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Famille

89 poésies en cours de vérification
Famille

Poésies de la collection famille

    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    La vie Amis, accueillez-moi, j’arrive dans la vie. Dépensons l’existence au gré de notre envie : Vivre, c’est être libre, et pouvoir à loisir Abandonner son âme à l’attrait du plaisir ; C’est chanter, s’enivrer des cieux, des bois, de l’onde, Ou, parmi les tilleuls, suivre une vierge blonde ! — C’est bien là le discours d’un enfant. Écoutez : Vous avez de l’esprit. — Trop bon. — Et méritez Qu’un ami plus mûr vienne, en cette circonstance, D’un utile conseil vous prêter l’assistance. Il ne faut pas se faire illusion ici ; Avant d’être poète, et de livrer ainsi Votre âme à tout le feu de l’ardeur qui l’emporte. Avez-vous de l’argent ? — Que sais-je ?et que m’importe ? — Il importe beaucoup ; et c’est précisément Ce qu’il faut, avant tout, considérer. — Vraiment ? — S’il fut des jours heureux, où la voix des poètes Enchaînait à son gré les nations muettes, Ces jours-là ne sont plus, et depuis bien longtemps : Est-ce un bien, est-ce un mal, je l’ignore, et n’entends Que vous prouver un fait, et vous faire comprendre Que si le monde est tel, tel il faut bien le prendre. Le poète n’est plus l’enfant des immortels, A qui l’homme à genoux élevait des autels ; Ce culte d’un autre âge est perdu dans le nôtre, Et c’est tout simplement un homme comme un autre. Si donc vous n’avez rien, travaillez pour avoir ; Embrassez un état : le tout est de savoir Choisir, et sans jamais regarder en arrière, D’un pas ferme et hardi poursuivre sa carrière. — Et ce monde idéal que je me figurais ! Et ces accents lointains du cor dans les forêts ! Et ce bel avenir, et ces chants d’innocence ! Et ces rêves dorés de mon adolescence ! Et ces lacs, et ces mers, et ces champs émaillés, Et ces grands peupliers, et ces fleurs ! — Travaillez. Apprenez donc un peu, jeune homme, à vous connaître : Vous croyez que l’on n’a que la peine de naître, Et qu’on est ici-bas pour dormir, se lever, Passer, les bras croisés, tout le jour à rêver ; C’est ainsi qu’on se perd, c’est ainsi qu’on végète : Pauvre, inutile à tous, le monde vous rejette : Contre la faim, le froid, on lutte, on se débat Quelque temps, et l’on va mourir sur un grabat. Ce tableau n’est pas gai, ce discours n’est pas tendre. C’est vrai ; mais j’ai voulu vous faire bien entendre, Par amitié pour vous, et dans votre intérêt, Où votre poésie un jour vous conduirait. Cet homme avait raison, au fait : j’ai dû me taire. Je me croyais poète, et me voici notaire. J’ai suivi ses conseils, et j’ai, sans m’effrayer, Subi le lourd fardeau d’une charge à payer. Je dois être content : c’est un très bel office ; C’est magnifique, à part même le bénéfice. On a bonne maison, on reçoit les jeudis ; On a des clercs, qu’on loge en haut, dans un taudis. Il est vrai que l’état n’est pas fort poétique. Et rien n’est positif comme l’acte authentique. Mais il faut pourtant bien se faire une raison, Et tous ces contes bleus ne sont plus de saison : Il faut que le notaire, homme d’exactitude, D’un travail assidu se fasse l’habitude ; Va, malheureux ! et si quelquefois il advient Qu’un riant souvenir d’enfance vous revient, Si vous vous rappelez que la voix des génies Vous berçait, tout petit, de vagues harmonies ; Si, poursuivant encor un bonheur qu’il rêva. L’esprit vers d’autres temps veut se retourner : Va ! Est-ce avec tout cela qu’on mène son affaire ? N’as-tu pas ce matin un testament à faire ? Le client est fort mal, et serait en état, Si tu tardais encor, de mourir intestat. Mais j’ai trente-deux ans accomplis ; à mon âge Il faut songer pourtant à se mettre en ménage ; Il faut faire une fin, tôt ou tard. Dans le temps. J’y songeais bien aussi, quand j’avais dix-huit ans. Je voyais chaque nuit, de la voûte étoilée, Descendre sur ma couche une vierge voilée ; Je la sentais, craintive, et cédant à mes vœux. D’un souffle caressant effleurer mes cheveux ; Et cette vision que j’avais tant rêvée. Sur la terre, une fois, je l’avais retrouvée. Oh ! qui me les rendra ces rapides instants, Et ces illusions d’un amour de vingt ans ! L’automne à la campagne, et ses longues soirées, Les mères, dans un coin du salon retirées, Ces regards pleins de feu, ces gestes si connus, Et ces airs si touchants que j’ai tous retenus ? Tout à coup une voix d’en haut l’a rappelée : Cette vie est si triste ! elle s’en est allée ; Elle a fermé les yeux, sans crainte, sans remords ; Mais pensent-ils encore à nous ceux qui sont morts ? Il s’agit bien ici d’un amour platonique ! Me voici marié : ma femme est fille unique ; Son père est épicier-droguiste retiré, Et riche, qui plus est : je le trouve à mon gré. Il n’est correspondant d’aucune académie. C’est vrai ; mais il est rond, et plein de bonhomie : Et puis j’aime ma femme, et je crois en effet, En demandant sa main, avoir sagement fait. Est-il un sort plus doux, et plus digne d’envie ? On passe, au coin du feu, tranquillement sa vie : On boit, on mange, on dort, et l’on voit arriver Des enfants qu’il faut mettre en nourrice, élever, Puis établir enfin : puis viennent les années, Les rides au visage et les couleurs fanées, Puis les maux, puis la goutte. On vit comme cela Cinquante ou soixante ans, et puis on meurt. Voilà.

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    G

    Georges Fourest

    @georgesFourest

    Africain et gastronomique Au bord du Loudjiji qu'embaument les arômes des toumbos, le bon roi Makoko s'est assis. Un m'gannga tatoua de zigzags polychromes sa peau d'un noir vineux tirant sur le cassis. Il fait nuit: les m'pafous ont des senteurs plus frêles; sourd, un marimeba vibre en des temps égaux; des alligators d'or grouillent parmi les prêles ; un vent léger courbe la tête des sorghos; et le mont Koungoua rond comme une bedaine, sous la lune aux reflets pâles de molybdène, se mire dans le fleuve au bleuâtre circuit. Makoko reste aveugle à tout ce qui l'entoure: avec conviction ce potentat savoure un bras de son grand-père et le juge trop cuit.

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    G

    Georges Fourest

    @georgesFourest

    Petits lapons Tout nos malheurs viennent de ne sçavoir demeurer enfermez dans une chambre. Blaise Pascal. Dans leur cahute enfumée bien soigneusement fermée les braves petits lapons boivent l’huile de poisson ! Dehors on entend le vent pleurer ; les méchants ours blancs grondent en grinçant des dents et depuis longtemps est mort le pâle soleil du Nord ! Mais dans la brume enfumée bien soigneusement fermée les braves petits Lapons boivent l’huile de poisson… Sans rien dire, ils sont assis, père, mère, aïeul, les six enfants, le petit dernier bave en son berceau d’osier : leur bon vieux renne au poil roux les regarde, l’air si doux ! Bientôt ils s’endormiront et demain ils reboiront la bonne huile de poisson, et puis se rendormiront et puis, un jour, ils mourront ! Ainsi coulera leur vie monotone et sans envie… et plus d’un poète envie les braves petits Lapons buveurs d’huile de poisson !

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    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Héritage Qui sont-ils ? Ceux que nos proches convoquent d’outre-tombe Pour justifier une ride Une dépendance de rien Ou un succès d’estime Ils ne sont pas grand-chose Mythes sans fondation Inconnus sans adresse Poussière noire balayée au fil du patronyme Et malmenée par les unions indignes Leur sang ruissellerait À profusion dans nos veines Foutaises ! Ils ne ressemblent plus à rien Sinon à une poignée de raisins secs Pourtant aux heures les plus sombres Je les entends Leurs imprécations furieuses Qui vous cueillent au berceau Et vous collent une poisse d’enfer !

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La fumée de la cantine La fumée de la cantine est comme la nuit qui vient Voix hautes ou graves le vin saigne partout Je tire ma pipe libre et fier parmi mes camarades Ils partirons avec moi pour les champs de bataille Ils dormirons la nuit sous la pluie ou les étoiles Ils galoperont avec moi portant en croupe des victoires Ils obéiront avec moi aux mêmes commandements Ils écouteront attentifs les sublimes fanfares Ils mourront près de moi et moi peut-être près d’eux Ils souffriront du froid et du soleil avec moi Ils sont des hommes ceux-ci qui boivent avec moi Ils obéissent avec moi aux lois de l’homme Ils regardent sur les routes les femmes qui passent Ils les désirent mais moi j’ai des plus hautes amours Qui règnent sur mon coeur mes sens et mon cerveau Et qui sont ma patrie ma famille et mon espérance À moi soldat amoureux soldat de la douce France Nîmes, jour de Noël 1914

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Le doux bonheur n’est plus Dans les vastes forêts j’aime venir encore, Je me plais à flâner sous les arbres feuillus ; Mais si le lieu m’enchante un ennui me dévore : Les enfants sont partis, le doux bonheur n’est plus. À l’orée des sous-bois comme avant je frissonne, Je m’enivre d’espoir, de rêves éperdus ; Mais un écho lointain funestement résonne : Les amies m’ont quittée, le doux bonheur n’est plus. La pénombre est remplie de promesses nouvelles, Je sens des grandes joies, des songes inconnus ; L’amour est toujours là, la vie est toujours belle… Mais le long des sentiers, le doux bonheur n’est plus.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Ma fille mon enfant Ma fille mon enfant, comme le temps défile, Comme cruellement s’envole la candeur ! Te voilà parvenue à l’âge difficile Où l’on doute de tout, où l’on ferme son cœur. Tu ne me parles plus, tu fuis dans ton silence, Et moi, sans le montrer, je souffre et te comprends ; Car je revis avec une douleur intense Mes erreurs de jeunesse à travers tes tourments. Je voudrais t’avouer mes soucis, mes problèmes, Mes révoltes passées, mes vieux rêves déçus, Pour t’aider à mûrir, à sortir de toi-même… Mais en tiendrais-tu compte et m’écouterais-tu ?

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Mon fils, mon grand garçon Mon fils, mon grand garçon, le temps passe trop vite, Tu renies notre amour, tu veux partir, déjà, Tu rêves que tu fuies, et qu’enfin tu nous quittes ; Pourtant, pour t’accueillir, je serai toujours là. Tu t’enfonces, te perds dans une absurde errance, Tu refuses d’emblée que l’on guide tes pas ; Sache que pour t’aider, te redonner confiance Ou bercer tes chagrins, je serai toujours là. Tu te crois malheureux, souvent tu te rebelles, Tu te venges d’un sort que tu dis bien ingrat, Mais la vie te sourit, passionnante et si belle… Pour te le rappeler, je serai toujours là.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Poème à mes enfants Vous avez déserté le jardin de l’enfance, Votre vie est ailleurs, loin de moi, loin d’ici ; Pourtant je pense à vous, toujours, en permanence, Je tremble à chaque instant de crainte ou de souci. Je vous protège encore et malgré les distances, Je vous couvre en secret d’attentions, de douceur, De tendresse et de soin, d’amour et de confiance, Je prie pour vos succès et pour votre bonheur. Quelques fois, je l’avoue, mon cœur souffre en silence, Devant la chambre vide imbue de souvenirs… Il ne regrette rien… il pleure votre absence Et l’envie qu’il aurait de vous voir revenir.

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    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    Chanson de Beppo Je n'ai pas connu ma mère, Et nul ne m'en a rien dit ; Je n'ai pas connu mon père, Et j'erre comme un maudit. Je n'ai ni toit ni famille, Je suis Beppo le bâtard, Jamais une jeune fille Ne m'a donné son regard ! Pourtant je sens en mon âme Toutes les saintes ferveurs, Et les baisers d'une femme Auraient grandi mes grandeurs. Mais non ! toute porte est close ; Un obstacle est là devant, Et dans l'homme et dans la chose, Dans la mer et dans le vent ! Je n'ai ni père ni mère ! Moi pourtant, sans feu ni lieu, Hommes, je suis votre frère, Comme je suis fils de Dieu !

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    Jean Follain

    Jean Follain

    @jeanFollain

    Le pain Elle disait: c’est le pain et de son lit étroit le garçon répondait: merci et la porteuse lisse et noire déposait la livre à la porte en bas se crispait un jardinet sans fleurs d’elle à lui il n’y eut jamais que ces paroles sans aigreur et qui montaient parmi tant d’autres dans les matins blancs échangées pour la vie des corps par le monde.

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    Jean Lorrain

    Jean Lorrain

    @jeanLorrain

    En famille Du frais boudoir Empire au grand salon Louis seize Elle rôde, inquiète, et de ses doigts tremblants Fleurit d’œillets musqués les vieux Sèvres galants Et de grands iris bleus la vasque japonaise. Sa bouche a l’incarnat et l’odeur d’une fraise. Très svelte, en satin mauve, avec un fichu blanc De mousseline ; elle a l’air naïf et troublant D’un Chaplin descendu vivant de la cimaise Debout depuis l’aurore, elle épie, elle attend Au fond du grand château, dont elle est héritière Son cher oncle et tuteur, vieux banquier protestant, Qui la traite en enfant, pouvant être son père, Et qui le soir au lit, en sueur, haletant À son grand désespoir ne peut la rendre mère.

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Fenêtre sur cour Le jour se lève j’entends les cris je ne m’habitue pas aux cris. Le jour se lève. Toi aussi, pour aller voir ce fils que tu as porté celui qui crie depuis sa fenêtre sur cour Le jour se lève. Par le poste de garde, une à une, chaque mère passe, à la main ce qu’il est permis d’apporter au fils, celui qui crie depuis sa fenêtre sur cour

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Hiroshima mon amour À la Maison d’Arrêt de G… courent des rats en semi-liberté partout où peut courir un rat en semi-liberté. Hiroshima, mon Amour À la Maison d’Arrêt de G… des femmes de détenus viennent avec de grands paniers et des enfants à l’heure du parloir, femmes, ou sœurs, ou mères il est rare que viennent les pères mais ça existe aussi des pères à la Maison d’Arrêt de G…, venus voir leur enfant, Hiroshima, mon Amour. *** À la Maison d’Arrêt de G… je t’ai accompagnée, un grand panier de linge pour ton fils, à l’heure du parloir, Tu m’as parlé de lui. De ton fils, jour après jour de ta croix, jour après jour du long chemin de croix jour après jour du long et lent cheminement : Gardiens, fouille. Fouille, parloir. Gardiens, regards. Chemin faisant ton fils est tombé trois fois, Hiroshima, mon Amour. *** Autour de la Maison d’Arrêt de G… parfois on entend des cris de bêtes. *** Ce ne sont pas des rats, Hiroshima mon Amour C’est ton enfant, Hiroshima mon Amour « notre absence actuelle d’amour, nous la comblerons avec les étoiles d’innombrables nuits » Maiakovski

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Les merveilleux nuages ouvrant la porte, mon frère t’a trouvé, étendu, les bras en croix à dire vrai, je ne sais plus si mon frère m’a dit ou si tu étais couché sur le côté, attendant qu’on vienne te chercher, Papa ça n’a pas d’importance. Mais c’était toi. Le même. Plus tout à fait, pourtant, Papa Après, je suis allé te voir deux ou trois jours, je ne sais plus, si c’était deux, si c’était trois Papa la suite, je ne m’en souviens pas très bien ça n’a pas d’importance c’était toi. Plus tout à fait le même. Mais toi. (Je me souviens de flammes.) M’en revenant, je me suis arrêté sur les bords de l’étang de Thau l’eau était calme et lisse s’y reflétaient de merveilleux nuages étendus comme toi, bras en croix comme dans le poème les nuages, les merveilleux nuages, Papa

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Prière Jean de la Croix mon père qui es aux cieux que ta volonté soit faite que se lève le soleil à travers la brume, qu’il joue entre les trembles, éclate en langues de feux et nous émerveillant de lui, nous oublierons les soupirs de nos malades, et leur angoisse, sentant venir leur mort mon père qui es aux cieux j’ai déchiffré ton nom sur la pierre des temples entrevu ton visage à travers les lianes contemplé ton éternité sur les jungles, les creux de nos vallons, les courbes de nos rivières laissé le dormeur du Val veiller que ta volonté soit faite que meurent les prisonniers comme des chiens, tremblent de froid les désespérés oublient les enfants de sourire mon père qui es aux cieux je te rends grâces par les bonheurs que j’eus en grand nombre, les sourires de mes amis figés en leur jeunesse les caresses données et reçues, les abandons, les plénitudes de mes nuits les plénitudes de mes jours par les nuits sans amour, les rues sans joie, les attentes sans espoir mon père qui es aux cieux, que me revienne la paix du cœur aux matins de neige quand les sommets les plus hauts étaient à portée de gant quand nous cassions la glace des torrents pour boire quand nous baignions nos pieds sous les crêtes de monts perdus quand les vautours nous disaient les chemins du Sud que les vivants chantent ta gloire : les entendant, mes morts sauront : se taire mon père qui es aux cieux des enfants meurent sur les routes que ta volonté soit faite

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    J

    Jérôme Matin

    @jeromeMatin

    De l’au-delà Ô Mère Je suis une larme au matin de ce jour La rosée qui scintille d’un jardin sans couleur Flocon de bonheur, fonte d’amour Éclat de votre âme, fragment de votre coeur Je suis le hurlement qui se déguise en sourire Un soupir qui s’étiole devant le firmament Ce jour funeste où vous me vîmes disparaître Fit s’abattre l’hiver jusqu’aux tréfonds de votre être Ô Mère Que tendresse fut précieuse dans le creux de vos bras Avant que mon corps ne se confonde à la terre Si les étoiles naissent d’amas de poussière Je suis la lueur qui célèbre vos pas de l’au-delà Le temps n’emprisonne que celui qui le fuit Allez impavide jusqu’à ne plus craindre de la nuit Le ciel peut attendre le crépuscule de vos jours Pour vous rappeler à lui et nous unir pour toujours Ô Mère Gardez-vous des chemins de chimères Des charités fausses et des prêches oiseux Vivez vos années en papillon de couleur Belle de résilience, d’audace et de douceur La grâce illumine le sourire de ma soeur Une brise légère fait danser vos cheveux Mon âme en vous comme un ruisseau silencieux Notre amour ineffable n’a de limites que les cieux Ô Mère Votre fils de l’au-delà

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    À ma mère Lorsque dans l’espace tout s’éteint ma mémoire ranime la chaleur de ton corps immobile et ton sourire divin Ma tendresse aux yeux verts Mon élixir dans mes enfers reviens ô ma mère Je saurai t’accueillir en faisant de ta présence la raison de mon existence et mon suprême divertissement Lorsque dans mon être se déploie le chagrin et de ténèbres colore mes jours Je redeviens l’enfant d’hier sourd au silence du cimetière que tu prendras par la main

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Elixir Ta main dans la mienne Ma fille mon sens avant que la mort n’advienne Paris, un ange marche sur ton bitume suivi par son apôtre guéri de l’amertume de vivre Amal espérance ce mot que certains prétendent illusoire mon rai de lumière sur mes doutes les plus noirs ce peu de chair pour habiller l’immensité de ton innocence ne grandis pas trop vite que le Temps trébuche sur ton insouciance ce miracle de l’heure qui se désagrège

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Famille Ma famille mes liens du sang les animaux innocents l’eau que je bois larmes des nuages en voyage les métaux que mon corps partage avec d’autres planètes Ma colère et l’orage au-dessus de ma tête Ma famille mes liens du sang le passage des saisons dans mon regard et mes veines les fossiles dans la pierre et les ossements les mystérieux cimetières de nos commencements Ma famille mes liens du sang tous les terriens de toutes les couleurs unis dans les tourments et dans les rêves de bonheur

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    L’impossible Ils ont dit que la vie était possible sur Mars que des milliardaires faisaient mille fois le tour de la Terre que le bonheur était dans la prière Moi j’aimerais revoir ma mère quelques secondes la lumière de son sourire éclair dans la nuit de vivre la chaleur de sa main posée sur ma banquise Ils m’ont dit que je commettais le pêché de l’impossible J’ai alors invoqué la merveille le rêve et le matin m’a réveillé le soyeux soleil de son souvenir

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Regret Mère ton lait était jouvence page redoutée des mots jeu des sens sans la mémoire jalouse Aujourd’hui, parchemins surchargés de souvenirs tumulte du langage nous sombrons dans les remous de la nuit l’âme accrochée aux ronces aux étoiles défuntes

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Stèle Même si les épaves de ma vie ce vieux rafiot flottent sur l’inconnu Je veux te forger un avenir insubmersible avec mes rêves de richesse Ton armure sera mon coeur de père et les flèches qui l’atteindront se briseront sur mon amour pour toi et l’argent que je n’ai pas Je refuse que tu voies mes ailes qui n’existent que dans mes délires Je veux bien par contre te dire… en m’accompagnant de la lyre… que les mots que je t’offre renferment plus d’or que n’en purent rapporter les galions

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    K

    Khalil Gibran

    @khalilGibran

    Vêtements Un jour la Beauté et la Laideur se rencontrèrent sur le rivage. Et elles se dirent : " Allons nous baigner dans la mer. " Alors elles se dévêtirent et nagèrent. Au bout d’un moment la Laideur revint sur le rivage ; Elle s’habilla avec les vêtements de la Beauté et poursuivit son chemin. Et la beauté sortit aussi de la mer, mais ne trouva pas ses habits ; Parce qu’elle était trop timide pour rester nue, Elle s’habilla avec les vêtements de la Laideur. Et la Beauté poursuivit son chemin. Et à compter de ce jour Les hommes et les femmes prennent l’un pour l’autre. Cependant il en est qui ont aperçu le visage de la Beauté, Et ils la reconnaissent malgré ses habits. Et il en est qui connaissent le visage de la Laideur, Et ses vêtements ne la dissimulent pas à leurs yeux.

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    S

    Serge Langlet

    @sergeLanglet

    Maman courage. Maman courage. J’ai vu couler des larmes, un jour sur ton visage, Et elles m’ont marqué à jamais, jusqu’au sang, C’était pour toi souvent, ton lot, ton héritage, Mais si tu as pleuré, c’était pour tes enfants. Si l’on veut comparer le bon temps que tu eus, Dans toute ta jeunesse et les années de guerre, De tous ces jours passés ce qui ressort le plus, Ce sont des privations, cortège de misères. Ton amour est si grand et nous t’aimons si fort, Tout au long des années, à travers les tourments, D’avoir bien trop peiné, tu as usé ton corps, Mais ton âme est restée aussi belle qu’avant. Quand tu seras partie pour l’ultime voyage, Emportant avec toi nos plus beaux souvenirs, Restera dans nos cœurs le plus doux des visages, La bonté, la douceur de ton tendre sourire. Quand tu seras aux cieux, dans le creux des nuages, Entourée par les anges, coiffant tes cheveux blancs, Nous serons avec toi, notre Maman courage, Nous sommes et restons pour toujours tes enfants.

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    S

    Serge Langlet

    @sergeLanglet

    Mon petit Frère Tu fus le dernier venu dans la famille, Parmi tes frères un jour, tu es né après eux, Tu étais trop petit, cela n’est pas facile, Entouré de grands frères, de partager leurs jeux. Une image de toi revient à ma mémoire, Maman te promenant pour te faire manger, Ton manque d’appétit te mettait en danger, Combien il a fallu en raconter d’histoire. Tu étais petit frère, un frêle garçonnet, Qui voulais à tout prix s’en aller avec nous, Quand nous allions jouer, faire les quatre cents coups, Mais nous ne voulions pas, de peur de te blesser. Je le sais maintenant combien fut douloureux, Que d’avoir avec nous trop peu participé, À cette communion, cette communauté, Qui se crée entre frères, à partager les jeux. Tu nous en as voulus, mais toujours sans rien dire, Nous étions tes aînés et ton cœur était bon, La différence d’âge entre quatre garçons, Peut-être après tout valait-il mieux en rire. Les années ont passé et tu as bien grandi, Puis un jour vint, tu fondas ta famille, Devenant alors, un bon père tranquille, Ta femme et deux garçons pour remplir une vie. Puis tu fis comme nous l’adieu à nos parents Et nous les conduisîmes à l’ultime demeure, C’est dans l’ordre des choses, un jour nos parents meurent, Mais jamais l’on ne peut oublier ces moments. Ton état de santé tu en faisais peu cas, De t’en parler te mettais en colère, C’était ton choix, il n’y avait rien à faire, Tu étais le plus jeune, et la mort te frappa Tu as toujours été pour nous le petit frère, Pourquoi es-tu parti, ce n’était pas ton tour, Mais tu gardes avec toi de tes frères l’amour, Et repose à présent tout près de père et mère.

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    L

    Léopold Partisan

    @leopoldPartisan

    Ce père absent Je, souvent, Ressens, sanglant, Ce père absent Mort à la colonie, Mort pour la Patrie, Mort pour des conneries, 10 jours après le 30 juin Il, soudain, Revient, sans fin, Ce refrain crétin, Indépendance tcha tcha Avec Tshombé au Katanga Lumumba les couilles on t’arrachera 100 jours après le 30 juin Je, souvent, Ressens, sanglant, Ce père absent Dont mes racines auraient eu tant besoin Pour les protéger du vent Pour les abriter des ouragans 1000 jours après le 30 juin Il, soudain, Revient, sans fin, Ce refrain malin “Comme un arbre dans la ville Entre béton et bitume” Pour pousser, je me déplume 10 000 jours après le 30 juin

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Quand je pense à ma mère Ma mère est dans les cieux, les pauvres l’ont bénie ; Ma mère était partout la grâce et l’harmonie. Jusque sur ses pieds blancs, sa chevelure d’or Ruisselait comme l’eau, Dieu ! J’en tressaille encor ! Et quand on disait d’elle : « Allons voir la Madone », Un orgueil m’enlevait, que le ciel me pardonne ! Ce tendre orgueil d’enfant, ciel ! pardonnez-le nous : L’enfant était si bien dans ses chastes genoux ! C’est là que j’ai puisé la foi passionnée Dont sa famille errante est toute sillonnée. Mais jamais ma jeune âme en regardant ses yeux, Ses doux yeux même en pleurs, n’a pu croire qu’aux cieux. Et quand je rêve d’elle avec sa voix sonore, C’est au-dessus de nous que je l’entends encore. Oui, vainement ma mère avait peur de l’enfer, Ses doux yeux, ses yeux bleus n’étaient qu’un ciel ouvert Oui, Rubens eût choisi sa beauté savoureuse Pour montrer aux mortels la Vierge bienheureuse. Sa belle ombre qui passe à travers tous mes jours, Lorsque je vais tomber me relève toujours. Toujours entre le monde et ma tristesse amère, Pour m’aider à monter je vois monter ma mère ! Ah ! l’on ne revient pas de quelque horrible lieu. Et si tendre, et si mère, et si semblable à Dieu ! On ne vient que d’en haut si prompte et si charmante Apaiser son enfant dont l’âme se lamente. Et je voudrais lui rendre aussi l’enfant vermeil La suivant au jardin sous l’ombre et le soleil ; Ou, couchée à ses pieds, sage petite fille, La regardant filer pour l’heureuse famille. Je voudrais, tout un jour oubliant nos malheurs, La contempler vivante au milieu de ses fleurs ! Je voudrais, dans sa main qui travaille et qui donne, Pour ce pauvre qui passe aller puiser l’aumône. Non, Seigneur ! sa beauté, si touchante ici-bas, De votre paradis vous ne l’exilez pas ! Ce soutien des petits, cette grâce fervente Pour guider ses enfants si forte, si savante, Vous l’avez rappelée où vos meilleurs enfants Respirent à jamais de nos jours étouffants. Mais moi, je la voulais pour une longue vie Avec nous et par nous honorée et suivie, Comme un astre éternel qui luit sans s’égarer. Que des astres naissants suivent pour s’éclairer. Je voulais jour par jour, adorante et naïve, Vous contempler, Seigneur ! dans cette clarté vive… Elle a passé ! Depuis, mon sort tremble toujours Et je n’ai plus de mère où s’attachent mes jours.

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    M

    Max Elskamp

    @maxElskamp

    À ma mère Ô Claire, Suzanne, Adolphine, Ma Mère, qui m’étiez divine, Comme les Maries, et qu’enfant, J’adorais dès le matin blanc Qui se levait là, près de l’eau, Dans l’embrun gris monté des flots, Du fleuve qui chantait matines À voix de cloches dans la bruine ; Ô ma Mère, avec vos yeux bleus, Que je regardais comme cieux, Penchés sur moi tout de tendresse, Et vos mains elles, de caresses, Lorsqu’en vos bras vous me portiez Et si douce me souriiez, Pour me donner comme allégresse Du jour venu qui se levait, Et puis après qui me baigniez Nu, mais alors un peu revêche, Dans un bassin blanc et d’eau fraîche, Aux aubes d’hiver ou d’été. Ô ma Mère qui m’étiez douce Comme votre robe de soie, Et qui me semblait telle mousse Lorsque je la touchais des doigts, Ma Mère, avec aux mains vos bagues Que je croyais des cerceaux d’or, Lors en mes rêves d’enfant, vagues, Mais dont il me souvient encor ; Ô ma Mère aussi qui chantiez, Parfois lorsqu’à tort j’avais peine, Des complaintes qui les faisaient De mes chagrins choses sereines, Et qui d’amour me les donniez Alors que pour rien, je pleurais. Ô ma Mère, dans mon enfance, J’étais en vous, et vous en moi, Et vous étiez dans ma croyance, Comme les Saintes que l’on voit, Peintes dans les livres de foi Que je feuilletais sans science, M’arrêtant aux anges en ailes À l’Agneau du Verbe couché, Et à des paradis vermeils Où les âmes montaient dorées. Et vous m’étiez la Sainte-Claire, Et dont on m’avait lu le nom, Qui portait comme de lumière Un nimbe peint autour du front. * Mais temps qui va et jours qui passent, Alors, ma Mère, j’ai grandi, Et vous m’avez été l’amie Aux heures où j’avais l’âme lasse, Ainsi que parfois dans la vie Il en est d’avoir trop rêvé Et sur la voie qu’on a suivie De s’être ainsi souvent trompé. Et vous m’avez lors consolé Des mauvais jours dont j’étais l’hôte, Et m’avez aussi pardonné Parfois encore aussi mes fautes, Ma Mère, qui lisiez en moi, Ce que je pensais sans le dire, Et saviez ma peine ou ma joie Et me l’avériez d’un sourire. * Claire, Suzanne, Adolphine, Ô ma Mère, des Écaussinnes, À présent si loin qui dormez, Vous souvient-il des jours d’été, Là-bas en Août, quand nous allions, Pour les visiter nos parents Dans leur château de Belle-Tête, Bâti en pierres de chez vous, Et qui alors nous faisaient fête À vous, leur fille, ainsi qu’à nous, En cette douce Wallonie D’étés clairs là-bas, en Hainaut, Où nous entendions d’harmonie, Comme une voix venue d’en-haut, Le bruit des ciseaux sur les pierres Et qui chantaient sous les marteaux, Comme cloches sonnant dans l’air Ou mer au loin montant ses eaux, Tandis que comme des éclairs Passaient les trains sous les ormeaux. Ô ma Mère des Écaussinnes, C’est votre sang qui parle en moi, Et mon âme qui se confine En Vous, et d’amour, et de foi, Car vous m’étiez comme Marie, Bien que je ne sois pas Jésus, Et lorsque vous êtes partie, J’ai su que j’avais tout perdu.

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    Max Elskamp

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    À mon Père Mon Père Louis, Jean, François, Avec vos prénoms de navires, Mon Père mien, mon Père à moi, Et dont les yeux couleur de myrrhe, Disaient une âme vraie et sûre, En sa douceur et sa bonté, Où s’avérait noble droiture, Et qui luisait comme un été, Mon Père avec qui j’ai vécu Et dans une ferveur amie, Depuis l’enfance où j’étais nu, Jusqu’en la vieillesse où je suis. * Mon Père, amour m’était en vous, Que j’ai gardé toute ma vie, Ainsi qu’une lumière luie En moi, et qui vous disait tout ; Mon père qui étiez ma foi Toute de clarté souriante, Dont la parole m’était loi Consentie par mon âme aimante, Mon Père doux à mes erreurs, Et qui me pardonniez mes fautes, Aux jours où trop souvent mon coeur De sagesse n’était plus l’hôte, Mon Père ainsi je vous ai su Dans les heures comme elles viennent Du ciel ou d’enfer descendues, Apportant la joie ou la peine. * Or paix et qui était en vous En l’amour du monde et des choses, Alors que mon coeur un peu fou Les voyait eux, parfois moins roses, C’était vous lors qui m’apportiez Foi en eux qui n’était en moi, Lorsque si doux vous souriiez À mes craintes ou mon émoi, Et vous étiez alors mon Dieu, Et qui me donniez en silence, Et rien que par votre présence Espoir en le bonheur qu’on veut. Pour mieux accepter en l’attente L’instant qui est, le jour qui vient, Et sans que doute les démente Croire aux joies dans les lendemains. * Ô mon Père, vous qui m’aimiez Autant que je vous ai aimé, Mon Père vous et qui saviez Ce que je pensais ou rêvais, Un jour où j’avais cru trouver Celle qui eut orné ma vie, À qui je m’étais tout donné, Mais qui las ! ne m’a pas suivi, Alors et comme je pleurais, C’est vous si doux qui m’avez dit Rien n’est perdu et tout renaît Il est plus haut des paradis, Et c’est épreuve pour ta chair Sans plus mais d’âme un autre jour, Tu trouveras le vrai amour Eternel comme est la lumière, Et pars et va sur les navires Pour oublier ici ta peine, ue c’est ce que tu désires, Et bien que ce soit chose vaine, Va, mon fils, je suis avec toi Tu ne seras seul sous les voiles, Va, pars et surtout garde foi, Dans la vie et dans ton étoile. * Or des jours alors ont passé De nuit, de brume ou d’or vêtus, Et puis des mois et des années Qu’ensemble nous avons vécus Mon Père et moi d’heures sincères, Où nous était de tous les jours La vie ou douce, ou bien amère, Ainsi qu’elle est et tour à tour, Et puis en un matin d’avril Les anges noirs eux, sont venus, Et comme il tombait du grésil Sur les arbres encore nus, C’est vous mon Père bien aimé, Qui m’avez dit adieu tout bas, Vos yeux dans les miens comme entrés Qui êtes mort entre mes bras.

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