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Poèmes pour Mamans

29 poésies en cours de vérification
Poèmes pour Mamans

Poésies de la collection poèmes pour mamans

    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    À ma mère (1) Madame Élisabeth-Zélie de Banville Ô ma mère, ce sont nos mères Dont les sourires triomphants Bercent nos premières chimères Dans nos premiers berceaux d’enfants. Donc reçois, comme une promesse, Ce livre où coulent de mes vers Tous les espoirs de ma jeunesse, Comme l’eau des lys entr’ouverts ! Reçois ce livre, qui peut-être Sera muet pour l’avenir, Mais où tu verras apparaître Le vague et lointain souvenir De mon enfance dépensée Dans un rêve triste ou moqueur, Fou, car il contient ma pensée, Chaste, car il contient mon cœur. Juillet 1842.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    À ma mère Après un si joyeux festin, Zélés sectateurs de Grégoire, Mes amis, si, le verre en main Nous voulons chanter, rire et boire, Pourquoi s'adresser à Bacchus ? Dans une journée aussi belle Mes amis, chantons en " chorus " À la tendresse maternelle. (Bis.) Un don pour nous si précieux, Ce doux protecteur de l'enfance, Ah ! c'est une faveur des cieux Que Dieu donna dans sa clémence. D'un bien pour l'homme si charmant Nous avons ici le modèle ; Qui ne serait reconnaissant À la tendresse maternelle ? (Bis.) Arrive-t-il quelque bonheur ? Vite, à sa mère on le raconte ; C'est dans son sein consolateur Qu'on cache ses pleurs ou sa honte. A-t-on quelques faibles succès, On ne triomphe que pour elle Et que pour répondre aux bienfaits De la tendresse maternelle. (Bis.) Ô toi, dont les soins prévoyants, Dans les sentiers de cette vie Dirigent mes pas nonchalants, Ma mère, à toi je me confie. Des écueils d'un monde trompeur Écarte ma faible nacelle. Je veux devoir tout mon bonheur À la tendresse maternelle. (Bis.)

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    A

    Abd Al-Wahhab Al-Bayati

    @abdAlWahhabAlBayati

    Douleur de l’enfantement Il a dit : tue-moi car j’aime tes yeux Et c’est à cause de toi que je pleure Sur la carte postale des églises gothiques rouges se baignaient, dans le soleil Picasso sur la couverture du dernier numéro de la revue Vie fixe la lumière d’un autre monde Elle a dit : la langue de la rose fleurit au jardin De la nuit (…)

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    Antoine-Vincent Arnault

    Antoine-Vincent Arnault

    @antoineVincentArnault

    Le loup et sa Mère La louve Rarement à changer on gagne. Pourquoi veux-tu courir les champs ? Crois-moi, reste sur la montagne. J'aime ces bois, j'aime les chants Que ce vieux pâtre y fait entendre. Son chien n'est pas des plus méchants. Plus prompt à fuir qu'à se défendre, S'il aboie, il ne mord jamais ; On n'y vit que de chevreau ; mais, S'il n'est gras, du moins est-il tendre. LE LOUP. Qui ? moi ! rester dans ces déserts Pour n'ouïr que les mêmes airs Sur des pipeaux toujours plus aigres ? Qui ? moi ! rester sur ce rocher Pour jeûner ou pour n'accrocher Que des chevreaux toujours plus maigres À ce mets borner mon espoir, Et d'agneaux quand la plaine abonde, N'en pas tâter, n'en pas plus voir Que s'il n'en était point au monde ? Ah ! fuyons loin de ce canton, Théâtre obscur pour mon courage ! Vous le savez : dès mon jeune âge, J'aimai la gloire et le mouton. J'y retourne : en un frais bocage Qu'environnent des prés fleuris, Où sont rassemblés et nourris Les doux agneaux du voisinage, Demain, ce soir, je m'établis Tout au beau milieu des brebis. Défrayé par droit de conquête, Comme un héros russe ou prussien, J'engraisse là sans craindre rien ; Car est-il ou berger ou chien Assez fort pour me faire tête ? LA LOUVE. Sur ce point je suis sans effroi. Pris séparément, ce me semble, Aucun d'eux n'est plus fort que toi ; Mais si l'intérêt les rassemble, Mon fils, crois-tu de bonne foi Être aussi fort qu'eux tous ensemble ?

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    La voilà, pauvre Mère, a Paris arrivée La voilà, pauvre mère, à Paris arrivée Avec ses deux enfants, sa fidèle couvée ! Veuve, et chaste, et sévère, et toute au deuil pieux, Elle les a, seize ans, élevés sous ses yeux En province, en sa ville immense et solitaire, Déserte à voir, muette autant qu'un monastère, Où croît l'herbe au pavé, la triste fleur au mur, Au coeur le souvenir long, sérieux et sûr. Mais aujourd'hui qu'il faut que son fils se décide À quelque état, jeune homme et docile et timide. Elle n'a pas osé le laisser seul venir ; Elle le veut encor sous son aile tenir ; Elle veut le garder de toute impure atteinte, Veiller en lui toujours l'image qu'elle a peinte (Sainte image d'un père !), et les devoirs écrits Et la pudeur puisée à des foyers chéris ; Elle est venue. En vain chez sa fille innocente, L'ennui s'émeut parfois d'une compagne absente, Et l'habitude aimée agite son lien : La mère, elle est sans plainte et ne regrette rien. Mais si son fils, dehors qu'appelle quelque étude, Est sorti trop long-temps pour son inquiétude, Si le soir, auprès d'elle, il rentre un peu plus tard, Sous sa question simple observez son regard ! Pauvre mère! elle est sûre, et pourtant sa voix tremble. Ô trésor de douleurs, — de bonheurs tout ensemble ! Car, passé ce moment, et le calme remis, Comme aux soirs de province, avec quelques amis Retrouvés ici même, elle jouit d'entendre (Cachant du doigt ses pleurs) sa fille, voix si tendre, Légère, qui s'anime en éclat argenté, Au piano, — le seul meuble avec eux apporté.

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    C

    Célédonio Villar Garcia

    @celedonioVillarGarcia

    D’œil éphémère Un village : Pancar. Un pays : l’Espagne. Un enfant. Son âge : trois ans. Son nom : moi. Une femme. J’entends une dispute. Je vois une équerre de maisons, une place, un corps qui tombe. Je suis là. Seul. Autour, les gens regardent ailleurs. Des bœufs passent… Sans s’arrêter. Ils sont l’éloignement des ombres qui grandissent. Ailleurs, les yeux regardent les murs des maisons closes. Une porte s’ouvre. Une ombre apparaît, s’approche, s’accroupit près du corps tombé. L’ombre, accroupie, n’est pas plus haute que moi et pourtant les traits de son visage se sont effacés progressivement. Son nom : une énigme en désordre dans l’alphabet. Des végétations du jour, du souvenir, que reste-t-il ? Une équerre de maisons, une place, un corps qui tombe. L’image d’une femme étendue par terre. Vivace. Vêtue de noir. Ma mère.

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    F

    Francis Ponge

    @francisPonge

    La jeune Mère Quelques jours après les couches la beauté de la femme se transforme. Le visage souvent penché sur la poitrine s'allonge un peu. Les yeux attentivement baissés sur un objet proche, s'ils se relèvent parfois paraissent un peu égarés. Ils montrent un regard empli de confiance, mais en sollicitant la continuité. Les bras et les mains s'incurvent et se renforcent. Les jambes qui ont beaucoup maigri et se sont affaiblies sont volontiers assises, les genoux très remontés. Le ventre ballonné, livide, encore très sensible; le bas-ventre s'accommode du repos, de la nuit des draps. ... Mais bientôt sur pieds, tout ce grand corps évolue à l'étroit parmi le pavois utile à toutes hauteurs des carrés blancs du linge, que parfois de sa main libre il saisit, froisse, tâte avec sagacité, pour les retendre ou les plier ensuite selon les résultats de cet examen.

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    François Villon

    François Villon

    @francoisVillon

    Ballade pour prier Notre Dame Dame du ciel, régente terrienne, Emperière des infernaux palus, Recevez-moi, votre humble chrétienne, Que comprise soie entre vos élus, Ce nonobstant qu'oncques rien ne valus. Les biens de vous, ma Dame et ma Maîtresse Sont bien plus grands que ne suis pécheresse, Sans lesquels biens âme ne peut mérir N'avoir les cieux. Je n'en suis jangleresse : En cette foi je veuil vivre et mourir.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    La Grand'mère Voici trois ans qu'est morte ma grand'mère, La bonne femme, — et, quand on l'enterra, Parents, amis, tout le monde pleura D'une douleur bien vraie et bien amère. Moi seul j'errais dans la maison, surpris Plus que chagrin ; et, comme j'étais proche De son cercueil, — quelqu'un me fit reproche De voir cela sans larmes et sans cris. Douleur bruyante est bien vite passée : Depuis trois ans, d'autres émotions, Des biens, des maux, — des révolutions, — Ont dans les murs sa mémoire effacée. Moi seul j'y songe, et la pleure souvent ; Depuis trois ans, par le temps prenant force, Ainsi qu'un nom gravé dans une écorce, Son souvenir se creuse plus avant !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Le cabaret de la Mère Saguet Jamais les gens de lettres ne furent plus graves qu'en ce temps-ci : soit qu'ils aient compris dans leur état une plus haute vocation que celle de plaire et de faire rire, soit qu'ils veuillent que leur conduite ne démente pas leurs écrits, soit qu'ils cachent mieux qu'autrefois leur vie privée, toujours est-il que l'on n'entend plus parler de ces joyeux repas, de ces délicieuses orgies que les auteurs célèbres des deux derniers siècles ont immortalisés entre la poire et le fromage : heureux âge, dont les jours de folie occuperont la postérité!... Oh! qui nous revaudra le souper d'Auteuil et la nuit de Piron chez le commissaire, et la vraie chanson de lable, et les comédies au gros sel, et le Théâtre de la Foire! Nous avons la grande élégie du xixe siècle, nous avons le drame, nous avons la comédie du Gymnase : d'un côté, la mélancolie rêveuse de l'homme qui ne s'enivre jamais; de l'autre, la froide plaisanterie de bon ton de l'homme des cafés et des restaurants... Vivent les cabarets, mordieu!... vous verrez qu'on y reviendra! Allez donc, avec des amis, passer votre soirée au café Procope : ohl l'ennuyeuse et sotte chose! Les uns se jettent sur les journaux, les autres organisent une poule au billard; pas de conversation gaie et bruyante, pas de ces bons éclats de rire qui vous fendent la bouche jusqu'aux oreilles; autrement, le garçon viendrait poliment vous prier de faire moins de bruit; cela interrompt les lecteurs de journaux, cela distrait les habitués qui font leur partie... Tarare! je veux, moi, être de bonne humeur! . Or, savez-vous où tend ce préambule?... à vous parler d'une tentative que font, en ce moment, quelques jeunes gens de rétablir l'usage antique et solennel des cabarets, et ceci, ne riez pas, ceci vaut au moins les barbes à la Henri III et tant d'autres inventions imitées de l'ancien régime. Si, quelque soir, il vous prend fantaisie de faire une promenade hors barrière, et qu'en revenant tard vous entendiez des rieurs et des chanteurs mener grand bruit dans l'intérieur de quelque cabaret borgne de la chaussée du Mont-Parnasse, vous monterez au plus haut du pavé, fixant les yeux aux fenêtres et vous dressant, pour voir, sur la pointe des pieds : ce sont, direz-vous, des ouvriers en goguette l et vous poursuivrez votre route... Non, arrêtez-vous,-entrez au grand salon, et vous y trouverez, autour de la table du milieu, chargée de pots, de cigares et de quelques coins de fromage, à la lueur de trois chandelles bien espacées, vous trouverez une vingtaine de messieurs bien mis, au front haut et à l'œil pétillant, tous buvant et s'enivrant d'aussi bonne grâce que Chapelle et Panard, quoique avec moins d'habitude, il est vrai. Écoutez-les un peu; faites comme les hôtes ordinaires du lieu, assis alentour, aux petites tables, et tout émerveillés de ne rien comprendre à ce beau parler; écoutez, dis-je, et, au travers de ce tumulte trivial et délirant, vous saisirez par éclairs une conversation qui est quelque chose de plus que spirituelle, des pensées hardies et profondes, des vues d'art développées avec génie... C'est que ces hommes sont vraiment des artistes célèbres, des écrivains dont la France s'honore et qui sont venus au cabaret comme Hoffmann; qui sait?... peut-être pour voir aussi l'idéal et le fantastique de leur art se dessiner dans les nuages de fumée de tabac, ou apparaître parmi les vapeurs de l'ivresse... Ils se sont mis tous en rapport, comme par le magnétisme, afin d'avoir des rêves de l'avenir, choquant ensemble leurs rêves et leurs pensées, pour en faire jaillir la lumière... ou encore... Eh bien! oui, riez, gens du monde, riez, car vous ne comprenez pas... Vous serez allés, ce soir-là même, rendre visite à quelques-uns de ces hommes illustres, vous vous serez présentés chez une puissance littéraire du siècle, osant à peine poser le pied à terre, et le corps humblement plié en deux... et la dame de la maison vous aura répondu : « Monsieur... est au cabaret. » Entendez-vous, bonnes gens? au cabaret!

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    J

    Jacques Chessex

    @jacquesChessex

    Élégie de ma Mère C'est presque toujours un chant d'oiseau Qui te fait venir Non l'oiseau des morts ou celui par qui la moquerie arrive Mais l'oiseau de l'enfance, le premier Celui qui ne se laisse pas voir mais que nous devinons à sa voix Et maintenant cette voix ne cesse d'appeler dans toutes les voix d'oiseaux que j'entends, mère À la forêt songeuse que tu connais Aux taillis du cimetière où j'apprends notre repos séparé Et bien plus profond dans mes os qui se sont formés en toi Et qui de toi gardent ce regret inguérissable Mère, je ne veux pas qu'il soit dit que l'enfance est gaie Mais j'ai des souvenirs qui sont beaux Je ne veux pas que tu souffres de mon ingratitude Mais l'enfance n'est pas gaie avec ses attentes Ni par la suite avec le doute sur le possible Mère, je déteste l'incertain et l'attente Toute mon enfance j'ai attendu et je ne comprenais pas Que tu ne saches pas ma haine de ces circonstances Mère aujourd'hui tu es vivante et je sais qu'un jour Abominablement je regretterai de ne t'avoir pas montré Que je t'aimais Comment être avec cette science et cet appel Qui sourd de l'ombre et trouve mon âme? Je sais que l'oiseau n'appelle pas, il parle innocemment Dans le secret ou la cloison C'est moi qui sens mon âme vibrer à ce que je trouve Comme un message de toi dans sa voix parfaite et détachée Tu connais bien les oiseaux mère tu les nommes La mésange la fauvette le rouge-gorge J'entends ces noms je revois des scènes très anciennes Par la fenêtre un jardin calme Une sente au bois où brillent les anémones l'étang noir avec les nénuphars qui luisent Tu as dit l'oiseau Mère et le Paradis se noue dans ce nom Dans la voix simple et unique de l'oiseau Où parle ta voix, bleuit ton regard Ô chante, mère Chante sans mots le chant de notre séparation et de ma peine Chante le chant de l'enfant si ton destin voulait Que tu le laisses seul à la rive Oui chante ce destin et ses conséquences Sur notre double destin de mère et de fils J'étais dans toi à former mon squelette Et déjà mes pensées couraient par le monde Avides de se séparer de toi et de t'oublier J'étais dans toi j'ai fui et je ne t'ai pas oubliée C'est l'histoire que raconte l'oiseau À la cime de l'arbre ou dans l'obscur C'est notre histoire, mère Je le jure comme une histoire de vrai amour

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Le loup, la Mère et l'enfant Ce loup me remet en mémoire Un de ses compagnons qui fut encor mieux pris : Il y périt. Voici l'histoire : Un villageois avait à l'écart son logis. Messer loup attendait chape-chute à la porte : Il avait vu sortir gibier de toute sorte, Veaux de lait, agneaux et brebis, Régiments de dindons, enfin bonne provende. Le larron commençait pourtant à s'ennuyer. Il entend un enfant crier : La mère aussitôt le gourmande, Le menace, s'il ne se tait, De le donner au loup. L'animal se tient prêt, Remerciant les dieux d'une telle aventure, Quand la mère, apaisant sa chère géniture, Lui dit : « Ne criez point ; s'il vient, nous le tuerons. - Qu'est ceci ? s'écria le mangeur de moutons : Dire d'un, puis d'un autre ! Est-ce ainsi que l'on traite Les gens faits comme moi ? me prend-on pour un sot ? Que quelque jour ce beau marmot Vienne au bois cueillir la noisette ! » Comme il disait ces mots, on sort de la maison : Un chien de cour l'arrête ; épieux et fourches-fières L'ajustent de toutes manières. « Que veniez-vous chercher en ce lieu ? » lui dit-on. Aussitôt il conta l'affaire. « Merci de moi ! lui dit la mère ; Tu mangeras mon fils ! L'ai-je fait à dessein Qu'il assouvisse un jour ta faim ? » On assomma la pauvre bête. Un manant lui coupa le pied droit et la tête : Le seigneur du village à sa porte les mit ; Et ce dicton picard à l'entour fut écrit : « Biaux chires leups, n'écoutez mie Mère tenchent chen fieux qui crie. »

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    J

    Jerome Jolly

    @jeromeJolly

    Adieu Maman Vois-tu de cet enfant les larmes qui, en chemin, Sur cette joue blanche, ou jadis tu posais ta main, Coulent en silence, triste, en suivant ton cortège, Et marchant seul, sans ton sourire qui le protège. Vois-tu ton enfant au départ de la foule, qui, Assis devant cette pierre, et retenant ses cris, Doucement, de ses petits doigts caressent le marbre, Pleurant sur sa jeune vie qui déjà se délabre. Vois-tu de ce ciel azur, le soleil flamboyant, Qui de ses rayons, réchauffe son cœur innocent, Et fait fleurir ces bouquets, de lys et de bruyère, Et blanchir ta tombe, sous ces gestes de prières. Vois-tu de son âme meurtrie, ses sombres blessures, Plaies éternelles à ce cœur empli de cassures, Qui te disent au-revoir ma mère, adieu maman, Et observent avec espoir vers le firmament. Vois-tu, Ô mon Dieu, de cette douleur si terrible, Naît une âme funèbre qui, dans ce lieu paisible, Abandonné de sa chaire, et de son devenir, N’a plus pour parent, qu’une tombe et ses souvenirs.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Douce Mère d'amour, gaillarde Cyprienne Douce mère d'amour, gaillarde Cyprienne, Qui fais sous ton pouvoir tout pouvoir se ranger, Et qui des bords de Xanthe à ce bord étranger Guidas avec ton fils ta gente dardanienne, Si je retourne en France, ô mère idalienne, Comme je vins ci, sans tomber au danger De voir ma vieille peau en autre peau changer, Et ma barbe française en barbe italienne, Dès ici je fais vœu d'apprendre à ton autel, Non le lys, ou la fleur d'amarante immortel, Non cette fleur encore de ton sang colorée : Mais bien de mon menton la plus blonde toison Me vantant d'avoir fait plus que ne fit Jason Emportant le butin de la toison dorée.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    France, Mère des arts, des armes et des lois France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois, Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ? France, France, réponds à ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix. Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine, Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau. Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure : Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Cantique des Mères Reine pieuse aux flancs de mère, Ecoutez la supplique amère Des veuves aux rares deniers Dont les fils sont vos prisonniers : Si vous voulez que Dieu vous aime Et pardonne au geôlier lui-même, Priez d'un salutaire effroi Pour tous les prisonniers du roi ! On dit que l'on a vu des larmes Dans vos regards doux et sans armes ; Que Dieu fasse tomber ces pleurs. Sur un front gros de nos malheurs. Soulagez la terre en démence ; Faites-y couler la clémence ; Et priez d'un céleste effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Car ce sont vos enfants, madame, Adoptés au fond de votre âme, Quand ils se sont, libres encor, Rangés sous votre rameau d'or ; Rappelez aux royales haines Ce qu'ils font un jour de leurs chaînes ; Et priez d un prudent effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Ne sentez-vous pas vos entrailles Frémir des fraîches funérailles Dont nos pavés portent le deuil ? Il est déjà grand le cercueil ! Personne n'a tué vos filles ; Rendez-nous d'entières familles : Priez d'un maternel effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Comme Esmer s'est agenouillée Et saintement humiliée Entre le peuple et le bourreau, Rappelez le glaive au fourreau ; Vos soldats vont la tête basse. Le sang est lourd, la haine lasse : Priez d'un courageux effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Ne souffrez pas que vos bocages Se changent en lugubres cages ; Tout travail d'homme est incomplet ; C'est en vain qu'on tend le filet, Devant ceux qui gardent leurs ailes. Pour qu'un jour les vôtres soient belles, Priez d'un angélique effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Madame ! les geôles sont pleines ; L'air y manque pour tant d'haleines ; Nos enfants n'en sortent que morts ! Où commence donc le remords ? S'il est plus beau que l'innocence, Qu'il soit en aide à la puissance, Et priez d'un ardent effroi Pour tous les prisonniers du roi ! C'est la faim, croyez-en nos larmes, Qui, fiévreuse, aiguisa leurs armes. Vous ne comprenez pas la faim : Elle tue, on s'insurge enfin ! Ô vous ! dont le lait coule encore. Notre sein tari vous implore : Priez d'un charitable effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Voyez comme la Providence Confond l'oppressive imprudence ; Comme elle ouvre avec ses flambeaux, Les bastilles et les tombeaux ; La liberté, c'est son haleine Qui d'un rocher fait une plaine : Priez d'un prophétique effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Quand nos cris rallument la guerre, Cœur sans pitié n'en trouve guère ; L'homme qui n'a rien pardonné ; Se voit par l'homme abandonné ; De noms sanglants, dans l'autre vie, Sa terreur s'en va poursuivie ; Priez d'un innocent effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Reine ! qui dites vos prières, Femme ! dont les chastes paupières Savent lire au livre de Dieu ; Par les maux qu'il lit en ce lieu. Par la croix qui saigne et pardonne, Par le haut pouvoir qu'il vous donne : Reine ! priez d'un humble effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Avant la couronne qui change, Dieu grava sur votre front d'ange, Comme un impérissable don : "Amour ! amour ! pardon ! pardon !" Colombe envoyée à l'orage, Soufflez ces mots dans leur courage : Et priez de tout notre effroi, Pour tous les prisonniers du roi. Redoublez vos divins exemples, Madame ! le plus beau des temples. C'est le cœur du peuple ; entrez-y ! Le roi des rois l'a bien choisi. Vous ! qu'on aimait comme sa mère, Pesez notre supplique amère. Et priez d'un sublime effroi Pour tous les prisonniers du roi ! Lyon, 1834.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Dors ma Mère Ô ma vie, Sans envie, J'ai vu le palais du roi ; Ma chaumière M'est plus chère, Quand j'y suis seule avec toi. Au village, Le jeune âge N'est heureux que par l'Amour ; Fuis la ville ; Trop facile, Tu m'oublierais à la cour. D'une reine Souveraine L'empire a-t-il plus d'appas ? Ton image Est l'image Qui devance ou suit mes pas. Reviens vite ! Tout m'agite : Eh quoi ! je suis seule encor ! Viens, mon âme, De ma flamme Partager le doux transport. L'heure sonne, Je frissonne... Voici l'instant du retour. Moins sévère, Dors, ma mère, Et laisse veiller l'Amour.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    La maison de ma Mère Maison de la naissance, ô nid, doux coin du monde ! O premier univers où nos pas ont tourné ! Chambre ou ciel, dont le cœur garde la mappemonde, Au fond du temps je vois ton seuil abandonné. Je m'en irais aveugle et sans guide à ta porte. Toucher le berceau nu qui daigna me nourrir ; Si je deviens âgée et faible, qu'on m'y porte ! Je n'y pus vivre enfant ; j'y voudrais bien mourir ; Marcher dans notre cour où croissait un peu d'herbe. Où l'oiseau de nos toits descendait boire, et puis, Pour coucher ses enfants, becquetait l'humble gerbe, Entre les cailloux bleus que mouillait le grand puits ! De sa fraîcheur lointaine il lave encor mon âme, Du présent qui me brûle il étanche la flamme, Ce puits large et dormeur au cristal enfermé, Où ma mère baignait son enfant bien-aimé : Lorsqu'elle berçait l'air avec sa voix rêveuse, Qu'elle était calme et blanche et paisible le soir. Désaltérant le pauvre assis, comme on croit voir Aux ruisseaux de la bible une fraîche laveuse : Elle avait des accents d'harmonieux amour, Que je buvais du cœur en jouant dans la cour ! Ciel ! où prend donc sa voix une mère qui chante. Pour aider le sommeil à descendre au berceau ? Dieu mit-il plus de grâce au souffle d'un ruisseau ? Est-ce l'Éden rouvert à son hymne louchante. Laissant sur l'oreiller de l'enfant qui s'endort. Poindre tous les soleils qui lui cachent la mort ? Et l'enfant assoupi sous cette âme voilée. Reconnaît-il les bruits d'une vie écoulée ? Est-ce un cantique appris à son départ du ciel, Où l'adieu d'un jeune ange épancha quelque miel ? Elle se défendait de me faire savante ; "Apprendre, c'est vieillir, disait-elle, et l'enfant "Se nourrira trop tôt du fruit que Dieu défend ; "Fruit fiévreux à la sève aride et décevante ; "L'enfant sait tout qui dit à son ange gardien : "— Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien ! "C'est assez demander à cette vie amère ; "Assez de savoir suivre et regarder sa mère, "Et nous aurons appris pour un long avenir, "Si nous savons prier, nous soumettre et bénir !" Et je ne savais rien à dix ans qu'être heureuse ; Rien, que jeter au ciel ma voix d'oiseau, mes fleurs ; Rien, durant ma croissance aiguë et douloureuse. Que plonger dans ses bras mon sommeil ou mes Je n'avais rien appris, rien lu que ma prière, [pleurs : Quand mon sein se gonfla de chants mystérieux ; J'écoutais Notre-Dame et j'épelais les cieux Et la vague harmonie inondait ma paupière ; Les mots seuls y manquaient ; mais je croyais qu'un [jour. On m'entendrait aimer pour me répondre : amour !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    La Mère qui pleure J'ai presque perdu la vue A suivre le jeune oiseau Qui, du sommet d'un roseau, S'est élancé vers la nue. S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ? Bouquet vivant d'étincelles, Il descendit du soleil Éblouissant mon réveil Au battement de ses ailes. S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ? Prompt comme un ramier sauvage, Après l'hymne du bonheur. Il s'envola de mon cœur, Tant il craignait l'esclavage ! S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ? De tendresse et de mystère Dès qu'il eut rempli ces lieux, Il emporta vers les deux Tout mon espoir de la terre ! S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ? Son chant que ma voix prolonge Plane encore sur ma raison. Et dans ma triste maison Je n'entends chanter qu'un songe. S'il ne doit plus revenir, Pourquoi m'en ressouvenir ? Le jour ne peut redescendre Dans l'ombre où son vol a lui. Et pour monter jusqu'à lui Mes ailes ont trop de cendre. S'il ne doit plus revenir. Pourquoi m'en ressouvenir ? Comme l'air qui va si vite, Sois libre, ô mon jeune oiseau ! Mais que devient le roseau, Quand son doux chanteur le quitte ! S'il ne doit plus revenir. Pourquoi m'en ressouvenir ?

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    M

    Maurice Carême

    @mauriceCareme

    La main de ma Mère Je prenais la main de ma mère Pour la serrer dans les deux miennes Comme l’on prend une lumière Pour s’éclairer quand les nuits viennent . Ses ongles étaient tant usés, Sa peau quelquefois sombre et rêche. Pourtant, je la tenais serrée Comme on le fait sur une prêche. Ma mère était toujours surprise De me voir prendre ainsi sa main. Elle me regardait, pensive Me demandant si j’avais faim. Et, n’osant lui dire à quel point Je l’aimais, je la laissais Retirer doucement sa main Pour me verser un bol de lait.

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Gendre et Belle-Mère I. Jean était un franc débonnaire, Jovial d'allure et de ton, Égayant toujours d'un fredon Son dur travail de mercenaire. Soucis réels, imaginaires, Aucuns n'avaient mis leur bridon À son cœur pur dont l'abandon Était le besoin ordinaire. Je le retrouve : lèvre amère ! Ayant dans ses yeux de mouton Un regard de loup sans pardon... Quelle angoisse ? quelle chimère ? Quelle mauvaise fée a donc Changé ce gars ? Sa belle-mère ! II. Il n'aurait pas connu la haine Sans la vieille au parler bénin Qui d'un air cafard de nonnain L'affligeait et raillait sa peine. Il avait la bonté sereine Et l'apitoiement féminin. Il n'aurait pas connu la haine Sans la vieille au parler bénin. Aujourd'hui, la rage le mène. Pour mordre, il a le croc canin Et son fiel riposte au venin. Non ! sans cette araignée humaine, Il n'aurait pas connu la haine ! III. Il devint fou. Comme un bandit, Il vivait seul dans un repaire, Âme et corps ; gendre, époux et père, Se croyant à jamais maudit. Tant et si bien que, s'étant dit Qu'il n'avait qu'une chose à faire : Assassiner sa belle-mère Ou se tuer ? — il se pendit ! — Au sourd roulement du tonnerre Que toujours plus l'orage ourdit, Son corps décomposé froidit, Veillé par un spectre sévère : Encor, toujours, sa belle-mère ! IV. La belle-mère se délecte Au chevet de son gendre mort, Et le ricanement se tord Sur sa figure circonspecte. Avec ses piqûres d'insecte Elle a tué cet homme fort. La belle-mère se délecte Au chevet de son gendre mort. Sitôt qu'on vient, son œil s'humecte, Elle accuse et maudit le sort ! Mais, elle sourit dès qu'on sort... Et, lorgnant sa victime infecte, La belle-mère se délecte. V. Enterré, le soir, sans attendre, Sur sa tombe elle est à genoux Voilà ce qu'en son tertre roux La croix de bois blanc peut entendre « Enfin ! J'viens donc d't'y voir descendre Dans tes six pieds d'terr' ! t'es dans l't'rou. C'te fois, t'es ben parti d'cheux nous, Et tu n'as plus rin à prétendre. Rêv' pas d'moi, fais des sommeils doux, Jusqu'à temps q'la mort vienn' me prendre, Alors, j's'rai ta voisin' d'en d'sous, J'manq'rai pas d'tourmenter ta cendre... L'plus tard possible ! au r'voir, mon gendre. »

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    Max Jacob

    Max Jacob

    @maxJacob

    Et sa Mère en prison Au temps du temps des moines des moines de Crozon j'avais mon fils Antoine toujours à la maison. L'abbé Saint-Polycarpe chantait sur le gazon Apprenez-moi la harpe ! la harpe et le violon. Moines du monastère où donc est mon garçon ? Parti en Angleterre pour une fondation. Sur une auge de pierre C'est le Roi des Poissons qui tient le Reliquaire et qui fait les répons. La Dame des Fontaines en guise d'artimon et les queues des sirènes y servent d'aviron. Moines de l'Angleterre rendez-moi mon garçon son frère est à la guerre et sa mère en prison.

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    Max Jacob

    Max Jacob

    @maxJacob

    La Mère du prêtre Pauvre je ne serai pas toute ma vie, non, non ! je n'irai pas sur les routes toute ma vie avec bâton et sac. Fermière et veuve j'étais il n'y a pas longtemps encore, maintenant j'aurai mon fils prêtre et mes péchés seront pardonnes. Vendez tout I vendez tout ici, alors avec l'argent j'irai à l'école des Frères, à l'école des Frères j'irai, petit et grand séminaire. — Petit et grand séminaire ! oui vous irez, mon fils et prêtre après vous serez prêtre pardonnant les péchés à vos père et mère. Vendez tout ! et tout j'ai vendu mon fils est au grand séminaire et moi je suis par les rues, par les foires et par les champs ; Mon fils, quand vous serez prêtre c'est moi qui tiendrai la maison, toujours en robe de dimanche pour recevoir les autres prêtres, l'évêque et le Pape s'il lui plaît de venir. Pauvre je ne serai pas toute ma vie, regardez mon sac et mon bâton, c'est la dernière fois que vous les voyez.

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    Michel Leiris

    Michel Leiris

    @michelLeiris

    La Mère La mère en deuil, c'est la mort qui attend au bord du fossé où se reflètent les nuages troubles, — c'est les obsèques du père un matin d'hiver (les panaches noirs frissonnent, un vent mauvais s'abat, épaissit les doigts des porteurs, couleur de gros vin rouge). La mère en noir, mauve, violet — voleuse des nuits — c'est la sorcière dont l'industrie cachée vous met au monde, celle qui vous berce, vous choie, vous met en bière, quand elle n'abandonne pas —ultime joujou— à vos mains qui le posent gentiment au cercueil, son corps recroquevillé. La mère — en noir, en bleu, en vert, en rouge — c'est l'immortelle jaunie, le bouquet poussiéreux de mariée. Vierge claire, elle a pourtant gémi quand l'homme — charpentier de douleur — lui a mis aux entrailles la cheville, la pierre d'angle, la clef de voûte, afin qu'en un recoin du sanglant édifice prospère et nidifie l'humain malheur... La mère — bête en folie — c'est le volcan tumultueux qui vous crache. (Mais le cratère — jetant sa pourpre de cendres, son paquet de laves brûlantes — lui, n'a jamais souri...) La mère — statue aveugle, fatalité dressée-au centre du sanctuaire inviolé — c'est la nature qui vous caresse, le vent qui vous encense, le monde qui tout ensemble vous pénètre, vous monte au ciel (enlevé sur les multiples spires) et vous pourrit. La mère, c'est la chienne et l'ogresse, la goule qui hante les songes, le spectre réveillé soudain qui s'interpose entre l'âme (riches pilastres, altière ruine) et toute joie, tout pur amour. La mère — qu'elle soit jeune ou vieille, belle ou laide, miséricordieuse ou têtue — c'est la caricature, le monstre femme jaloux, le Prototype déchu, — si tant est que l'Idée (pythie flétrie juchée sur le trépied de son austère majuscule) n'est que la parodie des vives, légères, chatoyantes pensées... La mère — sa hanche : ronde ou sèche, son sein : tremblant ou dur — c'est le déclin promis, dès l'origine, a toute femme, l'émiettement progressif de la roche étincelante sous le flot des menstrues, l'ensevelissement lent — sous le sable du désert âgé — de la caravane luxuriante et chargée de beauté. La mère — ange de la mort qui épie, de l'univers qui enlace, de l'amour que la vague du temps rejette — c'est la coquille au graphique insensé (signe d'un sûr venin) à lancer dans les vasques profondes, génératrices de cercles pour les eaux oubliées. La mère — flaque sombre, éternellement en deuil de tout et de nous-mêmes — c'est la pestilence vaporeuse qui s'irise et qui crève, enflant bulle par bulle sa grande ombre bestiale (honte de chair et de lait), voile roide qu'une foudre encore à naître devrait déchirer. Viendra-t-il jamais à l'esprit d'une de ces innocentes salopes de se traîner pieds nus dans les siècles pour pardon de ce crime : nous avoir enfantés?

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    M

    Mohammed Dib

    @mohammedDib

    La Mère C'était la mère là. Il n'y avait rien à dire. Mais la sœur où ? Il n'y avait rien à faire. Il n'y avait qu'une blessure Qui séparait l'air en deux. C'était chaud d'un côté. Pas de l'autre. La lampe Éclairait tout ça. De la neige tombait sur lui. Sur la mère, rien. Le garçon Lécha la neige sur ses lèvres.

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    S

    Sophie d'Arbouville

    @sophieDarbouville

    La grand-mère Dansez, fillettes du village, Chantez vos doux refrains d'amour : Trop vite, hélas ! un ciel d'orage Vient obscurcir le plus beau jour. En vous voyant, je me rappelle Et mes plaisirs et mes succès ; Comme vous, j'étais jeune et belle, Et, comme vous, je le savais. Soudain ma blonde chevelure Me montra quelques cheveux blancs… J'ai vu, comme dans la nature, L'hiver succéder au printemps. Dansez, fillettes du village, Chantez vos doux refrains d'amour ; Trop vite, hélas ! un ciel d'orage Vient obscurcir le plus beau jour. Naïve et sans expérience, D'amour je crus les doux serments, Et j'aimais avec confiance… On croit au bonheur à quinze ans ! Une fleur, par Julien cueillie, Était le gage de sa foi ; Mais, avant qu'elle fût flétrie, L'ingrat ne pensait plus à moi ! Dansez, fillettes du Village, Chantez vos doux refrains d'amour ; Trop vite, hélas ! un ciel d'orage Vient obscurcir le plus beau jour. À vingt ans, un ami fidèle Adoucit mon premier chagrin ; J'étais triste, mais j'étais belle, Il m'offrit son cœur et sa main. Trop tôt pour nous vint la vieillesse ; Nous nous aimions, nous étions vieux… La mort rompit notre tendresse… Mon ami fut le plus heureux !

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    La prière d'une Mère Au temple, un frais parfum des fleurs saintes s'exhale. Harpe, ton chant est mort : Enfants, vos hymnes doux, Doux comme l'innocence, au ciel fuient ! Sur la dalle Seule, une femme est à genoux. Est-ce l'ange pieux qu'auprès du sanctuaire Le Seigneur a placé pour porter la prière De l'orphelin au ciel parmi les flots d'encens ? Non : fils, c'est une mère : écoutez ses accents ; « C'est moi qui, lui parlant de nos douleurs amères, » Quand le soir amenait la prière au foyer, » Fis ses yeux se mouiller de larmes, — les premières ! » Et devant Votre croix ses deux genoux ployer ! Comme un jeune lys croît à l'ombre d'un grand chêne, » Votre main au berceau se pare de candeur » Et nous vous bénissons ! Est-il vrai que Dieu vienne » Aujourd'hui visiter son cœur, » Qu'il l'appelle à briller en sa sainte phalange ? » Vous le dites... j'espère. — Oh ! qu'en ce jour, Seigneur, » Un chant de joie au ciel sur les ailes d'un ange » S'élève jusqu'à vous, faible écho de mon cœur ! » S'il trahissait la foi que sa bouche a jurée, » Vous savez, ô Jésus, quel serait son tourment ! » Qu'il soit digne toujours de la table sacrée » Où l'archange enviera le bonheur de l'enfant ! » Toi, qui sous ton haleine as fleuri son enfance, » Frère sacré, qu'à l'ange exilé l'Éternel » A donné pour guider ses pas dans l'espérance » Et pour lui rappeler le ciel, » Que ce jour soit pour toi comme au ciel une fête ! » Ta joie est de sourire au bonheur fraternel, » D'attacher à son front l'étoile qu'à ta tête » Au matin de ta vie, attacha l'Eternel ! » Oh ! demande au Seigneur que cet astre fidèle » Luise pur à son front comme il brillait au tien ! » Quand le baigna l'eau sainte il dormait sous ton aile, » Que sous ton aile encore il aille au Dieu qui vient !... » Et son œil souriait mouillé de douces larmes ! Dieu parlait à son cœur, ô prélude du ciel ! Elle vit s'envoler ses pieuses alarmes, Puis un ange effleura l'autel ! « Gloire à Dieu dans les cieux ! Gloire à Dieu sur la terre ! » Harpes d'or, résonnez ! Celui dont le tonnerre » Fut la voix, quand aux cieux il dicta leur destin, » Qui lança le soleil en la voûte éternelle, » De son regard faible étincelle, » A dit : Laissez venir les enfants sur mon sein ! » Au premier jour, votre ombre immense » Daigna, Jehova, trois fois saint, » Parmi les foudres de vengeance » D'astres et d'éclairs le front ceint, » Ouvrir le ciel au premier ange » Étonné de voir, rêve étrange, » Lui, si petit, et vous, si grand ! » Les astres naissants se voilèrent, » Les flots troublés se retirèrent... » L'immortel s'envola tremblant ! » Gloire à Dieu dans les deux ! Gloire à Dieu sur la terre ! » Pour qu'un enfant renaisse, il endort son tonnerre ! » Loin d'étonner son âme au bruit de sa grandeur, » Il vient, le front paré d'une douce auréole : » De son exil il le console ! » Mystérieux hymen ! il repose en son cœur !... » Aux pieds d'Adonaï, purs reflets de sa gloire, Les Chœurs mélodieux ont jeté cet accord Dans l'azur, sous leurs doigts frémit le luth d'ivoire, L'encens vole en flots blancs dans mille tresses d'or ! Un séraphin voilé s'élance vers Marie... À la mère d'un Dieu, mère d'un fils sacré, Il apporte tes vœux : bénis-la ! qui la prie Lui rend grâces avant que d'avoir espéré ! Mais quel est cet écho de prière lointaine Que la brise en passant murmure au Dieu du ciel ? Chœurs, sont-ce vos chants ? Non : de la terrestre cène Pur, un ange d'un jour, parle à l'hôte éternel !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À la mère de l'enfant mort Oh ! vous aurez trop dit au pauvre petit ange Qu'il est d'autres anges là-haut, Que rien ne souffre au ciel, que jamais rien n'y change, Qu'il est doux d'y rentrer bientôt ; Que le ciel est un dôme aux merveilleux pilastres, Une tente aux riches couleurs, Un jardin bleu rempli de lis qui sont des astres, Et d'étoiles qui sont des fleurs ; Que c'est un lieu joyeux plus qu'on ne saurait dire, Où toujours, se laissant charmer, On a les chérubins pour jouer et pour rire, Et le bon Dieu pour nous aimer ; Qu'il est doux d'être un coeur qui brûle comme un cierge, Et de vivre, en toute saison, Près de l'enfant Jésus et de la sainte Vierge Dans une si belle maison ! Et puis vous n'aurez pas assez dit, pauvre mère, A ce fils si frêle et si doux, Que vous étiez à lui dans cette vie amère, Mais aussi qu'il était à vous ; Que, tant qu'on est petit, la mère sur nous veille, Mais que plus tard on la défend ; Et qu'elle aura besoin, quand elle sera vieille, D'un homme qui soit son enfant ; Vous n'aurez point assez dit à cette jeune âme Que Dieu veut qu'on reste ici-bas, La femme guidant l'homme et l'homme aidant la femme, Pour les douleurs et les combats ; Si bien qu'un jour, ô deuil ! irréparable perte ! Le doux être s'en est allé !... - Hélas ! vous avez donc laissé la cage ouverte, Que votre oiseau s'est envolé ! Avril 1843.

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    E

    Emile Nelligan

    @emileNelligan

    Devant deux portraits de ma Mère Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien, Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille, Le front couleur de lys et le regard qui brille Comme un éblouissant miroir vénitien ! Ma mère que voici n'est plus du tout la même ; Les rides ont creusé le beau marbre frontal ; Elle a perdu l'éclat du temps sentimental Où son hymen chanta comme un rose poème. Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi, Ce front nimbé de joie et ce front de souci, Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années. Mais, mystère du coeur qui ne peut s'éclairer ! Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées ! Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer !

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