Titre : Le corps du verbe
Auteur : Alain Bosquet
Regarde-moi : je ne suis point, mais si j'étais, je serais le poumon du poème.
Attends-moi : je n'ai rien résolu ; et le chant de l'absence n'a pas su me dissoudre.
Ainsi que le vautour,
j'hésite : faudrait-il dévorer l'alphabet
ou s'acharner plutôt sur la douce musique
qui donne un cœur au verbe, à son insu.
Prends-moi
pour me prouver enfin que je suis une forme,
un besoin de matière, un peu de peau qui souffre.
Choisis-moi un destin de texte ou de regard, de consonne ou de chair.
J'ai trop de discipline
pour me faire
Tangage.
Aide-moi : sans ivresse, je ne saurais désincarner ce corps trop lourd, ni incarner cette parole où tout est brume.