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Amitié

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Amitié

Poésies de la collection amitié

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    Christophe Bregaint

    @christopheBregaint

    Regard désarmé J’ai franchi l’autre rive, Vers d’autres paysages, Où j’apprends à aimer, Pas à pas Dans tes bras. La vie n’est plus nocive J’ouvre, sur ton visage Mon regard désarmé…

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    C

    Claire Raphaël

    @claireRaphael

    Notre amitié fortuite La parole est libre et mes pensées simples dans l’onde idéale et cette brise suave où nous sommes unis à l’entente implicite de nos cœurs habités par la fraternité. Le feu de camp nourrit des lueurs vacillantes et notre réunion est la preuve aveuglante d’une amitié fortuite abreuvée d’espérance je suis au centre et j’aime cette composition où nos corps se complètent j’avoue sans comédie mes goûts mes préférences il faut oser offrir son visage au public je réponds sans relâche aux questions indécentes. Nos dialogues s’amusent en brassant l’ironie de nos esprits saoulés par la sève promise au pied de ces grands arbres où nous vérifierons que nous sommes semblables à défaut d’être égaux dans cette communion il nous faut partager l’ivresse et la raison.

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    C

    Claude Mermet

    @claudeMermet

    Les amis Les amis de l'heure présente Ont le naturel du melon ; Il en faut essayer cinquante Avant d'en rencontrer un bon.

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    C

    Claudius Popelin

    @claudiusPopelin

    À mes amis, salut Charles Dix étant roi de France et de Navarre, En mil huit cent vingt-cinq, je naquis de parents Sensés, honnêtes, bons. Je ne suis pas avare, J’aime les malheureux, les humbles, les souffrants.   Le travail est ma barque et l’honneur est mon phare. Je n’ai jamais flatté les princes ni les grands, Ni désiré non plus l’orgueilleuse fanfare Des folles vanités aux dehors apparents.   Fils d’Adam, j’ai mordu comme un autre à la pomme. Si j’ai péché ce fut toujours en galant homme, Et je n’ai, Dieu merci, pas fait couler de pleurs.   Je suis pour les cléments envers l’humaine engeance, Contre les dédaigneux, contre les persifleurs, Sentant que j’ai besoin moi-même d’indulgence.

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    À ses amis, auxquels on rapporta qu'il était prisonnier Il n'en est rien, de ce qu'on vous révèle. Ceux qui l'ont dit ont faute de cervelle, Car en mon cas il n'y a méprison, Et par-dedans ne vis jamais prison : Doncqucs, amis, l'ennui qu'avez, ôtez-le. Et vous, causeurs pleins d'envie immortelle, Qui voudriez bien que la chose fût telle, Crevez de deuil, de dépit, ou poison : Il n'en est rien. Je ris, je chante en joie solennelle, Je sers ma Dame, et me console en elle, Je rime en prose (et peut-être en raison), Je sors dehors, je rentre en la maison. Ne croyez pas doneques l'autre nouvelle : II n'en est rien.

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    C

    Cécile Carrara

    @cecileCarrara

    Te connaitre Puisqu’il me semble quelquefois que je t’ai toujours bien connu je sens parfois au fond de moi que je peux toujours te connaitre. Même lorsque les choses indicibles auront toutes été prononcées lorsque le vent de l’au-delà aura arrêté de souffler. Même lorsque la roue des carrosses aura moisi dans la rosée lorsque la pluie des jours de gris se sera enfin écoulée. Puisqu’il me semble quelquefois que je t’ai toujours bien connu je sens parfois au fond de moi que je peux toujours te connaitre. Quand la nuit aura avalé les orages qui se sont fanés le tremblement et les grondements de nos plus actives années. Quand le soleil aura percé la fraîcheur des tendres baisers quand le temps sera révolu fatigué d’avoir trop tourné. Puisqu’il me semble quelquefois que je t’ai toujours bien connu je sens parfois au fond de moi que je peux toujours te connaitre.

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    David Bunel

    @davidBunel

    A mon ami Je cherche mais vert, je ne trouve pas Mon ami s'en va, je l'ai de travers ... C'est la fin de l'hiver, les bô jours sont là Devant lui je crois, en tous cas l'espère ... Derrière les galères ! Son avenir est là bas Et sera mieux que là où il désespère ... Mais je l'ai de travers, mon ami s'en va Et moi je reste là, sentiments d'hiver ... Mon ami mon frère, prends bien soins de toi .

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    D

    Didier Venturini

    @didierVenturini

    Montée haute bise Montée haute bise Il me souvient d’une table mise Un soir de vin couleurs de terre sur lie de toiles fonds de nos verres qui s’entre-toilent pinceaux traçant l’objet du bois d’un bois dormant dessous tes doigts montée haute bise boucles d’argent crinière de mise avec le vent ton rire s’entête par ce chemin ta silhouette comme au fusain dessine aux murs ombre tatouage sa signature reflet passage montée haute bise il me souvient d’une vie prise à pleines mains de mots croqués au fil des pages paroles feuillets vagabondages glissent leurs murmures entre les failles rien n’est moins sûr que nos murailles à Pierre Leloup

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    D

    Djamel Cheniki

    @djamelCheniki

    Ami lointain Nous nous rencontrerons sous d'autres cieux Et nos pieds fouleront de nouvelles terres Toi l'ami, le complice de joies éphémères De par mon humble instinct je te sais heureux

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    D

    Dominique Bernier

    @dominiqueBernier

    A toi l’humble jardinier A toi l’humble jardinier, je voudrais faire germer Un simple grain de blé, en signe d’amitié A toi qui a semé au jardin de la paix Des actions de clarté, pour tes œuvres louées. A toi l’humble jardinier, tu as su partager Au nom de l’amitié, tes valeurs du potager, Tes solides opinions, ta sagesse, tes passions, Pour tes convictions encensées d’intentions. Mais ce soir, le soleil s’est couché, et, la nuit s’est levée Sous la voute céleste, tu œuvres encore dans nos esprits, A nous battre pour une terre à partager sans cloisonner. Mais ce soir, tu nous as quitté, et, tu nous auras appris A gérer nos intentions dans la vérité, la sagesse, A gérer un grain de blé dans une terre de promesses.

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    Elie Ayache

    @elieAyache

    La porte… Entrée ou sortie ? Bienvenue ou au revoir ? Ouverte le jour mais fermée le soir Au seuil ou sur le pas, l’œil pour décider… Le sort est scellé d’un tour de poignée Très souvent toutes se ressemblent Celles qui séparent comme celles qui rassemblent Battante ou dérobée, en métal ou bois dur Fermée sur le passé ouverte sur le futur Frappez et on vous ouvrira dit le Prêcheur Sonnez deux fois précisent-on au Facteur NE PAS DERANGER ! Demande le client de la 17 ATTENTION AU CHIEN ! Prévient la petite affichette Parfois l’oreille s’y colle pour percer le secret D’un chuchotement que l’on voulait discret Un petit mot glissé par le dessous Rappelle à l’absent un prochain rendez-vous Peu importe ce que la rumeur colporte Le vent de mon indifférence l’emporte Seuls l’amour et l’amitié m’apportent Le désir irrépressible de leur ouvrir ma porte.

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    E

    Emile Nelligan

    @emileNelligan

    Le perroquet Aux jours de sa vieille détresse Elle avait, la pauvre négresse, Gardé cet oiseau d’allégresse. Ils habitaient, au coin hideux, Un de ces réduits hasardeux, Un faubourg lointain, tous les deux. Lui, comme jadis à la foire, Il jacassait les jours de gloire Perché sur son épaule noire. La vieille écoutait follement, Croyant que par l’oiseau charmant Causait l’âme de son amant. Car le poète chimérique, Avec une verve ironique A la crédule enfant d’Afrique Avait conté qu’il s’en irait, A son trépas, vivre en secret Chez l’âme de son perroquet. C’est pourquoi la vieille au front chauve, A l’heure où la clarté se sauve, Interrogeait l’oiseau, l’oeil fauve. Mais lui riait, criant toujours, Du matin au soir tous les jours :  » Ha ! Ha ! Ha ! Gula, mes amours ! «  Elle en mourut dans un cri rauque, Croyant que sous le soliloque Inconscient du bavard glauque, L’amant défunt voulait, moqueur, Railler l’amour de son vieux coeur. Elle en mourut dans la rancoeur. L’oiseau pleura ses funérailles, Puis se fit un nid de pierrailles En des ruines de murailles. Mais il devint comme hanté ; Et quand la nuit avait chanté Au clair du ciel diamanté, On eût dit, à voir sa détresse, Qu’en lui pleurait, dans sa tendresse, L’âme de la pauvre négresse.

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    E

    Ephraïm Jouy

    @ephraimJouy

    Les ruines solitaires Garder le mystère de ton âme Comme si rien ne finissait Au creux de tes mains retenues A l’aube rétive Comme si rien ne finissait A côté, juste à côté De ton cœur épars Et sentir la pesanteur du gouffre Où sombrent les silences sans recours

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Abri Dans les lignes de ta main Pour me plaire j’y veux voir Que rien ne nous sépare Et qu’avons même destin. Dans les lignes de ta main Je découvre en cherchant Les signes bienfaisants De ce qui me convient. Dans le creux de ta paume Où ma main se blottit Je retrouve mon abri Doux et calme. Comme un baume.

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Contemplation Attendrissant, ce blond, lumineuse auréole de mèches douces et folles te caressant le front. Si émouvant, ce bleu où baigne ton regard. Ne te ferai d’aveu. Car me taire est ma part. Et troublant, cet ourlet au contour de tes lèvres où mon regard en fièvre s’attarde, triste et muet. Meurtrissants, tes silences. Sortes d’affreux départs où je n’ai nulle part ni aucune présence. Et torturant, ton rire. Tu me blesses en ta joie. Encor je reste coi, ne sachant que te dire. Combien narguant, ce châle entourant tes épaules !… Je lui envie son rôle et n’en ai que plus mal. Mais apaisant, ce gris où tu aimes t’asseoir à l’approche du soir. Chien fidèle, je t’y suis. N’est-il plaisant mon lot ? Ta vue m’est un cadeau dont je me sens empli. Mon bonheur n’a de prix. Attendrissant, ce blond… Lumineuse auréole…

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    Esther Granek

    @estherGranek

    Enquête A portée de main, je te sens si loin. Comme tu parais sage ! (ou n’y vois-je rien ?) Suis-je de ton voyage ? Et dans tes nuages me donnes-tu un coin ?

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    Esther Granek

    @estherGranek

    J’ai connu tant de ciels J’ai connu tant de ciels Et de terres de hasard Pour gens de toutes parts Venus on ne sait d’où Et ne t’ai point trouvée J’ai suivi les chemins Des chiens et des gamins Sortis de nulle part Et qui vont n’importe où Et ne t’ai point trouvée Et j’ai chanté le vin Les chagrins les refrains Qui sont nés autre part Et qu’on entend partout Et ne t’ai point trouvée J’ai connu tant de filles Les douces et les aigries Les rondes les aplaties Les vives et les bornées Et ne t’ai point trouvée Et j’ai bu le nectar Et j’ai usé l’espoir Des partout des nulle part Qui se moquent de vous Et ne t’ai point trouvée

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    Esther Granek

    @estherGranek

    Les courtisans Ça se faufile à pas glissants, Les courtisans. Ça vous parle si humblement. Ça s’interpose à tout moment. À tout moment, les courtisans, Ça se faufile à pas glissants. Ça sourit d’un air compassé, Les courtisans. Tête penchée, le cou rentré Et la bouche en cul-de-poulet. Cul-de-poulet, les courtisans. Ça rit d’un ton acidulé. Ils ont la face du moment, Les courtisans. Quand face est noire, pile sera blanc Ou le contraire, commodément. Commodément, les courtisans, Ils ont la face du moment. C’est si pur et c’est si décent, Les courtisans. C’est bien parfois un peu changeant. Côté jardin, ça fait manant. Ça fait manant, les courtisans. Mais côté cour, c’est l’adjudant. Car ça sait aussi péter sec, Les courtisans. Ça change de manières en cinq sec. De cette façon, y’a pas d’échec. Y’a pas d’échec, les courtisans. Car ça sait aussi péter sec. Ça se faufile à pas glissants…

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    Esther Granek

    @estherGranek

    Muet Ouvre-moi tes bras Et me sois refuge Ouvre-moi tes bras Et me sois rempart Ouvre-moi tes bras Et me sois espoir Ouvre-moi tes bras Et me sois bien-être Ouvre-moi tes bras Quand me vois paraître Ouvre-moi tes bras… Et me sois… Refuge…

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Toi Toi c’est un mot Toi c’est une voix Toi c’est tes yeux et c’est ma joie Toi c’est si beau Toi c’est pour moi Toi c’est bien là et je n’y crois Toi c’est soleil Toi c’est printemps Toi c’est merveille de chaque instant Toi c’est présent Toi c’est bonheur Toi c’est arc-en-ciel dans mon coeur Toi c’est distant… Toi c’est changeant… Toi c’est rêvant et esquivant… Toi c’est pensant… Toi c’est taisant… Toi c’est tristesse qui me prend… Toi c’est fini. Fini ? Pourquoi ? Toi c’est le vide dans mes bras… Toi c’est mon soleil qui s’en va… Et moi, je reste, pleurant tout bas.

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Une histoire Et c’est au fil de nos sourires que se noua le premier fil. Et c’est au fil de nos désirs qu’il se multiplia par mille. Était-ce au fil de mes espoirs qu’en araignée tu fis ta toile ? Car c’est au fil de tes départs qu’au piège je fus l’animal… alors qu’au fil de ton plaisir se brisera… le dernier fil.

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    E

    Eudore Evanturel

    @eudoreEvanturel

    Mon ami Rodolphe Alors que je logeais, bien humble pensionnaire, Au numéro vingt-trois de ce quartier ancien, J'eus longtemps – grâce au ciel moins qu'au propriétaire - Pour voisin de mansarde, un drôle de voisin. Le garçon dont je parle était un grand phtisique, Qui, pour les sottes gens et les gens prévenus, Passait, mal à propos, pour un être excentrique, Ayant rapport avec les archanges cornus. Mon pauvre ami Rodolphe avait pour habitude, - Il tenait le scalpel de Balzac dans sa main - De faire de lui-même un cabinet d'étude, D'où ses yeux voyaient clair au fond du cœur humain.

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    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    Vers écrits sur un souvenir Donné par la marquise de Grollier à M. le baron de Humbolt Vous qui vivrez toujours, comment pourrez-vous croire Qu’on vous offre des fleurs si promptes à mourir ? « Présentez, direz-vous, ces filles du Zéphyr A la beauté, mais non pas à la gloire. » Des dons de l’amitié connaissez mieux le prix. Dédaignez moins ces fleurs nouvelles : En les peignant sur vos écrits, J’ai trouvé le secret de les rendre immortelles Paris, 1818.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    À mon ami *** Tu sais l’amour et son ivresse Tu sais l’amour et ses combats ; Tu sais une voix qui t’adresse Ces mots d’ineffable tendresse Qui ne se disent que tout bas. Sur un beau sein, ta bouche errante Enfin a pu se reposer, Et sur une lèvre mourante Sentir la douceur enivrante Que recèle un premier baiser… Maître de ces biens qu’on envie Ton cœur est pur, tes jours sont pleins ! Esclave à tes vœux asservie, La fortune embellit ta vie Tu sais qu’on t’aime, et tu te plains ! Et tu te plains ! et t’exagères Ces vagues ennuis d’un moment, Ces chagrins, ces douleurs légères, Et ces peines si passagères Qu’on ne peut souffrir qu’en aimant ! Et tu pleures ! et tu regrettes Cet épanchement amoureux ! Pourquoi ces maux que tu t’apprêtes ? Garde ces plaintes indiscrètes Et ces pleurs pour les malheureux ! Pour moi, de qui l’âme flétrie N’a jamais reçu de serment, Comme un exilé sans patrie, Pour moi, qu’une voix attendrie N’a jamais nommé doucement, Personne qui daigne m’entendre, A mon sort qui saigne s’unir, Et m’interroge d’un air tendre, Pourquoi je me suis fait attendre Un jour tout entier sans venir. Personne qui me recommande De ne rester que peu d’instants Hors du logis ; qui me gourmande Lorsque je rentre et me demande Où je suis allé si longtemps. Jamais d’haleine caressante Qui, la nuit, vienne m’embaumer ; Personne dont la main pressante Cherche la mienne, et dont je sente Sur mon cœur les bras se fermer ! Une fois pourtant – quatre années Auraient-elles donc effacé Ce que ces heures fortunées D’illusions environnées Au fond de mon âme ont laissé ? Oh ! c’est qu’elle était si jolie ! Soit qu’elle ouvrit ses yeux si grands, Soit que sa paupière affaiblie Comme un voile qui se déplie Éteignit ses regards mourants ! – J’osai concevoir l’espérance Que les destins moins ennemis, Prenant pitié de ma souffrance, Viendraient me donner l’assurance D’un bonheur qu’ils auraient permis : L’heure que j’avais attendue, Le bonheur que j’avais rêvé A fui de mon âme éperdue, Comme une note suspendue, Comme un sourire inachevé ! Elle ne s’est point souvenue Du monde qui ne la vit pas ; Rien n’a signalé sa venue, Elle est passée, humble, inconnue, Sans laisser trace de ses pas. Depuis lors, triste et monotone, Chaque jour commence et finit : Rien ne m’émeut, rien ne m’étonne, Comme un dernier rayon d’automne J’aperçois mon front qui jaunit. Et loin de tous, quand le mystère De l’avenir s’est refermé, Je fuis, exilé volontaire ! – Il n’est qu’un bonheur sur la terre, Celui d’aimer et d’être aimé.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    Ospitalità Dans des vers immortels que vous savez sans doute, Dante acceptant d’un prince et le toit et l’appui, Des chagrins de l’exil abreuvé goutte à goutte, Nous a montré son coeur tout plein d’un sombre ennui ; Et combien est amer, pour celui qui le goûte, Le pain de l’étranger, et tout ce qu’il en coûte De monter et descendre à l’escalier d’autrui… Moi, qui ne le vaux pas, j’ai trouvé mieux que lui. Ici, malgré ces vers de funèbre présage, J’ai trouvé le pain bon, et meilleur le visage, Et l’opulent bien-être et les plaisirs permis. C’est que Dante, égaré dans des sphères trop hautes, Avait un protecteur, et que moi j’ai des hôtes ; C’est qu’il avait un maître et que j’ai des amis.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    Sonnet à mon ami R J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage, Comme un port où le cœur, trop longtemps agité, Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage, Un dernier jour de calme et de sérénité. Une femme modeste, à peu près de mon âge Et deux petits enfants jouant à son côté ; Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage, Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été. J'abandonnais l'amour à la jeunesse ardente Je voulais une amie, une âme confidente, Où cacher mes chagrins, qu'elle seule aurait lus ; Le ciel m'a donné plus que je n'osais prétendre ; L'amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre, Et l'amour arriva qu'on ne l'attendait plus.

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    G

    Georges Fourest

    @georgesFourest

    Africain et gastronomique Au bord du Loudjiji qu'embaument les arômes des toumbos, le bon roi Makoko s'est assis. Un m'gannga tatoua de zigzags polychromes sa peau d'un noir vineux tirant sur le cassis. Il fait nuit: les m'pafous ont des senteurs plus frêles; sourd, un marimeba vibre en des temps égaux; des alligators d'or grouillent parmi les prêles ; un vent léger courbe la tête des sorghos; et le mont Koungoua rond comme une bedaine, sous la lune aux reflets pâles de molybdène, se mire dans le fleuve au bleuâtre circuit. Makoko reste aveugle à tout ce qui l'entoure: avec conviction ce potentat savoure un bras de son grand-père et le juge trop cuit.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    La rencontre Vous mîtes votre bras adroit, Un soir d’été, sur mon bras… gauche. J’aimerai toujours cet endroit, Un café de la Rive-Gauche ; Au bord de la Seine, à Paris Un homme y chante la Romance Comme au temps… des lansquenets gris ; Vous aviez emmené Clémence. Vous portiez un chapeau très frais Sous des noeuds vaguement orange, Une robe à fleurs… sans apprêts, Sans rien d’affecté ni d’étrange ; Vous aviez un noir mantelet, Une pèlerine, il me semble, Vous étiez belle, et… s’il vous plaît, Comment nous trouvions-nous ensemble ? J’avais l’air, moi, d’un étranger ; Je venais de la Palestine A votre suite me ranger, Pèlerin de ta Pèlerine. Je m’en revenais de Sion, Pour baiser sa frange en dentelle, Et mettre ma dévotion Entière à vos pieds d’Immortelle. Nous causions, je voyais ta voix Dorer ta lèvre avec sa crasse, Tes coudes sur la table en bois, Et ta taille pleine de grâce ; J’admirais ta petite main Semblable à quelque serre vague, Et tes jolis doigts de gamin, Si chics ! qu’ils se passent de bague ; J’aimais vos yeux, où sans effroi Battent les ailes de votre Âme, Qui font se baisser ceux du roi Mieux que les siens ceux d’une femme ; Vos yeux splendidement ouverts Dans leur majesté coutumière… Etaient-ils bleus ? Etaient-ils verts ? Ils m’aveuglaient de ta lumière. Je cherchais votre soulier fin, Mais vous rameniez votre robe Sur ce miracle féminin, Ton pied, ce Dieu, qui se dérobe ! Tu parlais d’un ton triomphant, Prenant aux feintes mignardises De tes lèvres d’amour Enfant Les coeurs, comme des friandises. La rue où rit ce cabaret, Sur laquelle a pu flotter l’Arche, Sachant que l’Ange y descendrait, Porte le nom d’un patriarche. Charmant cabaret de l’Amour Je veux un jour y peindre à fresque Le Verre auquel je fis ma cour. Juin, quatre-vingt-cinq, minuit… presque.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Poème lu au mariage d’André Salmon En voyant des drapeaux ce matin je ne me suis pas dit Voilà les riches vêtements des pauvres Ni la pudeur démocratique veut me voiler sa douleur Ni la liberté en honneur fait qu’on imite maintenant Les feuilles ô liberté végétale ô seule liberté terrestre Ni les maisons flambent parce qu’on partira pour ne plus revenir Ni ces mains agitées travailleront demain pour nous tous Ni même on a pendu ceux qui ne savaient pas profiter de la vie Ni même on renouvelle le monde en reprenant la Bastille Je sais que seuls le renouvellent ceux qui sont fondés en poésie On a pavoisé Paris parce que mon ami André Salmon s’y marie Nous nous sommes rencontrés dans un caveau maudit Au temps de notre jeunesse Fumant tous deux et mal vêtus attendant l’aube Épris épris des mêmes paroles dont il faudra changer le sens Trompés trompés pauvres petits et ne sachant pas encore rire La table et les deux verres devinrent un mourant qui nous jeta le dernier regard d’Orphée Les verres tombèrent se brisèrent Et nous apprîmes à rire Nous partîmes alors pèlerins de la perdition À travers les rues à travers les contrées à travers la raison Je le revis au bord du fleuve sur lequel flottait Ophélie Qui blanche flotte encore les nénuphars Il s’en allait au milieu des Hamlets blafards Sur la flûte jouant les airs de la folie Je le revis près d’un moujik mourant compter les béatitudes En admirant la neige semblable aux femmes nues Je le revis faisant ceci ou cela en l’honneur des mêmes paroles Qui changent la face des enfants et je dis toutes ces choses Souvenir et Avenir parce que mon ami André Salmon se marie Réjouissons-nous non pas parce que notre amitié a été le fleuve qui nous a fertilisés Terrains riverains dont l’abondance est la nourriture que tous espèrent Ni parce que nos verres nous jettent encore une fois le regard d’Orphée mourant Ni parce que nous avons tant grandi que beaucoup pourraient confondre nos yeux et les étoiles Ni parce que les drapeaux claquent aux fenêtres des citoyens qui sont contents depuis cent ans d’avoir la vie et de menues choses à défendre Ni parce que fondés en poésie nous avons des droits sur les paroles qui forment et défont l’Univers Ni parce que nous pouvons pleurer sans ridicule et que nous savons rire Ni parce que nous fumons et buvons comme autrefois Réjouissons-nous parce que directeur du feu et des poètes L’amour qui emplit ainsi que la lumière Tout le solide espace entre les étoiles et les planètes L’amour veut qu’aujourd’hui mon ami André Salmon se marie

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Sauve-toi de lui…. Sauve-toi de lui s’il aboie; Ami, prends garde au chien qui mord Ami prends garde à l’eau qui noie Sois prudent, reste sur le bord. Prends garde au vin d’où sort l’ivresse On souffre trop le lendemain. Prends surtout garde à la caresse Des filles qu’on trouve en chemin. Pourtant ici tout ce que j’aime Et que je fais avec ardeur Le croirais-tu? C’est cela même Dont je veux garder ta candeur. 2 juillet 1885 La Fournaise, Chatou

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