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Automne

110 poésies en cours de vérification
Automne

Poésies de la collection automne

    J

    Jacques Réda

    @jacquesReda

    Automne Ah je le reconnais, c'est déjà le souffle d'automne Errant, qui du fond des forêts propage son tonnerre En silence et désempare les vergers trop lourds ; Ce vent grave qui nous ressemble et parle notre langue Où chante à mi-voix un désastre. Offrons-lui le déclin Des roses, le charroi d'odeurs qui verse lentement Dans la vallée, et la strophe d'oiseaux qu'il dénoue Au creux de la chaleur où nous avons dormi. Ce soir, Longtemps fermé dans son éclat, le ciel grandi se détache, Entraînant l'horizon de sa voile qui penche ; et le bleu Qui fut notre seuil coutumier s'éloigne à longues enjambées Par les replis du val ouvert à la lecture de la pluie.

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    J

    Jacques Réda

    @jacquesReda

    Distance de l'automne Puis tel soir de septembre après tous ces jours lumineux, Le soleil n'est plus qu'un chasseur entre les landes df nuages ; Il guette et la forêt se retire en elle-même, À distance du rayon froid. Des craquements veillent partout sur le silence Et la mûre dans les taillis tend ses grappes noires à personne. Ce sera donc la nuit dans une heure. Le ciel Très pâle se réserve et ne touche plus l'herbe ni les eaux Qui se retournent vers la profondeur oblique. Buvez, doux animaux.

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    J

    Jean-Philippe Salabreuil

    @jeanPhilippeSalabreuil

    Carême d'automne Il y avait un abîme de feuillages Où tombait la rivière pour clocher Bruissant un creux de silence ou de lumière Aussi bien parmi nénuphars du ciel cloches des eaux Mille étoiles bougeaient sur le cours bleu des âges Celles qu'on ne voit pas chantaient comme l'oiseau M'avaient accompagné mon cœur ou mon âme nichés Au fond de moi sous les bûches les pierres Et je tournais la loi de rocaille du bourg Dénoncé bientôt par la lune aux deux rouges index Puis venaient les moutons de l'un et l'autre sexes A ma rencontre et miséricordieux toujours Midi sonnait dans la boucherie en tempête Lorsque s'ouvrait le couchant douloureux de la bête Asseyez-vous regardez bien me disait le boucher Puis il plongeait ses mains dans la pourpre fressure Mais pour voir passer dehors les pompiers grande [allure J'aimais bien mieux sans bruit à peine me pencher Quel faubourg ici-bas n'a pas connu la flamme Celui des pluies sans doute et peut-être celui des larmes O vie de si peu de poids dans le nid du bouvreuil En as-tu laissé de ces chevrons dans ma poitrine De ces gravats fourbus je revenais et les machines Pistonnaient rouges au labour comme cœur d'écureuil Je ne veux plus savoir le poids des entrecôtes Cela fait pour chacun somme toute peu de bonheur J'avais les mains liées j'avais entre les côtes Un sang lourd comme de bœuf et peut-être pas [meilleur Avec des roulements d'été a passé mon enfance Le carême d'automne acheva les vacances.

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    J

    Jules Breton

    @julesBreton

    Automne A Jules Dupré. La rivière s’écoule avec lenteur. Ses eaux Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes Qui se teignent de sang ; de hauts peupliers jaunes Sèment leurs feuilles d’or parmi les blonds roseaux. Le vent léger, qui croise en mobiles réseaux Ses rides d’argent clair, laisse de sombres zones Où les arbres, plongeant leurs dômes et leurs cônes, Tremblent, comme agités par des milliers d’oiseaux. Par instants se répète un cri grêle de grive, Et, lancé brusquement des herbes de la rive, Etincelle un joyau dans l’air limpide et bleu ; Un chant aigu prolonge une note stridente ; C’est le martin-pêcheur qui fuit d’une aile ardente Dans un furtif rayon d’émeraude et de feu. Courrières, 1875

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    J

    Jules Delavigne

    @julesDelavigne

    Les fleurs reviendront Le printemps est loin, si loin Les champs sont roses sombres Dans le fil d’une pensée morbide fluide Le vieil homme crache, crapote Comme un cochon il se fera abattre Le lampadaire tremble dans la nuit effervescente Les gens crient que c’est la fin du monde Puis rient car tout n’est pas encore fini Les fleurs et les odeurs reviendront C’est sûr Et on y sera, ou pas

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Ballade de retour Le Temps met Septembre en sa hotte, Adieu, les clairs matins d'été ! Là-bas, l'Hiver tousse et grelotte En son ulster de neige ouaté. Quand les casinos ont jeté Leurs dernières tyroliennes, La plage est triste en vérité ! Revenez-nous, Parisiennes ! Toujours l'océan qui sanglote Contre les brisants irrités, Le vent d'automne qui marmotte Sa complainte à satiété, Un ciel gris à perpétuité, Des averses diluviennes, Cela doit manquer de gaieté ! Revenez-nous, Parisiennes !

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Complainte de l'automne monotone Automne, automne, adieux de l'Adieu ! La tisane bout, noyant mon feux ; Le vent s'époumonne A reverdir la bûche où mon grand cœur tisonne. Est-il de vrais yeux ? Nulle ne songe à m'aimer un peu. Milieux aptères, Ou sans divans ; Regards levants, Deuils solitaires, Vers des Sectaires ! Le vent, la pluie, oh ! le vent, la pluie ! Antigone, écartez mon rideau ; Cet ex-ciel tout suie, Fond-il decrescendo, statu quo, crescendo ? Le vent qui s'ennuie, Retourne-t-il bien les parapluies ? Amours, gibiers ! Aux jours de givre. Rêver sans livre, Dans les terriers Chauds de fumiers ! Plages, chemins de fer, ciels, bois morts. Bateaux croupis dans les feuilles d'or. Le quart aux étoiles, Paris grasseyant par chic aux prises de voiles : De trop poignants cors M'ont hallalisé ces chers décors. Meurtres, alertes, Rêves ingrats ! En croix, les bras ; Roses ouvertes, Divines pertes ! Le soleil mort, tout nous abandonne. Il se crut incompris. Qu'il est loin ! Vent pauvre, aiguillonne Ces convois de martyrs se prenant à témoins ! La terre, si bonne. S'en va, pour sûr, passer cet automne. Nuits sous-marines ! Pourpres forêts. Torrents de frais. Bancs en gésines, Tout s'illumine ! — Allons, fumons une pipette de tabac, En feuilletant un de ces si vieux almanachs. En rêvant de la petite qui unirait Aux charmes de l'œillet ceux du chardonneret.

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Fiacres de nuit d'automne Les fiacres pris en automne au milieu de la nuit ; — boulangeries s'entr'ouvrant, comme mauvais lieux ; la traversée de Paris s'éveillant. Le lever vinasse des quais, les gares déjà grouillantes, scandées de pulsions chaotiques... Le départ dans l'air vif — les ponts noirs ; la banlieue, comme une laque charbonnée en eau-forte avec des salissures de génie — les premiers arbrillons, des fumées noires, des équipes de manœuvres regardant passer, les bras croisés, du vent dans leur figure terreuse qui clignote aux espaces.

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Petites misères d’Octobre Octobre m’a toujours fiché dans la détresse ; Les Usines, cent goulots fumant vers les ciels…. Les poulardes s’engraissent Pour Noël. Oh ! qu’alors, tout bramant vers d’albes atavismes, Je fonds mille Icebergs vers les septentrions D’effarants mysticismes Des Sions !…. Car les seins distingués se font toujours plus rares ; Le légitime est tout, mais à qui bon ma cour ? De qui bénir mes Lares Pour toujours ? Je ferai mes oraisons aux Premières Neiges ; Et je crierai au Vent :  » Et toi aussi, forçat ! Et rien ne vous allège Comme ça. (Avec la Neige, tombe une miséricorde D’agonie ; on a vu des gens aux coeurs de cuir Et méritant la corde S’en languir.) Mais vrai, s’écarteler les lobes, jeu de dupe…. Rien, partout, des saisons et des arts et des dieux, Ne vaut deux sous de jupe, Deux sous d’yeux. Donc, petite, deux sous de jupe en oeillet tiède, Et deux sous de regards, et tout ce qui s’ensuit…. Car il n’est qu’un remède A l’ennui.

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Arrière-saison La couleur verte tremble entre les mains de l’automne La mort maquille les feuilles pour leurs noces avec le givre Un silence très ancien se loge dans la lumière qui se tait et le Temps jette les heures insouciantes dans un feu sans mémoire

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    L’autre saison L’illusion bleue du ciel la froide présence du vent l’adagio du soleil le silence des arbres parés et les oiseaux absents C’est l’automne dépouillement disparition rituelle de la splendeur d’une autre lumière

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    K

    Kieran Wall

    @kieranWall

    Vagabondages L’aurore automnale amène la nostalgie De la Bretagne et de son ocre névralgie. La campagne y commence l’effilochement Au quotidien de sa couverture verte ; Le début du crépusculaire épanchement Des feuillages dont la vitalité offerte Se posera, dense, comme l’effigie brune De la vie en déclin, sa substance importune.

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    Léon Dierx

    Léon Dierx

    @leonDierx

    Soir d'Octobre Un long frisson descend des coteaux aux vallées ; Des coteaux et des bois, dans la plaine et les champs, Le frisson de la nuit passe vers les allées. - Oh ! l'angelus du soir dans les soleils couchants ! - Sous une haleine froide au loin meurent les chants, Les rires et les chants dans les brumes épaisses. Dans la brume qui monte ondule un souffle lent ; Un souffle lent répand ses dernières caresses, Sa caresse attristée au fond du bois tremblant ; Les bois tremblent ; la feuille en flocon sec tournoie, Tournoie et tombe au bord des sentiers désertés. Sur la route déserte un brouillard qui la noie, Un brouillard jaune étend ses blafardes clartés ; Vers l'occident blafard traîne une rose trace, Et les bleus horizons roulent comme des flots, Roulent comme une mer dont le flot nous embrasse, Nous enlace, et remplit la gorge de sanglots. Plein du pressentiment des saisons pluviales, Le premier vent d'octobre épanche ses adieux, Ses adieux frémissants sous les feuillages pâles, Nostalgiques enfants des soleils radieux. Les jours frileux et courts arrivent. C'est l'automne. - Comme elle vibre en nous, la cloche qui bourdonne ! - L'automne, avec la pluie et les neiges, demain Versera les regrets et l'ennui monotone ; Le monotone ennui de vivre est en chemin ! Plus de joyeux appels sous les voûtes ombreuses ; Plus d'hymnes à l'aurore, ou de voix dans le soir Peuplant l'air embaumé de chansons amoureuses ! Voici l'automne ! Adieu, le splendide encensoir Des prés en fleurs fumant dans le chaud crépuscule ! Dans l'or du crépuscule, adieu, les yeux baissés, Les couples chuchotants dont le cœur bat et brûle, Qui vont la joue en feu, les bras entrelacés, Les bras entrelacés quand le soleil décline ! - La cloche lentement tinte sur la colline. - Adieu, la ronde ardente, et les rires d'enfants, Et les vierges, le long du sentier qui chemine, Rêvant d'amour tout bas sous les cieux étouffants ! - Âme de l'homme, écoute en frémissant comme elle L'âme immense du monde autour de toi frémir ! Ensemble frémissez d'une douleur jumelle. Vois les pâles reflets des bois qui vont jaunir ; Savoure leur tristesse et leurs senteurs dernières, Les dernières senteurs de l'été disparu ; - Et le son de la cloche au milieu des chaumières ! - L'été meurt ; son soupir glisse dans les lisières. Sous le dôme éclairci des chênes a couru Leur râle entre-choquant les ramures livides. Elle est flétrie aussi, ta riche floraison, L'orgueil de ta jeunesse ! et bien des nids sont vides, Âme humaine, où chantaient dans ta jeune saison Les désirs gazouillants de tes aurores brèves. Âme crédule ! écoute en toi frémir encor, Avec ces tintements douloureux et sans trêves, Frémir depuis longtemps l'automne dans tes rêves, Dans tes rêves tombés dès leur premier essor. Tandis que l'homme va, le front bas, toi, son âme, Écoute le passé qui gémit dans les bois ! Écoute, écoute en toi, sous leur cendre et sans flamme, Tous tes chers souvenirs tressaillir à la fois Avec le glas mourant de la cloche lointaine ! Une autre maintenant lui répond à voix pleine. Écoute à travers l'ombre, entends avec langueur Ces cloches tristement qui sonnent dans la plaine, Qui vibrent tristement, longuement, dans ton cœur !

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    M

    Marie Krysinska

    @marieKrysinska

    Chanson d’automne À Charles Henry Sur le gazon déverdi, passent – comme un troupeau d’oiseaux chimériques – les feuilles pourprées, les feuilles d’or. Emportés par le vent qui les fait tourbillonner éperdûment. – Sur le gazon déverdi, passent les feuilles pourprées, les feuilles d’or. – Elles se sont parées – les tristes mortes – avec une suprême et navrante coquetterie, Elles se sont parées avec des tons de corail, avec des tons de roses, avec des tons de lèvres ; Elles se sont parées avec des tons d’ambre et de topaze. Emportées par le vent qui les fait tourbillonner éperdûment, Elles passent avec un bruit chuchoteur et plein de souvenirs. Les platanes tendent leurs longs bras vers le soleil disparu. Le ciel morose pleure et regrette les chansons des rossignols ; Le ciel morose pleure et regrette les féeries des rosiers et les fiançailles des papillons ; Le ciel morose pleure et regrette toutes les splendeurs saccagées. Tandis que le vent, comme un épileptique, mène dans la cheminée l’hivernal orchestre, Sonnant le glas pour les violettes mortes et pour les fougères, Célébrant les funérailles des gardénias et des chèvrefeuilles ; Tandis que derrière la vitre embuée les écriteaux et les contrevents dansent une fantastique sarabande, Narguant les chères extases défuntes, Et les serments d’amour – oubliés. 14 décembre 1882

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    Max Jacob

    Max Jacob

    @maxJacob

    Automne Cette année est de chiffre impair Six reines en ce bocage errent la pluie veut que l'on en sorte ce n'était que feuilles mortes au bout de sceptres rouillées n'as-tu point pitié, vent jaloux, des nus grelottant dessous les robes que tu découds après les avoir fouillées. Et toi papesse en ta paroisse ne sois plus de ta maison neuve en turquoise et laide au pignon gênée, gênée jusqu'à l'angoisse quand tu pédales, couture veuve, car le vent lui fait édredon. Le vent dit qu'il faut en rabattre des six reines il reste quatre ! girouettes au-dessus des cloisons deux martyres, deux hameçons là où le bœuf et l'âne sont girouettes ! à tous les coups l'on perd cette année est de chiffre impair.

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    M

    Michel Helbronner

    @michelHelbronner

    Effet d'automne Les arbres dépouillés, sur le ciel, froidement, Dentellent, dans la brume, en formes fantastiques. De merveilleux vitraux d'anciens temples gothiques. Ayant pour verrière un pâle firmament. Les rameaux enlacés par un fol croisement, Cisellent, dans le soir, des ogives rustiques. Semblables à des nefs où montent les cantiques, Que le vent, tel un orgue, entonne étrangement. Sur le chemin givré, parvis sans fin qu'on foule. Les feuilles mortes vont, comme une sainte foule, Frissonnante d'extase, au tombeau de l'été. Puis les grands vents d'automne, en leurs chants séculaires. Exilant de la nuit la morne obscurité, Allument dans l'azur tous les cierges stellaires.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Rayons d’Octobre (III) Écoutez : c’est le bruit de la joyeuse airée Qui, dans le poudroîment d’une lumière d’or, Aussi vive au travail que preste à la bourrée, Bat en chantant les blés du riche messidor. Quel gala ! pour décor, le chaume qui s’effrange ; Les ormes, les tilleuls, le jardin, le fruitier Dont la verdure éparse enguirlande la grange, Flotte sur les ruisseaux et jonche le sentier. Pour musique le souffle errant des matinées ; La chanson du cylindre égrenant les épis ; Les oiseaux et ces bruits d’abeilles mutinées Que font les gais enfants dans les meules tapis. En haut, sur le gerbier que sa pointe échevèle, La fourche enlève et tend l’ondoyant gerbillon. En bas, la paille roule et glisse par javelle Et vole avec la balle en léger tourbillon. Sur l’aire, les garçons dont le torse se cambre, Et les filles, leurs soeurs rieuses, déliant L’orge blonde et l’avoine aux fines grappes d’ambre, Font un groupe à la fois pittoresque et riant. En ce concert de franche et rustique liesse, La paysanne donne une note d’amour. Parmi ces rudes fronts hâlés, sa joliesse Évoque la fraîcheur matinale du jour. De la batteuse les incessantes saccades Ébranlent les massifs entraits du bâtiment. Le grain doré jaillit en superbes cascades. Tous sont fiers des surplus inouïs du froment. Déjà tous les greniers sont pleins. Les gens de peine Chancellent sous le poids des bissacs. Au milieu Des siens, le père, heureux, à mesure plus pleine, Mesure et serre à part la dîme du bon Dieu. Il va, vient. Soupesant la précieuse charge Et tournant vers le ciel son fier visage brun, Le paysan bénit Celui dont la main large Donne au pieux semeur trente setiers pour un.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Rayons d’Octobre (IV) Maintenant, plus d’azur clair, plus de tiède haleine, Plus de concerts dans l’arbre aux lueurs du matin : L’oeil ne découvre plus les pourpres de la plaine Ni les flocons moelleux du nuage argentin. Les rayons ont pâli, leurs clartés fugitives S’éteignent tristement dans les cieux assombris. La campagne a voilé ses riches perspectives. L’orme glacé frissonne et pleure ses débris. Adieu soupirs des bois, mélodieuses brises, Murmure éolien du feuillage agité. Adieu dernières fleurs que le givre a surprises, Lambeaux épars du voile étoilé de l’été. Le jour meurt, l’eau s’éplore et la terre agonise. Les oiseaux partent. Seul, le roitelet, bravant Froidure et neige, reste, et son cri s’harmonise Avec le sifflement monotone du vent.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Roses d’automne Aux branches que l’air rouille et que le gel mordore, Comme par un prodige inouï du soleil, Avec plus de langueur et plus de charme encore, Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil. Dans sa corbeille d’or, août cueillit les dernières : Les pétales de pourpre ont jonché le gazon. Mais voici que, soudain, les touffes printanières Embaument les matins de l’arrière-saison. Les bosquets sont ravis, le ciel même s’étonne De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir, Malgré le vent, la pluie et le givre d’automne, Les boutons, tout gonflés d’un sang rouge, fleurir. En ces fleurs que le soir mélancolique étale, C’est l’âme des printemps fanés qui, pour un jour, Remonte, et de corolle en corolle s’exhale, Comme soupirs de rêve et sourires d’amour. Tardives floraisons du jardin qui décline, Vous avez la douceur exquise et le parfum Des anciens souvenirs, si doux, malgré l’épine De l’illusion morte et du bonheur défunt.

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    O

    Ondine Valmore

    @ondineValmore

    Automne Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil, Se gonfler doucement aux regards du soleil ! Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde, L’emplit, on le dirait, de volupté profonde. Sous les feux d’un soleil invisible et puissant, Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant. De sucs plus abondants chaque jour il enivre, Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre. L’automne vient : le fruit se vide et va tomber, Mais sa gaine est vivante et demande à germer. L’âge arrive, le coeur se referme en silence, Mais, pour l’été promis, il garde sa semence.

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    Paul Celan

    Paul Celan

    @paulCelan

    Corona L’automne me mange sa feuille dans la main : nous sommes amis. Nous délivrons le temps de l’écale des noix et lui apprenons à marcher : le temps retourne dans l’écale. Dans le miroir c’est dimanche, dans le rêve on est endormi, la bouche parle sans mentir Mon œil descend vers le sexe de l’aimée : nous nous regardons, nous nous disons de l’obscur, nous nous aimons comme pavot et mémoire, nous dormons comme un vin dans les coquillages, comme la mer dans le rai de sang jailli de la lune. Nous sommes là enlacés dans la fenêtre, ils nous regardent depuis la rue : il est temps que l’on sache ! Il est temps que la pierre se résolve enfin à fleurir, qu’à l’incessante absence de repos batte un cœur. Il est temps que le temps advienne. Il est temps.

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Dans le silencieux automne Dans le silencieux automne D'un jour mol et soyeux, Je t'écoute en fermant les yeux, Voisine monotone. Ces gammes de tes doigts hardis, C'était déjà des gammes Quand n'étaient pas encor des dames Mes cousines, jadis ; Et qu'aux toits noirs de la Rafette, Où grince un fer changeant, Les abeilles d'or et d'argent Mettaient l'aurore en fête.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Chanson d’automne Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon coeur D’une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    En Septembre Parmi la chaleur accablante Dont nous torréfia l’été, Voici se glisser, encor lente Et timide, à la vérité, Sur les eaux et parmi les feuilles, Jusque dans ta rue, ô Paris, La rue aride où tu t’endeuilles De tels parfums jamais taris, Pantin, Aubervilliers, prodige De la Chimie et de ses jeux, Voici venir la brise, dis-je, La brise aux sursauts courageux… La brise purificatrice Des langueurs morbides d’antan, La brise revendicatrice Qui dit à la peste : va-t’en ! Et qui gourmande la paresse Du poëte et de l’ouvrier, Qui les encourage et les presse…  » Vive la brise !  » il faut crier :  » Vive la brise, enfin, d’automne Après tous ces simouns d’enfer, La bonne brise qui nous donne Ce sain premier frisson d’hiver ! « 

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Nevermore Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne Faisait voler la grive à travers l'air atone, Et le soleil dardait un rayon monotone Sur le bois jaunissant où la bise détone. Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. Soudain, tournant vers moi son regard émouvant " Quel fut ton plus beau jour ? " fit sa voix d'or vivant, Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. Un sourire discret lui donna la réplique, Et je baisai sa main blanche, dévotement. - Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées ! Et qu'il bruit avec un murmure charmant Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Un soir d’Octobre L’automne et le soleil couchant ! Je suis heureux ! Du sang sur de la pourriture ! L’incendie au zénith ! La mort dans la nature ! L’eau stagnante, l’homme fiévreux ! Oh ! c’est bien là ton heure et ta saison, poète Au cœur vide d’illusions, Et que rongent les dents de rats des passions, Quel bon miroir, et quelle fête ! Que d’autres, des pédants, des niais ou des fous, Admirent le printemps et l’aube, Ces deux pucelles-là, plus roses que leur robe ; Moi, je t’aime, âpre automne, et te préfère à tous Les minois d’innocentes, d’anges, Courtisane cruelle aux prunelles étranges.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Vendanges Les choses qui chantent dans la tête Alors que la mémoire est absente, Ecoutez, c’est notre sang qui chante… O musique lointaine et discrète ! Ecoutez ! c’est notre sang qui pleure Alors que notre âme s’est enfuie, D’une voix jusqu’alors inouïe Et qui va se taire tout à l’heure. Frère du sang de la vigne rose, Frère du vin de la veine noire, O vin, ô sang, c’est l’apothéose ! Chantez, pleurez ! Chassez la mémoire Et chassez l’âme, et jusqu’aux ténèbres Magnétisez nos pauvres vertèbres,

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Ce fut par un soir de l'automne Ce fut par un soir de l'automne A sa dernière fleur Que l'on nous prit pour Mgr L'Evêque de Bayonne, Sur la route de Jurançon. J'étais en poste, avecque Faustine, et l'émoi d'être évêque Lui sécha sa chanson. Cependant cloches, patenôtres, Volaient autour de nous. Tout un peuple était à genoux : Nous mêlions les nôtres, Ô Vénus, et ton char doré, Glissant parmi la nue, Nous annonçait la bienvenue Chez Monsieur Lesquerré.

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    P

    Philippe Delaveau

    @philippeDelaveau

    Automne L'automne jette aux balcons de la ville Les douceurs tristes des campagnes. Nous ne les verrons plus avant l'hiver; les hirondelles Sont parties; le feu noie les éteules de brouillards; L'arbre déploie dans le ciel blanc sa pourpre. Tu n'es rien Pour eux, un voyageur à peine, le solitaire dont la main Flatte l'échiné du cheval qui trépigne et le flanc du bouleau. Les orties croissent en bordure des pelouses. En bas du raidillon, les brebis continuent de lever Au moindre bruit leurs yeux trop doux, craignant Le boucher aux mains nues, quand le soir tombe, Rougissant les confins des vallées. Alors Les haies s'emplissent de bruits nocturnes dans le bocage; Les musaraignes ont quitté les champs; le loir Du grenier heurte aux murs sa tête aux dents luisantes. La sève s'en retourne à la terre endormir les ardeurs De l'été; le mica de l'insecte est déposé dans la caverne Molle de l'hiver, puisque descend — et toi-même Y peux-tu quelque chose? - la mort Que nous voulions traquer parmi les ronces, Habitante des flaques d'argile où l'eau se désapprend À chérir le rapide visage des promeneurs, Accoutumée depuis toujours à se glisser parmi les arbres, Pour rejoindre dans les nues d'éphémères gisants, Lorsque l'hiver chasse les bancs d'oiseaux des plages, Et que l'aube verse des larmes sur les dernières roses. II Dans le journal qui parle de décombres, Il jettera les épluchures des légumes, La chevelure terreuse de la pomme à cuire. Il me reste l'amour, dit la chanson, il me reste Le bel amour. Les faits divers Tordent leur encre autour des blancs du papier sale, Tandis qu'armé du croc de Vulcain, L'homme dont l'ombre croît sur les murs incertains, Irrite le vieux poêle qui tousse et craque. Dehors Les troupeaux de l'hiver immuable défilent sans bruit. Ciel de Bohême, ciel vagabond. Ici, du monde vaste, Nous retiendrons le nom de paix. Un feu de bois, le soir, nous servait de repère, Et la tasse de lait, mise à tiédir, Il la buvait si lentement Sous la pendule aux aiguilles agiles, Qu'un peu de temps s'estompait pour l'attendre.

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    R

    Rene Depestre

    @reneDepestre

    Autoportrait en automne Frère des animaux et des arbres innocents c'est au poète d'annoncer le nouvel espoir et la beauté rendus à l'en-marche des hommes. L'homme qui aime la vie a le sang relié au feu, au fleuve, au roc et à l'azur du ciel. L'époque - féroce et sensuelle - s'avance vers lui pour lui dire : Ton atelier va à la déroute ! libre à vous d'écouter mon histoire sans y croire : partout où j'ai été j'ai tué mes huîtres pour payer avec des poèmes les dettes du Sud. J'ai connu au Nord le goût amer de la vie j'ai vu l'Ouest brûler en moi tous ses vaisseaux tandis que l'Est enfonçait ses griffes dans ma gorge. Partout ma charrue a été mise à l'épreuve. Où aller maintenant ? Où porter mes outils ? une fois de plus : blessé à chaque porte où je frappe, gavé de soleil au flanc de mes soirs de pluie, je me laisse pousser dans le pin maritime qui sert de bateau à la dérive de mes songes.

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