L’automne De boue le chemin est devenu.
Les arbres encore vivement vêtus.
La pluie récente parfume l’air.
Un million de feuilles se couchent par terre.
A la descente de la brume,
le bois secret s’allume.
L’enchantement est divin,
le temps n’a plus de fin.
Errer dans le bois,
voler du passé,
ramasser du thym
gentiment faire du thé.
Rarement le silence reste
dans ce ruisseau fascinant.
Caresser tout le savoir
dans les bras de maintenant.
il y a 10 mois
C
Chloe Douglas
@chloeDouglas
L’étoile Je revois l’étoile,
et je vois.
Je vois la mer se reposer
dans le reflet de la lune.
Tout le monde peut voir.
Tout le monde peut voir
l’immense joie de la nuit.
Un miroir si calme
d’un visage qui brille,
tranquillement.
Tout le monde peut boire
La boisson si douce et amère.
L’immense joie de la nuit.
Et je vois si clair,
Comme si ce fut… le jour
La nuit étincelle.
Tout le monde enchanté.
Tout ce monde enchanté…
La joie est si calme à la fin de la nuit.
Et je vois si clair,
Comme si ce fut le jour.
il y a 10 mois
C
Chloe Douglas
@chloeDouglas
Mon ami La lune s’enfuit dans la lutte,
entre la nuit et l’aurore.
L’argent de la toile d’araignée
étincelle dans la brume.
Mon ami, mon ami, mon ami,
Je t’appelle mon ami.
La rosée dans la vallée,
Les violettes sur la colline,
Les ruisseaux coulent de la montagne,
dans le matin de ma vie.
Mon ami, mon ami, mon ami,
Je t’appelle mon ami.
Les chevaux sont dans la prairie,
mangeant de l’herbe douce.
Les oiseaux chantent dans la fôret,
Sauf le rossignol endormi.
Mon ami, mon ami, mon ami,
Tu es revenu mon amour.
il y a 10 mois
C
Christian Mégrelis
@christianMegrelis
Glaciers Glaciers des temps anciens qui veillez sur les plaines
Verdissants déversoirs à l’aurore des beaux jours
Sentinelles immobiles et qui donnèrent toujours
Au torrent bouillonnant sa glaciale haleine
Glaciers des temps anciens, vos histoires sont pleines
De victoires ! Des hommes à jamais l’inutile séjour
Vous avez châtié les rêveurs d’alentour
Qui voulaient violer vos blancheurs hautaines.
Mais les temps ont passé et l’espèce tyran
Après avoir conquis la terre et l’outre-ciel
A parsemé l’espace de poisons en surplus.
Et vous pleurez glaciers, et vos larmes en torrents
Gardent la fierté des neiges éternelles
Qui bientôt ne seront plus.
il y a 10 mois
C
Christiane Durussel
@christianeDurussel
Finalité Dans ses eaux solitaires, la mer ne chante plus
Depuis qu'un oiseau noir s'est couché sur son coeur
L'appel de ses sirènes est resté sans écho
Les égouts de la terre lui ont fermé la bouche.
La forêt se dénude et les arbres se meurent
Sous la hache, sans un cri,ils se sont effondrés
Leur sève se répand au lit de leur feuillage
Dépouillés, sans abri, seuls les oiseaux les pleurent.
Quand l'homme aura atteint son funeste dessein
En faisant de la terre un amas d'immondices
Son dernier grand chef-d'oeuvre, son ultime dessin,
S'achèvera sur toile aux tons d'apocalypse.
il y a 10 mois
C
Christine Larrieu
@christineLarrieu
Berceuse Laisse moi te conter le chant de la rivière,
Sous la douce lueur de clairs reflets d’argent,
Te dire la senteur des grands glaïeuls ardents,
Et la tendre fraîcheur de ton lit de lumière.
Te raconter qu’autour la nature s’agite,
L’oiseau mélancolique chantant son désespoir,
Que la lune bientôt viendra au ciel inscrire
Son disque, miroir profond, qui plus tard pâlira.
Te dire mon doux rêve d’un long sommeil sans fin,
Dans ce tout Petit Val sous ces rayons divins,
Bercée par la beauté de ton pâle sourire,
Et sentir dans la nuit les grands roseaux frémir.
Puis délicatement sur ton corps endormi
– Afin de protéger ta jeunesse qui s’en va
Et ne plus affronter ô cruelle infamie,
Ces deux trous rouge sang sur ton corps côté droit,
Telle brume du soir lorsque l’astre descend,
Jaunissant vivement l’onde dans le couchant –
Laisse moi doucement laisse moi tendrement,
Déposer un suave et léger voile blanc.
il y a 10 mois
C
Christine Larrieu
@christineLarrieu
Chant Si j’étais cet Oiseau…
Celui de mon enfance,
Qui survolait, si beau,
Nos têtes innocentes.
Je serais Rossignol,
Au lent battement d’ailes,
Qui, le soir, nos espoirs
Dans l’arbre chantera.
Je volerais, Colombe,
Au dessus de ce monde,
Où la sombre misère
A les yeux d’une mère.
J’affronterais, sans défense,
Les océans immenses,
Me souvenant de Toi (1)
Le cœur rempli d’émoi.
Je survolerais, serein,
Tous ces monts, ces ravins,
Sans craindre vos filets,
Ô hommes aveuglés !
J’écouterais, ou non,
Le son de vos canons,
Écho assourdissant,
De voleurs d’existences.
Au dessus des déserts,
Par les zéphyrs, porté,
Je me rafraîchirais
Aux ombres crépusculaires.
Et puis, je reviendrais,
Ô doux cœur transporté,
Par un calme matin,
M’endormir dans ta main.
il y a 10 mois
C
Christophe Bregaint
@christopheBregaint
Chrysanthèmes Sous la mitraille
Chemin tortueux
Dans la grisaille
Pas hasardeux.
Des cicatrices
Larmes de sang
Dans l’interstice
Un être absent.
La mort qui guette
Dans le ciel noir
En fine esthète
Le non-espoir.
Des cris déchirent
La nuit, la vie
La peau transpire
Tout se détruit.
Des chrysanthèmes
Rêves réels
Vie post-mortem
Formes sensuelles.
il y a 10 mois
C
Claude Luezior
@claudeLuezior
Canicule Plus loin, dans la pénombre
des bavardages enfiévrés
toutes eaux perdues
une grenouille radote sa prière
une pie, deux fées translucides
s’inclinent avec cérémonie
aux galets d’un purgatoire
où gisent des soleils calcinés
déjà s’inscrivent sur des feuilles
les mémoires d’une canicule
et pleurent sans larmes
des saules à l’abandon
en cohortes basculent des présages
au seuil de puits asséchés
sous des murailles incandescentes
se consument les broussailles
une torchère traîne au Golgotha
des lambeaux d’horizon
autodafé où se bousculent
siroccos et brasiers indécis
en vain se dilatent des nuages
enceints de grêle et d’éclairs
tandis qu’étincellent en silence
les enluminures des grappes
se gorgent d’alcool et de sucs
des guêpes aux indécentes ripailles
sacristie où l’on prépare
du sang, l’éloquent sacrifice
dans nos chairs, l’été en gésine
paraphe ses ultimes frénésies
il y a 10 mois
Clément Marot
@clementMarot
À Nature Hélas,
Nature, où est la bonne grâce
Dont tu le fis luire par ses effets?
Formé l'avais beau de corps et de face,
Doux en parler, et constant en ses faits.
D'honnêteté était l'un des parfaits,
Car en fuyant les piquants épinettes
D'oisiveté, flûtes et épinettes
Bruire faisait en très douce accordance.
Du luz sonnait motets et chansonnettes.
Danser savait avec et sans sonnettes.
Las, or est-il à sa dernière danse.
il y a 10 mois
C
Cécile Sauvage
@cecileSauvage
Arbres, Montagnes, Champs Neigeux Arbres, montagnes, champs neigeux,
Je vous vois naître
Dans un rayonnement laiteux
A ma fenêtre.
Le jour passera somnolent
Sans autre fête
Que l'averse des flocons blancs
Lente et muette,
Et grave, je m'étonnerai
De quelque livre
Où les jours tièdes et dorés
Aident à vivre.
Tant mes regards s'habitueront
A voir descendre
L'averse molle des flocons
En froide cendre.
il y a 10 mois
C
Cécile Sauvage
@cecileSauvage
Beauté, dans ce vallon Beauté, dans ce vallon étends-toi blanche et nue
Et que ta chevelure alentour répandue
S’allonge sur la mousse en onduleux rameaux ;
Que l’immatérielle et pure voix de l’eau,
Mêlée au bruit léger de la brise qui pleure,
Module doucement ta plainte intérieure.
Une souple lumière à travers les bouleaux
Veloute ta blancheur d’une ombre claire et molle ;
Grêle, un rameau retombe et touche ton épaule
Dans le fin mouvement des arbres où l’oiseau
Voit la lune glisser sous la pâleur de l’eau,
Ô silence et fraîcheur de la verte atmosphère
Qui semble dans son calme envelopper la terre
Et t’endormir au sein d’un limpide univers,
Ô silence et fraîcheur où tes yeux sont ouverts
Pour suivre longuement ta muette pensée
Sur l’eau, dans le feuillage et dans l’ombre bercée.
Immortelle beauté,
Pensée harmonieuse embrassant la nature,
Endors sereinement ton rêve et ton murmure
Au-dessus des clameurs lointaines des cités.
Le monde à ton regard s’efface et se balance
Autour de ces bouleaux pleureurs
Et l’hymne de ton âme infiniment s’élance
Dans l’insaisissable rumeur.
Vallon, pelouse, silence
Où l’ombre vient s’allonger ;
Une pâle lueur danse
Et de son voile léger
Effleure ta forme claire
Sur qui rêvent les rameaux
Et le mouvement de l’eau
Paisible entre les fougères.
il y a 10 mois
C
Cécile Sauvage
@cecileSauvage
Dans l’ombre de ce vallon Dans l’ombre de ce vallon
Pointent les formes légères
Du Rêve. Entre les bourgeons
Et du milieu des fougères
Émergent des fronts songeurs
Dans leurs molles chevelures,
Et des mamelles plus pures
Que le calice des fleurs.
Ô rêve, de cette écorce
Dégage ton souple torse,
Tes deux seins roses et blancs,
Et laisse dans le branchage
Retomber le long feuillage
De tes cheveux indolents.
Ne sors jamais qu’à demi
De cette écorce native
Et reste à jamais captive
De ce silence endormi,
Ô Beauté triste et pensive.
il y a 10 mois
C
Cécile Sauvage
@cecileSauvage
Jusqu’au ciel d’azur gris le pré léger s’élève Jusqu’au ciel d’azur gris le pré léger s’élève
Comme une route fraîche inconnue aux vivants ;
La mouillure de l’herbe et de la jeune sève
Répand dans l’air rêveur son haleine d’argent.
Sur les bords de ce pré le bouleau se balance
Avec le merisier profond dans ses rameaux
Où des moineaux dorés sautillent en silence
Comme aux pures saisons d’un univers nouveau.
Je te pénètre, ô pré que longent des collines
Où la fougère étend son feuillage en réseau.
Et j’écoute parler la voix molle et divine
De la calme nature au milieu des oiseaux.
il y a 10 mois
C
Cécile Sauvage
@cecileSauvage
La corbeille Choisis-moi, dans les joncs tressés de ta corbeille,
Une poire d’automne ayant un goût d’abeille,
Et dont le flanc doré, creusé jusqu’à moitié,
Offre une voûte blanche et d’un grain régulier.
Choisis-moi le raisin qu’une poussière voile
Et qui semble un insecte enroulé dans sa toile.
Garde-toi d’oublier le cassis desséché,
La pêche qui balance un velours ébréché
Et cette prune bleue allongeant sous l’ombrage
Son oeil d’âne troublé par la brume de l’âge.
Jette, si tu m’en crois, ces ramures de buis
Et ces feuilles de chou, mais laisse sur tes fruits
S’entre-croiser la mauve et les pieds d’alouette
Qu’un liseron retient dans son fil de clochettes.
il y a 10 mois
C
Cécile Sauvage
@cecileSauvage
La maison sur la montagne Notre maison est seule au creux de la montagne
Où le chant d’une source appelle des roseaux,
Où le bout de jardin plein de légumes gagne
La roche qui nous tient dans son âpre berceau.
Septembre laisse choir sur les molles argiles
La pomme abandonnée aux pourceaux grassouillets.
Nous avons dû poser des cailloux sur les tuiles ;
Car la bise souvent s’aiguise aux peupliers,
Le volet bat la nuit, le crochet de la porte
Danse dans son anneau. Nous avons peur et froid.
La mare des moutons réveille son eau morte
Et soudain un caillou branlant tombe du toit.
J’aime, sous mon poirier rongé de moisissures,
Des champignons serrés voir surgir le hameau,
Un petit dahlia me plaît par ses gaufrures,
Mes brebis ont le nez et les yeux du chameau.
Notre univers s’étend au gré de notre rêve,
Le silence est mouillé par la voix du torrent,
La lune de rondeur sort quand elle se lève
D’un nid de thym perché sur les monts déclinants.
Assise dans le jour de la porte qui pose
Son reflet sur la cruche verte et le chaudron,
Pour la pomme de terre au ventre dur et rose
Je couds des sacs. Je vois blondir le potiron.
Les pruneaux violets se rident sur leurs claies,
La salade du soir est dans le seau de bois
Et des corbeaux goulus qui frôlent les futaies
Font en se querellant tomber de vieilles noix.
C’est le temps où la feuille aux ramures déborde,
La montagne nourrit des herbes de senteur,
Notre chèvre s’ennuie et tire sur sa corde
Pour atteindre aux lavandes fines des hauteurs.
Le maître près d’ici laboure un champ de pierres ;
Je vais pour son retour tremper le pain durci,
Préparer à sa faim une assiette fruitière
Et le verre où le vin palpite et s’assoupit.
Nous nous plaisons de vivre à côté de l’espace ;
Un vol d’abeilles tourne avec des cris de fleurs,
La neige qui l’été reste dans les crevasses
Semble se détacher des nuages bougeurs.
Des guêpes au long corps tettent les sorbes mûres,
La maison qui se hâle a des mousses au dos,
La cloche des béliers sonne nos heures pures.
Pour nous chauffer, sitôt que la lune a l’oeil clos,
Le soleil comme un boeuf fume dans l’aube nue ;
Car sur nos pics le ciel de lin tiède est tendu
Et notre front obscur est touché par la nue
Lorsqu’elle vient dormir dans les chênes tordus.
il y a 10 mois
C
Cécile Sauvage
@cecileSauvage
Le jour Levons-nous, le jour bleu colle son front aux vitres,
La note du coucou réveille le printemps,
Les rameaux folichons ont des gestes de pitres,
Les cloches de l’aurore agitent leurs battants.
La nuit laisse en fuyant sa pantoufle lunaire
Traîner dans l’air mouillé plein de sommeil encor
Et derrière les monts cachant sa face claire
Le soleil indécis darde trois flèches d’or.
Il monte. Notre ferme en est tout éblouie,
Les volets sont plus verts et le toit plus vermeil,
La crête des sapins dans la brume enfouie
S’avive de clarté. Voilà le plein soleil
Avec son blanc collier de franges barbelées,
Avec ses poudroiements de cristal dans les prés,
Avec ses flots nacrés, ses cascades brûlées,
Ses flûtes, ses oiseaux et ses chemins pourprés.
L’abeille tôt levée, attendant sa venue,
Essayait d’animer les boutons engourdis,
Dérangeait l’ordre neuf de la rose ingénue,
Pressait de toutes parts les lilas interdits.
Dès qu’elle vit au ciel fuser la bonne gerbe,
Son gorgerin blondit, son aile miroita,
Et, tandis que les fleurs se découpaient dans l’herbe,
Sur un lis qui s’ouvrait son ivresse pointa.
Quel massacre badin de vierges cachetées !
La nonnain-violette en conserve un frisson,
Les corbeilles d’argent aux blancheurs dépitées
S’inquiètent du vent rural et sans façon.
Sur l’églantine fraîche aux saveurs paysannes
Voici que les frelons éthiopiens vont choir,
Les bambous en rumeur entre-choquent leurs cannes,
Sur un brin d’amandier sifflote un merle noir.
Levons-nous. Notre chien lappe son écuelle,
Les chevaux affamés piaffent après le foin,
On entend barboter un refrain de vaisselle
Et des appels de coqs s’égosiller au loin.
Déjeunons sur le seuil de tartines miellées,
Dans nos verres en feu le soleil boit sa part,
Les arbres font danser leurs feuilles déroulées
Et teignent leurs bourgeons d’un petit point de fard.
C’est l’heure puérile où la margelle est rose,
Où la jeune campagne éclose au jour nouveau
Dans ses terrains bêchés brille comme une alose,
Où l’araignée étend son lumineux réseau.
C’est l’heure où les lapins se grisent de rosée,
Où l’enfant matinal aux gestes potelés,
Agitant le soleil de sa tête frisée ;
Rit tenant à deux mains un pesant bol de lait.
La montagne se vêt de légères buées
Et semble perdre un peu de son austérité,
Les cyprès accusant leurs grâces fuselées
Dressent des cierges verts sur l’autel de l’été.
Ô rajeunissement du réveil, ô lumière
Qui laves les noirceurs, les fanges, les chagrins,
Qui donnes des splendeurs au bourbier de l’ornière
Et mets une ombre d’or sur nos charniers humains.
il y a 10 mois
C
Cécile Sauvage
@cecileSauvage
L’enchantement lunaire L’enchantement lunaire endormant la vallée
Et le jour s’éloignant sur la mer nivelée
Comme une barque d’or nombreuse d’avirons,
J’ai rassemblé, d’un mot hâtif, mes agneaux ronds,
Mes brebis et mes boucs devenus taciturnes
Et j’ai pris le chemin des chaumières nocturnes.
Que l’instant était doux dans le tranquille soir !
Sur l’eau des rayons bleus étant venus s’asseoir
Paraissaient des sentiers tracés pour une fée
Et parfois se plissaient d’une ablette apeurée.
Le troupeau me suivait, clocheteur et bêlant.
Je tenais dans mes bras un petit agneau blanc
Qui, n’ayant que trois jours, tremblait sur ses pieds roses
Et restait en arrière à s’étonner des choses.
Le silence était plein d’incertaines rumeurs,
Des guêpes agrafaient encor le sein des fleurs,
Le ciel était lilas comme un velours de pêche.
Des paysans rentraient portant au dos leur bêche
D’argent qui miroitait sous un dernier rayon,
Et des paniers d’osier sentant l’herbe et l’oignon.
Les champs vibraient encor du jeu des sauterelles.
Je marchais. L’agneau gras pesait à mes bras frêles.
Je ne sais quel regret me mit les yeux en pleurs
Ni quel émoi me vint de ce coeur sur mon coeur,
Mais soudain j’ai senti que mon âme était seule.
La lune sur les blés roulait sa belle meule ;
Par un même destin leurs jours étant liés,
Mes brebis cheminaient auprès de leurs béliers ;
Les roses défaillant répandaient leur ceinture
Et l’ombre peu à peu devenait plus obscure.
il y a 10 mois
C
Cécile Sauvage
@cecileSauvage
Quelle molle inexistence Quelle molle inexistence
Descend en pâle lueur
De ce bouleau qui balance
Sa ramure de fraîcheur.
Cette fraîcheur endormie
De lumière verte et calme
A la rêveuse harmonie
Et le silence de l’âme.
il y a 10 mois
D
Didier Venturini
@didierVenturini
Jardins d’ouvriers Près de l’ancienne usine
Sur un petit îlot
Des jardins de terre fine
Respirent au fil des eaux
Des hommes les ont tissés
Dans l’oubli du ciment
Sur les bords rapiécés
De ces morceaux de temps
Sous les couleurs des fruits
Dans l’odeur des étés
Ils renonçaient au bruit
Des gros marteaux d’acier
Et le bonheur poussait
De semis en récoltes
Toute cette vie chahutait
A deux pas de nos portes
Les jours s’enracinaient
Dans ce sol retrouvé
Sous l’herbe qui accueillait
La lente fécondité
Au langage des lunes
Ils parlaient d’infini
De silence dans les brumes
Et de vent dans la nuit
Sous ces cieux infusés
De tremblantes illusions
Ils venaient ramasser
Leurs airs de floraisons
Quand la pensée des pierres
Sous leur blason de sel
Mûrissait hors de terre
Une envie de soleil
Et les songes de calcaire
Dans l’aube des mémoires
Interrogaient l’espoir
Des croissances millénaires
Didier Venturini, 1999
il y a 10 mois
D
Didier Venturini
@didierVenturini
Le phare Il a toujours été là
Comme érigé par les vents
Pour qu’il puisse être ce mât
Enchassé dans l’océan
Et même si des carcasses gisent
Comme des monstres de fer crevés
Au pied de ces tempes grises
Faites de sel sur les rochers
Il a l’oeil sur les ressacs
Colosse au squelette de pierre
Combien d’Ulysse loin d’Ithaque
Lui doivent leur retour à terre
Dans les abimes de la nuit
Sur l’incertitude des heures
Quand le soir se sait promis
Aux égarements des douleurs
Quand la colère des flots fume
Et qu’elle déchire les récifs
Que des écharpes de brumes
S’enroulent à son corps massif
Il tend son flanc souverain
Aux torpeurs enivrantes
Affilé par les embruns
Et leurs étreintes conquérantes
Sur l’autel de ses écumes
Dans l’orgie de ses reflux
Quand sous ses quartiers de lune
La peur déroule ses affûts
Il émerge de cette attente
Epuisé par les aguets
Et les craintes de ces tourmentes
Qui menacent de leurs ivraies
Ce n’est que dans les aurores
Qu’il détend son col de nuit
Puis renaît de ses efforts
Et de ces scènes d’agonies
il y a 10 mois
D
Dominique Bernier
@dominiqueBernier
Mésanges d’amour Au détour d’un printemps, dans un silence parfait,
Curieuses et décidées au charme d’une glycine,
Elles espèrent en silence, la nichée engagée
Dans le secret des fleurs complices et voisines,
Pas un souffle de vent ne vient troubler l’audace
D’un passereau précieux, d’un oisillon braillard,
Pas l’ombre d’un sujet n’ose troubler la place
De ces instants fragiles qui accrochent les regards.
Ainsi, nait le doux message de liberté de l’oiseau,
Il anime le précieux envol d’un printemps fragile
Ainsi nait l’espoir d’un été aux accents de tourtereaux
Il traverse les âges dans une valse d’aller retours,
Ou la vie nous guide vers une harmonie perfectible
Et créée un message de bonheur pour une vie d’amour.
il y a 10 mois
E
Edgar Georges
@edgarGeorges
La cage Hamsters, réveillez-vous
la paille vous attend, là-bas
et les regards qui vous fustigent lorsqu’on recherche l’absolu
Une maison, de beaux vêtements, des voyages…
Réveillez-vous et brisez l’algorithme du monstre qui vous écrase !
La marguerite un jour n’aura plus de pétales
Le vent tournera sous ce ciel cristallin
Les bols de jouvence seront bientôt vidés
La foret n’aura plus de secrets, plus de charme
Et sur le chemin de la cage ils diront : « Marchons tout droit vers la liberté ! »
Donnez-moi raison, laissez-moi crier
Pour nous tous
Du haut de la colline
Que la pureté revienne
il y a 10 mois
E
Edgar Georges
@edgarGeorges
Randonneuse Apprendre à descendre vite
la vie est faite de montagnes
de chutes inattendues, de cascades infinies
de paysages verticaux sublimes, de couchers de soleils eternels
Ne jamais s’arrêter
Ne jamais s’arrêter même au creux de la vallée
où le chemin se rétrécit sans cesse
et les sommets s’écroulent, sans fondations
S’essouffler, crier détresse
Je me réveille les jambes lourdes
je fixe l’horizon
je prends ma bouteille d’eau et la jette contre le rocher
je regarde pendant des heures chaque goutte descendre
Je rentre par la forêt
le rêve peut recommencer
sans qu’elle puisse me voir
sans qu’elle puisse me parler
il y a 10 mois
Edmond Rostand
@edmondRostand
Hymne au soleil Je t'adore, Soleil ! ô toi dont la lumière,
Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel,
Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière,
Se divise et demeure entière
Ainsi que l'amour maternel !
Je te chante, et tu peux m'accepter pour ton prêtre,
Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu
Et qui choisis, souvent, quand tu veux disparaître,
L'humble vitre d'une fenêtre
Pour lancer ton dernier adieu !
il y a 10 mois
E
Eleni Cay
@eleniCay
Des larmes sur une pierre humide De la fenêtre, on voyait des arbres,
silencieux et étonnés.
Ils avaient fini par se résigner.
Il y a ce matin-là qui est resté inachevé…
ça ne saigne plus, mais ça fait toujours mal.
Le bras a lâché au niveau de l’épaule,
ne tiendra plus la pierre, ne taillera plus.
Indifférents, on s’enjambe mutuellement.
Plus personne à croire, plus rien ne semble vrai.
Autour tout est vide, jusqu’à s’en étouffer.
Des valeurs ont perdu toutes leurs positions construites au cours des âges,
il ne reste que des pierres d’un escalier, sans démarquer de frontières.
Quand notre journée est courte, plus rien ne compte.
On dirait que tu cherches l’équilibre,
mais chaque pierre est glissante et tu retombes.
La spirale tourne de plus en plus vite
et jusqu’aux étoiles, elle fait monter un homme manquant de plus en plus d’humanité.
Aujourd’hui, il n’y a plus d’escalier, on y amène l’homme par une piste balisée.
Eleni Cay, Frémissements d’un papillon en ère numérique, 2015
il y a 10 mois
E
Eleni Cay
@eleniCay
La maison c’est des mains Les jours tombent, l’un après l’autre,
telles des gouttelettes d’une pluie chaude.
Un vent insolent tourne des pages de ton livre jusqu’à ce que tu oublies tout.
Tout.
Tout ce qui t’était cher et précieux.
Sur une plage, on voit une vague remuer du sable, le lisser.
D’un moment à un autre, la vie te revient en pensée.
Tu ne te souviens de presque rien, c’est tellement effrayant…
Des billes en verre témoignent de tout : comme au tribunal.
Oh, mon Dieu, dis-moi, qu’est-ce qui a été oublié et qu’est-ce qui le sera encore ?
Ne te soucie de rien, tout finira bien.
Il y a des moments rares comme de la nacre des coquillages.
Le temps et l’océan ne rattrapperont plus ces moments,
car trop loin sur la côte, ils s’étaient enfuis.
Ces moments-là avaient l’odeur d’un tabac amer,
et uniques – comme les mains de nos mères,
ils te porteraient, jusqu’aux étoiles.
Eleni Cay, Frémissements d’un papillon en ère numérique, 2015
il y a 10 mois
E
Elodie Santos
@elodieSantos
Comprendre Ecrire un poème c’est
comprendre le jour
comprendre la nuit
comprendre l’amour
Comme une fleur qui s’est fanée
J’ai oublié la belle histoire
qu’on me racontait quand j’étais petite
Une histoire simple
Une histoire bleue
Comme le vent qui s’est mis à souffler
j’ai volé à toute vitesse
Par dessus la prairie
Par dessus la maison
Comme la vie qui ainsi continue
Je continue de croire
Qu’il faut
Comprendre
il y a 10 mois
E
Elodie Santos
@elodieSantos
Le chat sous la fenêtre Le chat sous la fenêtre
soulève sa petite patte
pour pouvoir sortir
et ses yeux grands ouverts
qui cherchent des regards
pour qu’il puisse l’ouvrir
Le chat sous la fenêtre
tapote doucement
avec son coussinet
sur quelques marguerites
qui se reflètent sur la vitre
derrière une ombre bleutée
Le chat sous la fenêtre
observe les oiseaux,
et d’un coup sec
s’envole dans le ciel
pour attraper le papillon
qui a pu s’échapper
La chat sous la fenêtre
d’un coup a disparu
Alors je regarde une corbeille de cerises
posée sur le vieux banc cassé
La petite patte n’est plus là
Le papillon vole un peu plus loin
J’entends le son du beau ruisseau qui coule au pied de ma maison
il n’y a plus qu’un grand rayon de soleil
qui traverse la fenêtre
Et c’est bientôt l’été
il y a 10 mois
E
Elodie Santos
@elodieSantos
Oiseau de printemps Joli Chardonneret tu es sorti de l’ombre
Posé sur la rembarde pour venir me chanter
Une ode à la Nature, au Soleil, au Printemps
Tu es venu me dire que l’Amour est devant
Saute, vrille, vole
Et mange toutes les graines que je t’ai données
Reviens sur mon balcon, recommence ton chant
Qui m’envahit toute entière
Ces matins des beaux jours
Joli Chardonneret je te veux sur ma route
dans ma jolie campagne
au pied de mon balcon