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Amour

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Amour

Poésies de la collection amour

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Couple J’ai pris ta main d’écume dans ma main de poussière et ton œil jaune où l’éternité s’allume a caressé mes hivers Le clair-obscur de mes pensées a goûté à ta fougue verte Me voilà ivre j’en suis sûr devant ton livre aux vagues retournées ces rêves insensés par le vent ce vieux faune qui les mène à leur perte Dans ta main d’écume devenue poussière dans le sable assoiffé un vivant sur la plage…

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    La seule Quand je vivais dans le gris tu te penchais sur mon berceau présence qui n’a pas de prix et me suivra jusqu’au tombeau Un jour mes yeux ont reconnu ton visage ce monde de tendresse nue cet unique paysage qui muet nous dit ce que nous sommes des êtres maudits ou la grandeur de l’Homme Ici ou ailleurs dans un monde dit meilleur tu veilles toujours sur tes enfants innocents ou assoiffés de sang toi qui accueilles le Bien et le Mal Amour qui jamais ne se dément maman qui trouve normal que l’on soit sages ou déments tu n’as point ton égale dans le chaos du monde toi, cette mer étale dans le tohu – bohu immonde

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Pinceau Dans un champ de coquelicots une faux oubliée dans une hémorragie de beauté La Mort éblouie par tant de vie s’est enfuie Deux amants s’aiment sous le soleil de juin leur désir froissant les fleurs qui sourient Des enfants à venir courent à perdre haleine dans les sentiers où chantent les mots du poème

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    Kieran Wall

    @kieranWall

    Ce devrait être interdit C’est triste de se souvenir De sa seule amante absolue, De ne plus mêler l’avenir A sa chimère dissolue. Une certaine équité voudrait Que l’espoir eût une survie, Un vide de preuves saurait Cacher la finitude obvie De l’amour cosmique au passé. En lieu d’un songe ésotérique Mon rêve a été compassé ; Une nostalgie quadratique M’a tout entier décomposé.

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    A Tu m’as offert ta liberté, Je me suis livré à toi. Tu m’as donné ton coeur, Je t’ai ouvert le mien. Tu m’as offert ton corps, Je t’ai enlacé. Tu as dévoilé ton âme, je t’ai accueilli. Ton toi résonne en moi, Comme une partition de vie à écrire À quatre mains, à deux êtres, à tue-tête… Je t’aime !

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Demain C’était comme un désert aride Comme un hiver interminable Comme un printemps d’autan S’approchant sans prévenir Nos utopies asséchées Nos regards croisés Nos plus petits espaces À l’intérieur de nos habitacles C’était comme un mirage De ce que nous avions vécu D’une pensée utopique De ce que nous avions insufflé De ce que nous avions dansé De ce que nous avions bu De ce que nous avions usé Ivres de fêtes D’éclats de rires De sourires D’embrassades De chaleur De rencontres charnelles C’était comme un brouillard À couper le souffle En proie à lame La mort aux trousses C’était comme un désert arctique Un vent glacial Des rafales en surface Des ombres en survie Des regards sombres Des cœurs glacés C’était comme aujourd’hui C’était comme hier C’était comme un désert d’hiver Comme un printemps latent Comme un matin d’été S’approchant sans prévenir.

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Dolce vita Je me suis nourrie par tant de mots suspendus à nos lèvres brûlantes Au fur et à mesure nos flammes vacillantes prenaient l’embrasure de nos pouls-de-soi vibratoires Nos cœurs battaient à tue tête quand nous dansions en rythme magmatique Ils grondent en dedans et se cachent pour s’ouvrir à l’intérieur de nos chambres antichambre lancinante Je sens encore tonner les vibrations des alvéoles ailées de nos chants intérieurs As-tu ouvert les fenêtres à grand vent quand le charme de la rumeur est passé ? Celle des petites traces inaltérables qui ont sculpté nos rêves à en perdre la tête ? Enivrante en insouciance je me souviens encore dans mes moindres échos de nos danses de nuit nos danses de vie à la dolce vita.

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Les chiffonniers du rêve Escapade sur les balcons du ciel La nuit à nos pieds endormie Nous appartient. Tu m’as hissé sur les toits du monde Pour regarder la piste aux étoiles. Le murmure de tes mots et merveilles berce mon imaginaire. Les grues lumineuses marchent sur la ville. Je suis ton acrobate amazone Tu es mon ange vagabond. Nous dévorons la saveur de l’insouciance. Sans trop d’attente, Effrontés de l’instant, Nos vertiges dansent. Dans la courbe de notre cavale enfantine, les loupiotes de l’horizon Illuminent nos baisers. Au firmament, La promenade de notre escalade nocturne s’endort en silence.

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    L’attente Quand Il ne se passe rien Tout est possible Quand tout est possible Je n’en sais rien Quand je t’attends Je ne crois en rien Quand je crois en tout J’attends Quand le vide s’installe Je suis remplie d’incertitudes Quand c’est incertain Je m’installe Quand tu t’installes Je t’attends Quand tu me regardes Tu es ailleurs Quand je suis ailleurs Tu es nulle part Quand je pars Tu rentres Quand je reviens Tu t’en vas Quand tu es là Je suis partie Quand je suis revenu Tu n’es plus là Toi Moi Tu m’attends Je t’attends J’attends…

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Mirage Comme un mirage je t’ai dessiné Dans mon éprouvette érotique Tu brûles si fort Dans mon accroche-coeur J’ai mis mes pensées en gigognes Avant qu’elles ne cognent ma raison J’ai cherché la sortie Quand tu disparaissais Je t’attendrai Avant le vertige de nos ombres Je suis de déserts arides La soif de ton parfum Mon invisible dans tes pas La marche à contresens Je cherche l’atterrissage Le planeur équilibre de ton nuage Le fil tendu vers notre infini

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    Louis Aragon

    Louis Aragon

    @louisAragon

    Nous dormirons ensemble Que ce soit dimanche ou lundi Soir ou matin minuit midi Dans l'enfer ou le paradis Les amours aux amours ressemblent C'était hier que je t'ai dit Nous dormirons ensemble C'était hier et c'est demain Je n'ai plus que toi de chemin J'ai mis mon cœur entre tes mains Avec le tien comme il va l'amble Tout ce qu'il a de temps humain Nous dormirons ensemble Mon amour ce qui fut sera Le ciel est sur nous comme un drap J'ai refermé sur toi mes bras Et tant je t'aime que j'en tremble Aussi longtemps que tu voudras Nous dormirons ensemble.

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Deux vers d'Alcée Quel était ton désir et ta crainte secrète ? Quoi ! le vœu de ton cœur, ta Muse trop discrète Rougit-elle de l'exprimer ? Alcée, on reconnaît l'amour à ce langage. Sapho feint vainement que ton discours l'outrage, Sapho sait que tu vas l'aimer. Tu l'entendais chanter, tu la voyais sourire, La fille de Lesbos, Sapho qui sur sa lyre Répandit sa grâce et ses feux. Sa voix te trouble, Alcée, et son regard t'enflamme Tandis que ses accents pénétraient dans ton âme, Sa beauté ravissait tes yeux. Que devint ton amour ? L'heure qui le vit naître L'a-t-elle vu mourir ? Vénus ailleurs peut-être Emporta tes vœux fugitifs. Mais le parfum du cœur jamais ne s'évapore ; Même après deux mille ans je le respire encore Dans deux vers émus et craintifs.

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Endymion Endymion s’endort sur le mont solitaire, Lui que Phœbé la nuit visite avec mystère, Qu’elle adore en secret, un enfant, un pasteur. Il est timide et fier, il est discret comme elle ; Un charme grave au choix d’une amante immortelle A désigné son front rêveur. C’est lui qu’elle cherchait sur la vaste bruyère Quand, sortant du nuage où tremblait sa lumière, Elle jetait au loin un regard calme et pur, Quand elle abandonnait jusqu’à son dernier voile, Tandis qu’à ses côtés une pensive étoile Scintillait dans l’éther obscur. Phœbé ! le vallon, les bois et la colline Dorment enveloppés dans ta pâleur divine ; A peine au pied des monts flotte un léger brouillard. Si l’air a des soupirs, ils ne sont point sensibles ; Le lac dans le lointain berce ses eaux paisibles Qui s’argentent sous ton regard. Non, ton amour n’a pas cette ardeur qui consume. Si quelquefois, le soir, quand ton flambeau s’allume. Ton amant te contemple avant de s’endormir. Nul éclat qui l’aveugle, aucun feu qui l’embrase ; Rien ne trouble sa paix ni son heureuse extase ; Tu l’éclairés sans l’éblouir. Tu n’as pour le baiser que ton rayon timide, Qui vers lui mollement glisse dans l’air humide, Et sur sa lèvre pâle expire sans témoin. Jamais le beau pasteur, objet de ta tendresse, Ne te rendra, Phœbé, ta furtive caresse. Qu’il reçoit, mais qu’il ne sent point. Il va dormir ainsi sous la voûte étoilée Jusqu’à l’heure où la nuit, frissonnante et voilée. Disparaîtra des cieux t’entraînant sur ses pas. Peut-être en s’éveillant te verra-t-il encore Qui, t’effaçant devant les rougeurs de l’aurore, Dans ta fuite lui souriras.

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    In memoriam (I) J'aime à changer de cieux, de climat, de lumière. Oiseau d'une saison, je fuis avec l'été, Et mon vol inconstant va du rivage austère Au rivage enchanté. Mais qu'à jamais le vent bien loin du bord m'emporte Où j'ai dans d'autres temps suivi des pas chéris, Et qu'aujourd'hui déjà ma félicité morte Jonche de ses débris ! Combien ce lieu m'a plu ! non pas que j'eusse encore Vu le ciel y briller sous un soleil pâli ; L'amour qui dans mon âme enfin venait d'éclore L'avait seul embelli. Hélas ! avec l'amour ont disparu ses charmes ; Et sous ces grands sapins, au bord des lacs brumeux, Je verrais se lever comme un fantôme en larmes L'ombre des jours heureux. Oui, pour moi tout est plein sur cette froide plage De la présence chère et du regard aimé, Plein de la voix connue et de la douce image Dont j'eus le cœur charmé. Comment pourrais-je encor, désolée et pieuse, Par les mêmes sentiers traîner ce cœur meurtri, Seule où nous étions deux, triste où j'étais joyeuse, Pleurante où j'ai souri ? Painswick, Glocestershire, août 1850.

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    La belle au bois dormant Une princesse, au fond des bois, A dormi cent ans autrefois, Oui, cent beaux ans, tout d’une traite. L’enfant, dans sa fraîche retraite, Laissait courir le temps léger. Tout sommeillait à l’entour d’elle : La brise n’eût pas de son aile Fait la moindre feuille bouger ; Le flot dormait sur le rivage ; L’oiseau, perdu dans le feuillage, Était sans voix et sans ébats ; Sur sa tige fragile et verte La rose restait entr’ouverte : Cent printemps ne l’effeuillaient pas ! Le charme eût duré, je m’assure, À jamais, sans le fils du roi. Il pénétra dans cet endroit, Et découvrit par aventure Le trésor que Dieu lui gardait. Un baiser, bien vite, il dépose Sur la bouche qui, demi-close, Depuis un siècle l’attendait. La dame, confuse et vermeille, À cet inconnu qui l’éveille Sourit dans son étonnement. Ô surprise toujours la même ! Sourire ému ! Baiser charmant ! L’amour est l’éveilleur suprême, L’âme, la Belle au bois dormant.

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    La coupe du roi de hulé Au vieux roi de Thulé sa maîtresse fidèle Avait fait en mourant don d’une coupe d’or, Unique souvenir qu’elle lui laissait d’elle, Cher et dernier trésor. Dans ce vase, présent d’une main adorée, Le pauvre amant dès lors but à chaque festin. La liqueur en passant par la coupe sacrée Prenait un goût divin. Et quand il y portait une lèvre attendrie, Débordant de son cœur et voilant son regard, Une larme humectait la paupière flétrie Du noble et doux vieillard. Il donna tous ses biens, sentant sa fin prochaine, Hormis toi, gage aimé de ses amours éteints ; Mais il n’attendit point que la Mort inhumaine T’arrachât de ses mains. Comme pour emporter une dernière ivresse. Il te vida d’un trait, étouffant ses sanglots, Puis, de son bras tremblant surmontant la faiblesse» Te lança dans les flots. D’un regard déjà trouble il te vit sous les ondes T’enfoncer lentement pour ne plus remonter : C’était tout le passé que dans les eaux profondes Il venait de jeter. Et son cœur, abîmé dans ses regrets suprêmes, Subit sans la sentir l’atteinte du trépas. En sa douleur ses yeux qui s’étaient clos d’eux-mêmes Ne se rouvrirent pas. Coupe des souvenirs, qu’une liqueur brûlante Sous notre lèvre avide emplissait jusqu’au bord, Qu’en nos derniers banquets d’une main défaillante Nous soulevons encor, Vase qui conservais la saveur immortelle De tout ce qui nous fit rêver, souffrir, aimer. L’œil qui t’a vu plonger sous la vague éternelle N’a plus qu’à se fermer.

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    La lampe d’Héro De son bonheur furtif lorsque malgré l’orage L’amant d’Héro courait s’enivrer loin du jour, Et dans la nuit tentait de gagner à la nage Le bord où l’attendait l’Amour, Une lampe envoyait, vigilante et fidèle , En ce péril vers lui son rayon vacillant; On eût dit dans les deux quelque étoile immortelle Qui dévoilait son front tremblant. La mer a beau mugir et heurter ses rivages. Les vents au sein des airs déchaîner leur effort, Lés oiseaux effrayés pousser des cris sauvages . En voyant approcher la Mort , Tant que du haut sommet de la tour solitaire Brille le signe aimé sur l’abîme en fureur, Il ne sentira point, le nageur téméraire, Défaillir son bras ni son cœur. Comme à l’heure sinistre où la mer en sa rage Menaçait d’engloutir cet enfant d’Abydos, Autour de nous dans l’ombre un éternel orage Fait gronder et bondir les flots. Remplissant l’air au loin de ses clameurs funèbres, Chaque vague en passant nous entr’ouvre un tombeau ; Dans les mêmes dangers et les mêmes ténèbres Nous avons le même flambeau. Le pâle et doux rayon tremble encor dans la brume. Le vent l’assaille en vain, vainement les flots sourds La dérobent parfois sous un voile d’écume, La clarté reparaît toujours. Et nous, les yeux levés vers la lueur lointaine. Nous fendons pleins d’espoir les vagues en courroux ; Au bord du gouffre ouvert la lumière incertaine Semble d’en haut veiller sur nous. O phare de l’Amour ! qui dans la nuit profonde Nous guides à travers les écueils d’ici-bas, Toi que nous voyons luire entre le ciel et l’onde. Lampe d’Héro, ne t’éteins pas !

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    L’amour et la mort A M. Louis de Ronchaud) I Regardez-les passer, ces couples éphémères ! Dans les bras l’un de l’autre enlacés un moment, Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières, Font le même serment : Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent Avec étonnement entendent prononcer, Et qu’osent répéter des lèvres qui pâlissent Et qui vont se glacer. Vous qui vivez si peu, pourquoi cette promesse Qu’un élan d’espérance arrache à votre coeur, Vain défi qu’au néant vous jetez, dans l’ivresse D’un instant de bonheur ? Amants, autour de vous une voix inflexible Crie à tout ce qui naît : « Aime et meurs ici-bas !  » La mort est implacable et le ciel insensible ; Vous n’échapperez pas. Eh bien ! puisqu’il le faut, sans trouble et sans murmure, Forts de ce même amour dont vous vous enivrez Et perdus dans le sein de l’immense Nature, Aimez donc, et mourez ! II Non, non, tout n’est pas dit, vers la beauté fragile Quand un charme invincible emporte le désir, Sous le feu d’un baiser quand notre pauvre argile A frémi de plaisir. Notre serment sacré part d’une âme immortelle ; C’est elle qui s’émeut quand frissonne le corps ; Nous entendons sa voix et le bruit de son aile Jusque dans nos transports. Nous le répétons donc, ce mot qui fait d’envie Pâlir au firmament les astres radieux, Ce mot qui joint les coeurs et devient, dès la vie, Leur lien pour les cieux. Dans le ravissement d’une éternelle étreinte Ils passent entraînés, ces couples amoureux, Et ne s’arrêtent pas pour jeter avec crainte Un regard autour d’eux. Ils demeurent sereins quand tout s’écroule et tombe ; Leur espoir est leur joie et leur appui divin ; Ils ne trébuchent point lorsque contre une tombe Leur pied heurte en chemin. Toi-même, quand tes bois abritent leur délire, Quand tu couvres de fleurs et d’ombre leurs sentiers, Nature, toi leur mère, aurais-tu ce sourire S’ils mouraient tout entiers ? Sous le voile léger de la beauté mortelle Trouver l’âme qu’on cherche et qui pour nous éclôt, Le temps de l’entrevoir, de s’écrier :  » C’est Elle !  » Et la perdre aussitôt, Et la perdre à jamais ! Cette seule pensée Change en spectre à nos yeux l’image de l’amour. Quoi ! ces voeux infinis, cette ardeur insensée Pour un être d’un jour ! Et toi, serais-tu donc à ce point sans entrailles, Grand Dieu qui dois d’en haut tout entendre et tout voir, Que tant d’adieux navrants et tant de funérailles Ne puissent t’émouvoir, Qu’à cette tombe obscure où tu nous fais descendre Tu dises :  » Garde-les, leurs cris sont superflus. Amèrement en vain l’on pleure sur leur cendre ; Tu ne les rendras plus !  » Mais non ! Dieu qu’on dit bon, tu permets qu’on espère ; Unir pour séparer, ce n’est point ton dessein. Tout ce qui s’est aimé, fût-ce un jour, sur la terre, Va s’aimer dans ton sein. III Eternité de l’homme, illusion ! chimère ! Mensonge de l’amour et de l’orgueil humain ! Il n’a point eu d’hier, ce fantôme éphémère, Il lui faut un demain ! Pour cet éclair de vie et pour cette étincelle Qui brûle une minute en vos coeurs étonnés, Vous oubliez soudain la fange maternelle Et vos destins bornés. Vous échapperiez donc, ô rêveurs téméraires Seuls au Pouvoir fatal qui détruit en créant ? Quittez un tel espoir ; tous les limons sont frères En face du néant. Vous dites à la Nuit qui passe dans ses voiles :  » J’aime, et j’espère voir expirer tes flambeaux.  » La Nuit ne répond rien, mais demain ses étoiles Luiront sur vos tombeaux. Vous croyez que l’amour dont l’âpre feu vous presse A réservé pour vous sa flamme et ses rayons ; La fleur que vous brisez soupire avec ivresse : « Nous aussi nous aimons ! » Heureux, vous aspirez la grande âme invisible Qui remplit tout, les bois, les champs de ses ardeurs ; La Nature sourit, mais elle est insensible : Que lui font vos bonheurs ? Elle n’a qu’un désir, la marâtre immortelle, C’est d’enfanter toujours, sans fin, sans trêve, encor. Mère avide, elle a pris l’éternité pour elle, Et vous laisse la mort. Toute sa prévoyance est pour ce qui va naître ; Le reste est confondu dans un suprême oubli. Vous, vous avez aimé, vous pouvez disparaître : Son voeu s’est accompli. Quand un souffle d’amour traverse vos poitrines, Sur des flots de bonheur vous tenant suspendus, Aux pieds de la Beauté lorsque des mains divines Vous jettent éperdus ; Quand, pressant sur ce coeur qui va bientôt s’éteindre Un autre objet souffrant, forme vaine ici-bas, Il vous semble, mortels, que vous allez étreindre L’Infini dans vos bras ; Ces délires sacrés, ces désirs sans mesure Déchaînés dans vos flancs comme d’ardents essaims, Ces transports, c’est déjà l’Humanité future Qui s’agite en vos seins. Elle se dissoudra, cette argile légère Qu’ont émue un instant la joie et la douleur ; Les vents vont disperser cette noble poussière Qui fut jadis un coeur. Mais d’autres coeurs naîtront qui renoueront la trame De vos espoirs brisés, de vos amours éteints, Perpétuant vos pleurs, vos rêves, votre flamme, Dans les âges lointains. Tous les êtres, formant une chaîne éternelle, Se passent, en courant, le flambeau de l’amour. Chacun rapidement prend la torche immortelle Et la rend à son tour. Aveuglés par l’éclat de sa lumière errante, Vous jurez, dans la nuit où le sort vous plongea, De la tenir toujours : à votre main mourante Elle échappe déjà. Du moins vous aurez vu luire un éclair sublime ; Il aura sillonné votre vie un moment ; En tombant vous pourrez emporter dans l’abîme Votre éblouissement. Et quand il régnerait au fond du ciel paisible Un être sans pitié qui contemplât souffrir, Si son oeil éternel considère, impassible, Le naître et le mourir, Sur le bord de la tombe, et sous ce regard même, Qu’un mouvement d’amour soit encor votre adieu ! Oui, faites voir combien l’homme est grand lorsqu’il aime, Et pardonnez à Dieu !

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    L’hyménée et l’amour Sur le seuil des enfers Eurydice éplorée S’évaporait légère, et cette ombre adorée A son époux en vain dans un suprême effort Avait tendu les bras. Vers la nuit éternelle, Par delà les flots noirs le Destin la rappelle ; Déjà la barque triste a gagné l’autre bord. Tout entier aux regrets de sa perte fatale, Orphée erra longtemps sur la rive infernale. Sa voix du nom chéri remplit ces lieux déserts. Il repoussait du chant la douceur et les charmes; Mais, sans qu’il la touchât, sa lyre sous ses larmes Rendait un son plaintif qui mourait dans les airs. Enfin, las d’y gémir, il quitta ce rivage Témoin de son malheur. Dans la Thrace sauvage Il s’arrête, et là, seul, secouant la torpeur Où le désespoir sombre endormait son génie, Il laissa s’épancher sa tristesse infinie En de navrants accords arrachés à son cœur. Ce fut le premier chant de la douleur humaine Que ce cri d’un époux et que sa plainte vaine ; La parole et la lyre étaient des dons récents. Alors la poésie émue et colorée Voltigeait sans effort sur la lèvre inspirée Dans la grâce et l’ampleur de ses jeunes accents. Des sons harmonieux telle fut la puissance Qu’elle adoucit bientôt cette amère souffrance; Un sanglot moins profond sort de ce sein brisé. La Muse d’un sourire a calmé le poëte ; Il sent, tandis qu’il chante, une vertu secrète Descendre lentement dans son cœur apaisé. Et tout à coup sa voix qu’attendrissent encore Les larmes qu’il versa, prend un accent sonore. Son chant devient plus pur ; grave et mélodieux, Il célèbre à la fois dans son élan lyrique L’Hyménée et l’Amour, ce beau couple pudique Qui marche heureux et fîer sous le regard des Dieux. Il les peint dans leur force et dans la confiance De leurs vœux éternels. Sur le Temps qui s’avance Ils ont leurs yeux fixés que nul pleur n’a ternis. Leur présence autour d’eux répand un charme austère ; Mais ces enfants du ciel descendus sur la terre Ne sont vraiment divins que quand ils sont unis. Oui, si quelque erreur triste un moment les sépare, Dans leurs sentiers divers bientôt chacun s’égare. Leur pied mal affermi trébuche à tout moment. La Pudeur se détourne et les Grâces décentes, Qui les suivaient, formant des danses innocentes. Ont à l’instant senti rougir leur front charmant. Eux seuls en l’enchantant font à l’homme éphémère Oublier ses destins. Leur main douce et légère Le soutient dans la vie et le guide au tombeau. Si les temps sont mauvais et si l’horizon semble S’assombrir devant eux, ils l’éclairent ensemble, Appuyés l’un sur l’autre et n’ayant qu’un flambeau. Pour mieux entendre Orphée, au sein de la nature Tout se taisait ; les vents arrêtaient leur murmure. Même les habitants de l’Olympe éthéré Oubliaient le nectar; devant leur coupe vide Ils écoutaient charmés, et d’une oreille avide, Monter vers eux la voix du mortel inspiré. Ces deux divinités que chantait l’hymne antique N’ont rien perdu pour nous de leur beauté pudique ; Leur front est toujours jeune et serein. Dans leurs yeux L’immortelle douceur de leur âme respire. Calme et pur, le bonheur fleurit sous leur sourire ; Un parfum sur leurs pas trahit encor les Dieux. Bien des siècles ont fui depuis l’heure lointaine Où la Thrace entendit ce chant ; sur l’âme humaine Plus d’un souffle a passé; mais l’homme sent toujours Battre le même cœur au fond de sa poitrine. Gardons-nous d’y flétrir la fleur chaste et divine De l’amour dans l’hymen éclose aux anciens jours. L’âge est triste ; il pressent quelque prochaine crise. Déjà plus d’un lien se relâche ou se brise. On se trouble, on attend. Vers un but ignoré Lorsque l’orage est là qui bientôt nous emporte, Ah ! pressons, s’il se peut, d’une étreinte plus forte Un cœur contre le nôtre, et dans un nœud sacré.

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    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Prométhée À Daniel Stern. Frappe encor, Jupiter, accable-moi, mutile L’ennemi terrassé que tu sais impuissant ! Écraser n’est pas vaincre, et ta foudre inutile S’éteindra dans mon sang, Avant d’avoir dompté l’héroïque pensée Qui fait du vieux Titan un révolté divin ; C’est elle qui te brave, et ta rage insensée N’a cloué sur ces monts qu’un simulacre vain. Tes coups n’auront porté que sur un peu d’argile ; Libre dans les liens de cette chair fragile, L’âme de Prométhée échappe à ta fureur. Sous l’ongle du vautour qui sans fin me dévore, Un invisible amour fait palpiter encore Les lambeaux de mon coeur. Si ces pics désolés que la tempête assiège Ont vu couler parfois sur leur manteau de neige Des larmes que mes yeux ne pouvaient retenir, Vous le savez, rochers, immuables murailles Que d’horreur cependant je sentais tressaillir, La source de mes pleurs était dans mes entrailles ; C’est la compassion qui les a fait jaillir. Ce n’était point assez de mon propre martyre ; Ces flancs ouverts, ce sein qu’un bras divin déchire Est rempli de pitié pour d’autres malheureux. Je les vois engager une lutte éternelle ; L’image horrible est là ; j’ai devant la prunelle La vision des maux qui vont fondre sur eux. Ce spectacle navrant m’obsède et m’exaspère. Supplice intolérable et toujours renaissant, Mon vrai, mon seul vautour, c’est la pensée amère Que rien n’arrachera ces germes de misére Que ta haine a semés dans leur chair et leur sang. Pourtant, ô Jupiter, l’homme est ta créature ; C’est toi qui l’as conçu, c’est toi qui l’as formé, Cet être déplorable, infirme, désarmé, Pour qui tout est danger, épouvante, torture, Qui, dans le cercle étroit de ses jours enfermé, Étouffe et se débat, se blesse et se lamente. Ah ! quand tu le jetas sur la terre inclémente, Tu savais quels fléaux l’y devaient assaillir, Qu’on lui disputerait sa place et sa pâture, Qu’un souffle l’abattrait, que l’aveugle Nature Dans son indifférence allait l’ensevelir. Je l’ai trouvé blotti sous quelque roche humide, Ou rampant dans les bois, spectre hâve et timide Qui n’entendait partout que gronder et rugir, Seul affamé, seul triste au grand banquet des êtres, Du fond des eaux, du sein des profondeurs champêtres Tremblant toujours de voir un ennemi surgir. Mais quoi ! sur cet objet de ta haine immortelle, Imprudent que j’étais, je me suis attendri ; J’allumai la pensée et jetai l’étincelle Dans cet obscur limon dont tu l’avais pétri. Il n’était qu’ébauché, j’achevai ton ouvrage. Plein d’espoir et d’audace, en mes vastes desseins J’aurais sans hésiter mis les cieux au pillage, Pour le doter après du fruit de mes larcins. Je t’ai ravi le feu ; de conquête en conquête J’arrachais de tes mains ton sceptre révéré. Grand Dieu ! ta foudre à temps éclata sur ma tête ; Encore un attentat, l’homme était délivré ! La voici donc ma faute, exécrable et sublime. Compatir, quel forfait ! Se dévouer, quel crime ! Quoi ! j’aurais, impuni, défiant tes rigueurs, Ouvert aux opprimés mes bras libérateurs ? Insensé ! m’être ému quand la pitié s’expie ! Pourtant c’est Prométhée, oui, c’est ce même impie Qui naguère t’aidait à vaincre les Titans. J’étais à tes côtés dans l’ardente mêlée ; Tandis que mes conseils guidaient les combattants, Mes coups faisaient trembler la demeure étoilée. Il s’agissait pour moi du sort de l’univers : Je voulais en finir avec les dieux pervers. Ton règne allait m’ouvrir cette ère pacifique Que mon coeur transporté saluait de ses voeux. En son cours éthéré le soleil magnifique N’aurait plus éclairé que des êtres heureux. La Terreur s’enfuyait en écartant les ombres Qui voilaient ton sourire ineffable et clément, Et le réseau d’airain des Nécessités sombres Se brisait de lui-même aux pieds d’un maître aimant. Tout était joie, amour, essor, efflorescence ; Lui-même Dieu n’était que le rayonnement De la toute-bonté dans la toute-puissance. O mes désirs trompés ! O songe évanoui ! Des splendeurs d’un tel rêve, encor l’oeil ébloui, Me retrouver devant l’iniquité céleste. Devant un Dieu jaloux qui frappe et qui déteste, Et dans mon désespoir me dire avec horreur : « Celui qui pouvait tout a voulu la douleur ! » Mais ne t’abuse point ! Sur ce roc solitaire Tu ne me verras pas succomber en entier. Un esprit de révolte a transformé la terre, Et j’ai dès aujourd’hui choisi mon héritier. Il poursuivra mon oeuvre en marchant sur ma trace, Né qu’il est comme moi pour tenter et souffrir. Aux humains affranchis je lègue mon audace, Héritage sacré qui ne peut plus périr. La raison s’affermit, le doute est prêt à naître. Enhardis à ce point d’interroger leur maître, Des mortels devant eux oseront te citer : Pourquoi leurs maux ? Pourquoi ton caprice et ta haine ? Oui, ton juge t’attend, – la conscience humaine ; Elle ne peut t’absoudre et va te rejeter. Le voilà, ce vengeur promis à ma détresse ! Ah ! quel souffle épuré d’amour et d’allégresse En traversant le monde enivrera mon coeur Le jour où, moins hardie encor que magnanime, Au lieu de l’accuser, ton auguste victime Niera son oppresseur ! Délivré de la Foi comme d’un mauvais rêve, L’homme répudiera les tyrans immortels, Et n’ira plus, en proie à des terreurs sans trêve, Se courber lâchement au pied de tes autels. Las de le trouver sourd, il croira le ciel vide. Jetant sur toi son voile éternel et splendide, La Nature déjà te cache à son regard ; Il ne découvrira dans l’univers sans borne, Pour tout Dieu désormais, qu’un couple aveugle et morne, La Force et le Hasard. Montre-toi, Jupiter, éclate alors, fulmine, Contre ce fugitif à ton joug échappé ! Refusant dans ses maux de voir ta main divine, Par un pouvoir fatal il se dira frappé. Il tombera sans peur, sans plainte, sans prière ; Et quand tu donnerais ton aigle et ton tonnerre Pour l’entendre pousser, au fort de son tourment, Un seul cri qui t’atteste, une injure, un blasphème, Il restera muet : ce silence suprême Sera ton châtiment. Tu n’auras plus que moi dans ton immense empire Pour croire encore en toi, funeste Déité. Plutôt nier le jour ou l’air que je respire Que ta puissance inique et que ta cruauté. Perdu dans cet azur, sur ces hauteurs sublimes, Ah ! j’ai vu de trop près tes fureurs et tes crimes ; J’ai sous tes coups déjà trop souffert, trop saigné ; Le doute est impossible à mon coeur indigné. Oui ! tandis que du Mal, oeuvre de ta colère, Renonçant désormais à sonder le mystère, L’esprit humain ailleurs portera son flambeau, Seul je saurai le mot de cette énigme obscure, Et j’aurai reconnu, pour comble de torture, Un Dieu dans mon bourreau. Nice, 30 novembre 1865

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    Louise Labé

    Louise Labé

    @louiseLabe

    Baise m’encor, rebaise-moi et baise Baise m’encor, rebaise-moi et baise ; Donne m’en un de tes plus savoureux, Donne m’en un de tes plus amoureux : Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise. Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j’apaise, En t’en donnant dix autres doucereux. Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux, Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise. Lors double vie à chacun en suivra. Chacun en soi et son ami vivra. Permets m’Amour penser quelque folie : Toujours suis mal, vivant discrètement, Et ne me puis donner contentement Si hors de moi ne fais quelque saillie.

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    Louise Labé

    Louise Labé

    @louiseLabe

    Je vis, je meurs Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; J'ai chaud extrême en endurant froidure : La vie m'est et trop molle et trop dure. J'ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout à un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j'endure ; Mon bien s'en va, et à jamais il dure ; Tout en un coup je sèche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mène ; Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine.

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    M

    Madame Guyon

    @madameGuyon

    Abîme de l'amour Depuis longtems j'ai perdu connoissance ; Dans un gouffre je me vis abîmer ; Je ne puis plus supporter la science ; Heureux mon cœur, si tu sais bien aimer. Perdu, plongé dans des eaux ténébreuses, Je ne vois rien, et je ne veux rien voir ; Mes ténèbres sont des nuits amoureuses ; Je ne connois mon bien ni mon espoir. Dans ce profond d'amour inexplicable, On m'élève bien au-dessus de moi ; C'est un nuage obscur, invariable, Où l'âme ne voit qu'une sombre foi. C'est un brouillard plus clair que la lumière ; Je ne puis exprimer sa sombre nuit : On ne dessille jamais la paupière ; Dedans ce lieu l'on n'entend aucun bruit. Ces ténèbres où règne le silence, Font le bonheur de ce cœur amoureux ; Tout consiste dedans la patience Qu'exerce ici cet amant généreux.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Amour, divin rôdeur Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes, Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes. Inquiets des lueurs qui brûlent dans les airs, Tous les regards errants sont pleins de tes éclairs... C'est lui ! Sauve qui peut ! Voici venir les larmes !... Ce n'est pas tout d'aimer, l'amour porte des armes. C'est le roi, c'est le maître, et, pour le désarmer, Il faut plaire à l'Amour : ce n'est pas tout d'aimer !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    À l'amour Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs, Ces lettres qui font mon supplice, Ce portrait qui fut ton complice ; Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs. Je te rends ce trésor funeste, Ce froid témoin de mon affreux ennui. Ton souvenir brûlant, que je déteste, Sera bientôt froid comme lui. Oh ! Reprends tout. Si ma main tremble encore, C'est que j'ai cru te voir sous ces traits que j'abhorre. Oui, j'ai cru rencontrer le regard d'un trompeur ; Ce fantôme a troublé mon courage timide. Ciel ! On peut donc mourir à l'aspect d'un perfide, Si son ombre fait tant de peur ! Comme ces feux errants dont le reflet égare, La flamme de ses yeux a passé devant moi ; Je rougis d'oublier qu'enfin tout nous sépare ; Mais je n'en rougis que pour toi. Que mes froids sentiments s'expriment avec peine ! Amour... que je te hais de m'apprendre la haine ! Eloigne-toi, reprends ces trompeuses couleurs, Ces lettres, qui font mon supplice, Ce portrait, qui fut ton complice ; Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs ! Cache au moins ma colère au cruel qui t'envoie, Dis que j'ai tout brisé, sans larmes, sans efforts ; En lui peignant mes douloureux transports, Tu lui donnerais trop de joie. Reprends aussi, reprends les écrits dangereux, Où, cachant sous des fleurs son premier artifice, Il voulut essayer sa cruauté novice Sur un coeur simple et malheureux. Quand tu voudras encore égarer l'innocence, Quand tu voudras voir brûler et languir, Quand tu voudras faire aimer et mourir, N'emprunte pas d'autre éloquence. L'art de séduire est là, comme il est dans son coeur ! Va ! Tu n'as plus besoin d'étude. Sois léger par penchant, ingrat par habitude, Donne la fièvre, amour, et garde ta froideur. Ne change rien aux aveux pleins de charmes Dont la magie entraîne au désespoir : Tu peux de chaque mot calculer le pouvoir, Et choisir ceux encore imprégnés de mes larmes... Il n'ose me répondre, il s'envole... il est loin. Puisse-t-il d'un ingrat éterniser l'absence ! Il faudrait par fierté sourire en sa présence : J'aime mieux souffrir sans témoin. Il ne reviendra plus, il sait que je l'abhorre ; Je l'ai dit à l'amour, qui déjà s'est enfui. S'il osait revenir, je le dirais encore : Mais on approche, on parle... hélas ! Ce n'est pas lui !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Les roses de Saadi J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir. Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    L'amour Vous demandez si l'amour rend heureuse ; Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour. Ah ! pour un jour d'existence amoureuse, Qui ne mourrait ? la vie est dans l'amour. Quand je vivais tendre et craintive amante, Avec ses feux je peignais ses douleurs : Sur son portrait j'ai versé tant de pleurs, Que cette image en paraît moins charmante. Si le sourire, éclair inattendu, Brille parfois au milieu de mes larmes, C'était l'amour ; c'était lui, mais sans armes ; C'était le ciel... qu'avec lui j'ai perdu. Sans lui, le coeur est un foyer sans flamme ; Il brûle tout, ce doux empoisonneur. J'ai dit bien vrai comme il déchire une âme : Demandez-donc s'il donne le bonheur ! Vous le saurez : oui, quoi qu'il en puisse être, De gré, de force, amour sera le maître ; Et, dans sa fièvre alors lente à guérir, Vous souffrirez, ou vous ferez souffrir. Dès qu'on l'a vu, son absence est affreuse ; Dès qu'il revient, on tremble nuit et jour ; Souvent enfin la mort est dans l'amour ; Et cependant... oui, l'amour rend heureuse !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Le premier amour Vous souvient-il de cette jeune amie, Au regard tendre, au maintien sage et doux ? À peine, hélas ! au printemps de sa vie, Son cœur sentit qu'il était fait pour vous. Point de serment, point de vaine promesse : Si jeune encore, on ne les connaît pas ; Son âme pure aimait avec ivresse, Et se livrait sans honte et sans combats. Elle a perdu son idole chérie ; Bonheur si doux a duré moins qu'un jour ! Elle n'est plus au printemps de sa vie : Elle est encore à son premier amour.

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    Marceline Desbordes-Valmore

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    @marcelineDesbordesValmore

    Le serment Idole de ma vie, Mon tourment, mon plaisir, Dis-moi si ton envie S’accorde à mon désir ? Comme je t’aime en mes beaux jours, Je veux t’aimer toujours. Donne-moi l’espérance ; Je te l’offre en retour. Apprends-moi la constance ; Je t’apprendrai l’amour. Comme je t’aime en mes beaux jours, Je veux t’aimer toujours. Sois d’un cœur qui t’adore L’unique souvenir ; Je te promets encore Ce que j’ai d’avenir. Comme je t’aime en mes beaux jours, Je veux t’aimer toujours. Vers ton âme attirée Par le plus doux transport, Sur ta bouche adorée Laisse-moi dire encor : Comme je t’aime en mes beaux jours, Je veux t’aimer toujours.

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    Marceline Desbordes-Valmore

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    @marcelineDesbordesValmore

    Le soir (II) Sur la musique de Garni. En vain l'aurore, Qui se colore, Annonce un jour Fait pour l'amour ; De ta pensée Tout oppressée, Pour te revoir, J'attends le soir. L'aurore en fuite, Laisse à sa suite Un soleil pur, Un ciel d'azur : L'amour s'éveille ; Pour lui je veille ; Et, pour te voir, J'attends le soir. Heure charmante, Soyez moins lente ! Avancez-vous, Moment si doux ! Une journée Est une année, Quand pour te voir, J'attends le soir. Un voile sombre Ramène l'ombre ; Un doux repos Suit les travaux : Mon sein palpite, Mon cœur me quitte... Je vais te voir ; Voilà le soir.

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