Faubourgs, on longe des avenues sans nom, on repère ou croit repérer un monument, une place ; on s'y perd un peu ; on peinera demain à les retrouver ou à les reconnaître.
Des sensations d'enfance sont liées pour moi à ces ténèbres et à ces lumières, que redouble et brouille le macadam quand il est mouillé. J'y retrouve, mêlées, la peur du monde et de la solitude, l'aspiration inquiète à l'intime et au familier, à la table, à la chambre ; mais aussi la fascination, l'appel du labyrinthe. " J'ai découvert Marseille voilà quelques années, lorsque j'avais entrepris de donner ma version du Comte de Monte-Cristo, héros marseillais comme on sait. J'y avais recueilli mille impressions, faits et gestes, personnages qui m'étaient demeurés à l'esprit.
Je suppose qu'un écrivain parle toujours de lui-même, revenant à Marseille, la ville m'a parlé de celui que je suis aujourd'hui lui aussi dans le choc de l'avenir contre le passé, lui aussi tentant d'échapper au(x) rôle(s) attribué(s), lui aussi dans l'échange chaotique du même et de l'autre, de ce qu'il a été et de ce qu'il cherche à être.

Journal de marseille

À la veille de la Grande Guerre, Edmond Rostand est une superstar. Il a connu une ascension fulgurante, à moins de 30 ans, après le triomphe inouï de son Cyrano de Bergerac. Propulsé au coeur des mondanités du Paris de la Belle Époque, élevé au rang de plume nationale, représenté dans le monde entier, il jouit d'un prestige sans égal.
Pourtant, il semble toujours avoir voulu fuir secrètement son rôle public, dans sa retraite basque au plus loin de Paris, dans un amour tardif et passionné, et aussi dans une continuelle dépression. Il prédira sa mort, conscient peut-être que la guerre met fin à une époque et qu'il sombre avec elle. La jeune génération littéraire l'oubliera bien vite.
Ce sont les failles de ce poète doutant perpétuellement de lui-même, qui connut trop tôt la gloire et s'y brûla les ailes, qu'évoque François Taillandier, nous invitant à partager une fascination et une complicité qu'il éprouve depuis longtemps.

Edmond Rostand, l'homme qui voulait bien faire

Qui ne connaît l'histoire du marin Edmond Dantès, trahi, dénoncé, jeté au cachot durant quatorze ans, puis revenant, sous les traits du comte de Monte-Cristo, exécuter une vengeance implacable ? Comme celles d'Ulysse ou de Robinson, elle est devenue un mythe universel. Mais quel homme se cache derrière le justicier aux multiples masques, à la puissance insondable, imaginé par Alexandre Dumas ? Pourquoi met-il neuf ans, après son évasion, à préparer son retour ? Et qu'advient-il de lui une fois ses ennemis abattus ? Que de trous dans cette biographie, d'obscurité dans ce destin, de mystère dans ce personnage ! Ici Dantès parle, livre ses secrets, pose sur le passé un regard apaisé, empreint de doute et de compassion.Sur ses pas, nous parcourons l'Italie des carbonari et des brigands, la Grèce de Byron, l'Orient, les monts du Caucase. Nous traversons une époque de discordes et de bouleversements, d'intrigues, de fortunes faites et défaites, celle qui mène de Waterloo à Louis Philippe, des derniers Bourbons à la révolution de 1848. Mais surtout, dans l'ombre du château d'If, sur la mer et les îles, à travers le commerce des hommes et du monde, la destinée d'Edmond Dantès apparaît comme une véritable odyssée de la solitude humaine, où la vie et l'action doivent renoncer à trouver hors d'elles-mêmes ce qui les justifie.

Mémoires de Monte-Christo

"Depuis longtemps, je voue mon attention à tout ce qui regarde les mots. Ceux que l'on dit, que l'on entend, que l'on répète, ceux qui courent librement, parfois étonnants parfois nouveaux, parfois tout simplement impropres, parfois chargés de non-dits, de connotations. Stigmatiser, patriarcat, genre, complotisme. Les mots pensent pour nous. Telle est leur besogne. Et c'est pourquoi il importe, je crois, de savoir d'où proviennent ceux que nous acceptons en ce moment d'entendre, de lire, d'employer ; ils ont une histoire. Qui parle les yeux fermés, ou écoute sans examiner, se voue à la confusion inaperçue, au mensonge pas même calculé, à l'illusion entretenue, au congédiement du réel. Et à des acquiescements peut-être plus risqués qu'on ne le croit d'abord." 

F. T.

La Parole altérée - Considérations inquiètes sur l'expression publique

On entre dans La Grande Intrigue, suite romanesque en cinq tomes, par une porte ou une autre et cet avant-dernier volume, comme le dernier (qui paraîtra en août 2010), peuvent donc être abordés par des lecteurs qui ne connaissent pas les précédents. On apprend peu à peu sur les personnages et leurs faits et gestes. Comme dans la vie. Dans ce tome comme dans les précédents, la chronologie est brisée, et l'auteur constate qu'il est obligé d'aller au-delà du cadre temporel qu'il s'était fixé (environ la seconde moitié du xxe siècle). Il joue ainsi sur les télescopages temporels, évoquant aussi bien la guerre 1914-1918 et les traces laissées dans les familles Maudon, Herdoin et Rubien, qu'une partouze parisienne à laquelle participent Nicolas Rubien et sa compagne et cousine Louise Herdoin et qui le fait remonter à la Genèse et au mythe judéochrétien de la Chute. Et sur les décalages générationnels comme lorsque le jeune Gregory Rubien initie son grand-père, François, le vétérinaire retraité de Villefleurs, aux secrets d'une émission de télévision, Cool Quartier, formule mixte entre Loft Story et Plus belle la vie (l'auteur s'est amusé à forger un nouveau concept de la télé-poubelle). On pourra aussi bien croiser un homme d'affaires chinois, numéro un mondial des sites de rencontres sur Internet, qui invente une nouvelle langue universelle, l'Unilog, que les méditations inquiètes du curé de Vernery-sur-Arre qui voit s'effondrer le catholicisme. Mais les échos d'un chapitre à l'autre montrent bien que l'on parle du même monde, d'un monde où les héritages du passé continuent subrepticement de peser sur les vivants, et dont l'avancée et les évolutions flirtant parfois avec l'absurde suscitent autant d'interrogations.

Les romans vont où ils veulent

Célébration nationale. 200 eme anniversaire de la naissace de Barbey d'Aurevilly. 
Le portrait biographique d'un écrivain des plus emblématiques du XIXeme siècle par un des auteurs français les plus estimés de sa génération. 
Une confrontation littéraire de grande qualité.
Cette importante évocation de Barbey d'Aurevilly est aussi la confession, le dévoilement d'un auteur d'aujourd'hui et de la formation de son goût en littérature. Taillandier fut un adolescent d'autrefois qui avoue avoir dans un matin d'hiver dévoré en douce l'Ensorcelée ouvert sur son manuel de physique. Cette scène date de 1970, Taillandier a quinze ans, il est en seconde, pourtant il semble échapper à son époque: "J'aime l'Empire parce qu'il est glorieux ; la Restauration parce qu'on y est romantique; "la Belle Epoque" parce qu'on est spirituel. J'aime toutes les époques, en somme sauf la mienne".

 
Voilà posée les prémisses d'un portrait en mirroir où l'oeuvre et la vie des deux écrivains vont se répondre. Chacun ayant traversé son époque sans l'aimer totalement, mais en la comprenant au plus haut point.

 
François Taillandier se livre à une étude approfondie des relations de Barbey avec son temps, et tente de tirer pour nous, notre temps la morale littéraire qui s'impose. Barbey se bat et se débat avec ses contemporains et a tenté de traverser son siècle en restant fidèle à son amour de la littérature, ses engagements, sa dignité.

 
C'est à la lummière cette exigence et de l'admiration qu'elle lui suscite que Taillandier offre ici un portrait fougueux, moderne et engagé d'une sorte de double.

Un réfractaire, Barbey d'Aurevilly

On entre dans La Grande Intrigue, suite romanesque en cinq tomes, par une porte ou une autre et cet avant-dernier volume, comme le dernier (qui paraitra en aout 2010), peuvent donc etre abordes par des lecteurs qui ne connaissent pas les precedents. On apprend peu a peu sur les personnages et leurs faits et gestes... Comme dans la vie.Dans ce tome comme dans les precedents, la chronologie est brisee, et l'auteur constate qu'il est oblige d'aller au-dela du cadre temporel qu'il s'etait fixe (environ la seconde moitie du xxe siecle).Il joue ainsi sur les telescopages temporels, evoquant aussi bien la guerre 1914-1918 et les traces laissees dans les familles Maudon, Herdoin et Rubien, qu'une partouze parisienne a laquelle participent Nicolas Rubien et sa compagne et cousine Louise Herdoin et qui le fait remonter a la Genese et au mythe judeochretien de la Chute. Et sur les decalages generationnels comme lorsque le jeune Gregory Rubien initie son grand-pere, Francois, le veterinaire retraite de Villefleurs, aux secrets d'une emission de television, Cool Quartier, formule mixte entre Loft Story et Plus belle la vie (l'auteur s'est amuse a forger un nouveau concept de la tele-poubelle).On pourra aussi bien croiser un homme d'affaires chinois, numero un mondial des sites de rencontres sur Internet, qui invente une nouvelle langue universelle, l'Unilog, que les meditations inquietes du cure de Vernery-sur-Arre qui voit s'effondrer le catholicisme... Mais les echos d'un chapitre a l'autre montrent bien que l'on parle du meme monde, d'un monde ou les heritages du passe continuent subrepticement de peser sur les vivants, et dont l'avancee et les evolutions flirtant parfois avec l'absurde suscitent autant d'interrogations.

"Lorsque j'avais dix ou douze ans, je m'émerveillais de penser que selon toute probabilité, je connaîtrais l'an 2000. Mes copains et moi, nous nous représentions cette date magique à l'aide de ce que figuraient les bandes dessinées, les romans et le cinéma de science-fiction. Ce ne seraient que robots, que voitures volantes, que voyages intergalactiques. On s'habillerait comme des plongeurs sous-marins, on vivrait dans des gratte-ciel et l'on se nourrirait de petites pilules vertes, rouges ou jaunes. Puis nous avons grandi, l'an 2000 est advenu, et il ne ressemblait pas du tout à nos prévisions".

C'était le futur

L'épopée de Compostelle

Les Clandestins - Occasion

Nouvelles incursions parmi les lieux, les personnages, les thèmes qui peuplaient Option Paradis et Telling ; nouvelles révélations sur un monde. Louise et Nicolas, les cousins amants, poursuivent l'aventure d'un couple improbable. Christophe Herdoin, le frère de Louise, perd son ombre sur une plage vietnamienne durant l'été 2005. A sa mort en 1976, on découvre ce qu'a été la vie risquée de Pauline, la mal-mariée de Vernery-sur-Arre. Enfin, à l'automne 2009, Athanase, rescapé d'une guerre africaine, abandonne sa thèse sur les Bantamas, son ethnie d'origine, pour écrire un roman. Il n'y a personne dans les tombes s'intègre à une suite romanesque foisonnante où les vies se succèdent et s'entrecroisent. Dans ce récit multiple et mordant, François Taillandier poursuit sa réflexion sur les mystères intimes et les mutations d'une société de plus en plus normative. Il dévoile les impostures des jargons et des codes institutionnels, pour créer une langue pleine d'invention et de saveur.

La grande intrigue Tome 3 ; il n'y a personne dans les tombes

François Taillandier se souvient de sa découverte émerveillée de Balzac à l'âge où ses camarades se passionnaient pour le football. Sigolène Vinson raconte comment Victor Hugo a nourri son adolescence dans la corne de l'Afrique. Valentine del Moral nous évoque un Zola intime, comme elle parlerait d'un ami. Vincent Pieri s'interroge sur l'amour déraisonné qu'il éprouve pour Flaubert. Emmanuelle de Boysson, enfin, prétend avoir parlé à un certain Henri Beyle sur les bords du lac de Côme : le spectre de Stendhal ?

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