splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Patrie

115 poésies en cours de vérification
Patrie

Poésies de la collection patrie

    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    La tête armée Napoléon mourant vit une Tête armée… Il pensait à son fils déjà faible et souffrant : La Tête, c’était donc sa France bien-aimée, Décapitée aux pieds du César expirant. Dieu, qui jugeait cet homme et cette renommée, Appela Jésus-Christ ; mais l’abîme s’ouvrant, Ne rendit qu’un vain souffle, un spectre de fumée : Le Demi-Dieu, vaincu, se releva plus grand. Alors on vit sortir du fond du purgatoire Un jeune homme inondé des pleurs de la Victoire, Qui tendit sa main pure au monarque des cieux ; Frappés au flanc tous deux par un double mystère, L’un répandait son sang pour féconder la Terre, L’autre versait au ciel la semence des dieux !

    en cours de vérification

    J

    Jacques Izoard

    @jacquesIzoard

    La patrie empaillee Qu'il avance la langue et lui seront offerts les doigts, les mains qui font la sourde épave. Mince est la peau près des yeux et des lèvres: tire vers toi le regard, le long vêtement de verre, il y va de ta vie. Seront déjà détruits papiers et animaux. Les paroles mortes, quelle serre les contient? J'irai dans l'hôpital ramasser les rapaces, les sangs éteints, les filons, déchirer l'emballage des corps et des fontaines. La neige, sur les mains, brûle à peine. Monts et merveilles ont des chemins de pluie. Écriture d'enfant donne bonne coquille à ma bête, à mon dos rond. Voici l'herbe éveillée, l'entretien des arbres et des laitiers, le va-et-vient des langues. La sainte épaule est creuse et déserte; nul ne se plaint des horloges, nul ne se plaint des pies. Puis-je? Puis-je rose? Puis-je enjamber le corps de l'âne ou de la rose? Tout le serrement de l'ail vaut la patrie pourrie, la main qui coud la main, l'œil, l'œil, le cœur, l'aine, cachette où les herbes les plus douces tissent l'onguent cruel. Pays de la basse besogne, fourre langues et sabots de colles et de couleuvres ! Masque est cerisier, dont le vin accompagne discours bourrus et palabres. Donne taloches, crachats. Voix, la voix répète les mots replets, les jurons. La masse d'herbe étouffe mon nom cité. La rouille, l'endormeuse, aux confins du sommeil, la voici nue et belle, habillant mes outils de linges, de cagoules. Ne rien savoir des nerfs, des chemins, des épaules, des échelles. Dormir mène au sarcasme des papiers qui brûlent, des bavards sans rescousse. Enfants allongés dans les poutres, aux enjambées pliées, qui se souvient de vous ? Sous le papier, les veines fouillent le bleu du corps, le lierre au saccage incessant, feu gonflé des charbons, où meurent maints oiseaux, où des aliments, des moignons, des mouvements, des mécanismes étouffent la baudruche et le gel, et les vitres, dont nul reflet n'ose briser la langueur. Dès lors, qui s'empare du mot «cavalcade» ? Qui désigne, là-haut, le hibou, le drapeau noir? ... commençâmes à la caresser le long de la jambe, à la toucher là où nous l'aimions : mais on voudrait que la maison fût sèche : escalier vieux, tout de bois, tout de fleurs, de sucs tapis, caravane de velours, femme en langue, en odeur, aux coudes brisés, aux petits sabots de thym, aux cris minuscules de grêle et de citron. En haillons, vit dans la maison celui qui se souvient, celui qu'on nomme en fermant les yeux. Membres, avalanches ont goût de femmes. Les salives enfantines ont léché les bahuts. Outils lourds des porchers. Le corps se bande sous la poutre. Hennit, lointaine, la ville. Proche, un cri. Suture, tendons, seins. La destruction continue. Avec un bruit de laine et de muscles, tu entres dans la chambre, avec un bruit d'haleine et de sueur, avec je ne sais quel ordre sous tes vêtements. Avec un bruit de fruit touché du bout des ongles. Quelles hautes échelles dressent ici leurs couleurs chaudes, leurs longs manteaux ? Rien ne dément la nudité du corps. Anatomie de l'œil : le sachet noir s'en va, la fille pille la chambre où je cachais l'intrus. Le carcan rond gît dans le globe. Et serre les poings, crieur sans tumulte. Et dors sans haleine, puisque les doigts sont sourds et aveugles. Sabot fermé ou cuit. Cœur gauche qui bat. Quelqu'un, dans la chambre, n'attend pas le gel, saisit le poing qui blesse, prend jambe ou papillon, fait tomber les échelles. Demeure l'enfant qui parle à peine dans ses mains étouffées. De quel racontar garder trame et vertige? Au lieu-d'œil, j'arrondis l'horizon, je cherche à vaincre le doux chaos, le sang. Par-dessus les vêtements, la maison dort et protège les pains, les enfants; les papiers blancs demeurent linceuls de mots; dehors, pierres ou grenouilles se font grosses. On entend marcher le houx. Le verger fait le jardin. Le bras, la toupie. L'escroc succombe au vin: la langue d'élève repose au panier des épices. ... coule autour de la quille, sait serrer hanche ou pied. On aurait voulu monter vers l'épaule de l'épaule, vers la serre, le moignon clos, dont on dit l'embellie : tertre d'herbe ou de mousse, talus de thym, de fleurs. Pouvions-nous voir les veines, les chevilles, les doigts nus? Étais-je sabre, papier plat, vin dans sabot? Où j'entrerai, je laisserai mes traces, mes passages d'eau, de paroles. Le devin, le hêtre ont des goûts communs : ceux qui parlent les connaissent. Feront le jeu des chèvres et des tambours. Mort aux voleurs de fruits, dès que les vêtements arrachent les morts à la rivière. Coutre enveloppé de linges. J'évoque la basse éclosion des œufs d'hiver, le dégât sans couleur des vergers effondrés, la longueur des langues et ce que nomment la phrase et le chemin. À coupé les muscles, a détruit la maison. Et dans l'œil, les herbes emplissent le regard, la cosse où je respire. La pupille en son sud devient légère ou douce. Et les lèvres ont touché la bonne haleine. Herbe où siffle un feu bleu coule à la bonne heure au bout du champ clos. L'enfant, dans son bonnet, recueille têtes d'oiseaux, pierres, phalanges, petits œufs, longues veines d'agneau, pattes d'arbre ou de rivière. Nous avons un fourreau dans la jambe et le bras. Enceinte où je sommeille, lenteur où je suis tambour d'herbes. Déjà, nous écoutons l'œil, en ses plis, rouler pupille. Et l'éveil dresse des étais de papier, des blocs, des poutrelles. Nous avons devant nous le chemin, la rivière. Je perds le bras, je suis l'amant, la lavande. Et c'est ceci qu'on touche : le grès de l'œil. Je pose au fond du pied la boule de cuivre, le poids mort du lavoir. Verre, voici le verre, le haut terrain du transparent. Je t'aime, te fais lumière, là, tu meurs fracas, sans habits noirs, sans blasphème d'oiseau, sans fourrière, sans vêture. Les doigts font tout : l'oignon pelé glace le sang; font la cuisine, font la langue au dos des coquilles. Les maîtres de maison le savent et les protègent. Juin, dans la craie, tue vergers et vertèbres. Rien n'assourdit la saveur de la pierre qui dort. En son sommeil, la voici nue. Elle garde le ventre blanc de son séjour sur l'herbe. Épines et vacances font tambour ou bonheur. Tu vis dans la jambe où passe un chemin bleu. Tu respires sans veines. Tu déchires tes vêtements déserts. Sont sœurs l'écriture et la foudre. Mains de plus en plus petites. Mains demain matin. Observe le pays du doigt du milieu. Laisse le pouce faire le sourd voleur, toucher la lampe allemande. On te dira qu'il faut mouiller les lèvres ou dormir dans l'étang. Bien enveloppes, les cailloux demeurent secs. Les vitres au sang à demi mendiant craquaient sous le poids des oursins, des grenades. Des grillons, nous conservions le chant, la neige, la saleté, le foie. Des matières - sueurs, châtaignes, œufs — pourrissaient dans les lavoirs et les vergers. Avions-nous besoin de charbon, de peste ? Murmurions, clairs et châtrés, «Typhus», «Pharaon». Errions à travers habitations, locaux, bâtisses. Coulis déjà noir quand le faucheur se couche. Village à jambes et à grêles, à cerises. Village à jabot de buis, je te connais, je te cache dans le pommier nerveux. Ce que tu diras demain, de l'arbre et de la laine, du temps clos, de la maison, tu peux l'écrire ici, le lire. Nerfs et encriers n'ont plus de lave. Où la pluie de laine pleut, pleut la pluie avare. La maison de quatre chambres et de quatre enfants, je la bâtirai sur. Bossus de laine ou d'os sont bossus de papier. Le sable. Le papier n'est que vitre ou carcasse, ou fracas de menus fragments d'écorce, éparpillement d'osselets. Les délégués entrent. Endormis, les papiers, les gués, les ponts, les tremplins. Respirer devient une autre histoire. Qui moud le givre casse les grelots. Sommes sorciers ou glaneurs de glaïeuls. Vous respirez toujours sans savoir vivre, ou grenades, ou garçons. Et naît la ribambelle des feux et des bébés. Utilisons nos armes: juin sans empreintes, dessins de pouces, hivers, entrailles, anneaux, bouts de corde, arches et allahs, dès le lever du poing. La main saisit le poing, le pays fleuri, la tempe, ou touche le papier wallon. La cruche très longue dort dans un panier. La maison salée vit dans l'oeil, cache le pouce. Papier sans nom dans un désert proche. Tissu, tabac, coq frêles. Voici le commencement d'un court récit : se tiennent, se caressent. Partout, les herbes, les ouvriers perdent patience. Je parle arabe, arbre. J'aime pierre ponce, pouce barbare. Je parle à ceux qui parlent. Parle en écrivant parle. Écris parle et jette l'anse et le seau. L'eau vide emplit le verre. Avant de scier la jambe, que l'œil soit noir ! Plie les doigts : tu allonges le sang dans sa course, où grossit la pelote du poing. Les nerfs sont invisibles : meurt comme verre le bruit le plus lointain, le silence où tu vis de la tête aux pieds. Les vêtements, les salives, les besognes du rouet, les houx, juin les dénonce. L'herbe à cent goûts dit l'obscur parfum des sabots et des treilles. Jambes coupées, j'observe les épingles du jeu, le chemin du voleur. Le rémouleur évanoui dort dans ses couteaux. Qui va chanter dans l'arbre ? Le pont souverain dort aussi dans le fleuve. Le pain doré, la fleur font merveille. Suis-moi je te. Touche terre et cèdre. Donne aux voleurs tes habits. Des papiers blancs, sur les portes, annoncent le sommeil. Délivrés des veines, des ajoncs, nous respirons mieux : j'avoue que je tiens à la vie. Hâve, parle à pierre-fendre: casse noyaux et fusils, casse la neige et l'alun, la vitre où bougent les gens lointains. Ne bouge pas, serre à peine la main, le verre, le fragment de l'œil léger. Haleine arabe, ô haleine où je dors, où j'étends la langue et la mèche. L'huile inonde le poing. Respire la menthe ou pille le gel. Dans la maison, je vis, nous vivons tous la même vie, sans bras, sans jambes. La maison vit dans la maison. Mais on dort quand même. La maison de deux étages abrite une famille de quatre. On y trouve des arêtes, des noix, des peignes, des aiguilles, des boules de laine, des dents, des massacres d'enfants. Je vais au village assembler genoux et tortues, bras et jambes, et tirer au clair le feu caché, la huche engourdie, le sommeil creux. Garçons et filles seront dans l'amandier. Dans la maison, je vis, nous vivons tous la même vie, sans bras, sans jambes. La maison vit dans la maison. Mais on dort quand même. La maison de deux étages abrite une famille de quatre. On y trouve des arêtes, des noix, des peignes, des aiguilles, des boules de laine, des dents, des massacres d'enfants. Je vais au village assembler genoux et tortues, bras et jambes, et tirer au clair le feu caché, la huche engourdie, le sommeil creux. Garçons et filles seront dans l'amandier. L'hiver et les embrassades cachent la fille de la fille. Les castors ensommeillés, les neiges guéries, les mains craquées, les coups de couteaux, de poings, de dés. Corps léché, séché, près des lavoirs et des mansardes, où tu vis toi-même, cadavre serré, dont le pays est familier. Je tiens le chiffon noir, lancée de la pierre creuse vers l'horloge, vers l'œil. Les yeux bossus, partout, dans les maisons de glaise, dans les maisons de laine, je les vois partout: les seins absents, les tiges, la neige entière, ce qu'on lie, ce qu'on délie, les genoux où le sel se cache, voilà mes biens, mes systèmes. Les griffes du lait gisent ; l'horloge est mon demi sabot. Mes veines pourrissent. Longue étape, long sommeil plein d'engelures et de pelades. Demain, nous serons encombrés de ciseaux, de socs, de casse-tête, et la rouille nous étoufferait. Aujourd'hui dort. La faux cachée, l'enfant la cherche. Le lard pend au plafond, le foin sèche. Les femmes, au lavoir, meurent entre elles. Touche le doux poignet du feu qui te lèche. Les nerfs, éparpillés dans l'école, les criminels de dix-huit francs, les érables de bonne chance. Annonce l'octobre où des jougs font craquer serrures et vertèbres, et membres de bois sec. Nos sûrs chemins, nos balafres dénoncent le sommeil. Je n'oublie pas que j' écris; la maison en surplomb est haute et le toit. Tout nous contraint. J'écris sans écriture sous la main, sans l'embellie de l'herbe, et sans voir, à vrai dire, la voix grêle ou le tapage de tel oiseau très long, de telle pluie collée à l'ongle Peut parler. Guêpe enfantine, laitue. Tu peux parler de ton corps, de tes bras sous les vêtements élimés; sous les arbres, quelques coqs, gonflés d'œufs, de champignons, se gavaient de grains. (J'étais épervier, Marie. J'étais soufflet, buis, tout ce qu'on veut.) Mes vêtements certes, je les aime. Mes vêtements sont d'herbes. Nu, sous la faïence, sous l'école, je dis : les nœuds, les os blessent. Les vêtements aimés protègent les membres nus, les jambes et les bras, les épaules, les orifices. On met l'ongle sous l'ongle et la vitre. On observe : un tambour sonne creux, marmonne ou se plaint. Des enfants ensablés écrivent ici leur nom. L'ongle, sous l'ongle, attend l'eau, lèche le doigt. Respirer l'haleine fait croire qu'on vit. Devient-on vieux sous l'ongle où l'on vit? J'étais déjà luxueux lutteur, ton éphémère, ton juin, ton tas de soldats, ton amoncellement de bras coupés. Sec, le sommeil craint le feu, les nouveaux venus, coupe le pouce, amasse froments et falbalas. Soudain, c'est la sève où tout devient bleu : jointures, anémones. Nos allées, nos venues ont des tambours de foin : laveurs, filles enceintes lèvent le poing. Plumes et becs emplissent la bouche, le port. (Imprimés sur la peau, jabots ou graffiti). Les verres colorés - léger orange ou bleu glacé - deviennent plus épais. Les épaules cachent le sang. La maison, l'avouée, nous la faisons tenir dans la vitre : vois les seaux, les nids, les tuyaux. Qui parla? Voyelles, comme insectes. (Ananas). Quel cortège? Quelles frasques? Le corridor de sept mètres de long, les voyageurs l'admirent, le touchent. Des toiles d'araignées évoquent pourtant la vie: gorges, sabots, quenouilles, carcans. Et le père, et le fils ont bu. Et le fils vit encore, courbé dans la coquille. L'encre est sèche. La femme coupe le blé. Dans le poing mûrit le poing. L'arbre casse le verre, emporte la maison sans ficelles, arrache emballage, alluvion. Outils de verre ou de bois sont dans la chambre. Que pèse un feu clair? Quelle clarté caresse l'œil? Oranges et capsules, épices allongent le regard. La main ne bouge pas, n'a pas de coque, n'a pas soif, n'appartient qu'au bras, qui, lui-même, n'appartient qu'à l'épaule, grenier léger des nerfs et des paroles. Les doigts sont faibles, n'ont aucun recours contre le thé qui brûle. J'allonge la jambe : élongation, soudain, de muscles et de muscles; déferlement d'oursins, de taches, de lézards hors de la demeure. Glissent loin du corps : fraîcheur, douceur, saveur. Le bois fut brûlé, brûle encore sous les vêtements, les muscles. Hâte, en ce parfum, le retour noir, la vie Main levée, tu cries. C'est un sommeil nu que tu connais, c'est le refus fermé de la langue ou de l'œil. La douceur avalée vient mourir sous la peau. Salive hirsute ! Carcan peureux des noix, des dents qu'on casse ! Je mange avec toi le blé, la grenade. Connais la maison, la serpe, les hannetons, les hampes, les tailles, les vélocipèdes au fond du hangar, les femmes contre l'arbre, les endroits rouilles de la main, le vésuve et la meuse, les endormis empaillés, dès que le jour tombe et que les toupies font peur aux enfants qui les aiment. Caches : sangliers, abats, crécelles. Et le nom des parties du corps : épaule au feu de laquelle tu saisis salive et blanc ; pérou, ventre entier, nœuds des muscles et des muscades, et des tendons de Pierre. Tant d'autres s'affaissaient : corps emboîté dans le corps, genou dans le genou, œil dans l'œil. Poutre d'eau, bras d'encre. Et nos parents de paille qui disent non. Défendue, la peau ne cède. Déjà, des chemins, des ducs font papier, font aventure. Quel pantin de chaux bourre de cris la ville? Et les automnes, et les douanes ont tôt fait de. Et toi-même tu déclares délicieux tel massepain, tel fruit que tu tiens à la main.

    en cours de vérification

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le renard anglais Le bon coeur est chez vous compagnon du bon sens, Avec cent qualités trop longues à déduire , Une noblesse d’âme, un talent pour conduire Et les affaires et les gens, Une humeur franche et libre, et le don d’être amie Malgré Jupiter même et les temps orageux. Tout cela méritait un éloge pompeux ; Il en eût été moins selon votre génie : La pompe vous déplaît, l’éloge vous ennuie. J’ai donc fait celui-ci court et simple. Je veux Y coudre encore un mot ou deux En faveur de votre patrie : Vous l’aimez. Les Anglais pensent profondément; Leur esprit, en cela, suit leur tempérament : Creusant dans les sujets, et forts d’expériences, Ils étendent partout l’empire des sciences Je ne dis point ceci pour vous faire ma cour. Vos gens à pénétrer l’emportent sur les autres Même les chiens de leur séjour Ont meilleur nez que n’ont les nôtres. Vos renards sont plus fins, je m’en vais le prouver Par un d’eux qui, pour se sauver Mit en usage un stratagème Non encore pratiqué, des mieux imaginés. Le scélérat, réduit en un péril extrême, Et presque mis à bout par ces chiens au bon nez, Passa près d’un patibulaire. Là, des animaux ravissants, Blaireaux, renards, hiboux, race encline à mal faire, Pour l’exemple pendus, instruisaient les passants. Leur confrère, aux abois entre ces morts s’arrange. Je crois voir Annibal, qui, pressé des Romains, Met leurs chefs en défaut, ou leur donne le change, Et sait, en vieux renard, s’échapper de leurs mains. Les clefs de meute parvenues A l’endroit où pour mort, le traître se pendit, Remplirent l’air de cris : leur maître les rompit , Bien que de leurs abois ils perçassent les nues. Il ne put soupçonner ce tour assez plaisant. « Quelque terrier, dit-il, a sauvé mon galant. Mes chiens n’appellent point au delà des colonnes Où sont tant d’honnêtes personnes. Il y viendra, le drôle ! » Il y vint, à son dam . Voilà maint basset clabaudant, Voilà notre renard au charnier se guindant. Maître pendu croyait qu’il en irait de même Que le jour qu’il tendît de semblables panneaux: Mais le pauvret, ce coup, y laissa ses houseaux . Tant il est vrai qu’il faut changer de stratagème! Le chasseur, pour trouver sa propre sûreté, N’aurait pas cependant un tel tour inventé ; Non point par peu d’esprit ; est-il quelqu’un qui nie Que tout Anglais n’en ait bonne provision? Mais le peu d’amour pour la vie Leur nuit en mainte occasion. Je reviens à vous, non pour dire D’autres traits sur votre sujet ; Tout long éloge est un projet Peu favorable pour ma lyre. Peu de nos chants, peu de nos vers, Par un encens flatteur amusent l’univers Et se font écouter des nations étranges. Votre prince vous dit un jour Qu’il aimait mieux un trait d’amour Que quatre pages de louanges. Agréez seulement le don que je vous fais Des derniers efforts de ma Muse. C’est peu de chose ; elle est confuse De ces ouvrages imparfaits. Cependant ne pourriez-vous faire Que le même hommage pût plaire A celle qui remplit vos climats d’habitants Tirés de l’île de Cythère ? Vous voyez par là que j’entends Mazarin, des Amours déesse tutélaire.

    en cours de vérification

    Jean Follain

    Jean Follain

    @jeanFollain

    Au pays Ils avaient décidé de s’en aller au pays où la même vieille femme tricote sur le chemin où la mère secoue un peu l’enfant lui disant à la fin des fins te tairas-tu, te tairas-tu ? Puis dans le jeu à son amie la fillette redit tu brûles et l’autre cherche si longtemps si tard – ô longue vie – que bientôt les feuilles sont noires.

    en cours de vérification

    J

    Jean Zay

    @jeanZay

    Le drapeau Ils sont quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là. Quinze cent mille dans mon pays, Quinze millions dans tous les pays. Quinze cent mille morts, mon Dieu ! Quinze cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore… Quinze cent mille dont chacun avait une mère, une maîtresse, Des enfants, une maison, une vie un espoir, un cœur… Qu’est ce que c’est que cette loque pour laquelle ils sont morts ? Quinze cent mille morts, mon Dieu ! Quinze cent mille morts pour cette saloperie. Quinze cent mille éventrés, déchiquetés, Anéantis dans le fumier d’un champ de bataille, Quinze cent mille qui n’entendront plus JAMAIS, Que leurs amours ne reverront plus JAMAIS. Quinze cent mille pourris dans quelques cimetières Sans planches et sans prières… Est-ce que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux De vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient ? Ils ne sont plus que des pourritures… Pour cette immonde petite guenille ! Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement, Oui, je te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes Pour le sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicle sous tes plis Je te hais au nom des squelettes… Ils étaient Quinze cent mille Je te hais pour tous ceux qui te saluent, Je te hais à cause des peigne-culs, des couillons, des putains, Qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre, Je hais en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial, Le défi aux hommes que nous ne savons pas être. Je hais tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel, Le blanc livide de tes remords. Laisse-moi, ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup Les quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts. Et n’oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires, Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs. 1924

    en cours de vérification

    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Federica Montseny A mon frère à Ada Colau, Maire de Barcelone «mi mirada, flor de rechazo» mon regard, fleur de refus Myriam Montoya Sur son cheval, un paysan Rouge sur son cheval blanc galope en route en route vers le front d’Aragon. *** Où sont nos amis, Federica ? Où sont les camarades, les soldats, les militants, les ouvriers-soldats de la CNT* ? J’entends les avions de la Légion Condor. Leurs bombes tombent sur le port, les écoles, les hôpitaux de fortune. Ne cherchons plus nos pauvres morts, la Lune tendrement porte en terre leurs os blanchis par les années dans les Grands Cimetières* de Georges Bernanos. Barcelone s’est endormie. La paix est revenue. Aux Pyrénées les cols sont bleus de ciels d’été moi j’ai des bleus des bleus à l’âme. Tant d’oubliés, tant d’humiliés tant de morts et tant de blessés les mécréants à l’Église baissaient la tête. Federica, à Barcelone, les filles et les femmes de la Catalogne et d’Espagne laissent flotter au vent leurs cheveux, leurs robes légères. Elles ont les enfants qu’elles veulent, quand elles le veulent. Pour elles j’ai livré combat. Elles disposent de leur corps qu’elles donnent à qui les aime et comme bon leur semble et font l’amour au soleil de minuit sur la plage elles nous ressemblent à nous, les militantes, les damnées de la CNT La graine que tu as semée à Barcelone a pris racine le ciel enfin devenu bleu et la démocratie, tranquille. À la frontière, laissez passer les clandestins… *** Sur son cheval, un paysan Rouge sur son cheval blanc galope en route en route vers le front d’Aragon. « La blessure de l’homme est partout blessure humaine peut-on cerner, peut-on circonscrire la douleur ? » Gabriel Mwènè Okoundji « Comme une soif d’être homme, encore. » Villebramar, 2016

    en cours de vérification

    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Au roi Ne vous pouvant donner ces ouvrages antiques Pour votre Saint-Germain ou pour Fontainebleau, Je vous les donne, Sire, en ce petit tableau Peint, le mieux que j’ai pu, de couleurs poétiques : Qui mis sous votre nom devant les yeux publiques, Si vous le daignez voir en son jour le plus beau, Se pourra bien vanter d’avoir hors du tombeau Tiré des vieux Romains les poudreuses reliques. Que vous puissent les dieux un jour donner tant d’heur, De rebâtir en France une telle grandeur Que je la voudrais bien peindre en votre langage : Et peut-être qu’alors votre grand Majesté, Repensant à mes vers, dirait qu’ils ont été De votre monarchie un bienheureux présage.

    en cours de vérification

    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    France, Mère des arts, des armes et des lois France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois, Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ? France, France, réponds à ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix. Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine, Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau. Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure : Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    En mon pays… En mon pays l’on ne meurt pas L’océan continue de bercer la conscience en allée le corps inerte se souvient des palmeraies l’ardeur du soleil ranime la froideur de nos rêves En mon pays l’on ne meurt pas Les ancêtres ne nous quittent pas Leur souvenir guide l’absence de nos pas et les lieux rebelles au Temps chassent les écailles de la rampante vieillesse En mon pays l’on ne meurt pas la couleur du ciel et des épices habille l’âme qui danse au son des percussions et de la liesse populaire En mon pays l’on ne meurt pas c’est moi qui vous le dis dans ce poème conjuration des deuils maudits

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Indignation Vieille comme la haine la division ronge la terre de France où la chasse à la différence triomphe de nos songes de communion Pourquoi le Musulman d’aujourd’hui ressemble comme un frère au Juif d’hier ? On reproche à l’islam les attentats la soumission de la femme et le halal On diabolise une communauté à cause d’une poignée de forcenés et par méconnaissance d’un texte On rejette les membres d’une même famille Mohamed, Khadija ou Ali Eux aussi ont une âme tricolore compatible avec Allah qu’ils adorent Aimez-les vous n’en serez que plus forts

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Migrant Avant de partir il a enterré les sentiments et les rires les bons souvenirs aussi Il ne peut songer au pays natal sans frémir de dégoût La misère l’a poussé à bout Il est aujourd’hui debout sur ce promontoire son désespoir qui surplombe la Méditerranée cette mer où ont sombré tous ses frères inconnus ces damnés qui ont préféré le tombeau d’un ventre vorace à la faim et au désoeuvrement sous leur létal soleil et aux jours pareils d’infernal tourment Avant de partir il a vomi son présent et s’est offert en sacrifice à l’avenir

    en cours de vérification

    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Mère Dans l’alcôve du temps après le départ des conquérants des mots nouveaux constellaient la nuit de ton ventre tes enfants étaient de tous les horizons nés de tes defaites aussi de tes victoires Peu à peu ce métissage loin de te rendre méconnaissable a fait de toi l’emblème de la communion Langue française lieu où se sont donné rendez-vous les sens les plus savants, les plus improbables, les plus fous arche d’amour qui accueille tous les vocables guéris-nous de cette haine dont tes ennemis nous accablent

    en cours de vérification

    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Le départ Il est donc vrai ? Je garde en quittant la patrie, Ô profonde douleur ! un cœur indifférent. Pas de regard aimé, pas d'image chérie, Dont mon œil au départ se détache en pleurant. Ainsi partent tous ceux que le désespoir sombre Dans quelque monde à part pousse à se renfermer, Qui, voyant l'homme faible et les jours remplis d'ombre, Ne se sont pas senti le courage d'aimer. Pourtant, Dieu m'est témoin, j'aurais voulu sur terre Rassembler tout mon cœur autour d'un grand amour, Joindre à quelque destin mon destin solitaire, Me donner sans regret, sans crainte, sans retour. Aussi ne croyez pas qu'avec indifférence Je contemple s'éteindre, au plus beau de mes jours, Des bonheurs d'ici-bas la riante espérance : Bien que le cœur soit mort, on en souffre toujours.

    en cours de vérification

    L

    Luc Durtain

    @lucDurtain

    L’adieu à la patrie Cet homme fort, carré Mais voûté, lent, de l’usure au cuir des joues Et le regard alourdi par la paupière qui pèse, Incertain dans ses frusques civiles d’il y a cinq ans, trop amples: Il fait, au sol de la patrie, Un pas, le dernier… Et, soudain, Il s’est rappelé tous ses pas suprêmes: Celui qu’il fit hors des siens, Hors de lui-même, hors de la vie, L’an quatorze, au seuil De la caserne carrée comme un devoir; Celui qu’il fit, mille, vingt mille Fois de suite, par delà Le bout de ses forces disjointes, Jambes inégales, regard manchot, Reins qu’écrasent les monts du sac Et poitrine échappée, battante Comme un oiseau, et bouche ouverte Comme un poisson noyé dans l’air -à la Relève du Mort-Homme, à la Relève des Hurlus, à Tahure; Et ce pas tombé dans l’immense flamme Subite, le choc, Puis l’obscur qui avait duré des semaines Et où s’était peu à peu créé l’hôpital – Ce dernier pas du temps où il fut allègre. L’homme, aujourd’hui, avance le pied au delà du quai: Et dans la moitié du pas il y a la France, Dans l’autre moitié, l’élément Éternel, infini, la mer. Ça n’est rien que pour une pêche au large, Mais c’est la première fois depuis cinq ans Qu’il quitte son pays, qu’il en est libre… Il lui semble soudain qu’il part pour toujours. Voilà. Les maisons du port Reculent en lui faisant face: Il est si content qu’il s’en étonne Qu’elles ne lui tournent pas le dos pour s’en aller plus vite. Voilà les rochers debout: il leur trouve De drôles de têtes, fâchées De le voir partir, des têtes de gendarmes. -« Vos papiers? » Il se tâterait presque. Et il rit. Ah, mais oui, il part! Il part comme le cri part de la poitrine. Le coteau, face penchée, Avec une longue barbe de pins qui descend Et quatre galons de murs au manteau, Le regarde comme son commandant qui est mort. Et ça fait qu’il lui semble que, derrière, Cette cime qui se détourne, c’est son propre père. Il part. Derrière encore, crânes chevelus, Pelés, ou chauves, Toutes les têtes des ancêtres. Elles se montrent l’une après l’autre Les chaînes de montagnes comme des raisons; Elles tiennent ensemble et s’élèvent Au dessus des apparences, en affirmant. Mais, peu à peu, tout cela s’abaisse. Qu’est-ce qui sort de lui? On dirait Que les vagues s’échappent de son âme, Une cataracte de casques bleus Qui repousse cette terre là-bas, au loin. Des vagues. Des vagues. Ça passe. Ça passe. Et la patrie, là-bas, n’est plus qu’une poutre, Et la patrie, là-bas, n’est plus qu’un cure-dents. Et voilà qui viennent du large, Du ciel, du soleil, Des milliers, des milliers, Des mille de millions De vagues brillantes, diamantées, Libres, libres comme des lumières. Elles dansent, elles chantent. Il leur tend les bras et il pleure.

    en cours de vérification

    Marcel Proust

    Marcel Proust

    @marcelProust

    Schumann Du vieux jardin dont l’amitié t’a bien reçu, Entends garçons et nids qui sifflent dans les haies, Amoureux las de tant d’étapes et de plaies, Schumann, soldat songeur que la guerre a déçu. La brise heureuse imprègne, où passent des colombes, De l’odeur du jasmin l’ombre du grand noyer, L’enfant lit l’avenir aux flammes du foyer, Le nuage ou le vent parle à ton cœur des tombes. Jadis tes pleurs coulaient aux cris du carnaval Ou mêlaient leur douceur à l’amère victoire Dont l’élan fou frémit encor dans ta mémoire; Tu peux pleurer sans fin: Elle est à ton rival. Vers Cologne le Rhin roule ses eaux sacrées. Ah! que gaiement les jours de fête sur ses bords Vous chantiez! – Mais brisé de chagrin, tu t’endors… Il pleut des pleurs dans des ténèbres éclairées. Rêve où la morte vit, où l’ingrate a ta foi, Tes espoirs sont en fleurs et son crime est en poudre… Puis éclair déchirant du réveil, où la foudre Te frappe de nouveau pour la première fois. Coule, embaume, défile aux tambours ou sois belle! Schumann, ô confident des âmes et des fleurs, Entre tes quais joyeux fleuve saint des douleurs, Jardin pensif, affectueux, frais et fidéle, Où se baisent les lys, la lune et l’hirondelle, Armée en marche, enfant qui rêve, femme en pleurs!

    en cours de vérification

    M

    Marie-Claire Bancquart

    @marieClaireBancquart

    Patrie blanche La mort toujours avec sa trace devant nous parmi les arches modernes et les voitures. D'un battement en avance vers l'horizon. D'une déchirure de nuage. Le soir une douceur se mêle au monde. Quand le moment sera presque trop tard et cependant tout plein de notre vie passée quand nous serons au bord de nous et que la terre sera fruit prêt à se détacher la mort se tournera vers nous avec le vrai visage d'Eurydice Elle nous rejoindra. Nous foulerons ensemble notre patrie totale et blanche.

    en cours de vérification

    M

    Maëlle Ranoux

    @maelleRanoux

    Entrer dans son alignement Elle vrombit La vie Par ici, par de-là les silences disparus. Elle me vibre, Et je la touche. Foule théâtrale, Au pas qui sonne, Cortège sans fin, D’audaces qui se donnent. C’est ici loin, Où la terre a disparue. Vie de bitume. C’est ici loin En ma patrie anéantie Que je m’engage. Que je dégage, Que je pétrie, Ma force certaine. Ici, Je pose et défais Filins et bagages. Ici, Le jour défait les lassitudes, Ici, Mon géant se relève, se redresse, s’adresse au monde sourd, C’est ici que je deviens ! Ici me pose, ici m’apaise, ici m’étreint, ici m’appelle, Ici je porte mon chagrin, ici je transporte mon bel espoir. *

    en cours de vérification

    M

    Michel Helbronner

    @michelHelbronner

    France - Canada Dans le sentier des ans, nous pouvons revenir. Côte à côte et bercés par la gloire qui trace Les exploits valeureux de cette noble race. Qu'un océan sépare et ne peut désunir. De notre terre, ô France ! où vit ton souvenir, Plus aimé chaque jour, plus profond dans sa trace. Nous écoutons, émus, le flot... Ce flot embrasse. Dans un même baiser, nos rives, sans finir. Tout nous parle d'antan ! Et l'érable sauvage. Emblème de tes fils, sur ce lointain rivage. Pour Toi module encore un hymne caressant. Dans une ardente foi, par le temps non flétrie, Un seul immense amour fait battre notre sang Car nos âmes sont sœurs et n'ont qu'une patrie.

    en cours de vérification

    N

    Nashmia Noormohamed

    @nashmiaNoormohamed

    Morceaux choisis Diop a écrit, Afrique mon Afrique, Et il a décrit, Celle qu’il a aimée. Moi, je me souscris, Au continent Afrique, Qui m’a nourrie, Et de son sel (et de son eau), j’ai avalé. Continent nègre, Négresse du monde, Ma gratitude est maigre, Et mon ivresse gronde. Ma mémoire se souvient, inique, Tu m’enchantes et je m’écrie, Afrique mon Afrique, Diop a écrit.

    en cours de vérification

    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    Au roy Grand roy, c’est vainement qu’abjurant la satire, Pour toy seul desormais j’avois fait voeu d’écrire. Dès que je prens la plume, Apollon éperdu Semble me dire: arreste, insensé, que fais-tu? Sçais-tu dans quels perils aujourd’ huy tu t’ engages? Cette mer où tu cours est celebre en naufrages. Ce n’ est pas qu’ aisément, comme un autre, à ton char Je ne pûsse attacher Alexandre et César; Qu’aisément je ne pûsse en quelque ode insipide, T’exalter aux dépens et de Mars et d’ Alcide: Te livrer le bosphore, et d’ un vers incivil Proposer au sultan de te ceder le Nil. Mais pour te bien loüer, une raison severe Me dit, qu’ il faut sortir de la route vulgaire: Qu’ après avoir joüé tant d’ auteurs differens, Phébus mesme auroit peur, s’ il entroit sur les rangs; Que par des vers tout neufs, avoüez du Parnasse, Il faut de mes dégousts justifier l’ audace; Et, si ma muse enfin n’ est égale à mon roi, Que je preste aux cotins des armes contre moi. Est-ce là cet auteur, l’effroy de la pucelle; Qui devoit des bons vers nous tracer le modèle; Ce censeur, diront-ils, qui nous reformoit tous? Quoi? Ce critique affreux n’en sçait pas plus que nous. N’ avons-nous pas cent fois, en faveur de la France, Comme lui, dans nos vers, pris Memphis et Byzance; Sur les bords de l’Euphrate abbattu le turban, Et coupé, pour rimer, les cedres du Liban? De quel front aujourd’ hui vient-il sur nos brisées, Se revestir encor de nos phrases usées? Que repondrois-je alors? Honteux et rebuté, J’ aurois beau me complaire en ma propre beauté, Et de mes tristes vers admirateur unique, Plaindre en les relisant l’ignorance publique. Quelque orgeuil en secret dont s’aveugle un auteur, Il est fâcheux, grand roi, de se voir sans lecteur; Et d’aller du recit de ta gloire immortelle, Habiller chez Francoeur le sucre et la canelle. Ainsi, craignant toûjours un funeste accident, J’imite de Conrart le silence prudent: Je laisse aux plus hardis l honneur de la carriere, Et regarde le champ, assis sur la barriere. Malgré moy toutefois, un mouvement secret Vient flatter mon esprit qui se tait à regret. Quoi? Dis-je, tout chagrin, dans ma verve infertile, Des vertus de mon roy spectateur inutile, Faudra-t-il sur sa gloire attendre à m’exercer, Que ma tremblante voix commence à se glacer? Dans un si beau projet, si ma muse rebelle N’ose le suivre aux champs de l’ Isle et de Bruxelle, Sans le chercher aux bords de l’ Escaut et du Rhein, La paix l’offre à mes yeux plus calme et plus serein. Oui, grand roi, laissons là les sieges, les batailles. Qu’un autre aille en rimant renverser des murailles, Et souvent sur tes pas marchant sans ton aveu, S’aille couvrir de sang, de poussiere et de feu. À quoy bon d’ une muse au carnage animée, Échauffer ta valeur, déja trop allumée? Joüissons à loisir du fruit de tes bien-faits, Et ne nous lassons point des douceurs de la paix. Pourquoi ces elephans, ces armes, ce bagage, Et ces vaisseaux tout prests à quitter le rivage? Disoit au roi Phyrrus un sage confident, Conseiller tres sensé d’ un roi tres imprudent. Je vais, lui dit ce prince, à Rome où l’ on m’ ppelle. Quoi faire? -l’ assieger, -l’ entreprise est fort belle, Et digne seulement d’ Alexandre ou de vous; Mais, Rome prise enfin, seigneur, où courons-nous? Du reste des latins la conqueste est facile. Sans doute on les peut vaincre: est-ce tout? -la Sicile De là nous tend les bras, et bien-tost sans effort Syracuse reçoit nos vaisseaux dans son port. Bornés-vous là vos pas? -dès que nous l’ aurons prise, Il ne faut qu’ un bon vent et Carthage est conquise. Les chemins sont ouverts: qui peut nous arrester? -Je vous entens, seigneur, nous allons tout domter. Nous allons traverser les sables de Libye, Asservir en passant l’ égypte, l’ Arabie, Courir delà le Gange en de nouveaux païs, Faire trembler le scythe aux bords du Tanaïs; Et ranger sous nos lois tout ce vaste hemisphere. Mais de retour enfin, que pretendez-vous faire? -Alors, cher Cineas, victorieux, contens, Nous pourons rire à l’ aise, et prendre du bon temps. -Hé, seigneur, dés ce jour, sans sortir de l’ Epire, Du matin jusqu’ au soir qui vous défend de rire? Le conseil estoit sage et facile à gouster. Pyrrhus vivoit heureux, s’ il eust pû l’ écouter: Mais à l’ ambition d’ opposer la prudence, C’ est aux prelats de cour prescher la residence. Ce n’ est pas que mon coeur, du travail ennemi, Approuve un faineant sur le thrône endormi. Mais quelques vains lauriers que promette la guerre, On peut estre heros sans ravager la terre. Il est plus d’ une gloire. Envain aux conquerans L’ erreur parmi les rois donne les premiers rangs. Entre les grands heros ce sont les plus vulgaires. Chaque siecle est fecond en heureux temeraires. Chaque climat produit des favoris de Mars. La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Césars. On a veu mille fois des fanges moestides Sortir des conquerans, goths, vandales, gepides. Mais un roi vraiment roi, qui sage en ses projets, Sçache en un calme heureux maintenir ses sujets; Qui du bonheur public ayt cimenté sa gloire, Il faut, pour le trouver, courir toute l’ histoire. La terre conte peu de ces rois bien-faisans. Le ciel à les former se prépare long-temps. Tel fut cet empereur, sous qui Rome adorée Vit renaistre les jours de Saturne et de Rhée: Qui rendit de son joug l’ univers amoureux: Qu’ on n’ alla jamais voir sans revenir heureux: Qui soûpirait le soir, si sa main fortunée N’ avoit par ses bienfaits signalé la journée. Le cours ne fut pas long d’ un empire si doux. Mais, où cherchay-je ailleurs ce qu’ on trouve chez nous? Grand roi, sans recourir aux histoires antiques, Ne t’ avons-nous pas vû dans les plaines belgiques, Quand l’ ennemi vaincu desertant ses remparts, Au-devant de ton joug couroit de toutes parts, Toi-mesme te borner au fort de ta victoire, Et chercher dans la paix une plus juste gloire? Ce sont là les exploits que tu dois avoüer; Et c’ est par là, grand roi, que je te veux loüer. Assez d’ autres, sans moy, d’ un stile moins timide, Suivront aux champs de Mars ton courage rapide; Iront de ta valeur effrayer l’ univers, Et camper devant Dôle au milieu des hyvers. Pour moy, loin des combats, sur un ton moins terrible, Je diray les exploits de ton regne paisible. Je peindray les plaisirs en foule renaissans: Les oppresseurs du peuple à leur tour gemissans. On verra par quels soins ta sage prévoyance Au fort de la famine entretint l’ abondance. On verra les abus par ta main reformez, La licence et l’ orgueil en tous lieux reprimez, Du débris des traitans ton épargne grossie; Des subsides affreux la rigueur adoucie, Le soldat dans la paix sage et laborieux, Nos artisans grossiers rendus industrieux; Et nos voisins frustrez de ces tributs serviles, Que payoit à leur art le luxe de nos villes. Tantost je traceray tes pompeux bâtimens, Du loisir d’ un heros nobles amusemens. J’ entens déjà frémir les deux mers étonnées De voir leurs flots unis au pié des Pyrenées. Déja de tous costez la chicane aux abois S’ enfuit au seul aspect de tes nouvelles lois. Ô que ta main par là va sauver de pupilles! Que de sçavans plaideurs desormais inutiles! Qui ne sent point l’ effet de tes soins genereux? L’ univers sous ton regne a-t-il des malheureux? Est-il quelque vertu dans les glaces de l’ ourse, Ni dans ces lieux brûlez où le jour prend sa source, Dont la triste indigence ose encore approcher, Et qu’ en foule tes dons d’ abord n’ aillent chercher? C’ est par toy qu’ on va voir les muses enrichies, De leur longue disette à jamais affranchies. Grand roi, poursuy toûjours, asseure leur repos. Sans elles un heros n’ est pas long-temps heros. Bien-tost, quoy qu’ il ayt fait, la mort d’ une ombre noire, Enveloppe avec lui son nom et son histoire. Envain pour s’ exemter de l’ oubli du cercueil, Achille mit vingt fois tout Ilion en deuil. Envain malgré les vents aux bords de l’ Hesperie Enée enfin porta ses dieux et sa patrie. Sans le secours des vers, leurs noms tant publiez Seroient depuis mille ans avec eux oubliez. Non à quelques hauts faits que ton destin t’ appelle, Sans le secours soigneux d’ une muse fidelle, Pour t’ immortaliser tu fais de vains efforts. Apollon te la doit: ouvre luy tes tresors. En poëtes fameux rens nos climats fertiles. Un auguste aisément peut faire des virgiles. Que d’ illustres témoins de ta vaste bonté Vont pour toy déposer à la posterité! Pour moy, qui sur ton nom déja brûlant d’ écrire Sens au bout de ma plume expirer la satire, Je n’ ose de mes vers vanter ici le prix. Toutefois, si quelqu’ un de mes foibles écrits Des ans injurieux peut éviter l’ outrage, Peut-estre pour ta gloire aura-t-il son usage: Et comme tes exploits étonnant les lecteurs, Seront à peine creus sur la foy des auteurs; Si quelque esprit malin les veut traiter de fables, On dira quelque jour, pour les rendre croyables Boileau qui dans ses vers pleins de sincerité Jadis à tout son siecle a dit la verité; Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire, A pourtant de ce roy parlé comme l’ histoire. (Epître I)

    en cours de vérification

    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    Odesur un bruit qui courut en 1656 Ode Sur Un Bruit Qui Courut, En 1656, Que Cromwell Et Les Anglais Allaient Faire La Guerre A La France. Quoi! ce peuple aveugle en son crime, Qui, prenant son roi pour victime, Fit du trône un théâtre affreux, Pense-t-il que le ciel, complice D’un si funeste sacrifice, N’a pour lui ni foudres ni feux? Déjà sa flotte à pleines voiles, Malgré les vents et les étoiles, Veut maîtriser tout l’univers, Et croit que l’Europe étonnée A son audace forcenée Va céder l’empire des mers. Arme-toi, France; prends la foudre. C’est à toi de réduire en poudre Ces sanglants ennemis des lois. Suis la victoire qui t’appelle, Et va sur ce peuple rebelle Venger la querelle des rois. Jadis on vit ces parricides, Aidés de nos soldats perfides, Chez nous, au comble de l’orgueil, (1) Briser tes plus fortes murailles; Et par le gain de vingt batailles, Mettre tous tes peuples en deuil. Mais bientôt le ciel en colère, Par la main d’une humble bergère, (2) Renversant tous leurs bataillons, Borna leurs succès et nos peines: Et leurs corps pourris, dans nos plaines, N’ont fait qu’engraisser nos sillons. (3) (1) Pendant le règne de l’infortuné Charles VI. (2) Jeanne d’Arc. (3) Je n’avais que dix-huit ans quand je fit cette ode; mais je l’ai raccommodée. Boileau.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    France Oui, mon pays est encor France : La fougue, la verve, l’accent, L’âme, l’esprit, le coeur, le sang, Tout nous en donne l’assurance : La France reste toujours France. Aujourd’hui, tout comme naguères, Ne sommes-nous pas, trait pour trait, Le vrai profil, le vif portrait Du Normand, père de nos pères ? Français, vous êtes nos grands frères. Il est toujours vert et vivace, Le rameau du vieil arbre franc ; De sève chaude exubérant, Superbe et fort comme la race, Il est toujours vert et vivace. Vienne la magnifique aurore Des fêtes d’hiver, Montréal, Narguant l’âpre vent boréal, Pour la danse revêt encore Son domino multicolore. Pittoresque palais féerique, Sur tes murs de glace et de feu, Le drapeau rouge, blanc et bleu Arbore au soleil d’Amérique La chaude gaîté d’Armorique. Avec la fusée écarlate, Qui crépite et crible d’éclairs Le cristal de tes dômes clairs, Dans l’air qu’elle échauffe et dilate L’allégresse de France éclate. Mais au lointain si notre oreille Entend le clairon du combat, C’est alors que le coeur nous bat, C’est alors que le sang s’éveille, Au son qui frappe notre oreille. Sonnez, chantez, clairons sonores ! Allons, étendards, en avant ! Dans le feu, l’éclair et le vent, Déployez vos plis tricolores ! Sonnez, chantez, clairons sonores ! L’envahissement est immense. – Pour chasser ces grands reîtres roux, Que ne sommes-nous avec vous, Jeunes soldats de la défense ! Oh ! notre douleur est immense. France, ô maternelle patrie, Nos coeurs, qui ne font qu’un pour toi, Encore palpitants d’émoi, Saignent des coups qui t’ont meurtrie, France, ô maternelle patrie ! Ici comme là-bas on pleure. Dévorant le sanglant affront, Baissant les yeux, courbant le front, Silencieux, on attend l’heure. Ici comme là-bas on pleure. Quand finira l’horrible transe ? Oh ! quand de Versaille à Strasbourg, Cloche, canon, clairon, tambour Proclameront la délivrance De la grande terre de France ?

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    La bonne France Doulce France, France jolie, France d’amour et d’idéal, Qui, dans ton épique folie, As fait tant de bien pour le mal. Tant de fois tu fus déchirée Par les crocs sanglants du vainqueur ; Mais ce qu’ils n’ont pas altéré, C’est la jeunesse de ton Cœur ; C’est l’éternelle joliesse De celle qu’un rien attendrit, Et qui, de peine ou de liesse, En larmes douces, pleure ou rit ; C’est, dans toute sombre ambiance, Quand l’horizon semble d’airain, Cette enfantine confiance, Dont l’azur est toujours serein. France dont le cœur surabonde De gentillesse et de pitié, Rien ne résiste, dans le monde, Au charme de ton amitié ! Il suffit qu’une voix te nomme Et s’élève pour t’acclamer, Pour que tout noble et fier cœur d’homme S’émeuve et se prenne à t’aimer. Oh ! c’est que ton front reste encore Toujours rayonnant, haut et clair, Comme le front d’or de l’aurore Dans le ciel limpide de l’air.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    La petite Canadienne Elle est bonne, franche, et telle Que l’amoureux de chez nous Ne courtise et n’aime qu’elle. Et, de vrai, c’est la plus belle, Avec ses Jolis yeux doux. Beauté d’idylle naïve, Elle a l’air, le teint vermeil, De cette prime fleur vive, Qui, malgré le gel, hâtive, Fleurit sous un froid soleil. Hormis cette grâce fine, Charmes purs, charmes frais, Joliesse féminine Que la nature dessine, Je lui sais plus rares traits. Compatriote chérie, Où je te vois et t’entends, Où tu ris, c’est la patrie, Revivante, refleurie, Dans un rayon de printemps. Ton sourire nous enivre ; Ta vaillance est notre espoir ; Le divin bonheur de vivre, Nous le trouvons à te suivre Par le chemin du devoir. La Saint-Jean-Baptiste appelle La nationalité. Viens, ma chère, fais-toi belle ; Dans la fête solennelle, Viens marcher à mon côté. Viens !… et mets, pour qu’on le dise, Cocarde parlante, autour De ton chapeau de payse, La feuille qui symbolise Le patriotique amour ! Première entre les premières, Prends ta place dans nos rangs. Fière au-dessus des plus fières, Française, de nos bannières, Ferme et haut, tiens les rubans ! Salut, princesse lointaine, Seigneuresse des vieux lys ! Haute dame souveraine De cette claire fontaine Qu’ombragent les bois jolis ! Les fils n’aiment plus la terre ; Ô patronne, enseigne-leur Le patriotisme austère, Le bon travail salutaire, Qui rend solide et meilleur. Grande chrétienne, humble sainte, Qui, forte divinement, Monte au calvaire, et, sans plainte, Souffre et meurt, ivre d’absinthe, Sur ta croix du dévouement ! Oh ! quelle gloire est la tienne ! Tu représentes, pour moi, La pure race ancienne. Petite Canadienne, La France, en nos coeurs, c’est toi.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Le ber La campagne, comme autrefois, Avec le bahut, et le coffre, Et l’armoire à vitrail, nous offre Le ber à quenouilles de bois. Dans le coeur d’un merisier rouge, L’aïeul a taillé les morceaux ; Et la courbe des longs berceaux Illustre la naïve gouge. Que la mère y couche un garçon, Ou qu’une mioche y respire, L’orgueil n’y voit que le sourire Et la vigueur du nourrisson. Sur la paille de ce lit fruste, Les marmots auront un sommeil Qui, tels l’air pur et le soleil, Rend plus beau, plus frais, plus robuste. Aux angles du salon fermé, Le mobilier poudreux se fane, Mais dans l’alcôve paysanne, Le ber ancien n’a pas chômé. Ce qu’il berce avec tant de joie, Berce et berce, bon an, mal an, Dans son bâti tout brimbalant, C’est l’être que le ciel envoie. C’est l’enfant de l’humble maison, Nourri par la terre féconde Où toute bonne graine abonde, Et tout fructifie à foison. Près du lit funèbre où l’ancêtre, Le Christ aux doigts, fut exposé, Au coeur du dernier baptisé, Le vieux coeur français va renaître. Et le toit natal, chaque jour, Bénit la race triomphante Dont la suite immortelle enfante La vertu, la force, l’amour.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Le dernier gîte Je te reviens, ô paroisse natale. Patrie intime où mon coeur est resté ; Avant d’entrer dans la nuit glaciale, Je viens frapper à ton seuil enchanté. Pays d’amour, en vain j’ai fait la route Pour saluer encore ton ciel bleu, Mon oeil se mouille et ma chair tremble toute, Je viens te dire un éternel adieu. Oh ! couchez-moi dans la tombe bénite, Dans un recoin discret du vieil enclos. Ici, je viens chercher mon dernier gîte, Je viens ici chercher calme et repos. Ô terre sainte ! ouvre-moi ton asile, Près des miens, jusqu’au jour du grand réveil, Je dormirai comme en un lit tranquille, Mon dernier rêve et mon dernier sommeil.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Le vieux parler Si je le parle, à coeur de jour, Au pays, avec les miens, comme Au grand siècle tout gentilhomme Le parlait aux abbés de cour, C’est… Ains seulement par amour. Ce français vieillot qu’on dédaigne, Il est natif d’un haut Poitou Et d’un lointain Paris itou. Ces termes, que le chaume enseigne, Ce sont des termes de Montaigne. Le mot local, très clair, s’entend ; Du puriste il choque l’oreille ; Malgré tout, comme il s’appareille, Et comme il s’accorde pourtant Avec la parlure d’antan. L’habitant, dit-on, baragouine. L’habitant patoise ? C’est faux. Il remet au jour des joyaux Qu’incrustent souvent la patine Et l’illustre rouille latine. Oyez le parler du hameau : Il coule comme aux goutterelles Coulent les sèves naturelles ; Il coule aux lèvres comme l’eau Des érables au renouveau. Mais que l’émoi d’un coeur l’anime, Ce vieux français, c’est tout chez nous ; Sous ses aspects âpres et doux, Ce langage simple et sublime, C’est toute la patrie intime. Si le papier le souffre ici, Oh ! c’est rapport à la victoire Des patriotes de l’histoire ! Si je le parle encore ainsi, À Dieu, grand’grâce et grand merci ! Durant trois siècles d’affilée, La première langue du sol A lutté sans peur et sans dol. Malgré rafale et giboulée, L’honneur et le droit l’ont parlée. Le verbe du clocher natal A gardé toute sa puissance, Et le vieil esprit de la France Poursuit l’ancien chemin royal Vers les grands fonds de l’idéal.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Les lys La terre, qui les fait survivre, s’est fleurie De ces grands lys de neige, au cœur tout rutilant, Dont la fleur fait songer à la fleur d’armoirie, Qui fleurdelisait d’or l’azur du drapeau blanc. Les tiges en poussant semblent s’être tendues, Comme en un même jet de sève et de fierté, Et, vers le ciel, vers Dieu, montent à fleurs perdues, Et nulle floraison n’égale leur beauté. On les verra toujours monter en telle gloire, Comme pour protester et redire à jamais, Aux siècles du soleil, aux siècles de l’histoire, Que le sol qui les porte est encore français.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    L’érable L’érable au torse dur et fort, Ébrèche le fer qui l’assaille, Et, malgré mainte et mainte entaille, Résiste aux plus grands coups du Nord. L’hiver, dont le cours s’éternise, De givre et de neige a tissé Le linceul de l’arbre glacé. L’érable est mort ! hurle la bise. L’érable est mort ! clame au soleil Le chêne orgueilleux qui s’élance. L’érable prépare en silence Le triomphe de son réveil. Sous le velours âpre des mousses La blessure ancienne a guéri, Et la sève d’un tronc meurtri Éclate en glorieuses pousses. Des profondeurs d’un riche fond, L’arbre pousse ; il semble qu’il veuille Magnifier, de feuille en feuille, Le miracle d’un coeur fécond. Il n’a fallu qu’une heure chaude Pour que soudain, l’on vît fleurir, Sur les bourgeons, lents à s’ouvrir, La pourpre, l’or et l’émeraude. L’érable vit ! chante en son vol Tout le choeur des forêts en fête : L’érable, de la souche au faîte Frémit au chant du rossignol. Contre la bise et l’avalanche, Le roi majestueux des bois A pris, et reprendra cent fois, Sa victorieuse revanche. L’érable symbolise bien La surnaturelle endurance De cette âpre race de France Qui pousse en plein sol canadien : Robuste et féconde nourrice Dont le flanc, tant de fois blessé, Des rudes coups d’un fier passé Porte l’illustre cicatrice.

    en cours de vérification

    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Ma France Français je suis, je m’en vante, Et très haut, très clair, très fort, Je le redis et le chante. Oui, je suis Français d’abord. Mais, n’ayez soupçon ni doute, Pour le loyal que je suis, La France, où mon âme est toute, Ma France, c’est mon pays. Ma France, l’intime France, C’est mon foyer, mon berceau, C’est le lieu de ma naissance, Dans ce qu’il a de plus beau ; C’est la terre où s’enracine L’érable national, C’est le ciel où se dessine La croix du clocher natal. La douce image de l’autre Tremble encore dans nos yeux. Laquelle aimé-je ? La nôtre ? Je les aime toutes deux ! Indivisibles patries, Ces deux Frances, pour toujours, De tout notre coeur chéries, Ne font qu’une en nos amours. Qu’un lâche à sa race mente ; Moi, je suis Français d’abord. Je le dis et je le chante Très haut, très clair, et très fort. Mais, n’ayez soupçon ni doute, Pour le loyal que je suis, La France où mon âme est toute, Ma France, c’est mon pays.

    en cours de vérification