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Voyages

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Poésies de la collection voyages

    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome Et rien de Rome en Rome n'aperçois, Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois, Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme. Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme Celle qui mit le monde sous ses lois, Pour dompter tout, se dompta quelquefois, Et devint proie au temps, qui tout consomme. Rome de Rome est le seul monument, Et Rome Rome a vaincu seulement. Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit, Reste de Rome. O mondaine inconstance ! Ce qui est ferme, est par le temps détruit, Et ce qui fuit, au temps fait résistance.

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    Johann Wolfgang von Goethe

    Johann Wolfgang von Goethe

    @johannWolfgangVonGoethe

    Chant de tempête du voyageur Celui que tu n’abandonnes pas, Génie, Ni la pluie ni la tempête Ne souffleront la frayeur en ton cœur. Celui que tu n’abandonnes pas, Génie, A la nuée d’averse, A la bourrasque de grêle Opposera sa chanson, Comme l’alouette, Ô toi, tout là-haut. Celui que tu n’abandonnes pas, Génie, Tu le soulèveras au-dessus du sentier fangeux Avec les ailes de feu. Il passera Comme, marchant sur des fleurs Sur le déluge boueux de Deucalion Et tuant Python, léger, grand, Pythius Apollo. Celui que tu n’abandonnes pas, Génie, Tu déplieras sous lui tes laines neigeuses Quand il dormira sur la roche, Tu le couvriras d’une laine protectrice Dans la minuit du bois. Celui que tu n’abandonnes pas, Génie, Dans les tourbillons de neige, Tu l’envelopperas de chaleur, C’est vers la chaleur que vont les Muses, Vers la chaleur que vont les Charites*. Ô Muses, entourez-moi, Ô Charites ! Voici l’eau, voici la terre, Et voici le fils de l’eau et de la terre Sur laquelle je vais Pareil aux Dieux. Vous êtes pures comme le cœur des eaux, Vous êtes pures comme la moelle de la terre, Vous volez autour de moi et je vole moi-même Au-dessus de l’eau, au-dessus de la terre, Pareil aux Dieux * Charites : Nom grec des Grâces

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    J

    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    La trebbia L'aube d'un jour sinistre a blanchi les hauteurs. Le camp s'éveille. En bas roule et gronde le fleuve Où l'escadron léger des Numides s'abreuve. Partout sonne l'appel clair des buccinateurs. Car malgré Scipion, les augures menteurs, La Trebbia débordée, et qu'il vente et qu'il pleuve, Sempronius Consul, fier de sa gloire neuve, A fait lever la hache et marcher les licteurs. Rougissant le ciel noir de flamboîments lugubres, A l'horizon, brûlaient les villages Insubres ; On entendait au loin barrir un éléphant. Et là-bas, sous le pont, adossé contre une arche, Hannibal écoutait, pensif et triomphant, Le piétinement sourd des légions en marche.

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    J

    José Maria de Heredia

    @joseMariaDeHeredia

    Les conquérants Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde Occidental. Chaque soir, espérant des lendemains épiques, L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ; Ou penchés à l’avant des blanches caravelles, Ils regardaient monter en un ciel ignoré Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    Complainte de la lune en province Ah! la belle pleine Lune, Grosse comme une fortune ! La retraite sonne au loin, Un passant, monsieur l’adjoint ; Un clavecin joue en face, Un chat traverse la place : La province qui s’endort ! Plaquant un dernier accord, Le piano clôt sa fenêtre. Quelle heure peut-il bien être ? Calme Lune, quel exil ! Faut-il dire : ainsi soit-il ? Lune, ô dilettante Lune, À tous les climats commune, Tu vis hier le Missouri, Et les remparts de Paris, Les fiords bleus de la Norvège, Les pôles, les mers, que sais-je ?

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    Julien Gracq

    Julien Gracq

    @julienGracq

    La vie de Voyage Nous quittions la ville vers trois heures du matin, quand les maisons ténébreuses des avenues se relancent de façade en façade les oiseaux de nuit, comme un tir aux pigeons de coussins de soie. L'aube se levait en ruban de lumière bleue sur les rails d'un tramway des faubourgs, — mais, dès avant la terre promise, le ciel change ! c'est la pluie sur les vitrages d'un hôtel désaffecté de la plage, le déjeuner de pain gris sur lequel la mer fait le bruit des larmes. A qui s'en prendre ? tout désorientés, perplexes, nous faisons les cent pas sur l'estacade, en jetant nos morceaux de pain dans la mer. Voici : maintenant j'ai jeté sur mes épaules la pèlerine des pauvres, rattaché mes chaussures au coin amer d'une borne, et, tout seul maintenant sous la gargoulette des gouttières, j'attends l'heure de l'ouverture des épiceries.

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    J

    Juteau Monique

    @juteauMonique

    Comme dans un yaourtière Note d’existence : Paris / Lyon, je mets de l'ordre dans mes idées. J'essaie de rester poète sans faire d'histoire. Pas facile. Le train porte à la narration. Dans un TGV. Bien fermé. À température contrôlée. Entre deux vitesses au carré. Je mélange rues, musées, adieux et souvenirs. Longuement sans réfléchir. Comme lorsqu'on brasse un yogourt. Pour ramener les fruits à la surface. Arrivent les tunnels. Leurs noirceurs et traînées d’égarements. Suivent les rectangles de ciel. Les confettis de lumière. Volent dans les airs les panneaux réclames. Les machines à laver. À découdre le temps. La ville meurt dans les banlieues. Où l'on parle verlan dans des appartements avec ou sans balcons. Où faire pousser la menthe. Où ranger les vieux principes. Les théières qui ne servent plus. Les bonheurs qui fuient. Le train me yaourte. Caille mes dires. Un autre rempart. Coupe le son. Plus rien. Qu'un lot d’absurdes détresses. À cause du béton. Le paysage revient. Plante des siècles. Des clochers. Des dates à retenir. Avant la guerre de Cent Ans. Après Louis XVI. Sous le cycle de Robespierre. Je me sens devenir poire. Plus encore. Pulpe de matière grise. Moments d’oubli. Que je brasse pour ramener à la mémoire les chronologies si compliquées de la liberté.

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    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Hospitalité Ne soyez pas trop sévères avec vos frères Ils arrivent sur des bateaux de fortune quelque part sur notre Terre ne demandent pas la lune juste le gîte et le couvert Nous sommes tous issus du même père et devons rendre des comptes à la même messagère qui nous rappelle que nous sommes éphémères Alors ce mépris et cette colère de la part de ceux qui seront la proie du feu ou des vers demeurent un mystère Ne soyez pas trop sévères Demain peut-être la misère et la mer à la langue amère vous parleront

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Jour d’été Gravir la dune les bronches emplies d’air marin puis découvrir là-bas le miroir bleu aux rides crêtées d’écume et son argent éblouissant Descendre vers la plage s’asseoir sur le sable être cet infime témoin de l’harmonie des couleurs et de la matière Regarder l’horizon et rêver de partir seulement rêver Rien ne vaut le voyage immobile déchiré du cri soudain de la mouette

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Les clandestins Des hommes pour la plupart martyrs du hasard par une nuit sans lune sur des esquifs de fortune commencent leur fuite incertaine organisée par le passeur alliance d’argent et de haine On raconte qu’il est une terre remède à leur malheur où la satiété est reine Femme, enfant, père et mère laissés dans leur contrée lointaine attendront que par ces héros l’abondance advienne A vous qui faites ripaille sourds aux damnés de la faim à vous qui livrez une inégale bataille à ceux qui vous tendent la main accueillez dans vos forteresses un peu de leur grande détresse

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Migrant Avant de partir il a enterré les sentiments et les rires les bons souvenirs aussi Il ne peut songer au pays natal sans frémir de dégoût La misère l’a poussé à bout Il est aujourd’hui debout sur ce promontoire son désespoir qui surplombe la Méditerranée cette mer où ont sombré tous ses frères inconnus ces damnés qui ont préféré le tombeau d’un ventre vorace à la faim et au désoeuvrement sous leur létal soleil et aux jours pareils d’infernal tourment Avant de partir il a vomi son présent et s’est offert en sacrifice à l’avenir

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    K

    Kamal Zerdoumi

    @kamalZerdoumi

    Voyage A Paris mon pas décroît dans le crépuscule de vivre Sous la cruauté d’un ciel gris malgré l’indifférence et l’odyssée souterraine mon corps vieux navire traverse l’année en fendant les flots de l’espérance pour atteindre l’autre rive son soleil ami et baigner l’âme dans le bleu de ses cieux

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    K

    Kieran Wall

    @kieranWall

    Métro Assise, jambes encollantées Repliées sous elle, elle médite. Ses yeux noirs médusants évitent Soigneusement de me hanter. Elle fait en fait semblant de lire, Son regard a perdu la trace Des mots ; le rêve a pris leur place Pendant que Londres nous aspire. Après que sauve déposée, Dans un sourire à peine osé, Elle me fait son au revoir, Les rails reprennent mouvement. Et Londres inéluctablement Approche, luisant dans le soir.

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    L

    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Clando destin Sombre tristesse à l’aube de la décadence Un bout de trottoir comme terre d’asile, Seul refuge d’un espoir. Dans cette jungle de marchandage on abat des humains. Les frontières se dressent comme les murs d’une prison. Après avoir parcouru les mers, les montagnes, les campagnes, les villes, Mon ami de passage est un ennemi sans papiers. On a arraché ses racines et violé son innocence, Coupable de vivre en recherche d’une terre d’accueil. Regarde l’ami Clandestin, C’est un enfant du monde, Pour une seule nation.

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    L

    Laetitia Sioen

    @laetitiaSioen

    Entre les eaux Je me suis endormie Sur le parquet flottant La houle de mon radeau A fait lever les flots Mon bateau de papier Au sommet de mes voiles Flotte vers l’arrimage Le rivage en écho Une vague qui déferle Me réveille brusquement Entre les eaux Je suis un être libre Qui avance Contre vents et marrées Les fragments de ma vie Dans l’ascenseur céleste Vogue et m’emporte Là où le vent me guide Dans la candeur vagabonde Là où je m’abandonne Dans l’inconnue beauté Dans un monde en suspend

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Bel astre voyageur À La Comète de 1861 Bel astre voyageur, hôte qui nous arrives Des profondeurs du ciel et qu’on n’attendait pas, Où vas-tu ? Quel dessein pousse vers nous tes pas ? Toi qui vogues au large en cette mer sans rives, Sur ta route, aussi loin que ton regard atteint, N’as-tu vu comme ici que douleurs et misères ? Dans ces mondes épars, dis ! avons-nous des frères ? T’ont-ils chargé pour nous de leur salut lointain ? Ah ! quand tu reviendras, peut-être de la terre L’homme aura disparu. Du fond de ce séjour Si son œil ne doit pas contempler ton retour, Si ce globe épuisé s’est éteint solitaire, Dans l’espace infini poursuivant ton chemin, Du moins jette au passage, astre errant et rapide, Un regard de pitié sur le théâtre vide De tant de maux soufferts et du labeur humain.

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    M

    Maëlle Ranoux

    @maelleRanoux

    Se pétrir d’un voyage Je me souviens de l’océan Chaud et doux, S’entêtant à me séduire, S’allongeant sur mes rêves. Face aux torrents agités, crissants, d’ici, Je me souviens de la vie là-bas, Légère, Fluide comme une rivière, Traversante, Dans un horizon sans barrière. Je me souviens aussi, Du souvenir de vous, Mes êtres demeures, Comme des arbres absents, Dont l’ombre fraîche manquait sur mes rives. Je me souviens de l’océan. Je me souviens de vous absents. Je me souviens encore de ceux, Là-bas, Restés sous le soleil ardent, Sur les rives de ma rivière absente. * Mais, quelle est cette mélodie ? Oui, je la reconnais, C’est la triste mélodie du départ C’est la joyeuse mélodie de l’ailleurs Elle me pose, elle m’apaise, elle m’étreint, elle m’appelle, Elle porte mon chagrin, elle transporte mon espoir. * Vos lignes monotones M’animent ! Vos chemins chauds M’envolent ! Votre hiver glaçant M’échauffe ! Votre été bouillant M’exalte Vos grises mines M’amusent ! Vos âmes, à moi me lient, à moi m’attachent, à vous m’attachent. *

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    M

    Mohammed Dib

    @mohammedDib

    A un voyageur 1. lieu de mémoire   entre les maisons du jour et les feux de dernière main ressac de splendeurs sur les collines dont la cendre colporte le souvenir la saison a flambé derrière toi le soleil s’écaille à te chercher c’est le temps opaque de la terre c’est le temps de la suie étalée un archipel noir et perdu de doutes se hâte de souffler la dernière lampe allumée qui délire dans les dunes du nord   2. pour vivre   l’or de la fatigue peut-être l’arme candide muette plus loin   l’entre-temps d’une neige annoncée à cris dévorants   ce songe de vérité peut-être son aurore aux mains de louve   tu vas avec d’autres gestes recevoir ton exil d’une blancheur habitée par quelques oiseaux

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    Nadia Ben Slima

    @nadiaBenSlima

    Conversation masquée Si La nuit rime avec la mort l’oubli prouvera que tu as tort Si la mort défie ton ennui Ne lui cède pas ton âme et ta vie À l’ennui, à la mort À la vie, à l’envie schizophrénique hypothétique Lorsque le masque tombera Seule la ferveur restera C’est impétueux, cette cérémonieuse envie de partir Une illusion pour tes sourires, Languir Puis sourire Le masque ne sied à ravir Qu’à ceux capables de s’en démunir

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    O

    Okba Naji

    @okbaNaji

    Estran La falaise est muette au mouvement de l’eau, Les vagues soufflent le sable de tout leur corps, Vers un cortège de voiliers Qui pendule au repos, Les phares sont éteints Et la lumière diffuse Le sable est marqué Par le pas du promeneur, Et la vague inscrit son œuvre Sur ces clartés océanes Que dispense le ciel... Estran Bretagne

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    Oscar Wilde

    Oscar Wilde

    @oscarWilde

    Impression de voyage La mer avait la couleur du saphir, et le ciel, dans l’air, brûlait comme une opale chauffée : nous hissâmes la voile ; le vent soufflait avec force du côté des pays bleus qui s’étendent vers l’Orient. De la proue escarpée, je remarquai, avec, une attention plus vive, Zacynthos, et chaque bois d’olivier, et chaque baie, les falaises d’Ithaque, et le pic neigeux de Lycaon, et toutes les collines de l’Arcadie avec leur parure de fleurs. Le battement de la voile contre le mât, et les ondulations qui se faisaient dans l’eau sur les côtés, et les ondulations dans le rire des jeunes filles, à l’avant, pas d’autres bruits. Quand l’Occident s’embrasa et un rouge soleil se balança sur les mers, j’étais, enfin, sur le sol de la Grèce.

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    Oscar Wilde

    Oscar Wilde

    @oscarWilde

    Italia Italie ! tu es déchue, bien que toutes hérissées de lances brillantes, tes armées marchent à grand fracas des Alpes du Nord jusqu’aux flots siciliens ! Oui, déchue, bien que les nations te saluent reine, parce que l’on voit l’or faire briller ta richesse dans toutes les villes, et que sur ton lac de saphir, d’un air allier, sous le vent qui enfle leurs voiles, naviguent par milliers tes galères, sous l’unique drapeau rouge, blanc et vert. Belle et forte ! Mais belle et forte en vain ! Porte ton regard vers le Sud, où Rome, ville profanée, attend en vêtement de deuil un roi oint par Dieu. Lève ton regard au ciel ; Dieu permettra-t-il une telle chose ? Non, mais quelque Raphaël ceint de flamme va descendre, et frapper le Profanateur avec l’épée du châtiment.

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    Pablo Neruda

    Pablo Neruda

    @pabloNeruda

    Il meurt lentement Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n’écoute pas de musique, celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.Il meurt lentement celui qui détruit son amour-propre, celui qui ne se laisse jamais aider. Il meurt lentement celui qui devient esclave de l’habitude refaisant tous les jours les mêmes chemins, celui qui ne change jamais de repère, Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements Ou qui ne parle jamais à un inconnuIl meurt lentement celui qui évite la passion et son tourbillon d’émotions celles qui redonnent la lumière dans les yeux et réparent les coeurs blessés Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap lorsqu’il est malheureux au travail ou en amour, celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves, celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n’a fui les conseils sensés. Vis maintenant! Risque-toi aujourd’hui! Agis tout de suite! Ne te laisse pas mourir lentement! Ne te prive pas d’être heureux!

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Vous qui retournez du Cathai Vous qui retournez du Cathai Par les Messageries, Quand vous berçaient à leurs féeries L'opium ou le thé, Dans un palais d'aventurine Où se mourait le jour, Avez-vous vu Boudroulboudour, Princesse de la Chine,

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    En bateau L’étoile du berger tremblote Dans l’eau plus noire et le pilote Cherche un briquet dans sa culotte. C’est l’instant, Messieurs, ou jamais, D’être audacieux, et je mets Mes deux mains partout désormais ! Le chevalier Atys, qui gratte Sa guitare, à Chloris l’ingrate Lance une oeillade scélérate. L’abbé confesse bas Eglé, Et ce vicomte déréglé Des champs donne à son coeur la clé. Cependant la lune se lève Et l’esquif en sa course brève File gaîment sur l’eau qui rêve.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    En voyage Je partais pour un long voyage. En wagon, tapi dans mon coin, J'écoutais fuir l'aigu sillage Du sifflet dans la nuit, au loin ; Je goûtais la vague indolence, L'état obscur et somnolent, Où fait tomber sans qu'on y pense Le train qui bourdonne en roulant ; Et je ne m'apercevais guère, Indifférent de bonne foi, Qu'une jeune fille et sa mère Faisaient route à côté de moi. Elles se parlaient à voix basse : C'était comme un bruit de frisson, Le bruit qu'on entend quand on passe Près d'un nid le long d'un buisson ; Et bientôt elles se blottirent, Leurs fronts l'un vers l'autre penchés, Comme deux gouttes d'eau s'attirent Dès que les bords se sont touchés ; Puis, joue à joue, avec tendresse, Elles se firent toutes deux Un oreiller de leur caresse, Sous la lampe aux rayons laiteux. L'enfant, sur le bras de ma stalle, Avait laissé poser sa main Qui reflétait, comme une opale, La moiteur d'un jour incertain ; Une main de seize ans à peine : La manchette l'ombrait un peu ; L'azur, d'une petite veine, La nuançait comme un fil bleu ; Elle pendait, molle et dormante, Et je ne sais si mon regard Pressentit qu'elle était charmante Ou la rencontra par hasard, Mais je m'étais tourné vers elle, Sollicité sans le savoir : On dirait que la grâce appelle Avant même qu'on l'ait pu voir. « Heureux, me dis-je, le touriste Que cette main-là guiderait ! » Et ce songe me rendait triste : Un vœu n'éclôt que d'un regret. Cependant glissaient les campagnes Sous les fougueux rouleaux de fer, Et le profil noir des montagnes Ondulait ainsi qu'une mer. Force étrange de la rencontre ! Le cœur le moins prime-sautier, D'un lambeau d'azur qui se montre, Improvise un ciel tout entier : Une enfant dort, une étrangère, Dont la main paraît à demi, Et ce peu d'elle me suggère Un vœu d'un bonheur infini ! Je la rêve, inconnue encore, Sur ce peu de réalité, Belle de tout ce que j'ignore Et du possible illimité... Je rêve qu'une main si blanche, D'un si confiant abandon, Ne peut-être que sûre et franche, Et se donnerait tout de bon. Bienheureux l'homme qu'au passage Cette main fine enchaînerait ! Calme à jamais, à jamais sage... — Vitry ! Cinq minutes d'arrêt ! À ces mots criés sur la voie, Le couple d'anges s'éveilla, Battit des ailes avec joie, Et disparut. Je restai là. Cette enfant, qu'un autre eût suivie, Je me la laissais enlever. Un voyage ! Telle est la vie Pour ceux qui n'osent que rêver.

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    R

    Renee Vivien

    @reneeVivien

    En débarquant à Mytilène Du fond de mon passé, je retourne vers toi, Mytilène, à travers les siècles disparates, T’apportant ma ferveur, ma jeunesse et ma foi, Et mon amour, ainsi qu’un présent d’aromates, Mytilène, à travers les siècles disparates, Du fond de mon passé, je retourne vers toi. Je retrouve tes flots, tes oliviers, tes vignes, Et ton azur où je me fonds et me dissous, Tes barques, et tes monts avec leurs nobles lignes, Tes cigales aux cris exaspérés et fous, Sous ton azur, où je me fonds et me dissous, Je retrouve tes flots, tes oliviers, tes vignes. Reçois dans tes vergers un couple féminin, Île mélodieuse et propice aux caresses, Parmi l’asiatique odeur du lourd jasmin, Tu n’as point oublié Psappha ni ses maîtresses, Ile mélodieuse et propice aux caresses, Reçois dans tes vergers un couple féminin. Lesbos aux flancs dorés, rends-nous notre âme antique, Ressuscite pour nous les lyres et les voix, Et les rires anciens, et l’ancienne musique Qui rendit si poignants les baisers d’autrefois, Toi qui gardes l’écho des lyres et des voix, Lesbos aux flancs dorés, rends-nous notre âme antique, Évoque les péplos ondoyant dans le soir, Les lueurs blondes et rousses des chevelures, La coupe d’or et les colliers et le miroir, Et la fleur d’hyacinthe et les faibles murmures, Évoque la clarté des belles chevelures Et les légers péplos qui passaient, dans le soir, Quand, disposant leurs corps sur tes lits d’algues sèches, Les amantes jetaient des mots las et brisés, Tu mêlais tes odeurs de roses et de pêches Aux longs chuchotements qui suivent les baisers, À notre tour, jetant des mots las et brisés, Nous disposons nos corps sur tes lits d’algues sèches, Mythilène, parure et splendeur de la mer, Comme elle versatile et comme elle éternelle, Sois l’autel aujourd’hui des ivresses d’hier, Puisque Psappha couchait avec une immortelle, Accueille-nous avec bonté, pour l’amour d’elle, Mytilène, parure et splendeur de la mer !

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    R

    Régis Boury

    @regisBoury

    La camargue et le hoggar Pays de vents, d'eaux vives Où courent chevaux et taureaux ivres : Vaste plaine aimée, oubliée des dieux Endormie entre ses deux rives... (Pour faire un château, Prends ta pelle et ton seau.) ... Pays de sable, grand désert brûlant Où le cri s'entend, résonne, se perd De montagne en dune Au rebond du mauvais gré d'Echo, Caprice d'humeur à la dame Fortune. regarde ! Ecoute ! 26 janvier 1998 zadig 92000

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    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Chemins de l’Ouest Pour qui vous a-t-on faits, grands chemins de l’Ouest ? chemins de liberté que l’on suppose tels et qui mentez sans doute… Espaces où surgit le Popocatepelt, où le noir séquoïa cerne d’étranges routes, où la faune et la flore ont de si vastes ciels que l’homme ne sait plus à quel étage vivre. Chemins de liberté que nous supposons libres. À travers les Pampas court mon cheval sans bride, mais la ville géante a ses réseaux de feu, et les jeunes mortels faits de toutes les races ont leurs lassos, leurs murs, leur pères et leurs dieux. Des  » Trois Puntas  » à la mer des Sargasses, Amériques du Sud, du Nord, pays des toisons d’or, des mines d’or, de l’or qui fait l’homme libre et l’esclave, le Pampero peut-être ignore les entraves et l’aigle boréal, les pièges du chasseur… Mais, ô ma liberté, plus chère qu’une soeur, c’est en moi que tu vis, sereine et sédentaire, pendant que les chemins font le tour de la terre.

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    S

    Sabine Sicaud

    @sabineSicaud

    Chemins du Nord Lorsque « je pâlissais au nom de Vancouver » et que j’étais du Nord trop de froid traversait ma pelisse d’hiver et mon bonnet de bêtes mortes. Mes frères chassaient les oursons jusqu’au fond des grottes de fées ; du sang parlait sous leurs trophées, les Tomtes se cachaient, le vent hurlait aux portes et la glace barrait les fjords lorsque j’étais du Nord. Murs blancs du froid, prison. Je ne voyais jamais passer Nils Holgersson. Selma, Selma, pourquoi m’aviez-vous oubliée ? Il fallait naître à Morbacka, le jour de Pâques. Je savais bien pourtant que j’étais conviée…

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