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Amitié

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Amitié

Poésies de la collection amitié

    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    A un ami Mon ami, vous me demandez si je pourrais retrouver quelques-uns de mes anciens vers, et vous vous inquiétez même d'apprendre comment j'ai été poète, longtemps avant de devenir un humble prosateur 3. Je vous envoie les trois âges du poète—il n'y a plus en moi qu'un prosateur obstiné. J'ai fait les premiers vers par enthousiasme de jeunesse, les seconds par amour, les derniers par désespoir. La Muse est entrée dans mon cœur comme une déesse aux paroles dorées ; elle s'en est échappée comme une pythie en jetant des cris de douleur. Seulement, ses derniers accents se sont adoucis à mesure qu'elle s'éloignait. Elle s'est détournée un instant, et j'ai revu comme en un mirage les traits adorés d'autrefois La vie d'un poète est celle de tous. Il est inutile d'en définir toutes les phases. Et maintenant : Rebâtissons, ami, ce château périssable Que le souffle du monde a jeté sur le sable, Replaçons le sopka sous les tableaux flamands... *

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Ce que veut l'amitié Ami, j'entends bien tes maximes, Tes avis, tes conseils, tes vœux, Et, dans nos entretiens intimes, J'ai même entendu tes aveux ; Et pour tout cela mon cœur t'aime Mais tout cela n'est pas toi-même, Et c'est toi-même que je veux.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Évasion Voici venir le soir. Il est temps de partir Vers un pays de rêve et de mélancolie ; Viens donc, ma bien-aimée, ma seule et douce amie, Loin des réalités, et loin des souvenirs. Nous irons visiter les jardins de la nuit, J’oublierai mon chagrin, mes haines inutiles, Le bruit, les cris, les gens, les fêtes et la ville Qui remplissent mon cœur d’aversion et d’ennui. Ne restons pas ici, fuyons le cauchemar, Les tristes avenues, les rues, les lieux infâmes… Allons, prépare-toi, ma Princesse mon Âme, Ensemble franchissons les célestes remparts.

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    J

    Jacques Viallebesset

    @jacquesViallebesset

    Avec toi Je suis avec toi âme sincère et cœur pur Egaré dans le dédale de ta forêt obscure Cherchant en aveugle la clairière de l’être Je suis le compagnon qui a travaillé comme toi A qui tu peux dire tes espoirs et désirs secrets Je t’apporte les forêts les mers les montagnes Je suis avec toi quelles que soient tes erreurs Dans tes yeux sont gravés tes rêves ta nostalgie Toute l’innocence perdue depuis l’enfance Cette absence de pureté que tu ne vois plus C’est ainsi que la mort arrive avant l’heure Je suis ton compagnon en perpétuelle révolte Et si la société a tué en toi cette faculté Je te dis que les prés fleuris t’appartiennent Je suis avec toi partout où tu es esseulé Je t’attends aux estuaires de ta résignation Tu imagines les routes du vent les joies du monde Au nom de l’espoir je t’offre amour et amitié Pour soumettre ton désir au rythme du cosmos Je suis avec le berger qui t’attend près de ta source.

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    J

    Jacques Viallebesset

    @jacquesViallebesset

    Les braises du coeur Quand on est dans le monde Prisonnier des jours qui se suivent, Quand on est pris dans cette guerre sans pitié, On ne pense jamais que l’Amour, le seul, existe. On ne prend pas le temps. Et puis, et puis… Un jour, on est couché dans un lit Auprès de la seule femme qu’on n’ait jamais aimée Et tout le reste a disparu, à jamais. Les jeux périlleux du monde se sont déroulés Dans une autre vie, ailleurs. On ne veut plus les connaître. On ne peut plus les revoir. Adieu mensonges vains, adieu semblants, adieux combats ! Ce seul lit est le désert et c’est l’oasis. C’est la mer des sables et l’océan des eaux. Et elle est plus belle, rafraichissante et douce Que les caravaniers ne l’avaient dit, Que ne l’espéraient les marins. Nous nous mettons à vivre A l’abri d’un monde ou nous mourions Inexorablement jour après jour, Ou, moi, du moins, je mourais ; Elle pose sa tête sur mon épaule Les lèvres posées sur mon cou Et caresse mes cheveux. Quarante- huit heures pour changer une vie Ce n’est pas long, c’est très court. Crois-tu qu’il y aura beaucoup de jours ? Demande-t-elle … Un brasier dont la flamme naît D’aussi loin que la nôtre, Dans les sourdes braises du cœur, Ce brasier, sans fin ni cesse Au moindre souffle d’air se ranime. Puis nous nous endormons, la main dans la main Ce qui double la profondeur du repos Car les courants magnétiques D’elle et de soi, par les paumes des mains S’échangent et s’additionnent. Quand on dort ainsi, quand on dort enfin, Dans ce monde ou l’on n’avait jamais dormi Quand on peut enfin déposer les armes Et abandonner ses défenses, Ce qu’on n’a jamais connu ni même imaginé, L’étrange est qu’on ne s’étonne pas. C’est naturel, c’est vrai, c’est simple, Alors que tout le reste était inextricable. C’est évident, alors que tout était complexe. Et l’on est à ce rendez-vous Et à cause de l’espoir trop grand on le rate Parce qu’on l’attendait depuis si longtemps. La suite horizontale des jours Parait-il reprend alors son cours… Les jours viennent et s’en vont, Je demeure, a dit Guillaume. Ô temps, suspends ton vol Lui a répondu Alphonse. Et moi échoué comme un navire Sur une île maintenant déserte. Crois-tu qu’il y aura beaucoup de jours ? Demande-t-il ? Un brasier dont la flamme naît D’aussi loin que la nôtre, Dans les sourdes braises du cœur, Ce brasier sans fin ni cesse Au moindre souffle d’air se ranime. Il brulera jusqu’à la fin de nos jours. On se réveille alors la main dans la main Ce qui double l’intensité de la vie Dans un matin éclaboussé de délivrance Car les courants magnétiques S’échangent et s’additionnent. Quand on s’éveille ainsi, Quand on s’éveille enfin, Dans cette vie où l’on ne s’était jamais éveillé Quand on peut enfin laisser couler les larmes De la seule joie et abandonner son chagrin, Ce qu’on n’a jamais connu ni même imaginé, L’étrange est qu’on ne s’étonne pas. C’est naturel, c’est vrai, c’est simple, Alors que tout le reste était inextricable, C’est évident alors que tout était complexe Et l’on est au seul rendez-vous Même si on ne l’attendait plus, Car il n’est pas trop tard. La suite verticale des jours Reprend alors enfin son cours… Je pose ma tête sur son épaule Les lèvres posées contre son cou Et je caresse ses cheveux…

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le pot de terre et le pot de fer Le Pot de fer proposa Au Pot de terre un voyage. Celui-ci s'en excusa, Disant qu'il ferait que sage De garder le coin du feu ; Car il lui fallait si peu, Si peu, que la moindre chose De son débris serait cause. Il n'en reviendrait morceau. « Pour vous dit-il, dont la peau Est plus dure que la mienne, Je ne vois rien qui vous tienne. - Nous vous mettrons à couvert, Repartit le Pot de fer. Si quelque matière dure Vous menace d'aventure, Entre deux je passerai, Et du coup vous sauverai. » Cette offre le persuade. Pot de fer son camarade Se met droit à ses côtés. Mes gens s'en vont à trois pieds, Clopin clopant comme ils peuvent, L'un contre l'autre jetés Au moindre hoquet qu'ils treuvent. Le Pot de terre en souffre ; il n'eut pas fait cent pas Que par son Compagnon il fut mis en éclats, Sans qu'il eût lieu de se plaindre. Ne nous associons qu'avecque nos égaux ; Ou bien il nous faudra craindre Le destin d'un de ces Pots.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le rat des villes et le rat des champs Autrefois le Rat de ville Invita le Rat des champs, D’une façon fort civile, A des reliefs d’Ortolans. Sur un Tapis de Turquie Le couvert se trouva mis. Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis. Le régal fut fort honnête, Rien ne manquait au festin ; Mais quelqu’un troubla la fête Pendant qu’ils étaient en train. A la porte de la salle Ils entendirent du bruit : Le Rat de ville détale ; Son camarade le suit. Le bruit cesse, on se retire : Rats en campagne aussitôt ; Et le citadin de dire : Achevons tout notre rôt. – C’est assez, dit le rustique ; Demain vous viendrez chez moi : Ce n’est pas que je me pique De tous vos festins de Roi ; Mais rien ne vient m’interrompre : Je mange tout à loisir. Adieu donc ; fi du plaisir Que la crainte peut corrompre.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le renard et la cigogne Compère le Renard se mit un jour en frais, Et retint à dîner commère la Cigogne. Le régal fut petit et sans beaucoup d'apprêts : Le Galant, pour toute besogne Avait un brouet clair (il vivait chichement). Ce brouet fut par lui servi sur une assiette. La Cigogne au long bec n'en put attraper miette ; Et le Drôle eut lapé le tout en un moment. Pour se venger de cette tromperie, À quelque temps de là, la Cigogne le prie. " Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis Je ne fais point cérémonie. " À l'heure dite, il courut au logis De la Cigogne son hôtesse ; Loua très fort sa politesse, Trouva le dîner cuit à point. Bon appétit surtout ; Renards n'en manquent point. Il se réjouissait à l'odeur de la viande Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande. On servit, pour l'embarrasser En un vase à long col, et d'étroite embouchure. Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer, Mais le museau du Sire était d'autre mesure. Il lui fallut à jeun retourner au logis, Honteux comme un Renard qu'une Poule aurait pris, Serrant la queue, et portant bas l'oreille. Trompeurs, c'est pour vous que j'écris, Attendez-vous à la pareille.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Les deux amis Deux vrais Amis vivaient au Monomotapa : L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre : Les amis de ce pays-là Valent bien, dit-on, ceux du nôtre. Une nuit que chacun s'occupait au sommeil, Et mettait à profit l'absence du soleil, Un de nos deux Amis sort du lit en alarme ; Il court chez son intime, éveille les valets : Morphée avait touché le seuil de ce palais. L'Ami couché s'étonne ; il prend sa bourse, il s'arme, Vient trouver l'autre, et dit : « Il vous arrive peu De courir quand on dort ; vous me paraissiez homme À mieux user du temps destiné pour le somme : N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ? En voici. S'il vous est venu quelque querelle, J'ai mon épée ; allons. Vous ennuyez-vous point De coucher toujours seul ? une esclave assez belle Était à mes côtés ; voulez-vous qu'on l'appelle ? – Non, dit l'Ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point : Je vous rends grâce de ce zèle. Vous m'êtes, en dormant, un peu triste apparu ; J'ai craint qu'il ne fût vrai ; je suis vite accouru. Ce maudit songe en est la cause. » Qui d'eux aimait le mieux ? Que t'en semble, lecteur ? Cette difficulté vaut bien qu'on la propose. Qu'un ami véritable est une douce chose. Il cherche vos besoins au fond de votre coeur ; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même : Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s'agit de ce qu'il aime.

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    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Le lièvre, ses amis et les deux chevreuils Un lièvre de bon caractère Voulait avoir beaucoup d'amis. Beaucoup ! Me direz-vous, c'est une grande affaire ; Un seul est rare en ce pays. J'en conviens ; mais mon lièvre avait cette marotte, Et ne savait pas qu'Aristote Disait aux jeunes grecs à son école admis : Mes amis, il n'est point d'amis. Sans cesse il s'occupait d'obliger et de plaire ; S'il passait un lapin, d'un air doux et civil Vite il courait à lui : mon cousin, disait-il, J'ai du beau serpolet tout près de ma tanière, De déjeuner chez moi faites-moi la faveur. S'il voyait un cheval paître dans la campagne, Il allait l'aborder : peut-être monseigneur A-t-il besoin de boire ; au pied de la montagne Je connais un lac transparent Qui n'est jamais ridé par le moindre zéphyr : Si monseigneur veut, dans l'instant J'aurai l'honneur de l'y conduire. Ainsi, pour tous les animaux, Cerfs, moutons, coursiers, daims, taureaux, Complaisant, empressé, toujours rempli de zèle, Il voulait de chacun faire un ami fidèle, Et s'en croyait aimé parce qu'il les aimait. Certain jour que tranquille en son gîte il dormait, Le bruit du cor l'éveille, il décampe au plus vite. Quatre chiens s'élancent après, Un maudit piqueur les excite ; Et voilà notre lièvre arpentant les guérets. Il va, tourne, revient, aux mêmes lieux repasse, Saute, franchit un long espace Pour dévoyer les chiens, et, prompt comme l'éclair, Gagne pays, et puis s'arrête. Assis, les deux pattes en l'air, L'œil et l'oreille au guet, il élève la tête, Cherchant s'il ne voit point quelqu'un de ses amis. Il aperçoit dans des taillis Un lapin que toujours il traita comme un frère ; Il y court : par pitié, sauve-moi, lui dit-il, Donne retraite à ma misère, Ouvre-moi ton terrier ; tu vois l'affreux péril... Ah ! Que j'en suis fâché ! Répond d'un air tranquille Le lapin : je ne puis t'offrir mon logement, Ma femme accouche en ce moment, Sa famille et la mienne ont rempli mon asile ; Je te plains bien sincèrement : Adieu, mon cher ami. Cela dit, il s'échappe ; Et voici la meute qui jappe. Le pauvre lièvre part. à quelques pas plus loin, Il rencontre un taureau que cent fois au besoin Il avait obligé ; tendrement il le prie D'arrêter un moment cette meute en furie Qui de ses cornes aura peur. Hélas ! Dit le taureau, ce serait de grand cœur : Mais des génisses la plus belle Est seule dans ce bois, je l'entends qui m'appelle ; Et tu ne voudrais pas retarder mon bonheur. Disant ces mots, il part. Notre lièvre hors d'haleine Implore vainement un daim, un cerf dix-cors, Ses amis les plus sûrs ; ils l'écoutent à peine, Tant ils ont peur du bruit des cors. Le pauvre infortuné, sans force et sans courage, Allait se rendre aux chiens, quand, du milieu du bois, Deux chevreuils reposant sous le même feuillage Des chasseurs entendent la voix. L'un d'eux se lève et part ; la meute sanguinaire Quitte le lièvre et court après. En vain le piqueur en colère Crie, et jure, et se fâche ; à travers les forêts Le chevreuil emmène la chasse, Va faire un long circuit, et revient au buisson Où l'attendait son compagnon, Qui dans l'instant part à sa place. Celui-ci fait de même, et, pendant tout le jour, Les deux chevreuils lancés et quittés tour à tour Fatiguent la meute obstinée. Enfin les chasseurs tout honteux Prennent le bon parti de retourner chez eux ; Déjà la retraite est sonnée, Et les chevreuils rejoints. Le lièvre palpitant S'approche, et leur raconte, en les félicitant, Que ses nombreux amis, dans ce péril extrême, L'avaient abandonné. Je n'en suis pas surpris, Répond un des chevreuils : à quoi bon tant d'amis ? Un seul suffit quand il nous aime.

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    J

    Jean-Charles Dorge

    @jeanCharlesDorge

    Le grand destin Ami, la liberté vaut mieux qu’une amourette. Regarde cette mer sauvage, hardie et fière ! Regarde cette étoile filant dans le ciel : Elles n’ont point d’attache et touchent l’infini. Observe la montagne au sommet dans les nues, Plonge-toi dans ce lac aux profondeurs secrètes, Ecoute la nature en éveil dans les bois Et dans les plaines sens les parfums de la flore. La lumière divine est un cadeau pour toi ; Mon ami, sache vivre en accord avec l’heure, Lutte ! Ecarte de toi la gêne et la tristesse… Profite sans périr des bonheurs passagers. Ne gâche point ta vie par de fatals regrets. Méprise le chagrin : Le véritable amour Fait vivre et non mourir. Perds et regagne ailleurs. Pleure et noie ton chagrin, enivre-toi du monde. Si l’on aime, sois gai ; sinon chante en toi-même. Si les hommes sont ternes ou méchants ou bêtes, Reste seul si tu dois, résiste comme un roc Et renais au printemps plus fort grâce aux hivers. Ami, la liberté vaut mieux qu’une amourette. Regarde ce grand chêne au milieu du bosquet, Qui affronte les vents sans plier de la tête : Il trempe dans le sol et nage au firmament. Ami, pars et découvre, ici comme là-bas, Et toi comme au dehors, partout comme au-delà, Tout ce qui vaut de vivre et toujours fait renaître. L’avenir t’appartient. Sache par où le prendre.

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    J

    Jean-Charles Dorge

    @jeanCharlesDorge

    L’ami du voyage Nous avons d’un seul cœur entrepris un voyage ; C’était encore hier, à peine rencontrés. Une voix nous souffla : « Tous deux, vous partirez Ensemble partager la joie d’un seul sillage… ». L’amitié nous porta vers d’inconnus rivages Sur des flots incertains maintes fois chavirés. Si nous voguions parfois, opposant nos beauprés, Au port se retrouvaient nos mats au fil de l’âge. Nos vies s’entrecroisaient aux sources de l’humain S’attendant l’une l’autre à l’angle d’un chemin Pour s’offrir tour à tour le miroir de soi-même. Puis un funeste jour il ne resta qu’un seul… Mais la voix de jadis lui dit : « Ton ami t’aime Aujourd’hui comme hier. Ignore le linceul ! »

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Le parapluie bleu « Pleure, ciel d’aquitaine, pleure mon ciel, toutes tes larmes l’une après l’une, en route vers la mer » J’ai pris mon parapluie bleu parce qu’il pleuvait Parcouru la longue route qui mène jusqu’à ta maison parce que je t’aimais Attendu près de l’endroit où nous nous rencontrons parce que j’espérais et j’ai regardé le ciel le ciel était très gris et parcouru de lourds nuages, et il pleuvait toujours, toujours, il y avait sous le parapluie bleu une place pour deux tu es venue parce que tu m’aimais « notre bonheur ensemble au bout, l’autre versant de la mer nous partis, qui pleurera devant la porte ? »

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Une rencontre « je l’ai prise entre mes bras blancs elle a pleuré comme un enfant » d’après Pierre Mac Orlan Un soir d’hiver, il était un oiseau. La nuit tombée, et ma fenêtre, ouverte. Il entra. Dans la chambre, il faisait bon et doux, et la lampe éclairait, comme il convient qu’éclaire une lampe, quand vient la nuit, et qu’il fait froid dehors. Il faisait nuit, il faisait froid. Dehors. L’oiseau parlait oiseau et moi humain ; point n’est besoin de se comprendre pour parler, ni de parler pour se comprendre. Au fil des jours, s’apprivoisant. Le plus souvent lors d’une promenade, chacun heureux d’une présence. Chacun pensant à l’autre, moi dans ma tête humaine, lui dans la sienne. Un jour, l’oiseau me parla de sa vie ; moi de la mienne. Je sus qu’il avait des enfants, et un mari. Alors l’appelai « Elle ». Et elle « Lui ». Ainsi sommes-nous devenus. « Elle » et « Lui ». Nous retrouvant à heure fixe. Tous les jours. Puis nous quittant à heure fixe ; cela facilite grandement les échanges. Je n’ai pas eu à apprendre l’heure en langue oiseau, ni Elle, en humain. Ainsi tissant nos relations ; comme en un nid ; sans doute aime-t-elle un compagnon humain, moi une oiseau. Le plus souvent, nous suffit le silence. Au fil des ans, ma relation est devenue profonde et douce en sa présence, profonde et douloureuse, elle partie. N’ayant ni l’un ni l’autre appris : elle, le langage des hommes, moi le sien. De ce fait, ne sachant pas vraiment si elle ressent de même. Cependant, je la vois sourire. Pour Elle, qui se contente de m’accompagner sur les sentiers, cela suffit. Je crois. Nous apprenons. Un peu de mon passé pour Elle, un peu du sien, pour moi. J’ignore quelles conclusions elle en tire, ni même s’il y a lieu d’en tirer des conclusions. Pour moi, j’en ai déduit que je l’aimais. Cet oiseau qui entra dans ma vie, un jour. Cet humain qui entra dans la sienne. Le même. Et la fenêtre que je ferme, quand il fait froid dehors, que la nuit tombe. « As of some one gently rapping, rapping at my chamber door only this, and nothing more. » Edgar Allan Poe

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    J

    Jules Delavigne

    @julesDelavigne

    Le petit homme au menton pointu Le petit homme au menton pointu mange un biscuit et remplit l’air d’une odeur de fumée de fumier Il parle avec son voisin de ses voyages d’affaires en Asie et en Europe Il ne dit jamais « je veux » ce qui est rare pour quelqu’un qui regarde souvent ses pieds Mais de toute façon on s’en fout car comme d’habitude l’heure avance comme son histoire C’est dur de raconter une histoire qui n’avance pas qui fait l’inverse On dit qu’une histoire qui recule finit presque toujours par avancer Mais en marche arrière

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    J

    Jérôme Matin

    @jeromeMatin

    Mon amie céleste Quand tu me manques Dans l’innocence d’un jour nouveau Dans le lointain de mes songes, à fleur de peau Le poids de ma solitude égale celui de mon armure Et mon sourire devient masque dans l’hiver morsure. Quand tu me manques comme le soleil manque à la lune Je caresse ma guitare comme le vent sur les dunes Je devine les yeux fermés la courbure de tes reins. Que je m’en veux d’imaginer l’auréole de ton sein. Quand tu me manques j’aime à me souvenir De ce doux frisson né d’un furtif regard Comme si la providence, au détour d’un hasard Nous offrait l’ultime chance de nous unir. Mais si le corps est à la terre ce que l’esprit est au ciel Alors bien plus que mon amour tu es mon amie céleste. Nul besoin de long discours, juste un geste, Un battement de paupières pour un instant solennel. Quand tu me manques je me rappelle qu’intrépide, Quand d’autres fuyaient de peur de tomber dans le vide, Tu sondais les profondeurs de mon âme écorchée D’une si belle attention je n’aurai su me détourner? Pulsions maitrisées. Plume aiguisée. Nul d’autre que toi ne saurait autant m’inspirer? Flamme, ton corps quand tu danses la liberté Enfant de la Mekerra, à l’extrême Sud de la beauté Quand tu me manques je veux boire à satiété A distance nécessaire, à nos actes manqués De là où je suis, dans une infinie pudeur, Je souhaite que se remplissent les cratères de ton cœur. Si le corps est à la terre ce que l’esprit est au ciel Alors bien plus que mon amour tu es mon amie céleste Nul besoin de long discours, juste un geste, Un battement de paupière pour un instant éternel.

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    J

    Jérôme Matin

    @jeromeMatin

    Petit singe rouge Quand le soleil se cachera derrière l’horizon, Au paroxysme de la furie barbare, Quand les bombes feront trembler les murs de ma maison, Océan d’altruisme, Tu seras mon rempart. Quand la mort embaumera les ruelles de la ville Comme les brumes qui glissent aux matins silencieux, Quand je perdrai l’innocence à l’heure du couvre-feu Toi et moi nous voyagerons immobiles. Quand je foulerai ma terre de sang Maculée, Quand je tairai le nom de ma maîtresse Egorgée, Le soir, dans mon lit, ton front sur ma joue, Tes bras frêles protègeront mon cou. Nous nous laisserons happer par les mâchoires du temps, Dévorer par la saison des linceuls volants. Deux fleurs tropicales dans un désert boréal, Nous pousserons l’ataraxie jusqu’au degré transcendantal. Quand les pages de mon recueil viendront à s’achever Je n’aurai pour toi que tendres pensées. Mes forces, mon souffle et mon allant consacrés À combattre les démons qui hanteront mon passé. Quand sous d’autres latitudes je me ferai ambassade Étouffant mon désarroi par un éclat de façade, Je songerai à ton sourire figé dans ma mémoire Comme l’empreinte de la lune au coeur d’une nuit noire. Petit singe rouge aux câlins magiques, Tant de larmes tu essuieras… Tant de rire tu partageras… Aussi vrai que tu ne me mentiras jamais, Tu seras le gardien de mes rêves et secrets. Comme la promesse d’un retour je te laisserai derrière moi Et ma mère pourra me voir et me sentir à travers toi. À l’amour que tu me porteras, À son reflet dans mes yeux, À mon doudou, À mon sauveur, À mon ami le plus précieux.

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Amis Sans se consumer se posent nos mains sur l’épaule du Temps Se lèvent sur son visage le jour les souvenirs essaim de papillons Malgré les rides importunes avec nos rires d’antan pour tout bagage dans la mémoire rebelle l’on voyage Nos voix aussi sont les mêmes L’aridité de l’âge ne les a pas taries Elles coulent toujours dans cette oasis de l’amitié où vieillir est un mirage

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Hiver Main dans la main marchent la neige et le silence Du monde lavé de ses souillures s’élève le chant le plus pur Les hommes prennent un étrange bain d’innocence Ils échangent leurs cœurs boules de candeur que leurs rires illuminent Voyez comme ici-bas la fraternité a bonne mine Il suffit de peu que deux amoureux main dans la main regardent en silence tomber la neige de leur enfance

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Récit L’on raconte l’étreinte des contraires pour tous la même Terre et l’absence de frontières L’on raconte aussi le mélange des couleurs une même humanité les mêmes élans du cœur Une autre version du paradis sans anges ni démons envieux seulement peuplé de celles et ceux ni bénis ni maudits unis sainte osmose

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Trêve Entre le Temps et moi un pacte pendant l’entracte avant l’incendie de l’âme qu’aucune heure n’éteindra celui de s’aimer malgré la trahison des rides à la Cène de l’insouciance malgré la proximité de la mort sa présence aride si perceptible sur mon corps celui de dire au fuyard de cesser de haïr son frère humain si friable de s’asseoir avec lui à la même table et d’un revers de main briser le sablier pour enfin reconnaître que nous sommes des alliés

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    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Clando destin Sombre tristesse à l’aube de la décadence Un bout de trottoir comme terre d’asile, Seul refuge d’un espoir. Dans cette jungle de marchandage on abat des humains. Les frontières se dressent comme les murs d’une prison. Après avoir parcouru les mers, les montagnes, les campagnes, les villes, Mon ami de passage est un ennemi sans papiers. On a arraché ses racines et violé son innocence, Coupable de vivre en recherche d’une terre d’accueil. Regarde l’ami Clandestin, C’est un enfant du monde, Pour une seule nation.

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    L

    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Demain C’était comme un désert aride Comme un hiver interminable Comme un printemps d’autan S’approchant sans prévenir Nos utopies asséchées Nos regards croisés Nos plus petits espaces À l’intérieur de nos habitacles C’était comme un mirage De ce que nous avions vécu D’une pensée utopique De ce que nous avions insufflé De ce que nous avions dansé De ce que nous avions bu De ce que nous avions usé Ivres de fêtes D’éclats de rires De sourires D’embrassades De chaleur De rencontres charnelles C’était comme un brouillard À couper le souffle En proie à lame La mort aux trousses C’était comme un désert arctique Un vent glacial Des rafales en surface Des ombres en survie Des regards sombres Des cœurs glacés C’était comme aujourd’hui C’était comme hier C’était comme un désert d’hiver Comme un printemps latent Comme un matin d’été S’approchant sans prévenir.

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    L

    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Les chiffonniers du rêve Escapade sur les balcons du ciel La nuit à nos pieds endormie Nous appartient. Tu m’as hissé sur les toits du monde Pour regarder la piste aux étoiles. Le murmure de tes mots et merveilles berce mon imaginaire. Les grues lumineuses marchent sur la ville. Je suis ton acrobate amazone Tu es mon ange vagabond. Nous dévorons la saveur de l’insouciance. Sans trop d’attente, Effrontés de l’instant, Nos vertiges dansent. Dans la courbe de notre cavale enfantine, les loupiotes de l’horizon Illuminent nos baisers. Au firmament, La promenade de notre escalade nocturne s’endort en silence.

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    L

    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    L’attente Quand Il ne se passe rien Tout est possible Quand tout est possible Je n’en sais rien Quand je t’attends Je ne crois en rien Quand je crois en tout J’attends Quand le vide s’installe Je suis remplie d’incertitudes Quand c’est incertain Je m’installe Quand tu t’installes Je t’attends Quand tu me regardes Tu es ailleurs Quand je suis ailleurs Tu es nulle part Quand je pars Tu rentres Quand je reviens Tu t’en vas Quand tu es là Je suis partie Quand je suis revenu Tu n’es plus là Toi Moi Tu m’attends Je t’attends J’attends…

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    L

    Li Bai

    @liBai

    Accompagnant un ami La verte montagne s’étend sur la muraille du Nord, De blanches eaux entourent celle de l’Est. Quand ici nous serons séparés, Vous serez l’herbe aquatique qui voyage à dix mille Li. Les nuages errants me rappelleront le voyageur, Le soleil couchant me fera songer à l’ancien ami. Vous vous éloignez, nous agitons la main, L’un vers l’autre nos chevaux hennissent tristement.

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    Louis-Honoré Fréchette

    Louis-Honoré Fréchette

    @louisHonoreFrechette

    Amitié Je connais un petit ange Lequel n'a jamais mouillé Sa blanche robe à la fange Dont notre monde est souillé.

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    Louis-Honoré Fréchette

    Louis-Honoré Fréchette

    @louisHonoreFrechette

    A mon Ami Alphonse Leduc Le jour de son mariage Le bonheur de la vie est un fatal problème Que pour résoudre il faut, son tour venu, savoir, Comme un hardi joueur, jeter tout son avoir, Nom, honneur, avenir, sur la carte suprême. Ce jour aux lendemains que nul ne peut prévoir, C'est celui qu'on choisit pour dire : - Je vous aime ! A celle qui, changée en un autre vous-même, Doit tremper votre amour aux sources du devoir. Ami, le risque est grand ; nul cas rédhibitoire ; Le destin est au fond de l'urne aléatoire, Et les arrêts qu'il rend sont les arrêts de Dieu. Heureux celui qui peut, toute crainte bannie, Dans le choix de son coeur trouver un bon génie, Et dire comme toi : - J'ai gagné tout l'enjeu !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    La voix d'un ami Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre Qui promenait mon âne au chemin des éclairs Ou s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs, Eveille un peu ta voix que je voudrais entendre. Elle manque à ma peine, elle aiderait mes jours. Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée. Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée, Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours ! Souffle vers ma maison cette flamme sonore Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux. Inutile à la terre, approche-moi des cieux. Si l'haleine est en toi, que je l'entende encore !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    L'ami d'enfance Un ami me parlait et me regardait vivre : Alors, c'était mourir... mon jeune âge était ivre De l'orage enfermé dont la foudre est au coeur ; Et cet ami riait, car il était moqueur. Il n'avait pas d'aimer la funeste science. Son seul orage à lui, c'était l'impatience. Léger comme l'oiseau qui siffle avant d'aimer, Disant : « Tout feu s'éteint, puisqu'il peut s'allumer ; » Plein de chants, plein d'audace et d'orgueil sans alarme, Il eût mis tout un jour à comprendre une larme. De nos printemps égaux lui seul portait les fleurs ; J'étais déjà l'aînée, hélas ! Par bien des pleurs. Décorant sa pitié d'une grâce insolente, Il disputait, joyeux, avec ma voix tremblante. À ses doutes railleurs, je répondais trop bas... Prouve-t-on que l'on souffre à qui ne souffre pas ? Soudain, presque en colère, il m'appela méchante De tromper la saison où l'on joue, où l'on chante : « Venez, sortez, courez où sonne le plaisir ! Pourquoi restez-vous là navrant votre loisir ? Pourquoi défier vos immobiles peines ? Venez, la vie est belle, et ses coupes sont pleines ! ... Non ? Vous voulez pleurer ? Soit ! J'ai fait mon devoir : Adieu ! — quand vous rirez, je reviendrai vous voir. » Et je le vis s'enfuir comme l'oiseau s'envole ; Et je pleurai longtemps au bruit de sa parole. Mais quoi ? La fête en lui chantait si haut alors Qu'il n'entendait que ceux qui dansent au dehors. Tout change. Un an s'écoule, il revient... qu'il est pâle ! Sur son front quelle flamme a soufflé tant de hâle ? Comme il accourt tremblant ! Comme il serre ma main ! Comme ses yeux sont noirs ! Quel démon en chemin L'a saisi ? — c'est qu'il aime ! Il a trouvé son âme. Il ne me dira plus : « Que c'est lâche ! Une femme. » Triste, il m'a demandé : « C'est donc là votre enfer ? Et je riais... grand dieu ! Vous avez bien souffert ! »

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