Titre : La peine
Auteur : Albert Dabadie Recueil : Les Echos du Rivage, 1857
Du ciel le plus limpide et le plus radieux,
Un nuage parfois assombrit l'atmosphère ;
Ainsi quelque pensée inquiète ou sévère,
Voile parfois d'ennuis les fronts les plus joyeux.
Souvent ceux que le plus on envie ou révère,
Ceux-là dont le bonheur luit le plus et le mieux,
S'en vont portant au cœur, sur un brillant calvaire,
Leur couronne d'épine, invisible à nos yeux.
De la peine d'autrui nul ne sait la mesure,
Nul n'en approfondit la plaie et la torture,
Et n'en sait calculer l'amertume et le poids :
Mais tous ont bien leur part, que chacun s'y résigne,
Homme, fils des douleurs, chacun porte sa croix,
C'est de l'humanité l'inévitable signe.