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Jean-Claude Renard

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Jean-Claude Renard, né le 22 avril 1922 à Toulon et mort le 19 novembre 2002 à Paris, est un poète et écrivain français.

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Poésies

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Incantation du corps Ma bouche soit délivrée! Je goûterais l'arbre blanc. Je mangerais le muscat qui est planté dans la ville. Me soit ouverte l'oreille! Je reviendrais du désert. J'aurais mon pacte et mes noces avec la fable du lait. Les mains me soient incisées! Je sentirais le vrai sel. Je toucherais sous le pain la pierre rouge et royale. L'été féconde mes yeux! Je prendrais sang dans le fleuve. J'entrerais mûr au foulage. Je danserais vers le vin.

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Approche de la mort La parole, aujourd'hui, s'éloigne de mon corps - me laissant pressentir que bientôt vont s'éteindre les braises et l'été qui réchauffaient mon sang et paraître à leur place un étrange silence dont mon âme a pourtant attendu qu'il me dise, dans l'exil et l'exode, ce qu'est et que n'est pas, en un même mystère, le dieu auquel jamais je n'ai cessé de croire comme s'il m'habitait, sans que rien ne le prouve, parfois de sa présence parfois de son absence, tout en les unissant et en les dépassant. Cette mort qui s'approche m'apprendra-t-elle enfin si m'y sera donné plus que n'offre la vie ou moins que ne seront les cendres de ma cendre ? Qui ou quoi ? (CME, )

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Chant de la mer Il faut avoir touché la mer ardente, pris vraiment la mer avec un corps nu, senti l'épaisseur du sel et du sang peser sur la chair comme un arbre blanc pour savoir où sont les pays perdus, pour ne pas cesser de brûler d'attente. Tous ceux qui n'auront pas aimé la mer. qui n'auront pas baigné dans sa rumeur, sucé la nuit, l'eau large et capitale, les grands raisins de la noce natale, ne pourront pas entrer dans la ferveur, seront passés près des départs ouverts. La masse d'or, la fureur de terrasses qui tend ici ses voyages poignants, ses durs soleils et ses paradis calmes, ses soirs puissants et frais comme des palmes. rend leurs secrets aux légendes d'enfants, guérit le mal qui désole ma race. Il fallait bien que la mer fût cruelle pour nous purifier de tant de morts, qu'elle eût des yeux gonflés par la colère, de longues mains d'algues et de lumière pour nous laver des anciens remords et résorber la faute originelle. J'ai vu la mer chanter comme une femme, la mer qui dit que nous sommes venus pour une paix pareille aux violences, pour une guerre où naîtra l'innocence, où mûriront des pardons inconnus, des corps nouveaux et des pays en flammes. Ô les plateaux, ô les matins des caps, les vastes fleurs de la mer solennelle emporteront les mal-aimés ailleurs, les étrangers couchés dans la douleur, assouviront la soif essentielle, les anges roux, les brises, les ressacs! Nous referons de profondes croisières, nous descendrons dans les pays troublants pour retrouver la formule du feu, la trace et l'odeur sauvage du dieu qui délivrera les derniers absents, l'amour infini qui dort dans la terre. Les bienheureux seuls comprendront la mer, la miséricorde et la pauvreté, ceux qui s'en iront dans d'autres pays. ceux qui auront cru dans la joie du Christ avec un désir doux comme l'été, qui se mêleront au mystère amer...

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Comme une fôret dans l'été Ô signes comme sur la craie les daims de très anciens âges Du dieu dans ses falaises peint par l'odeur forte et prophé tique ! Car visible au sang pur l'or sur toute la face de la mer Et pour l'oreille transparent comme la parole des îles. Mais dans ses os le peuple appelé à lier et proférer La Terre et la conduire au sens comme une forêt dans l'été La tient de tous ses rocs nocturnes si dure au lait fluvial Et à l'huile qui lave et qui nourrit la laine interne et tiède. Ah ! si rompue, si épaisse au langage et passée par la mort Comme dans le feu les coqs noirs, — que n'y lit plus des eaux du roi La natale et profonde écriture sacrée ma ville d'homme! Terrible est maintenant l'éclat des corps qui brûlent sur la pierre Et soudain la Femme arrachée au mystère vivant des noces Pareilles au pain mûr. Toute la sève aiguë et patiente Attend avec les pluies de faire l'arbre frais comme le cidre Et le raisin neuf des soleils dans la grande vigne cosmique. Mais le sang descendu des montagnes de Dieu n'irrigue plus Le sable et la lune d'août est mauvaise au milieu des bœufs rouges. Sont déjà tant de corps et d'os dans le dessèchement des sources Vêtus comme d'un Christ désert où le Christ des corps glorieux Ne reconnaîtra même plus la chair du Christ crucifié, Que le mouvement avec eux des germinations du monde Est dans l'argile suspendu comme une mine abandonnée Sur les collines de l'Afrique et comme un pré de coton mort! Ô jours d'avant les derniers jours dans le tremblement des Planètes Et la prompte approche du dieu, — laissez venir les vents de soie. Les vents de fenouil et de foudre ensemencer les champs du sacre. Car il n'est plus que peu de temps, de profondeur et de silence Devant la haute éternité qui entre en crue comme le Nil ! Mais que vive encore un amour qui couvre les pays du sel Des fêtes vertes du café, du térebinthe et du muscat Et de l'antique nuit du sang assume encor la solitude. Et comme paissent les chevaux dans les pâturages princiers Où l'autre enfance m'exorcise — où fonde et peuple l'âge d'homme L'Esprit qui m'a trempé de joie quand ce fut l'été sur mes fleuves, Toute la Terre transmuée recevra encor d'être heureuse.

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Corps du Vendredi Corps du vendredi — s'en vont dans ton corps tous les corps d'ici condamnés à mort. S'en vont vers le lit des jeunes rivières chercher ton pays sous la menthe amère. Comme des brebis vers l'herbage fort, s'en vont à la mort où le pain est cuit. Et leur amour bouge le long de la ville comme du persil sur les pierres rouges. S'en vont aux fontaines laver le varech, les corps dans ta laine chargés de bois sec. Et les feuilles poussent sous tes pieds brûlés. Ô grand corps tombé sur les ossements, ils vont vers la mer les corps dans ta chair ! Et la Mère est douce autour de leur sang. Corps du vendredi, — les corps poissonneux sous le bois coupé s'en vont vers ta nuit et vers ton secret, s'en vont vers la nuit où mûrit le feu. S'en vont dans tes os vers la haute mort au milieu du fleuve, — la face essuyée. S'en vont chercher l'or salés comme agneaux et la tête en terre. Et les lunes neuves naissent de leurs plaies et de leur mystère. Dehors est l'anis. Dehors sont les femmes qu'ils ont consolées, — dehors et dedans. Et l'étrange pluie toujours revenue est sur eux ta manne, tes mains, l'iode blanc des vrais alchimistes. Couchés dans ton corps, debout dans ton corps jusqu'au soleil triste, ils vont vers le roi. Ils vont au pays de cuir et de soie, — le corps mis à nu. Le corps attaché s'en vont sur le bois vers les forêts roses. S'en vont dans ton corps le corps assoiffé, le corps desséché s'en vont dans la mort qui métamorphose, s'en vont dans ta mort vers l'eau et le lait, vers la noire ruche où le corps qui mange se fait miel vivant. Et le vin d'orange est frais dans la cruche. Corps du vendredi, — les corps crucifiés s'en vont rassembler dans ton corps ouvert comme une prairie les lions et les cerfs. Les corps transpercés qui lavent les morts s'en vont dans ton corps, s'en vont dans ton sang prendre la beauté des corps transparents. Aux corps dans les noces s'en vont avec toi les corps dépendus. S'en vont vers la force que la mer salue sous leurs os étroits. S'en vont embaumés dans l'huile et le lin délivrer les morts, sortir des sommeils et changer en or les amours anciens. Et les verts soleils sont leurs aromates. O corps en semence au milieu du monde où la joie se hâte, — tous les corps entrés dans la ressemblance s'en vont vers le blé, s'en vont sous la terre commencer l'été que ta mort mûrit, s'en vont dans ta mort préparer le monde à se transmuer, préparer le corps à ressusciter ! Et déjà l'Esprit descelle la pierre.

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Exercice de la solitude Je suis comme l'amani de moi. Je suis comme quelqu'un de mort, quelqu'un qui marche à travers soi. quelqu'un qui marche dans son corps, je suis comme quelqu'un d'ancien. Je suis ancien et souterrain comme quelqu'un qui dort en soi, n'a plus d'amour, n'a plus de mains, n'a plus que ce dont il a froid, je suis comme quelqu'un qui tue. Je suis l'oreille disparue, je suis la bouche ensevelie, la chair étanche à toute chair, la chair brûlée, la chair qui crie. je suis sépare de la mer. Je suis séparé de mon cœur, je suis séparé des oiseaux. je suis sans corps intérieur, je suis sans arbres dans mes os, je suis comme un homme sans hommes. Je ne suis plus celui qui nomme, je ne suis plus celui qui voit, quelqu'un m'a retiré du Christ, quelqu'un l'a retiré de moi, je suis absent du haut esprit. Je suis absent du haut amour, je suis absent des hauts pays comme quelqu'un dans une tour, — mais où se tient le haut amour, mais où sont ceux-là que je suis?

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Pour la lumière et pour le vin Comme entre les os proférés la parole mère — le feu dans le lit natal de la nuit, qu'ainsi la tête de taureau luisante de laits et d'anis sous l'arbre de la lune, — un peuple avec la pierre prophétique se lève encore pour sacrer la science des noces peintes dans la profondeur des cerfs rouges ! Car malgré le sang et la mort toute planète pour la fable à reconnaître et inventer d'un même amour — d'un même amour à recevoir et à mûrir comme dans l'incantation la terre hantée d'une autre terre, n'a pas le nom des foudroiements. Ô voyages magnétisés! Dans la mémoire sous la laine, dans le mystère entre les morts n'est pas détruite la racine qui charge d'herbe et d'or la chair, mais séparée — et la narine dure à la force de ton sel, ô mon soleil ! Cette semence plantée plus vive que la vie aux origines du silence cherche pourtant, dedans le corps frappé déjà d'éternité, à le changer en elle-même. Et comme d'un seul poumon mues les hautes respirations, c'est de toutes glaises obscures une traversée, une enfance vers l'eau centrale de l'été. Les augures teints sur la roche sont d'agneaux noirs, la mer acide, et dans les pays enterrés brûlée, noyée la femme aux neiges. Mais ton amour est sous la menthe et ta chair déjà sous la chair et sous le malheur le pain pur. Car une joie d'iode et de bois depuis le premier jour du monde fait une fête essentielle à travers signes et figures vers le seul corps royal — ô Christ, afin qu'en lui seul soit par lui la patience de la vigne fraîche aux captures solennelles, libre dans la métamorphose pour la lumière et pour le vin.

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Père d'or et de sel Père d'or et de sel, ô Père intérieur, Père d'eau. Père pur par l'arbre et par le feu. ô source du Soleil, Père mystérieux. Père continuel et pur par la douleur, Ô Père fabuleux, ô Père par la nuit, Père par le sommeil, la mémoire et la mort. Père tombé en terre et passé dans mon corps, ô Père foudroyé dont mes os sont les fruits. Père, vous m'incantiez, et vous étiez ma tour quand je n'étais en moi que ce qui vous aimait, quand je vivais en vous, vivant du seul amour, je n'étais plus en moi que ce que vous étiez. Père, la neige est là, et je dors sous ma chair, je dors au fond du Père et je m'éveille en lui. Père, la neige fond, la mer brûle et mûrit, Père surnaturel, miracle de la mer. Père, vous me portez, et vous êtes en moi même quand je demeure au-dchors de vous-même, vous êtes là vivant, secret, et ce qui m'aime quand je ne suis plus rien et même plus à moi, Père de ma douleur, père de mon absence vous êtes là vivant même quand je suis mort, même quand je vous tue vous m'animez encor et même dans mon mal restez mon innocence. Père, quand tout est mort, et quand toul est dissous dans le péché du monde et dans l'argile arrière, vous êtes encor là mon sens et mon mystère comme un amour terrible, inépuisable et doux, Père, malgré ma mort, c'est l'esprit qui console qui relie à mon corps votre corps éternel, c'est votre corps ouvert dans le corps maternel qui fait de moi son sang, sa proie et sa parole. Père, je nais ailleurs, je renais dans le pain, je renais dans la vigne et dans le vin de Dieu, Père, tu es ma bouche, et ma bouche est en Dieu, ô Père d'arbre et d'or, ô Père souterrain. Père de l'autre temps. Père du prochain Ciel, je me retrouve en toi pareil à mon amour. Père devant ma vie et derrière mes jours je deviens avec toi le Père Essentiel !

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    Jean-Claude Renard

    @jeanClaudeRenard

    Ô Père, après les jours Ô Père, après les jours de la grande colère, les jours déjà levés dans la chair et le sang et que vous fixerez dans leurs grappes amères pour des saisons dont nul ne peut sonder le temps, après les jours promis à la terrible mort dont vous connaissez seul quel sera le silence et où pour s'être ici exclus de voire corps tout sera consumé au feu de votre absence. où chaque être lié par son propre péché devra porter la mort de sa semence morte et se condamnera à être condamné pour que votre justice elle aussi soit parfaite. où tous les corps seront comme un corps de néant, un corps obscur, un corps sans signes et sans nom. un corps extérieur et pareil au non-sens et dont même le sang restera infécond. un corps dont les moissons cesseront de germer et qui vous connaîtra sans pouvoir vous connaître comme un atroce amour qui ne peut plus aimer et ne peut pas se taire et ne peut plus renaître, après et au-delà de ces jours de malheur dont l'abîme et les temps sont vraiment infinis, sont vraiment éternels par leur poids de douleur et par la profondeur où descendra leur nuit. après eux, malgré eux, et gardé pour eux-mêmes quand ils auront vraiment consommé toutes peines cl connu jusqu'au fond la souffrance suprême d'être assoiffé de vous et hors de vos fontaines, ô Père, quel amour plus fort dans votre amour que la justice même et que l'éternité et plus lourd dans l'amour que les corps les plus lourds et plus profond encor que l'amour révélé, quelle grâce en vous seul aux sources de la grâce et cachée dans la gloire à la gloire des jours garderez-vous peut-être, ô Père, pour que passe cette mort elle-même envahie par l'amour, par un amour si plein de son propre désir que tout, sans s'y dissoudre, en serait possédé et que même la mort finirait de mourir pour être aussi par lui rendue à votre été, au don du Dieu qui esl au-delà de chaque être l'inaccessible Dieu, et cependant en lui ce centre essenliel, cet arbre au cœur du centre qui donne toujours plus qu'il n'attend de ses fruits. cet amour absolu où en vous se répondent la seule Vérité, la seule Liberté qui fondent dans l'Esprit la liberté du monde et fondent chaque amour et chaque vérité. convient chaque homme à croître et à s'unir en Elles pour qu'en étant promus et mûris tous ensemble et l'un par l'autre ouverts aux sources paternelles que nul ne connaît seul, — l'Eau de Dieu les rassemble. et que tout dans vos mains soit vraiment accompli comme la grappe et l'or, et la Création tout entière l'Épouse épousée dans l'Esprit, tout entière l'Épouse appelée par son nom, le grand pays de Dieu, le Corps parfait du Christ où chaque être en cherchant et en sondanl vos signes ayant su vous aimer, même d'un autre cri, recevra par amour le vin de votre vigne, et où l'ultime mort à jamais abolie pour qu'il ne reste rien qui ne vous soit offert vous rendra tous les corps dont elle était nourrie même si à jamais elle a marqué leur chair, afin qu'en reprenant l'unique nom vivant que vous aviez pour eux scellé dans votre paix il n'y ait plus partout qu'un amour et qu'un chant à louer la splendeur de votre éternité?

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