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Vieillesse

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Vieillesse

Poésies de la collection vieillesse

    Jean-Pierre Siméon

    Jean-Pierre Siméon

    @jeanPierreSimeon

    Éloge de la vieillesse J’aime les très vieux assis à la fenêtre qui regardent en souriant le ciel perclus de nuages et la lumière qui boite dans les rues de l’hiver j’aime leur visage aux mille rides qui sont la mémoire de mille vies qui font une vie d’homme j’aime la main très vieille qui caresse en tremblant le front de l’enfant comme l’arbre penché effleure de ses branches la clarté d’une rivière j’aime chez les vieux leur geste fragile et lent qui tient chaque instant de la vie comme une tasse de porcelaine comme nous devrions faire nous aussi à chaque instant avec la vie

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Les merveilleux nuages ouvrant la porte, mon frère t’a trouvé, étendu, les bras en croix à dire vrai, je ne sais plus si mon frère m’a dit ou si tu étais couché sur le côté, attendant qu’on vienne te chercher, Papa ça n’a pas d’importance. Mais c’était toi. Le même. Plus tout à fait, pourtant, Papa Après, je suis allé te voir deux ou trois jours, je ne sais plus, si c’était deux, si c’était trois Papa la suite, je ne m’en souviens pas très bien ça n’a pas d’importance c’était toi. Plus tout à fait le même. Mais toi. (Je me souviens de flammes.) M’en revenant, je me suis arrêté sur les bords de l’étang de Thau l’eau était calme et lisse s’y reflétaient de merveilleux nuages étendus comme toi, bras en croix comme dans le poème les nuages, les merveilleux nuages, Papa

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    J

    Jean-Pierre Villebramar

    @jeanPierreVillebramar

    Rue des écoles « Monsieur mon Passé, laisse-moi passer… » monsieur mon passé je t’écris en lettres minuscules léger dans la lumière du matin tendre comme nous fûmes je te souris, tu es si jeune sages dans les allées du Luxembourg elle-et-lui, il y a toujours des elle-et-lui, au Luxembourg dans la montée rue Sainte Geneviève je t’écris au présent monsieur mon passé au présent, en lettres minuscules viens avec mois, promenons-nous au Luxembourg nous avons tant à partager de souvenirs, et celui-ci, d’une après-midi d’août, dans sa mansarde rue des Écoles

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    La complainte du désespéré Qui prêtera la parole A la douleur qui m'affole? Qui donnera les accents A la plainte qui me guide : Et qui lâchera la bride A la fureur que je sens? Qui baillera double force A mon âme, qui s'efforce De soupirer mes douleurs? Et qui fera sur ma face D'une larmoyante trace Couler deux ruisseaux de pleurs?... Et vous mes vers, dont la course A de sa première source Les sentiers abandonnés, Fuyez à bride avalée. Et la prochaine vallée De votre bruit étonnez. Votre eau, qui fut claire et lente, Ores trouble et violente, Semblable à ma douleur soit, Et plus ne mêlez votre onde A l'or de l'arène blonde, Dont votre fond jaunissoit... Chacune chose décline Au heu de son origine : Et l'an, qui est coutumier De faire mourir et naître, Ce qui fut rien, avant qu'être, Réduit à son rien premier. Mais la tristesse profonde, Qui d'un pied ferme se fonde Au plus secret de mon cœur, Seule immuable demeure, Et contre moi d'heure en heure Acquiert nouvelle vigueur... Quelque part que je me tourne, Le long silence y séjourne Comme en ces temples dévots, Et comme si toutes choses Pêle-mêle étaient r'encloses Dedans leur premier Chaos... Maudite donc la lumière Qui m'éclaira la première, Puisque le ciel rigoureux Assujettit ma naissance A l'indomptable puissance D'un astre si malheureux... Heureuse la créature Qui a fait sa sépulture Dans le ventre maternel ! Heureux celui dont la vie En sortant s'est vue ravie Par un sommeil éternel!... Sus, mon âme, tourne arrière, Et borne ici la carrière De tes ingrates douleurs. Il est temps de faire épreuve, Si après la mort on treuve La fin de tant de malheurs.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Maintenant je pardonne à la douce fureur Maintenant je pardonne à la douce fureur Qui m'a fait consumer le meilleur de mon âge, Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage Que le vain passe-temps d'une si longue erreur. Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur, Puisque seul il endort le souci qui m'outrage, Et puisque seul il fait qu'au milieu de l'orage, Ainsi qu'auparavant, je ne tremble de peur. Si les vers ont été l'abus de ma jeunesse, Les vers seront aussi l'appui de ma vieillesse, S'ils furent ma folie, ils seront ma raison, S'ils furent ma blessure, ils seront mon Achille, S'ils furent mon venin, le scorpion utile Qui sera de mon mal la seule guérison.

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    A ma fille Après le sentier et la poussière nous voici parmi les plantes immobiles dans cette préface à la vallée cernés par un silence parfait « C’est le paradis ici ! » Ce cri de l’innocence me libère des rets de la vieillesse

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Amis Sans se consumer se posent nos mains sur l’épaule du Temps Se lèvent sur son visage le jour les souvenirs essaim de papillons Malgré les rides importunes avec nos rires d’antan pour tout bagage dans la mémoire rebelle l’on voyage Nos voix aussi sont les mêmes L’aridité de l’âge ne les a pas taries Elles coulent toujours dans cette oasis de l’amitié où vieillir est un mirage

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Dans un jardin public Dans l’âtre de mon coeur crépite la joie Sous mes yeux l’avenir s’adonne a ses petits jeux et je sens se ranimer ma carcasse de vieux L’instinct de vivre a pris les traits de ces âmes légères inconscientes du poids du monde Fragiles miroirs de ce que nous fumes sans le savoir ces enfants nous disent quelque chose l’innocence aura toujours raison de l’écume de nos vains combats

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Demain A ma face labourée de rides n’oppose pas ton visage lisse et l’insouciance de tes ans A ma mémoire lasse du poids du langage ne fais pas la grimace de ceux qui habillent de santé la candeur de leurs premières pages A mes mots chancelants donne une chance en étant patiente comme je le fus pour toi A mon souffle court ne compare pas les grands espaces de ta juvénile respiration A mon pas hésitant accorde le tien confiant pour que ton vieux père soit un peu ton enfant

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Parcours De la main lisse à la main fripée une vie s’est écoulée De l’insouciance à la peur de la chasse aux papillons à celle de nos démons intérieurs le piège s’est refermé Dans la nuit de nos erreurs s’élève un cri : personne ne l’entend même si tout est silencieux C’est cela être vieux

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Printemps Enfouie dans sa solitude comme un cri de détresse dans le noir sidéral une chambre dans une maison de retraite Derrière les vitres des yeux regardent la nature renaissante Bourgeon la vieillesse éclôt

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Scénario Tes premiers pas ton premier exploit Des taches d’encre sur tes doigts et tes cahiers Le sapin de Noël et ton regard émerveillé ta joie devant la profusion de jouets Le premier baiser et cette fille à l’âme parfumée sa trahison et la foi en autrui qui part en fumée Les aventures de l’esprit et du corps pour oublier et guérir peut-être Les responsabilités et les premiers cheveux blancs Le cimetière la mort d’un ami ou des parents Le défilé des saisons ce film sans surprise que malgré tout tu te plais à revoir Cette conductrice étrange et ton dernier voyage

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Voyage A Paris mon pas décroît dans le crépuscule de vivre Sous la cruauté d’un ciel gris malgré l’indifférence et l’odyssée souterraine mon corps vieux navire traverse l’année en fendant les flots de l’espérance pour atteindre l’autre rive son soleil ami et baigner l’âme dans le bleu de ses cieux

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    L

    Louis Ménard

    @louisMenard

    Résignation C’est une pauvre vieille, humble, le dos voûté. Autrefois on l’aimait, on s’est tué pour elle. Qui sait ? Peut-être un jour tu seras regretté De celle qui dit non, maintenant qu’elle est belle. Elle aussi vieillira, puis l’ombre universelle La noîra, comme toi, dans son immensité. Il faut que les grands dieux, pour leur oeuvre éternelle, Reprennent le bonheur qu’ils nous avaient prêté. Nous sommes trop petits dans l’ensemble des choses ; La nature mûrit ses blés, fleurit ses roses Et dédaigne nos voeux, nos regrets, nos efforts. Attendons, résignés, la fin des heures lentes ; Les étoiles, là-haut, roulent indifférentes ; Qu’elles versent l’oubli sur nous ; heureux les morts !

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Deux bons vieux coqs Le cabaret qui n'est pas neuf Est bondé des plus vieux ivrognes Dont rouge brique sont les trognes Entre les grands murs sang de bœuf. L'un d'entre eux, chenu comme un œuf, D'une main sur la table cogne, Et, son verre dans l'autre, il grogne : « Aussi vrai que j' suis d' Châteauneuf ! J' reste un bon coq, et l' diab' me rogne ! Je r'prendrais femm' si j' dev'nais veuf. » « Dam ! moi, fait le père Tubeuf, J' suis ben dans mes quatre-vingt-neuf : Et j' m'acquitte encor de ma b'sogne ! »

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    La vieille échelle Gisant à plat dans la pierraille, Veuve à jamais du pied humain, L'échelle, aux tons de parchemin, Pourrit au bas de la muraille. Jadis, beaux gars et belles filles, Poulettes, coqs, chats tigrés Montaient, obliques, ses degrés, La ronce à présent s'y tortille. Mais, une margot sur le puits Se perche... une autre encore ! et puis, Toutes deux quittant la margelle Pour danser sur ses échelons, Leurs petits sauts, tout de son long, Ressuscitent la pauvre échelle.

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    M

    Max Elskamp

    @maxElskamp

    Ici, c’est un vieil homme de cent ans Ici, c’est un vieil homme de cent ans qui dit, selon la chair, Flandre et le sang : souvenez-vous-en, souvenez-vous-en, en ouvrant son coeur de ses doigts tremblants pour montrer à tous sa vie comme un livre, et, dans sa joie comme en des oraisons, tout un genre humain occupé à vivre en ses villes pies d’hommes et d’enfants. Or à tous ici, ses pleurs et ses fêtes, et, suivant le ciel peint à ses couleurs, voici sa maison, ses fruits et ses fleurs, en ses horizons d’hommes et de bêtes : et lors ses heures d’hiver et printemps venues en musique ainsi qu’en prières, sous des Christs en croix, des saints, des calvaires, puis sa foi aussi bonne en tous les temps, pour la paix de sa vie trop à l’attache, dans les jours, les mois, des quatre saisons, et le réconfort de ses mains qui tâchent ici de leur mieux et très simplement.

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    Nicolas Boileau

    Nicolas Boileau

    @nicolasBoileau

    Le bûcheron et la mort Le dos chargé de bois, et le corps tout en eau, Un pauvre bûcheron, dans l’extrême vieillesse, Marchait en haletant de peine et de détresse. Enfin, las de souffrir, jetant là son fardeau, Plutôt que de s’en voir accablé de nouveau, II souhaite la Mort, et cent fois il l’appelle. La Mort vint à la fin: Que veux-tu? cria-t-elle. Qui? moi! dit-il alors prompt à se corriger: Que tu m’aides à me charger.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Une sainte Chère défunte, pure image Au miroir des neiges d’antan, Petite vieille au doux visage! Petite vieille au coeur battant Des allégresses du courage, Petite vieille au coeur d’enfant! Auguste mère de ma mère, Ô blanche aïeule, morte un soir D’avoir vécu la vie amère! Figure d’âme douce à voir Parmi l’azur et la lumière Où monte l’aile de l’espoir! Beauté que nul pinceau n’a peinte! Humble héroïne du devoir, Qui dans le Seigneur t’es éteinte! Je t’invoque comme une sainte.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Colloque sentimental Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux formes ont tout à l'heure passé. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l'on entend à peine leurs paroles. Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux spectres ont évoqué le passé. - Te souvient-il de notre extase ancienne ? - Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ? - Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non. Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    A la marquise Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front. Le même cours des planètes Règle nos jours et nos nuits On m’a vu ce que vous êtes; Vous serez ce que je suis. Cependant j’ai quelques charmes Qui sont assez éclatants Pour n’avoir pas trop d’alarmes De ces ravages du temps. Vous en avez qu’on adore; Mais ceux que vous méprisez Pourraient bien durer encore Quand ceux-là seront usés. Ils pourront sauver la gloire Des yeux qui me semblent doux, Et dans mille ans faire croire Ce qu’il me plaira de vous. Chez cette race nouvelle, Où j’aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit. Pensez-y, belle marquise. Quoiqu’un grison fasse effroi, Il vaut bien qu’on le courtise Quand il est fait comme moi.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Stances à la marquise du parc Marquise si mon visage À quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu'à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front. Le même cours des planètes Règle nos jours et nos nuits : On m'a vu ce que vous êtes Vous serez ce que je suis. Cependant j'ai quelques charmes Qui sont assez éclatants Pour n'avoir pas trop d'alarmes De ces ravages du temps. Vous en avez qu'on adore ; Mais ceux que vous méprisez Pourraient bien durer encore Quand ceux-là seront usés. Ils pourront sauver la gloire Des yeux qui me semblent doux, Et dans mille ans faire croire Ce qu'il me plaira de vous.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    Vos beaux yeux Vos beaux yeux sur ma franchise N’adressent pas bien leurs coups, Tête chauve et barbe grise Ne sont pas viande pour vous ; Quand j’aurais l’heure de vous plaire, Ce serait perdre du temps ; Iris, que pourriez-vous faire D’un galant de cinquante ans ? Ce qui vous rend adorable N’est propre qu’à m’alarmer, Je vous trouve trop aimable Et crains de vous trop aimer : Mon cœur à prendre est facile, Mes vœux sont des plus constants ; Mais c’est un meuble inutile Qu’un galant de cinquante ans. Si l’armure n’est complète, Si tout ne va comme il faut, Il vaut mieux faire retraite Que d’entreprendre un assaut : L’amour ne rend point la place À de mauvais combattants, Et rit de la vaine audace Des galants de cinquante ans.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Je n’ai plus que les os Je n’ai plus que les os, un squelette je semble, Décharné, dénervé, démusclé, dépulpé, Que le trait de la mort sans pardon a frappé, Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble. Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble, Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé ; Adieu, plaisant Soleil, mon œil est étoupé, Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble. Quel ami me voyant en ce point dépouillé Ne remporte au logis un œil triste et mouillé, Me consolant au lit et me baisant la face, En essuyant mes yeux par la mort endormis ? Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis, Je m’en vais le premier vous préparer la place.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Maîtresse embrasse-moi Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi, Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie, Mille et mille baisers donne-moi je te prie, Amour veut tout sans nombre, amour n'a point de loi. Baise et rebaise-moi ; belle bouche pourquoi Te gardes-tu là-bas, quand tu seras blêmie, A baiser (de Pluton ou la femme ou l'amie), N'ayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi ? En vivant presse-moi de tes lèvres de roses, Bégaye, en me baisant, à lèvres demi-closes Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras. Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée, Je ressusciterai ; allons ainsi là-bas, Le jour, tant soit-il court, vaut mieux que la nuitée.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Ode à Cassandre Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las ! las ! ses beautés laissé choir ! Ô vraiment marâtre Nature, Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur, la vieillesse Fera ternir votre beauté.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Prends cette rose Prends cette rose aimable comme toi, Qui sert de rose aux roses les plus belles, Qui sert de fleur aux fleurs les plus nouvelles, Dont la senteur me ravit tout de moi.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Quand je suis vingt ou trente mois Quand je suis vingt ou trente mois Sans retourner en Vendômois, Plein de pensées vagabondes, Plein d'un remords et d'un souci, Aux rochers je me plains ainsi, Aux bois, aux antres et aux ondes. Rochers, bien que soyez âgés De trois mil ans, vous ne changez Jamais ni d'état ni de forme ; Mais toujours ma jeunesse fuit, Et la vieillesse qui me suit, De jeune en vieillard me transforme. Bois, bien que perdiez tous les ans En l'hiver vos cheveux plaisants, L'an d'après qui se renouvelle, Renouvelle aussi votre chef ; Mais le mien ne peut derechef R'avoir sa perruque nouvelle. Antres, je me suis vu chez vous Avoir jadis verts les genoux, Le corps habile, et la main bonne ; Mais ores j'ai le corps plus dur, Et les genoux, que n'est le mur Qui froidement vous environne. Ondes, sans fin vous promenez Et vous menez et ramenez Vos flots d'un cours qui ne séjourne ; Et moi sans faire long séjour Je m'en vais, de nuit et de jour, Au lieu d'où plus on ne retourne.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Quand vous serez bien vieille Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. » Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom, de louange immortelle. Je serai sous la terre et, fantôme sans os, Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Sonnet à Marie Je vous envoie un bouquet que ma main Vient de trier de ces fleurs épanouies ; Qui ne les eût à ces vêpres cueillies, Tombées à terre elles fussent demain.

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