, Arbres qui combattez au Nord Et vents qui déchirez le monde, Ô vos luttes et vos sanglots et vos remords Se débattant et s’engouffrant dans les âmes profondes ! Voici novembre assis auprès de l’âtre, Avec ses maigres doigts chauffés au feu ; Oh ! tous ces morts là-bas, sans feu ni lieu, Oh ! tous ces vents cognant les murs opiniâtres Et repoussés et rejetés Vers l’inconnu, de tous côtés. Oh ! tous ces noms de saints semés en litanies, Tous ces arbres, là-bas, Ces vocables de saints dont la monotonie S’allonge infiniment dans la mémoire ; Oh ! tous ces bras invocatoires Tous ces rameaux éperdument tendus Vers on ne sait quel christ aux horizons pendu. Voici novembre en son manteau grisâtre Qui se blottit de peur au fond de l’âtre Et dont les yeux soudain regardent, Par les carreaux cassés de la croisée, Les vents et les arbres se convulser Dans l’étendue effarante et blafarde, Les saints, les morts, les arbres et le vent, Oh l’identique et affolant cortège Qui tourne et tourne, au long des soirs de neige ; Les saints, les morts, les arbres et le vent, Dites comme ils se confondent dans la mémoire Quand les marteaux battants A coups de bonds dans les bourdons, Ecartèlent leur deuil aux horizons, Du haut des tours imprécatoires. Et novembre, près de l’âtre qui flambe, Allume, avec des mains d’espoir, la lampe Qui brûlera, combien de soirs, l’hiver ; Et novembre si humblement supplie et pleure Pour attendrir le coeur mécanique des heures ! Mais au dehors, voici toujours le ciel, couleur de fer, Voici les vents, les saints, les morts Et la procession profonde Des arbres fous et des branchages tords Qui voyagent de l’un à l’autre bout du monde. Voici les grand’routes comme des croix A l’infini parmi les plaines Les grand’routes et puis leurs croix lointaines A l’infini, sur les vallons et dans les bois !

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    F

    Francis Etienne Sicard

    @francisEtienneSicard

    Lettres exsangues L’automne mange le temps comme un insecte sec avale le néant. Un reflet de ciel flou drape le soir naissant d’une toile mignarde, empruntant à Boucher des dentelles de touches diluées dans l’encens. Un feu crépite, l’horloge tinte, aigrelette, à l’étage, s’endort un jour, calme et nourri de ces longues pensées au parfum de l’amour. Ecrire délie mes doigts dont les gammes aiguisent la virtuosité des mots.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    En automne Quand de la divine enfant de Norvège, Tout tremblant d’amour, j’osai m’approcher, Il tombait alors des flocons de neige. Comme un martinet revole au clocher, Quand je la revis, plein d’ardeurs plus fortes, Il tombait alors des fleurs de pêcher. Ah! je te maudis, exil qui l’emportes Et me veux du coeur l’espoir arracher! Il ne tombe plus que des feuilles mortes.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Matin d'Octobre C'est l'heure exquise et matinale Que rougit un soleil soudain. À travers la brume automnale Tombent les feuilles du jardin. Leur chute est lente. On peut les suivre Du regard en reconnaissant Le chêne à sa feuille de cuivre, L'érable à sa feuille de sang. Les dernières, les plus rouillées, Tombent des branches dépouillées ; Mais ce n'est pas l'hiver encor. Une blonde lumière arrose La nature, et, dans l'air tout rose, On croirait qu'il neige de l'or.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Un évangile En ce temps-là, Jésus, seul avec Pierre, errait Sur la rive du lac, près de Génésareth, À l’heure où le brûlant soleil de midi plane, Quand ils virent, devant une pauvre cabane, La veuve d’un pêcheur, en longs voiles de deuil, Qui s’était tristement assise sur le seuil, Retenant dans ses yeux la larme qui les mouille, Pour bercer son enfant et filer sa quenouille. Non loin d’elle, cachés par des figuiers touffus, Le Maître et son ami voyaient sans être vus. Soudain, un de ces vieux dont le tombeau s’apprête, Un mendiant, portant un vase sur sa tête, Vint à passer et dit à celle qui filait: « Femme, je dois porter ce vase plein de lait Chez un homme logé dans le prochain village; Mais tu le vois, je suis faible et brisé par l’âge, Les maisons sont encore à plus de mille pas, Et je sens bien que, seul, je n’accomplirai pas Ce travail, que l’on doit me payer une obole. » La femme se leva sans dire une parole, Laissa, sans hésiter, sa quenouille de lin, Et le berceau d’osier où pleurait l’orphelin, Prit le vase, et s’en fut avec le misérable. Et Pierre dit: « Il faut se montrer secourable, Maître! mais cette femme a bien peu de raison D’abandonner ainsi son fils et sa maison, Pour le premier venu qui s’en va sur la route. À ce vieux mendiant, non loin d’ici, sans doute, Quelque passant eût pris son vase et l’eût porté. » Mais Jésus répondit à Pierre: « En vérité, Quand un pauvre a pitié d’un plus pauvre, mon père Veille sur sa demeure et veut qu’elle prospère. Cette femme a bien fait de partir sans surseoir. » Quand il eut dit ces mots, le Seigneur vint s’asseoir Sur le vieux banc de bois, devant la pauvre hutte. De ses divines mains, pendant une minute, Il fila la quenouille et berça le petit; Puis se levant, il fit signe à Pierre et partit. Et, quand elle revint à son logis, la veuve, À qui de sa bonté Dieu donnait cette preuve, Trouva sans deviner jamais par quel ami, Sa quenouille filée et son fils endormi.

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    F

    François Fabié

    @francoisFabie

    L’automne A toute autre saison je préfère l’automne ; Et je préfère aux chants des arbres pleins de nids La lamentation confuse et monotone Que rend la harpe d’or des grands chênes jaunis. Je préfère aux gazons semés de pâquerettes Où la source égrenait son collier d’argent vif, La clairière déserte où, tristes et discrètes, Les feuilles mortes font leur bruit doux et plaintif. Plus de moissons aux champs, ni de foin aux vallées ; Mais le seigle futur rit sur les bruns sillons, Et le saule penchant ses branches désolées Sert de perchoir nocturne aux frileux oisillons. Et, depuis le ruisseau que recouvrent les aulnes Jusqu’aux sommets où, seuls, les ajoncs ont des fleurs, Les feuillages divers qui s’étagent par zones Doublent le chant des bruits de l’hymne des couleurs. Et les pommiers sont beaux, courbés sous leurs fruits roses, Et beaux les ceps sanglants marbrés de raisins noirs ; Mais plus beaux s’écroulant sous leurs langues décloses, Les châtaigniers vêtus de la pourpre des soirs. Ici c’est un grand feu de fougère flétrie D’où monte dans le ciel la fumée aux flots bleus, Et, comme elle, la vague et lente rêverie Du pâtre regardant l’horizon nébuleux. Plus loin un laboureur, sur la lande muette, S’appuie à la charrue, et le soleil couchant Détache sur fond d’or la fière silhouette Du bouvier et des boeufs arrêtés en plein champ. L’on se croirait devant un vitrail grandiose Où quelque artiste ancien, saintement inspiré, Aurait représenté dans une apothéose Le serf et l’attelage et l’araire sacré…

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    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    Nuit d’automne Mais des nuits d’automne Goûtons les douceurs ; Qu’aux aimables fleurs Succède Pomone. Le pâle couchant Brille encore à peine ; De Vénus, qu’il mène. L’astre va penchant ; La lune, emportée Vers d’autres climats, Ne montrera pas Sa face argentée. De ces peupliers, Au bord des sentiers, Les zéphyrs descendent, Dans les airs s’étendent, Effleurent les eaux, Et de ces ormeaux Raniment la sève : Comme une vapeur, La douce fraîcheur De ces bois s’élève. Sous ces arbres verts, Qu’un vent frais balance, J’entends en silence Leurs légers concerts : Mollement bercée, La voûte pressée En dôme orgueilleux Serre son ombrage, Et puis s’entr’ouvrant. Du ciel lentement Découvre l’image. Là, des nuits l’azur Dans un cristal pur Déroule ses voiles. Et le flot brillant Coule en sommeillant Sur un lit d’étoiles -Oh ! charme nouveau ! Le son du pipeau Dans l’air se déploie, Et du fond des bois M’apporte à la fois L’amour et la joie. Près des ruisseaux clairs. Au chaume d’Adèle Le pasteur fidèle Module ses airs. Tantôt il soupire, Tantôt il désire ; Se tait : tour à tour Sa simple cadence Me peint son amour Et son innocence. Dans son lit heureux La pauvre attentive Écoute, pensive, Ces sons dangereux : Le drap qui la couvre Loin d’elle a roulé, Et son œil troublé Mollement s’entr’ouvre. Tout entière au bruit Qui pendant la nuit La charme et l’accuse, Adèle au vainqueur Son aveu refuse Et donne son cœur.

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    F

    Françoise Urban-Menninger

    @francoiseUrbanMenninger

    La tête dans mon poème Est-ce l’air qui frissonne ou ma peau qui frémit seul le vent d’automne se fait l’écho de mes nuits la tête dans mon poème je défais les fils du silence et tisse sur la page blanche le linceul de mes rêves mais seul le vent d’automne pressent cette amertume au goût âpre de pomme qui affleure sur mes lèvres de brume

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    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    Les saisons Printemps Le printemps va bientôt naître. Les hirondelles Pour que l’azur s’en vienne égayer son berceau Fendent le crêpe du brouillard à grands coups Prestes et nets ainsi que des coups de ciseaux. Des rustres stupides et des corbeaux voraces Qui s’engraissaient parmi les horreurs de l’hiver En voyant les oiseaux d’espoir traverser l’air Se liguent aussitôt pour leur donner la chasse. Les hirondelles agonisent en des cages, Leur aile saigne sous la serre des corbeaux, Mais parmi l’azur qui crève enfin les nuages Voici l’Avril ! Voici le printemps jeune et beau. O gouvernants bourgeois à la poigne cruelle Emprisonnez les gens, faites en des martyrs, Tuez si ça vous plaît toutes les hirondelles, Vous n’empêcherez pas le printemps de venir. Eté Pour emblaver ces champs, quelques sas ont suffi Ils n’ont jeté que quelques poignées de semence Mais le miracle blond de l’Eté s’accomplit Cent faucheurs sont penchés sur la moisson immense. De chaque grain tombé dans la nuit du sillon Un bel épi s’est élancé vers la lumière Et nul ne peut, sous le vol bleu des faucillons Compter tous les épis de la récolte entière. O vous, plus isolés encor que les semeurs Qui sont passés dans la plaine au temps des emblaves, En la nuit des cerveaux et l’intensité des cœurs Jetez votre bon grain sur Je champ des Esclaves. Fiers semeurs de l’Ida, jetez votre bon grain. il dormira comme le blé dort dans la terre. Mais innombrable, aux beaux jours de l’Eté prochain, Votre moisson resplendira dans la lumière1 Automne Comme un monde qui meurt écrasé sous son Or, La Forêt automnale en son faste agonise Et ses feuilles, comme les pièces d’un trésor, S’amoncellent sous le râteau fou de la bise. Parmi la langueur des sous-bois, on sent flotter La même odeur de lente mort et de luxure Qui vous accable au cœur des trop riches cités : Tout l’Or de la Forêt s’exhale en pourriture ! Mais nous savons que de l’amas de ce fumier Doit fleurir, en l’élan de la sève prochaine, La gaieté des coucous, la grâce des aubiers, La douceur de la mousse et la beauté des chênes. Notre Société ressemble à la Forêt, Nous sommes en Novembre, et l’Automne est en elle. O fumier d’aujourd’hui ! plus ton lit est épais Plus l’Avril sera vert dans la Forêt nouvelle ! Hiver Tristes, mornes, muets, voûtés comme une échine De malheureux tâcherons , les vieux monts ont l’air D’un peuple d’ouvriers sur un chemin d’usine, Et leur long défilé semble entrer dans l’hiver. En un effeuillement lent de pétales sombres La neige tombe comme tombe la Douleur Et la Misère sur le dos des travailleurs. La neige tombe sur les monts. La neige tombe. Emprisonnant leur flanc, écrasant leur sommet, Sous un suaire dont la froideur s’accumule Encor ! Toujours ! plus fort ! la neige tombe. Mais Au simple bruit d’un pas heurtant le crépuscule, Les vieux monts impassibles travaillent soudain Et leur révolte gronde en avalanche blanche Qui renverse et qui brise tout sur son chemin… Sur notre monde un jour, quelle horrible avalanche !

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Automne Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d’automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s’en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d’amour et d’infidélité Qui parle d’une bague et d’un coeur que l’on brise Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Automne Malade Automne malade et adoré Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies Quand il aura neigé Dans les vergers Pauvre automne Meurs en blancheur et en richesse De neige et de fruits mûrs Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n’ont jamais aimé Aux lisières lointaines Les cerfs ont bramé Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu’on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille Les feuilles Qu’on foule Un train Qui roule La vie S’écoule

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    L'adieu J’ai cueilli ce brin de bruyère L’automne est morte souviens-t’en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t’attends

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Rhénane d’automne Les enfants des morts vont jouer Dans le cimetière Martin Gertrude Hans et Henri Nul coq n’a chanté aujourd’hui Kikiriki Les vieilles femmes Tout en pleurant cheminent Et les bons ânes Braillent hi han et se mettent à brouter les fleurs Des couronnes mortuaires C’est le jour des morts et de toutes leurs âmes Les enfants et les vieilles femmes Allument des bougies et des cierges Sur chaque tombe catholique Les voiles des vieilles Les nuages du ciel Sont comme des barbes de biques L’air tremble de flammes et de prières Le cimetière est un beau jardin Plein des saules gris et de romarins Il vous vient souvent des amis qu’on enterre Ah ! que vous êtes bien dans le beau cimetière Vous mendiants morts saouls de bière Vous les aveugles comme le destin Et vous petits enfants morts en prière Ah ! que vous êtes bien dans le beau cimetière Vous bourgmestres vous bateliers Et vous conseillers de régence Vous aussi tziganes sans papiers La vie vous pourrit dans la panse La croix nous pousse entre les pieds Le vent du Rhin ulule avec tous les hiboux Il éteint les cierges que toujours les enfants rallument Et les feuilles mortes Viennent couvrir les morts Des enfants morts parlent parfois avec leur mère Et des mortes parfois voudraient bien revenir Oh ! je ne veux pas que tu sortes L’automne est plein de mains coupées Non non ce sont des feuilles mortes Ce sont les mains des chères mortes Ce sont tes mains coupées Nous avons tant pleuré aujourd’hui Avec ces morts leurs enfants et les vieilles femmes Sous le ciel sans soleil Au cimetière plein de flammes Puis dans le vent nous nous en retournâmes À nos pieds roulaient des châtaignes Dont les bogues étaient Comme le cœur blessé de la madone Dont on doute si elle eut la peau Couleur des châtaignes d’automne

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Signe Je suis soumis au Chef du Signe de l’Automne Partant j’aime les fruits je déteste les fleurs Je regrette chacun des baisers que je donne Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs Mon Automne éternelle ô ma saison mentale Les mains des amantes d’antan jonchent ton sol Une épouse me suit c’est mon ombre fatale Les colombes ce soir prennent leur dernier vol

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    Isaac Lerutan

    @isaacLerutan

    Feuilles volantes Le ciel se fait lourd quand râlent les pupitres Annonçant dans la cour un vide insoutenable Et le cœur enchaîné, sous la coiffe du pitre, S’entrechoque aux paroles de maîtres de sérénades. Les rêveries s’élèvent et frôlent l’amertume Des sombres feuilles folles qui tangent en narguant Les évadés punis, aux mains griffées de plumes Dont leur omniprésence n’en fait que des absents. Quand grincent les miroirs aux couleurs de la nuit, Annonçant la tempête au fond des encriers, Une larme de pluie se transforme en l’ennui D’une vie qui s’achève dès la fin de l’été.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Au temps de la Toussaint Au temps de la Toussaint, lorsque les cimetières S’ornent de cyclamens, de buis ou de bruyères, Et qu’ainsi embellis d’éphémères bouquets, Ils donnent à la mort comme un air de gaieté ; Lorsqu’auprès des caveaux, des tombes familiales Joliment imprégnés de clartés automnales, L’on revient, chaque année, prier, se recueillir… Je sens de grands remords m’étreindre et m’envahir. Quelque part tu attends, en un lieu insolite, Esseulée, loin des tiens, sans jamais de visite. Et pour le Souvenir, toi qui aimais les fleurs, Vois-tu je n’ai rien d’autre à t’offrir que mes pleurs.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Septembre Le ciel s’est libéré de ses vapeurs torrides, Les jours se sont défaits des trop vives clartés, L’air s’est enfin rempli d’une tiédeur humide, Le calme est revenu, l’été s’en est allé. L’été s’en est allé. Tout revit. Tout respire Le suave parfum de la douce saison Et pourtant je perçois, dans l’ombre qui s’étire, Un étrange regret et de légers frissons.

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    J

    Jacques Chessex

    @jacquesChessex

    Chant d'automne Yorick un jour il avait plu dans ta fosse Ton crâne luisait comme une baie Les oiseaux passaient dans les nuages Ton élève vieillissait et rêvait Yorick il n'y avait plus de royaume Plus de liens, de lois à servir Il y avait la pluie de l'automne Interminablement dans l'herbe jaune Yorick un jour il avait plu dans ton crâne Comme cette pluie qui ne cesse de tomber Dans la mémoire de ton élève Avec les feuilles des haies Yorick, les pétales de l'été enfui Les baies comme les caillots imaginaires Dans le Songe du Golgotha

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