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Titre : Aux médecins qui viennent me voir

Auteur : Sabine Sicaud Recueil : Les poèmes de Sabine Sicaud

Je ne peux plus, je ne peux plus, vous voyez bien… C’est tout ce que je puis. Et vous me regardez et vous ne faites rien. Vous dites que je peux, vous dites – aujourd’hui Comme il y a des jours et des jours – que l’on doit Lutter quand même et vous ne savez pas Que j’ai donné toute ma pauvre force, moi, Tout mon pauvre courage et que j’ai dans mes bras Tous mes efforts cassés, tous mes efforts trompés Qui pèsent tant – si vous saviez ! Pourquoi ne pas comprendre ? Au bois des Oliviers Jésus de Nazareth pleurait, enveloppé D’une moins lourde nuit que celle où je descends. Il fait noir. Tout est laid, misérable, écœurant, sinistre…Vainement, vous tentez en passant un absurde sourire auquel nul ne se prend. C’est d’un geste raté, d’une voix sonnant faux que vous me promettez un secours pour demain. Demain ! C’est à présent, tout de suite, qu’il faut une main secourable dans ma main. Je suis à bout… C’est tout ce que je peux souffrir, c’est tout. Je ne peux plus, je ne crois plus, n’espère plus. Vous n’avez pas voulu, pas su comprendre, sans pitié Vous me laissez mourir de ma souffrance… Au moins, Faites-moi donc mourir comme on est foudroyé D’un seul coup de couteau, d’un coup de poing – ou d’un de ces poisons de fakir, vert et or, Qui vous endorment pour toujours, comme on s’endort Quand on a tant souffert, tant souffert jour et nuit, Que rien ne compte plus que l’oubli, rien que lui…