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Titre : Berceuse macabre

Auteur : Marie Krysinska Recueil : Rythmes pittoresques

À Maurice Vaucaire. Qu’elles sont cruelles et lentes, les heures ! Et qu’il est lourd — l’ennui de la mort ! Les heures silencieuses et froides, qui tombent dans l’Éternité, comme des gouttes de pluie dans la mer. Donne-moi la main, ô ma sœur, et viens sous la Lune calmante, parler de ceux que nous avons laissés seuls quand nous sommes descendues dans la tombe. — Un sommeil très lourd m’engourdit, et je fais un rêve qui durera toujours ; — rendors-toi, ma sœur, — nos aimés nous ont oubliées, — J’ai mis mon cœur dans son cœur et je suis sienne à travers la Mort. — Ces murs sont hauts, et la terre des vivants est loin ; — rendors toi, ma sœur. — J’ai senti des diamants humides tomber sur ma bouche desséchée, — c’est mon ami qui pleurait. — Rendors-toi, pauvre sœur ; — c’est la pluie qui violait ton cercueil. — Ô Souvent j’entends des sanglots lointains ; — c’est mon aimé qui gémit, hanté par nos chers souvenirs. — Non, c’est le hibou qui jette un cri dans la nuit profonde ; — profonde comme nos tombeaux, et comme l’oubli de ceux qui nous avaient aimées ; — rendors-toi, ma sœur. 2 décembre 1882