Philosophique 2001 : La nature

Les peintures de Pierre Soulages produisent la plus forte émotion : celle d'une intense présence. Leur puissante affirmation les libère de toute déficience. En elles, s'offre une pleine affirmation que rien ne restreint. Intensément là, elles s'imposent comme une réalité qui semble délivrée de la faiblesse caractérisant toujours les choses de notre horizon quotidien. D'où vient cette puissance ? Comment ces peintures échappent-elles à ce qui habituellement affaiblit la visibilité ? Comment libèrent-elles pour nous le visible de toutes les séparations appauvrissantes ? Cette interrogation prend son sens dans la tentative d'expliciter, au plus proche d'elles, l'émotion première de leur présence. Comment, en effet, ces œuvres parviennent-elles à envelopper le regard dans un espace et un temps sans lointain, ni absentement ? Comment font-elles éprouver leur indéfectible présence ? Nous offrant la richesse d'un visible qui ne se dérobe jamais, les peintures de Pierre Soulages nous accueillent dans la plénitude de leur lumière.

Soulages, La Plenitude Du Visible

PHILOSOPHIQUE 1999 : L'ART

Cette monographie sur l'ouvre de Dominique De Beir retrace son parcours, de 1996 à aujourd'hui. Le livre s'ouvre avec les peintures de la série Altération : « .Accroc et Altération, dans les deux cas, une accroche, un incident, une blessure, une ruine, un défaut. » (Notes d'atelier, 2016). Est ensuite abordé le glissement du plan à la troisième dimension, en montrant des volumes et installations réalisés pour des espaces spécifiques. Enfin, sont présentés différentes expérimentations sous la forme de dessins et de livres à partir du matériau de prédilection de l'artiste, le papier. Par l'aléatoire du geste et de la trace, Dominique De Beir se concentre sur des pratiques d'inscription et de marquage, entre surface et profondeur, dont elle explore l'impact physique, la densité, le rythme.

Dominique De Beir

Sommes-nous obligés d'aimer le fini ? Sommes-nous condamnés à croire que l'appropriation serait notre véritable voie d'accès au réel ? Devons-nous considérer que « l'amour de la propriété » est devenu notre inéluctable destin ? Jusqu'à présent, seul l'amour du fini a déclaré « l'être ». On sait maintenant les conséquences désastreuses de la domination de l'amour du fini sur la pensée. Pour autant, rien n'en a rompu le règne. L'amour du fini s'est déplacé et métamorphosé, mais, en ses multiples formes, il gouverne toujours la pensée. Est-il inéluctable que celle-ci accueille et réitère encore l'absurde croyance à la « nature » ? La puissance de cette fiction ne saurait s'imposer sans fin à nous. Qu'est la philosophie si ce n'est la décision d'exercer sans restriction l'activité de la pensée ? Par quoi se reconnaît-elle requise ? Par la production effective de son extension. Mais cette aspiration bute d'abord sur la restriction que nous lui imposons : celle de notre appropriation du monde. À quoi la philosophie oeuvre-t-elle ? À l'abolition de l'entrave principielle et générale qu'est l'amour du fini. C'est à cette première destruction (avant celle de la « personnalité » puis de la « nature ») que se consacre ce volume. La métaphysique, que l'on peut considérer comme le règne de l'amour du fini, asservit l'exercice de la pensée. Cette dernière ne pourra recouvrer sa puissance qu'en s'en délivrant, notamment par un anti-humanisme radical.

L'être décomposé - Critique de l'ontologie du fini

En cessant de se soumettre à l'injonction ancestrale de la Poétique, la peinture se libère pour sa véritable puissance. En cette révolution, elle s'affirme peinture. Elle renonce enfin au désir qui la vouait à figurer, à représenter ou encore à exprimer, tout ce en quoi elle se niait. Abstraite, la peinture se définit par l'?exigence strictement picturale : celle de la construction d'un visible pur, délivré de l'image et du sens. Quand elle n'?est plus production de « ?tableaux? », qu'?est donc la peinture?? Que donne-t-elle à voir?? N'?est-ce pas l'infinité libre de l'?espace, l'immensité de la couleur pure ou encore l'intensité du visible?? Suffit-il cependant que ce visible, dans les ouvres de Malevitch, Klein ou Soulages, vienne à nous pour que nous parvenions - dans l'?émotion et la réflexion - à l'accueillir?? L'art pictural exige encore la libération du regard. Élucider la puissance de l'abstraction, tel est l'?objet de ce livre.

Voir infiniment - Malevitch, Klein, Soulages

Philosophique - La métaphysique

Philosophique 2003 : La volonté

En nous, une puissance d'excès proteste contre toutes les modalités d'appropriation, de servitude donc. Que révèle-t-elle ? L'antécédence du « libre ». Dans une radicale distinction à l'égard de toutes les compréhensions du libre-arbitre, « possibilité » ou « néant », nous désignons le « libre » comme principe de l'être. De son antécédence, l'idéalisme radical explicite l'advenue de toute détermination. Nous-mêmes, comme particulier, pouvons enfin nous comprendre comme effet de l'autoproduction finitisante. Qui sommes-nous si ce n'est le terme de l'exercice du penser qui s'abandonne, sa dépotentialisation ? Que sommes-nous d'autre que l'effet d'un désir d'impuissance, le paradoxal effet du penser qui, en nous, se veut et fait fini ?

La philosophie, exigence désappropriative, comprendra dorénavant l'aspiration à l'immensité comme sa tâche radicale, celle en laquelle elle défera ce processus « personnalisant » et qui nous libérera ainsi de l'asservissante identification finie.

Philosophique 2001 : La nature

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