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Amour

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Amour

Poésies de la collection amour

    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Un soir d’été Le Rhin Qui coule Un train Qui roule Des nixes blanches Sont en prière Dans la bruyère Toutes les filles À la fontaine J’ai tant de peine J’ai tant d’amour Dit la plus belle Qu’il soit fidèle Et moi je l’aime Dit sa marraine J’ai la migraine À la fontaine J’ai tant de haine

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    À mon tiercelet Terrible Aquilan de Mayogre, Il me faudrait un petit noc Car j’ai faim d’amour comme un ogre Et je ne trouve qu’un faucon !! Courmelois, le 23 juin 1915

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    G

    Guillaume Dufour

    @guillaumeDufour

    C’est dans cette fleur qui sent si bon C’est dans cette fleur qui sent si bon et d’où monte un beau ciel de nuées que bat mon cœur Aromatiques enfants de cet œillet plus vivant que vos mains jointes ma bien AIMÉE et plus pieux encore que vos ongles La mielleuse figue octobrine seule a la douceur de vos lèvres qui ressemble à sa blessure lorsque trop mûr le noble fruit que je voudrais tant cueillir paraît sur le point de choir ô figue ô figue désirée bouche que je veux cueillir blessure dont je veux mourir Et puis voici l’engin avec quoi pêcheur JE Capture l’immense monstre de ton œil Qu’un art étrange abîme au sein des nuits profondes Nice, le 8 octobre 1914

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Dernière soirée passée avec ma maîtresse Il fallait la quitter, et pour ne plus me voir Elle partait, mon Dieu, c’était le dernier soir. Elle me laissait seul; cette femme cruelle Emportait mon amour et ma vie avec elle. Moi je voulus encore errer comme autrefois Dans les champs et l’aimer une dernière fois. La nuit nous apportait et l’ombre et le silence, Et pourtant j’entendais comme une voix immense, Tout semblait animé par un souffle divin. La nature tremblait, j’écoutais et soudain Un étrange frisson troubla toute mon âme. Haletant, un moment j’oubliai cette femme Que j’aimais plus que moi. Le vent nous apportait Mille sons doux et clairs que l’écho répétait. Ce n’était plus de l’air le calme et frais murmure, Mais c’était comme un souffle étreignant la nature, Un souffle, un souffle immense, errant, animant tout, Qui planait et passait, me rendant presque fou, Un son mystérieux et qui, sur son passage, Réveillait et frappait les échos du bocage. Tout vivait, tout tremblait, tout parlait dans les bois, Comme si, pour fêter le plus puissant des rois, Et l’insecte et l’oiseau et l’arbre et le feuillage Parlaient, quand tout dormait, un sublime langage. Je restai frémissant: ce bruit mystérieux, C’était Dieu descendu des cieux. C’était ce Dieu puissant si grand et solitaire Qui venait oublier sa grandeur sur la terre. Dieu las et fatigué de sa divinité, Las d’honneur, de puissance et d’immortalité, Des éternels ennuis où sa grandeur l’enchaîne, Qui venait partager notre nature humaine. Il avait choisi l’heure où tout dort et se tait, Où l’homme, indifférent à tout ce que Dieu fait, Attaché seulement à ses soins mercenaires, Prend un peu de repos qu’il dérobe aux affaires. Car c’était aussi l’heure où ce Dieu généreux Peut bénir et donner la main aux malheureux, L’heure où celui qui souffre et gémit en silence, Qui craint pour son malheur la froide indifférence, Délivré du fardeau de l’égoïsme humain, Sans craindre la pitié peut planer libre enfin. Dieu vient le consoler, il soutient sa misère, Il rend ses pleurs plus doux, sa douleur moins amère, Il verse sur sa plaie un baume bienfaisant. D’autres craignent encore un oeil indifférent, Et les regards de l’homme et les bruits de la terre. Ils cherchent aussi l’heure où tout est solitaire, Dieu les voit, il bénit le bonheur des amants. Invisible témoin, il entend leurs serments. Il aime cet amour qu’il ne goûtera pas Et dans les bois, la nuit, il protège leurs pas. Il était là, son souffle errait sur la nature, Paraissait éveiller comme un vaste murmure, Tout ce qu’il a formé s’animait et, tremblant, S’agitait au contact de ce Dieu tout-puissant, Et tout parlait de lui, le vent sous le feuillage, Et l’arbuste, et le flot caressait le rivage, Et tous ces bruits divers ne formaient qu’une voix: C’était Dieu qui parlait au milieu des grands bois. Tous deux nous l’écoutions et nous versions des larmes; Quand on va se quitter, l’amour a tant de charmes! Et nos pleurs, qui tombaient comme des diamants, Goutte à goutte brillaient sur les herbes des champs. Mais de cette belle soirée Et de ma maîtresse adorée Que restait-il le lendemain? Seul le pâtre de grand matin, En conduisant au pâturage Son gras troupeau, vit sur l’herbage Les quelques gouttes de nos pleurs, Seule marque de nos douleurs; Mais il les prit pour la rosée. « L’herbe n’est point encor séchée », Se dit-il en pressant le pas. Hélas! il ne soupçonna pas Que de chagrins et de misères Cachait cette eau sur les bruyères. Et ses brebis qui le suivaient Broutaient les herbes et buvaient Nos pleurs sans arrêter leur course, Mais rien n’en a trahi la source. (1868)

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Fin d’amour Le gai soleil chauffait les plaines réveillées. Des caresses flottaient sous les calmes feuillées. Offrant à tout désir son calice embaumé, Où scintillait encor la goutte de rosée, Chaque fleur, par de beaux insectes courtisée, Laissait boire le suc en sa gorge enfermé. De larges papillons se reposant sur elles Les épuisaient avec un battement des ailes, Et l’on se demandait lequel était vivant, Car la bête avait l’air d’une fleur animée. Des appels de tendresse éclataient dans le vent. Tout, sous la tiède aurore, avait sa bien-aimée ! Et dans la brune rose où se lèvent les jours On entendait chanter des couples d’alouettes, Des étalons hennir leurs fringantes amours, Tandis qu’offrant leurs coeurs avec des pirouettes Des petits lapins gris sautaient au coin d’un bois. Une joie amoureuse, épandue et puissante, Semant par l’horizon sa fièvre grandissante, Pour troubler tous les coeurs prenait toutes les voix, Et sous l’abri de la ramure hospitalière Des arbres, habités par des peuples menus, Par ces êtres pareils à des grains de poussière, Des foules d’animaux de nos yeux inconnus, Pour qui les fins bourgeons sont d’immenses royaumes, Mêlaient au jour levant leurs tendresses d’atomes. Deux jeunes gens suivaient un tranquille chemin Noyé dans les moissons qui couvraient la campagne. Ils ne s’étreignaient point du bras ou de la main ; L’homme ne levait pas les yeux sur sa compagne. Elle dit, s’asseyant au revers d’un talus : « Allez, j’avais bien vu que vous ne m’aimiez plus. » Il fit un geste pour répondre : « Est-ce ma faute ? » puis il s’assit près d’elle. Ils songeaient, côte à côte. Elle reprit : « Un an ! rien qu’un an ! et voilà Comment tout cet amour éternel s’envola ! Mon âme vibre encor de tes douces paroles ! J’ai le coeur tout brûlant de tes caresses folles ! Qui donc t’a pu changer du jour au lendemain ? Tu m’embrassais hier, mon Amour ; et ta main, Aujourd’hui, semble fuir sitôt qu’elle me touche. Pourquoi donc n’as-tu plus de baisers sur la bouche ? Pourquoi ? réponds ! » il dit : « Est-ce que je le sais ? » Elle mit son regard dans le sien pour y lire : « Tu ne te souviens plus comme tu m’embrassais, Et comme chaque étreinte était un long délire ? » Il se leva, roulant entre ses doigts distraits La mince cigarette, et, d’une voix lassée : « Non, c’est fini, dit-il, à quoi bon les regrets ? On ne rappelle pas une chose passée, Et nous n’y pouvons rien, mon amie ! » A pas lents Ils partirent, le front penché, les bras ballants. Elle avait des sanglots qui lui gonflaient la gorge, Et des larmes venaient luire au bord de ses yeux. Ils firent s’envoler au milieu d’un champ d’orge Deux pigeons qui, s’aimant, fuirent d’un vol joyeux. Autour d’eux, sous leurs pieds, dans l’azur sur leur tête, L’Amour était partout comme une grande fête. Longtemps le couple ailé dans le ciel bleu tourna. Un gars qui s’en allait au travail entonna Une chanson qui fit accourir, rouge et tendre, La servante de ferme embusquée à l’attendre. Ils marchaient sans parler. Il semblait irrité Et la guettait parfois d’un regard de côté ; Ils gagnèrent un bois. Sur l’herbe d’une sente, A travers la verdure encor claire et récente, Des flaques de soleil tombaient devant leurs pas ; Ils avançaient dessus et ne les voyaient pas. Mais elle s’affaissa, haletante et sans force, Au pied d’un arbre dont elle étreignit l’écorce, Ne pouvant retenir ses sanglots et ses cris. Il attendit d’abord, immobile et surpris, Espérant que bientôt elle serait calmée, Et sa lèvre lançait des filets de fumée Qu’il regardait monter, se perdre dans l’air pur. Puis il frappa du pied, et soudain, le front dur : « Finissez, je ne veux ni larmes ni querelle. » « Laissez-moi souffrir seule, allez-vous-en », dit-elle. Et relevant sur lui ses yeux noyés de pleurs : « Oh ! comme j’avais l’âme éperdue et ravie ! Et maintenant elle est si pleine de douleurs !… Quand on aime, pourquoi n’est-ce pas pour la vie ? Pourquoi cesser d’aimer ? Moi, je t’aime… Et jamais Tu ne m’aimeras plus ainsi que tu m’aimais ! » Il dit : « Je n’y peux rien. La vie est ainsi faite. Chaque joie, ici-bas, est toujours incomplète. Le bonheur n’a qu’un temps. Je ne t’ai point promis Que cela durerait jusqu’au bord de la tombe. Un amour naît, vieillit comme le reste, et tombe. Et puis, si tu le veux, nous deviendrons amis Et nous aurons, après cette dure secousse, L’affection des vieux amants, sereine et douce. » Et pour la relever il la prit par le bras. Mais elle sanglota : « Non, tu ne comprends pas. » Et, se tordant les mains dans une douleur folle, Elle criait : « Mon Dieu ! mon Dieu ! » Lui, sans parole, La regardait. Il dit : « Tu ne veux pas finir, Je m’en vais » et partit pour ne plus revenir. Elle se sentit seule et releva la tête. Des légions d’oiseaux faisaient une tempête De cris joyeux. Parfois un rossignol lointain Jetait un trille aigu dans l’air frais du matin, Et son souple gosier semblait rouler des perles. Dans tout le gai feuillage éclataient des chansons : Le hautbois des linots et le sifflet des merles, Et le petit refrain alerte des pinsons. Quelques hardis pierrots, sur l’herbe de la sente, S’aimaient, le bec ouvert et l’aile frémissante. Elle sentait partout, sous le bois reverdi, Courir et palpiter un souffle ardent et tendre ; Alors, levant les yeux vers le ciel, elle dit : Amour ! l’homme est trop bas pour jamais te comprendre ! »

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Le mur Les fenêtres étaient ouvertes. Le salon Illuminé jetait des lueurs d’incendies, Et de grandes clartés couraient sur le gazon Le parc, là-bas, semblait répondre aux mélodies De l’orchestre, et faisait une rumeur au loin. Tout chargé des senteurs des feuilles et du foin, L’air tiède de la nuit, comme une molle haleine, S’en venait caresser les épaules, mêlant Les émanations des bois et de la plaine A celles de la chair parfumée, et troublant D’une oscillation la flamme des bougies. On respirait les fleurs des champs et des cheveux. Quelquefois, traversant les ombres élargies, Un souffle froid, tombé du ciel criblé de feux, Apportait jusqu’à nous comme une odeur d’étoiles. Les femmes regardaient, assises mollement, Muettes, l’oeil noyé, de moment en moment Les rideaux se gonfler ainsi que font des voiles, Et rêvaient d’un départ à travers ce ciel d’or, Par ce grand océan d’astres. Une tendresse Douce les oppressait, comme un besoin plus fort D’aimer, de dire, avec une voix qui caresse, Tous ces vagues secrets qu’un coeur peut enfermer. La musique chantait et semblait parfumée ; La nuit embaumant l’air en paraissait rythmée, Et l’on croyait entendre au loin les cerfs bramer. Mais un frisson passa parmi les robes blanches ; Chacun quitta sa place et l’orchestre se tut, Car derrière un bois noir, sur un coteau pointu, On voyait s’élever, comme un feu dans les branches, La lune énorme et rouge à travers les sapins. Et puis elle surgit au faîte, toute ronde, Et monta, solitaire, au fond des cieux lointains, Comme une face pâle errant autour du monde. Chacun se dispersa par les chemins ombreux Où, sur le sable blond, ainsi qu’une eau dormante, La lune clairsemait sa lumière charmante. La nuit douce rendait les hommes amoureux, Au fond de leurs regards allumant une flamme. Et les femmes allaient, graves, le front penché, Ayant toutes un peu de clair de lune à l’âme. Les brises charriaient des langueurs de péché. J’errais, et sans savoir pourquoi, le coeur en fête. Un petit rire aigu me fit tourner la tête, Et j’aperçus soudain la dame que j’aimais, Hélas ! d’une façon discrète, car jamais Elle n’avait cessé d’être à mes voeux rebelle : « Votre bras, et faisons un tour de parc », dit-elle. Elle était gaie et folle et se moquait de tout, Prétendait que la lune avait l’air d’une veuve : « Le chemin est trop long pour aller jusqu’au bout, Car j’ai des souliers fins et ma toilette est neuve ; Retournons. » Je lui pris le bras et l’entraînai. Alors elle courut, vagabonde et fantasque, Et le vent de sa robe, au hasard promené, Troublait l’air endormi d’un souffle de bourrasque. Puis elle s’arrêta, soufflant ; et doucement Nous marchâmes sans bruit tout le long d’une allée. Des voix basses parlaient dans la nuit, tendrement, Et, parmi les rumeurs dont l’ombre était peuplée, On distinguait parfois comme un son de baiser. Alors elle jetait au ciel une roulade ! Vite tout se taisait. On entendait passer Une fuite rapide ; et quelque amant maussade Et resté seul pestait contre les indiscrets. Un rossignol chantait dans un arbre, tout près, Et dans la plaine, au loin, répondait une caille. Soudain, blessant les yeux par son reflet brutal, Se dressa, toute blanche, une haute muraille, Ainsi que dans un conte un palais de métal. Elle semblait guetter de loin notre passage. « La lumière est propice à qui veut rester sage, Me dit-elle. Les bois sont trop sombres, la nuit. Asseyons-nous un peu devant ce mur qui luit. » Elle s’assit, riant de me voir la maudire. Au fond du ciel, la lune aussi me sembla rire ! Et toutes deux d’accord, je ne sais trop pourquoi, Paraissaient s’apprêter à se moquer de moi. Donc, nous étions assis devant le grand mur blême ; Et moi, je n’osais pas lui dire : « Je vous aime ! » Mais comme j’étouffais, je lui pris les deux mains. Elle eut un pli léger de sa lèvre coquette Et me laissa venir comme un chasseur qui guette. Des robes, qui passaient au fond des noirs chemins, Mettaient parfois dans l’ombre une blancheur douteuse. La lune nous couvrait de ses rayons pâlis Et, nous enveloppant de sa clarté laiteuse, Faisait fondre nos coeurs à sa vue amollis. Elle glissait très haut, très placide et très lente, Et pénétrait nos chairs d’une langueur troublante. J’épiais ma compagne, et je sentais grandir Dans mon être crispé, dans mes sens, dans mon âme, Cet étrange tourment où nous jette une femme Lorsque fermente en nous la fièvre du désir ! Lorsqu’on a, chaque nuit, dans le trouble du rêve, Le baiser qui consent, le « oui » d’un oeil fermé, L’adorable inconnu des robes qu’on soulève, Le corps qui s’abandonne, immobile et pâmé, Et qu’en réalité la dame ne nous laisse Que l’espoir de surprendre un moment de faiblesse ! Ma gorge était aride ; et des frissons ardents Me vinrent, qui faisaient s’entre-choquer mes dents, Une fureur d’esclave en révolte, et la joie De ma force pouvant saisir, comme une proie,. Cette femme orgueilleuse et calme, dont soudain Je ferais sangloter le tranquille dédain ! Elle riait, moqueuse, effrontément jolie ; Son haleine faisait une fine vapeur Dont j’avais soif. Mon coeur bondit ; une folie Me prit. Je la saisis en mes bras. Elle eut peur, Se leva. J’enlaçai sa taille avec colère, Et je baisai, ployant sous moi son corps nerveux, Son oeil, son front, sa bouche humide et ses cheveux, La lune, triomphant, brillait de gaieté claire. Déjà je la prenais, impétueux et fort, Quand je fus repoussé par un suprême effort. Alors recommença notre lutte éperdue Près du mur qui semblait une toile tendue. Or, dans un brusque élan nous étant retournés, Nous vîmes un spectacle étonnant et comique. Traçant dans la clarté deux corps désordonnés, Nos ombres agitaient une étrange mimique, S’attirant, s’éloignant, s’étreignant tour à tour. Elles semblaient jouer quelque bouffonnerie, Avec des gestes fous de pantins en furie, Esquissant drôlement la charge de l’Amour. Elles se tortillaient, farces ou convulsives, Se heurtaient de la tête ainsi que des béliers ; Puis, redressant soudain leurs tailles excessives, Restaient fixes, debout comme deux grands piliers. Quelquefois, déployant quatre bras gigantesques, Elles se repoussaient, noires sur le mur blanc, Et, prises tout à coup de tendresses grotesques, Paraissaient se pâmer dans un baiser brûlant. La chose étant très gaie et très inattendue, Elle se mit à rire. – Et comment se fâcher, Se débattre et défendre aux lèvres d’approcher Lorsqu’on rit ? Un instant de gravité perdue Plus qu’un coeur embrasé peut sauver un amant ! Le rossignol chantait dans son arbre. La lune Du fond du ciel serein recherchait vainement Nos deux ombres au mur et n’en voyait plus qu’une.

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Légende de la chambre des demoiselles à Étretat Lentement le flot arrive Sur la rive Qu’il berce et flatte toujours. C’est un triste chant d’automne Monotone Qui pleure après les beaux jours. Sur la côte solitaire Est une aire Jetée au-dessus des eaux ; Un étroit passage y mène, Vrai domaine Des mauves et des corbeaux. C’est une grotte perdue, Suspendue Entre le ciel et les mers, Une demeure ignorée Séparée Du reste de l’univers. Jadis plus d’une gentille Jeune fille Y vint voir son amoureux ; On dit que cette retraite Si discrète A caché bien des heureux. On dit que le clair de lune Vit plus d’une Jouvencelle au coeur léger Prendre le sentier rapide, Intrépide Insouciante au danger. Mais comme un aigle tournoie Sur sa proie, Les guettait l’ange déchu, Lui qui toujours laisse un crime Où s’imprime L’ongle de son pied fourchu. Un soir près de la colline Qui domine Ce roc au front élancé, Une fillette ingénue Est venue Attendant son fiancé. Or celui qui perdit Eve, Sur la grève La suivit d’un pied joyeux ; « Hymen, dit-il, vous invite, « Venez vite, « La belle fille aux doux yeux, « Là-bas sur un lit de roses « Tout écloses « Vous attend le jeune Amour ; « Pour accomplir ses mystères « Solitaires « Il a choisi cette tour. » Elle était folle et légère, L’étrangère, Hélas, et n’entendit pas Pleurer son ange fidèle, Et près d’elle Satan qui riait tout bas. Car elle suivit son guide Si perfide Et par le sentier glissant. Bat la rive Mais lui, félon, de la cime, Dans l’abîme Il la jeta, – Dieu Puissant ! Son ombre pâle est restée Tourmentée, Veillant sur l’étroit chemin. Sitôt que de cette roche On approche Elle étend sa blanche main. Depuis qu’en ces lieux, maudite Elle habite, Aucun autre n’est tombé. C’est ainsi qu’elle se venge De l’archange Auquel elle a succombé. Allez la voir, Demoiselles, Jouvencelles Que mon récit attrista, Car pour vous la renommée L’a nommée Cette grotte d’Étretat ! A son pied le flot arrive Bat la rive Qu’il berce et flatte toujours. C’est un triste chant d’automne Monotone Qui pleure après les beaux jours. (15 décembre 1922)

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    À Madame Henri Heine Vous avez des yeux noirs, et vous êtes si belle, Que le poète en vous voit luire l'étincelle Dont s'anime la force et que nous envions : Le génie à son tour embrase toute chose ; Il vous rend sa lumière, et vous êtes la rose Qui s'embellit sous ses rayons.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Artémis La Treizième revient... C'est encor la première ; Et c'est toujours la Seule, - ou c'est le seul moment : Car es-tu Reine, ô Toi ! la première ou dernière ? Es-tu Roi, toi le seul ou le dernier amant ? ...

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Chanson gothique Belle épousée, J’aime tes pleurs ! C’est la rosée Qui sied aux fleurs. Les belles choses N’ont qu’un printemps, Semons de roses Les pas du Temps ! Soit brune ou blonde Faut-il choisir ? Le Dieu du monde, C’est le Plaisir.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Dans les bois Au printemps l'oiseau naît et chante : N'avez-vous pas ouï sa voix ?... Elle est pure, simple et touchante, La voix de l'oiseau — dans les bois ! L'été, l'oiseau cherche l'oiselle ; Il aime — et n'aime qu'une fois ! Qu'il est doux, paisible et fidèle, Le nid de l'oiseau — dans les bois ! Puis quand vient l'automne brumeuse, Il se tait... avant les temps froids. Hélas ! qu'elle doit être heureuse La mort de l'oiseau — dans les bois !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Le ballet des heures Les heures sont des fleurs l’une après l’autre écloses Dans l’éternel hymen de la nuit et du jour ; Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses Et ne les donner qu’à l’amour. Ainsi que de l’éclair, rien ne reste de l’heure, Qu’au néant destructeur le temps vient de donner ; Dans son rapide vol embrassez la meilleure, Toujours celle qui va sonner. Et retenez-la bien au gré de votre envie, Comme le seul instant que votre âme rêva ; Comme si le bonheur de la plus longue vie Était dans l’heure qui s’en va. Vous trouverez toujours, depuis l’heure première Jusqu’à l’heure de nuit qui parle douze fois, Les vignes, sur les monts, inondés de lumière, Les myrtes à l’ombre des bois. Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ; Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé, Rajeunit l’autre sang qui vieillit dans vos veines Et donne l’oubli du passé. Que l’heure de l’amour d’une autre soit suivie, Savourez le regard qui vient de la beauté ; Être seul, c’est la mort ! Être deux, c’est la vie ! L’amour c’est l’immortalité !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Le temps I Le Temps ne surprend pas le sage ; Mais du Temps le sage se rit, Car lui seul en connaît l’usage ; Des plaisirs que Dieu nous offrit, Il sait embellir l’existence ; Il sait sourire à l’espérance, Quand l’espérance lui sourit. II Le bonheur n’est pas dans la gloire, Dans les fers dorés d’une cour, Dans les transports de la victoire, Mais dans la lyre et dans l’amour. Choisissons une jeune amante, Un luth qui lui plaise et l’enchante ; Aimons et chantons tour à tour ! III  » Illusions ! vaines images ! «  Nous dirons les tristes leçons De ces mortels prétendus sages Sur qui l’âge étend ses glaçons ; «   » Le bonheur n’est point sur la terre, Votre amour n’est qu’une chimère, Votre lyre n’a que des sons ! «  IV Ah ! préférons cette chimère A leur froide moralité ; Fuyons leur voix triste et sévère ; Si le mal est réalité, Et si le bonheur est un songe, Fixons les yeux sur le mensonge, Pour ne pas voir la vérité. V Aimons au printemps de la vie, Afin que d’un noir repentir L’automne ne soit point suivie ; Ne cherchons pas dans l’avenir Le bonheur que Dieu nous dispense ; Quand nous n’aurons plus l’espérance, Nous garderons le souvenir. VI Jouissons de ce temps rapide Qui laisse après lui des remords, Si l’amour, dont l’ardeur nous guide, N’a d’aussi rapides transports : Profitons de l’adolescence, Car la coupe de l’existence Ne pétille que sur ses bords ! (1824)

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Romance Ah ! sous une feinte allégresse Ne nous cache pas ta douleur ! Tu plais autant par ta tristesse Que par ton sourire enchanteur À travers la vapeur légère L'Aurore ainsi charme les yeux ; Et, belle en sa pâle lumière, La nuit, Phœbé charme les cieux. Qui te voit, muette et pensive, Seule rêver le long du jour, Te prend pour la vierge naïve Qui soupire un premier amour ; Oubliant l'auguste couronne Qui ceint tes superbes cheveux, À ses transports il s'abandonne, Et sent d'amour les premiers feux !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Une allée du Luxembourg Elle a passé, la jeune fille Vive et preste comme un oiseau À la main une fleur qui brille, À la bouche un refrain nouveau. C'est peut-être la seule au monde Dont le cœur au mien répondrait, Qui venant dans ma nuit profonde D'un seul regard l'éclaircirait ! Mais non, – ma jeunesse est finie… Adieu, doux rayon qui m'as lui, – Parfum, jeune fille, harmonie… Le bonheur passait, – il a fui !

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    Henri De Régnier

    Henri De Régnier

    @henriDeRegnier

    Odelette - Si j'ai parlé Si j'ai parlé De mon amour, c'est à l'eau lente Qui m'écoute quand je me penche Sur elle ; si j'ai parlé De mon amour, c'est au vent Qui rit et chuchote entre les branches ; Si j'ai parlé de mon amour, c'est à l'oiseau Qui passe et chante Avec le vent ; Si j'ai parlé C'est à l'écho, Si j'ai aimé de grand amour, Triste ou joyeux, Ce sont tes yeux ; Si j'ai aimé de grand amour, Ce fut ta bouche grave et douce, Ce fut ta bouche ; Si j'ai aimé de grand amour, Ce furent ta chair tiède et tes mains fraiches, Et c'est ton ombre que je cherche.

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    H

    Hélène Picard

    @helenePicard

    Hymne au bien-aimé O jeune corps de joie où la splendeur circule, Je te glorifierai dans la vague du blé, Dans les grands horizons, lorsque le crépuscule Ouvre une route bleue au silence étoilé. O jeune fleur de vie, ô chair pure et sacrée, O corps du bien-aimé, je te louerai le jour, Lorsque la terre boit la lumière dorée, Quand le soleil est beau comme un rire d’amour. Je te retrouverai dans les vignes ardentes, Dans la mûre si lourde aux doigts de la chaleur, Dans le parfum du foin et des roses brûlantes, Et dans le tiède sol et dans les fruits en fleur. Je te désirerai dans les plantes de l’ombre, Je te savourerai dans le pain du matin, Je boirai ta douceur au coeur de la nuit sombre, Et, dans le fleuve beau, je verrai ton destin. Je baiserai le chêne ou tes dieux te saluent, L’herbe de la vallée où tu dors en riant, Le lin, l’outil, le blé que tes mains distribuent, Belle, je chanterai pour toi vers l’Orient. Je te respirerai dans les vents de l’automne, Dans les vents où tournoient les fous insectes d’or, Ivres, dans le verger qui s’effeuille et rayonne, D’avoir goûté les fruits et pressenti la mort. O bien-aimé, fraîcheur, parfum de la colline O clarté de mes yeux, ô rythme de mon coeur, Je mouillerai ta chair d’une larme divine Et je m’effeuillerai sur toi comme une fleur. Je t’apprendrai les mots dont s’alimente l’onde, Dont s’avive l’azur, dont se dore l’été; Pour toi, je lèverai mes deux bras sur le monde, Et mes gestes, pour toi, feront de la beauté. La source des forêts dira notre jeunesse, Et ma lèvre, sans fin, dans la tienne mourra; La lune règnera, haute, sur notre ivresse, Et l’urne de ma vie à tes pieds coulera…

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    H

    Hélène Picard

    @helenePicard

    Jalousie Par ces soirs où tu fuis, jeune amant de la vie, Loin de ta chambre et de ta lampe et de tes dieux, Je m’abîme en mes pleurs et je ferme les yeux, Et je suis de tristesse et d’horreur poursuivie Comme une barque en mer par une nuit d’adieux. Je voudrais te maudire et je t’aime à pleine âme, Et je baise tes pieds qui courent vers l’amour, Et j’adore ton front qui se penchera, lourd De l’ardeur de minuit, sur le sein d’une femme… Oh ! ces soirs plus poignants que ton dédain du jour !… Sans doute, ce n’est point une amante divine Vers laquelle tu vas dans le soir embrasé, Et ton front lumineux où l’orgueil est posé Comme un soleil couchant sur la haute colline, Tu le donnes, hélas ! au hasard d’un baiser … O cruauté du sort, amertume de l’heure, Cette femme mêlée à ton frisson humain, Ne saura ni ton nom, ni ton regard demain, Et moi qui te comprends, qui te respecte et pleure, Je mourrai sans avoir jamais touché ta main !…

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    H

    Hélène Picard

    @helenePicard

    La bonne joie Souvent, je m’attendris, vraiment, jusqu’à pleurer En m’imaginant nue et dans sa stricte vie, Votre chair jeune et douce et j’éprouve l’envie, Les sens calmes et purs, d’aller la respirer. C’est puissant, c’est divin, c’est neuf… Je m’extasie… Quoi! vous avez un coeur dans votre cher côté, Un coeur de tiède sang, de force et de santé, Un coeur qui bat, profond, à la place choisie? J’adore votre forme exacte et son contour, L’éclat matériel de votre belle lèvre, Votre vigueur qui monte et vous fait de la fièvre Et précipite en vous le besoin de l’amour. Combien c’est net et bon, combien cela m’enchante!… Je pense à votre faim, à votre beau sommeil, Je me dis: « il est plein de sève et de soleil, Et la joie est sur lui comme l’eau sur la plante. » Vous avez mon amour, la poigante douceur De l’animal qui boit, qui marche et qui désire Et même, sans vos pleurs, vos rêves, votre rire, Vous avez, par le sang, une haute splendeur. Je vous loue, éblouie et grave, car vous Etes… J’écoute votre pas, j’entends votre soupir… « Ah! comme il est vivant! » me dis-je… « Il doit mourir… » Mon adoration fond en larmes secrètes… Et c’est un plaisir sain, vrai, robuste, émouvant, Je n’y mets pas d’ardeur cache et sensuelle, Et je ris tendrement lorsque je me rappelle Vos cheveux, une fois, emmêlés par le vent…

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    H

    Hélène Picard

    @helenePicard

    Pénétration J’aurai goûté vos yeux, votre front, votre main Plus que je n’ai goûté l’eau limpide et le pain, Votre bouche m’aura pour toujours abreuvée, Votre âme je l’aurai tout entière rêvée, Je vous ai convoité comme on convoite l’or, Je vous ai possédé comme on étreint la mort, Je vous ai parcouru comme une route neuve, Vous avez ondoyé dans mes bras comme un fleuve, J’ai chargé votre front de toute la beauté, Je n’ai plus su qu’en vous recueillir la clarté. Toutes mes nuits n’étaient faites que de votre ombre, Et vous m’avez semblé sans limite et sans nombre, Et vous m’avez paru grand de tout l’univers. En moi vous affluiez avec le bruit des mers, Avec les cris humains et le souffle du rêve, Vous étiez doux en moi de même qu’une grève, Sonore comme un bois quand les vents sont épars, Vous avez à jamais habité mes regards, Vous m’avez faite triste et splendide sans trêve Comme, sur une tour, une reine qui rêve… Et quand mes pleurs la nuit, étaient si soucieux, Je vous sentais couler lentement de mes yeux. J’aurai bu votre vie à la source d’eau vive, Vous fûtes l’éternel dans l’heure fugitive, Je vous dois l’infini, le songe, la douleur, Et vous avez changé le rythme de mon coeur. Je vous dois la vertu, la colère sacrée, Ce livre tout ouvert par sa porte dorée, Et cet ange surgi de mon âme et du soir, Plus grand que le génie, encor: le désespoir… Je vous ai fait ma couche et ma table servie, En tous lieux, je vous ai, dans mon ombre, emporté, Vous fûtes ma maison et je vous ai planté, A jamais, comme un arbre au milieu de ma vie…

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    I

    Isaac Lerutan

    @isaacLerutan

    L’ombre des anges Je traverserai les villes J’emporterai ta voix J’irai chercher le feu dans le ciel Et le vent dans nos voiles Quand l’ombre des nuages Démasquera nos souffles Nous volerons sereins Par les chemins du sort Et nos songes en fuite Eviteront les gouffres Pour balayer ensuite Les traces de nos morts Je traverserai les villes J’emporterai ta voix J’irai chercher le feu dans le ciel Et le vent dans nos voiles Une étoile se repose Dès qu’un ange s’endort…

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    Jacques Delille

    Jacques Delille

    @jacquesDelille

    À l'auteur des amours épiques Chantre aimable, sur plus d'un ton, Sous vos habiles doigts votre lyre résonne ; Virgile, Homère, et le Tasse, et Milton, De leurs lauriers détachent un feston Pour composer votre couronne. Autrefois du brave Memnon, Fabuleux enfant de l'Aurore, Le simulacre harmonieux, Au gré de l'astre radieux Par qui le monde se colore, Rendait un son mélodieux ; Vous, par un art plus merveilleux encore, De six chantres divins, astres brillants des arts, Poètes de Roland, d'Achille et des Césars, Dont le Pinde moderne, et le vieux temps s'honore, Vous rassemblez tous les rayons épars, Et répétez les chants de leur lyre sonore. Poursuivez, heureux Grandmaison, Vers la célébrité courez d'un vol agile. Je m'en souviens, dans ma jeune saison, Des amis indulgents, du surnom de Virgile, Sur la trompeuse foi de la terminaison, Grâce à la consonance honorèrent Delille, Et j'étais fier alors de la comparaison. Le charme est dissipé, ce sobriquet sublime, Je vous le rends ; je le dus à la rime, Vous le devez à la raison.

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    J

    Jacques Viallebesset

    @jacquesViallebesset

    Avec toi Je suis avec toi âme sincère et cœur pur Egaré dans le dédale de ta forêt obscure Cherchant en aveugle la clairière de l’être Je suis le compagnon qui a travaillé comme toi A qui tu peux dire tes espoirs et désirs secrets Je t’apporte les forêts les mers les montagnes Je suis avec toi quelles que soient tes erreurs Dans tes yeux sont gravés tes rêves ta nostalgie Toute l’innocence perdue depuis l’enfance Cette absence de pureté que tu ne vois plus C’est ainsi que la mort arrive avant l’heure Je suis ton compagnon en perpétuelle révolte Et si la société a tué en toi cette faculté Je te dis que les prés fleuris t’appartiennent Je suis avec toi partout où tu es esseulé Je t’attends aux estuaires de ta résignation Tu imagines les routes du vent les joies du monde Au nom de l’espoir je t’offre amour et amitié Pour soumettre ton désir au rythme du cosmos Je suis avec le berger qui t’attend près de ta source.

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    J

    Jacques Viallebesset

    @jacquesViallebesset

    Comment ne pas penser à toi Bien sûr je sais qu’à cette heure Partout dans le monde Des hommes se blottissent de peur Des enfants ne font plus la ronde Des étoiles au bout de leurs doigts Que des femmes se cachent de la bête immonde De la violence quotidienne qui leur est faite… Mais comment ne pas penser d’abord à toi A tes seins bourdonnant comme des abeilles A ta bouche fruitée qui déborde du cœur A tes mains d’où ruissellent des caresses de soleil A tes épaules nues ou je cueille des fleurs Au parfum crémeux de ton ventre blanc Oui comment ne pas penser d’abord à toi A tes caresses comme une odorante verdure A tes élans puissants traduits dans un murmure A la source de vie que tu portes en toi A ce regard d’Amour que tu as posé sur moi A ce sourire de fée qui dessine ma joie Comment ne pas d’abord penser à toi Qui n’a que la beauté à opposer à la laideur La vérité de toi dissimulée à toi dans ton regard Qui cherche à te trouver dans les méandres du cœur Qui veux être pour toi une belle aventure Et qui cherche toi-même à te mettre au monde Ô Mon Amour, ma force et ma vigueur t’accompagnent Puisque de tous les jours je te veux ma compagne.

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    J

    Jacques Viallebesset

    @jacquesViallebesset

    Les braises du coeur Quand on est dans le monde Prisonnier des jours qui se suivent, Quand on est pris dans cette guerre sans pitié, On ne pense jamais que l’Amour, le seul, existe. On ne prend pas le temps. Et puis, et puis… Un jour, on est couché dans un lit Auprès de la seule femme qu’on n’ait jamais aimée Et tout le reste a disparu, à jamais. Les jeux périlleux du monde se sont déroulés Dans une autre vie, ailleurs. On ne veut plus les connaître. On ne peut plus les revoir. Adieu mensonges vains, adieu semblants, adieux combats ! Ce seul lit est le désert et c’est l’oasis. C’est la mer des sables et l’océan des eaux. Et elle est plus belle, rafraichissante et douce Que les caravaniers ne l’avaient dit, Que ne l’espéraient les marins. Nous nous mettons à vivre A l’abri d’un monde ou nous mourions Inexorablement jour après jour, Ou, moi, du moins, je mourais ; Elle pose sa tête sur mon épaule Les lèvres posées sur mon cou Et caresse mes cheveux. Quarante- huit heures pour changer une vie Ce n’est pas long, c’est très court. Crois-tu qu’il y aura beaucoup de jours ? Demande-t-elle … Un brasier dont la flamme naît D’aussi loin que la nôtre, Dans les sourdes braises du cœur, Ce brasier, sans fin ni cesse Au moindre souffle d’air se ranime. Puis nous nous endormons, la main dans la main Ce qui double la profondeur du repos Car les courants magnétiques D’elle et de soi, par les paumes des mains S’échangent et s’additionnent. Quand on dort ainsi, quand on dort enfin, Dans ce monde ou l’on n’avait jamais dormi Quand on peut enfin déposer les armes Et abandonner ses défenses, Ce qu’on n’a jamais connu ni même imaginé, L’étrange est qu’on ne s’étonne pas. C’est naturel, c’est vrai, c’est simple, Alors que tout le reste était inextricable. C’est évident, alors que tout était complexe. Et l’on est à ce rendez-vous Et à cause de l’espoir trop grand on le rate Parce qu’on l’attendait depuis si longtemps. La suite horizontale des jours Parait-il reprend alors son cours… Les jours viennent et s’en vont, Je demeure, a dit Guillaume. Ô temps, suspends ton vol Lui a répondu Alphonse. Et moi échoué comme un navire Sur une île maintenant déserte. Crois-tu qu’il y aura beaucoup de jours ? Demande-t-il ? Un brasier dont la flamme naît D’aussi loin que la nôtre, Dans les sourdes braises du cœur, Ce brasier sans fin ni cesse Au moindre souffle d’air se ranime. Il brulera jusqu’à la fin de nos jours. On se réveille alors la main dans la main Ce qui double l’intensité de la vie Dans un matin éclaboussé de délivrance Car les courants magnétiques S’échangent et s’additionnent. Quand on s’éveille ainsi, Quand on s’éveille enfin, Dans cette vie où l’on ne s’était jamais éveillé Quand on peut enfin laisser couler les larmes De la seule joie et abandonner son chagrin, Ce qu’on n’a jamais connu ni même imaginé, L’étrange est qu’on ne s’étonne pas. C’est naturel, c’est vrai, c’est simple, Alors que tout le reste était inextricable, C’est évident alors que tout était complexe Et l’on est au seul rendez-vous Même si on ne l’attendait plus, Car il n’est pas trop tard. La suite verticale des jours Reprend alors enfin son cours… Je pose ma tête sur son épaule Les lèvres posées contre son cou Et je caresse ses cheveux…

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    J

    Jacques Viallebesset

    @jacquesViallebesset

    Les jours anciens J’efface de mes virtuelles caresses Les jours anciens de ton corps Pour que tu retrouves encore Le chemin ébloui de ma tendresse La main modelant le désir Le mystère et l’audace au tréfonds La beauté est toujours au fond D’une blessure du plaisir Tu effaces de tes virtuelles caresses Les jours anciens de mon corps Pour que je retrouve encore Le chemin ébloui de ta tendresse Ce qui est dit l’est toujours en fonction De ce qui ne sera jamais exprimé C’est là que nous nous reconnaissons Le seul vrai langage est un baiser.

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    J

    Jean Auvray

    @jeanAuvray

    À une laide amoureuse Un œil de chat huant, des cheveux serpentins, Une trogne rustique à prendre des copies, Un nez qui au mois d'août distille les roupies. Un rire sardonien à charmer les lutins ; Une bouche en triangle, où comme à ces matins Hors œuvre on voit pousser de longues dents pourries, Une lèvre chancreuse (*) à baiser les Furies, Un front plâtré de fard, un boisseau de tétins Sont tes rares beautés, exécrable Thessale ; Et tu veux que je t'aime, et la flamme loyale De ma belle maîtresse en ton sein étouffer ! Non, non, dans le bordeau (*) vas jouer de ton reste : Tes venimeux baisers me donneraient la peste, Et croirais embrasser une rage d'enfer. * Chancreux : Ulcère, cancer. * Bordeau : Bordel.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    À l'amour Amour, que t'ai-je fait ? dis-moi quel est mon crime : D'où vient que je te sers tous les jours de victime ? Qui t'oblige à m'offrir encor de nouveaux fers ? N'es-tu point satisfait des maux que j'ai soufferts ? Considère, cruel, quel nombre d'inhumaines Se vante de m'avoir appris toutes tes peines ; Car, quant à tes plaisirs, on ne m'a jusqu'ici Fait connaître que ceux qui sont peines aussi. J'aimai, je fus heureux : tu me fus favorable En un âge où j'étais de tes dons incapable ; Chloris vint une nuit : je crus qu'elle avait peur. Innocent ! Ah ! pourquoi hâtait-on mon bonheur ? Chloris se pressa trop ; au contraire, Amarille Attendit trop longtemps à se rendre facile. Un an s'était déjà sans faveurs écoulé, Quand, l'époux de la belle aux champs étant allé, J'aperçus dans les yeux d'Amarille gagnée Que l'heure du berger n'était pas éloignée. Elle fit un soupir, puis dit en rougissant : " Je ne vous aime point, vous êtes trop pressant ; Venez sur le minuit, et qu'aucun ne vous voie. " Quel amant n'aurait cru tenir alors sa proie ? En fut-il jamais un que l'on vit approcher Plus près du bon moment, sans y pouvoir toucher ? Amarille m'aimait ; elle s'était rendue Après un an de soins et de peine assidue. Les chagrins d'un jaloux irritaient nos désirs ; Nos maux nous promettaient des biens et des plaisirs. La nuit que j'attendais tendit enfin ses voiles, Et me déroba même aux yeux de ses étoiles : Ni joueur, ni filou, ni chien, ne me troubla. J'approchai du logis : on vint, on me parla ; Ma fortune, ce coup, me semblait assurée. " Venez demain, dit-on, la clef s'est égarée. " Le lendemain l'époux se trouva de retour. Eh bien ! me plains-je à tort ? me joues-tu pas, Amour ? Te souvient-il encor de certaine bergère ? On la nomme Philis ; elle est un peu légère : Son coeur est soupçonné d'avoir plus d'un vainqueur, Mais son visage fait qu'on pardonne à son coeur. Nous nous trouvâmes seuls : la pudeur et la crainte De roses et de lis à l'envi l'avaient peinte. Je triomphai des lis et du coeur dès l'abord ; Le reste ne tenait qu'à quelque rose encor. Sur le point que j'allais surmonter cette honte, On me vint interrompre au plus beau de mon conte : Iris entre ; et depuis je n'ai pu retrouver L'occasion d'un bien tout prêt de m'arriver. Si quelque autre faveur a payé mon martyre, Je ne suis point ingrat, Amour, je vais la dire : La sévère Diane, en l'espace d'un mois, Si je sais bien compter, m'a souri quatre fois ; Chloé pour mon trépas a fait semblant de craindre ; Amarante m'a plaint ; Doris m'a laissé plaindre ; Clarice a d'un 'regard mon tourment couronné ; Je me suis vu languir dans les yeux de Daphné. Ce sont là tous les biens donnés à mes souffrances ; Les autres n'ont été que vaines espérances ; Et, même en me trompant, cet espoir a tant fait Que le regret que j'ai les rend maux en effet. Quant aux tourments soufferts en servant quelque ingrate, C'est où j'excelle : Amour, tu sais si je me flatte. Te souvient-il d'Aminte ? il fallut soupirer, Gémir, verser des pleurs, souffrir sans murmurer, Devant que mon tourment occupât sa mémoire ; Y songeait-elle encore ? hélas ! l'osé-je croire ? Caliste faisait pis ; et, cherchant un détour, Répondait d'amitié quand je parlais d'amour : Je lui donne le prix sur toutes mes cruelles. Enfin, tu ne m'as fait adorer tant de belles Que pour me tourmenter en diverses façons. Cependant ce n'est pas assez de ces leçons Tu me fais voir Clymène ; elle a beaucoup de charmes ; Mais pour une ombre vaine elle répand des larmes ; Son coeur dans un tombeau fait voeu de s'enfermer, Et, capable d'amour, ne me saurait aimer. Il ne me restait plus que ce nouveau martyre : Veux-tu que je l'éprouve, Amour ? tu n'as qu'à dire. Quand tu ne voudrais pas, Clymène aura mon coeur : Dis-le lui, car je crains d'irriter sa douleur.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Éloge de l'amour Tout l'Univers obéit à l'Amour ; Belle Psyché, soumettez-lui votre âme. Les autres dieux à ce dieu font la cour, Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme. Des jeunes coeurs c'est le suprême bien Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien. Sans cet Amour, tant d'objets ravissants, Lambris dorés, bois, jardins, et fontaines, N'ont point d'appâts qui ne soient languissants, Et leurs plaisirs sont moins doux que ses peines. Des jeunes coeurs c'est le suprême bien Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien.

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    Jean-Jacques Rousseau

    Jean-Jacques Rousseau

    @jeanJacquesRousseau

    Daphnis et Chloé Dans un nouveau parentage, Te souviendras-tu de moi ? Ah ! je te laisse pour gage Mon serment, mon cœur, ma foi. Me reviendras-tu fidelle ? Seras-tu toujours mon Berger ? Quelque destin qui m'appelle, Mon cœur ne saurait changer.

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