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Topiques sinaïtiques, Volume 2: Principes d'économie politique biblique | Raphaël Draï
Topiques sinaïtiques, Volume 2: Principes d'économie politique biblique | Raphaël Draï

Topiques sinaïtiques, Volume 2: Principes d'économie politique biblique

Publié par Hermann, le 23 février 2013

Résumé

« Replacer l'humain au coeur de l'économie », tel est le mot d'ordre de l'économie politique contemporaine, qui reste pourtant muette sur la localisation de ce prétendu « coeur ». L'éthique biblique, dont on ignore trop souvent la consistance et la concrétude, promeut en revanche une véritable économie politique, étayée par une écologie lucide et exigeante, qui favorise la préservation et l'enrichissement qualitatif de l'humain. En ce sens, l'économie biblique se révèle comme une science du vivant pour le bénéfice de l'être humain qui, libre et responsable, doit savoir créer et entreprendre, mais aussi assumer ses obligations vis-à-vis des plus vulnérables. Ni l'exténuation de la terre par son exploitation aveugle et obsessionnelle, ni l'accumulation de l'argent et de l'or, ni le trafic des êtres ne sont compatibles avec l'économie et l'écologie sinaïtiques. Judas, Shylock, Gobseck sont les productions psychiques d'une économie prédatrice projetées maladivement sur des figures conjuratoires. L'économie sinaïtique commande de sortir enfin d'Égypte et de ses champs de corvée dans lesquels les anciens esclaves, à force de vouloir oublier qu'ils le furent, le redeviennent inexorablement. Publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.Extrait:Aux yeux du familier des institutions bibliques, du droit hébraïque et de la pensée juive, ce titre : «Économie, éthique biblique» paraîtra redondant. Pour le judaïsme, connu et reconnu dans ses sources scripturaires : Thora écrite et Thora orale, en langue hébraïque et en langue araméenne, l'économie est bien ce qui confère substance réelle et concrétude tangible à la Création initialement née du vouloir divin. Et, sauf à dénaturer cette Création, l'économie, la calcala, ne peut être qu'éthique, autrement dit altruiste, parce que fondée sur et orientée par ces deux modalités essentielles et probatoires du comportement conforme à la loi de Dieu : la tsédaka : la justice, entendue comme répartition de ce qui revient de droit à chacun (h'elek), et le h'essed, simultanément sollicitude et bénévolence, ce qui peut aller au-delà de cette première mesure, outrepasser les taux légaux, à condition de ne pas se transformer en auto-spoliation. Avant de développer ces différentes assertions, quelques précisions et précautions de méthode s'avèrent indispensables.TerminologiesElles concernent en premier lieu les multiséculaires contresens et stéréotypes qui affligent la compréhension de la relation originaire du judaïsme avec l'économie. Il importe de les discerner, de sorte que les informations de la Tradition juive sur un sujet si déterminant ne soient pas ignorées ou interprétées de manière erratique. Sujet déterminant, parce que la question reste ouverte concernant le lien interne entre économie et valeur d'une part, valeur et croyance religieuse d'autre part. Les déconvenues de l'État Providence ne sauraient altérer complètement l'intuition théologique dont il procède. Si les sciences sociales sont souvent parricides envers la théologie, on sait quelle a été la résonance à cet égard des travaux, entre autres, de Max Weber et de Talcott Parsons. Et lorsque Jean-Baptiste Say écrit son Catéchisme d'économie politique en 1821, ne sacrifie-t-il par ce titre qu'à une métaphore ? Plus largement entendue, l'économie est-elle un système en soi, auto-référentiel, auto-poïétique et auto-organisationnel ? Dans ce cas, quelle place fait-elle à l'humain et, par suite, à quel titre vouloir lutter contre l'injustice ? L'économie créatrice doit-elle dépasser la motivation des agents qui la promeuvent, motivation qui serait fondée sur leur seul intérêt «bien entendu» ? Mais alors comment introduire, par exemple, le désintéressement dans la logique smithienne de l'autorégulation présumée des marchés, présomption si fort combattue par Keynes qui n'entretenait pas les mêmes présupposés providentialistes que l'auteur de La Richesse des nations^ ? Enfin, qu'est-ce réellement qu'un marché au regard de l'éthique ? Une contradiction dans les termes ? Une illusion ? Comment concilierait-on altruisme affiché et concurrence carnassière ? Par la régulation ? Mais comment fonder l'autorité des «règles régulantes» autrement que dans la violence ? Par l'éthique ? L'interrogation à présent se retourne. L'éthique n'est-elle pas en passe de retrouver la place psychique laissée vacante par la mort des idéologies ? Ne confine-t-elle pas d'ores et déjà à une forme de narcissisme moral, à une «esthétique» en permanente surenchère au regard du réel qu'elle permettrait de contempler de haut sans s'y «coller» jamais, au risque de se voir opposer impitoyablement les traites protestées du réel réellement méconnu ? Cet ensemble d'interrogations, le judaïsme contribue à l'éclairer par une expérience de pensée et de mise à l'épreuve historique qui en fait un témoin de premier rang, non seulement de ses propres réussites et de ses échecs dans ce domaine, mais plus originellement des réussites et des échecs du genre humain (Haadam).

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