Tambours sur la digue
Manne: Aux Mandelstams, aux Mandelas
Publié par Des femmes, le 03 mai 1988
341 pages
Résumé
Mandelstam, Mandela, deux noms que l'auteur noue par leurs syllabes communes, deux hommes, “deux amandes dans la poitrine du monde”, le poète russe et l'homme d'action : un mort, un vivant, deux survivants. “Ils ne se connaissent pas, mais la même douleur les connaît”.Les relevant, les ramenant au jour, deux femmes, Nadejda Mandelstam, Winnie-Zami Mandela.Deux dates, 1er mai 1938, ultime bannissement dans un exil de glace d'Ossip Mandelstam, 12 juin 1964, condamnation de Nelson Mandela, à la privation de vie.Un quart de siècle sépare et cependant ne sépare pas ces destins, qui, pour nous être contemporains, nous restent si difficilement imaginables, si étrangers.Deux tragédies à la fois individuelles et historiques, deux noirs poèmes : “ les yeux qui voient cela sont veufs de toute l'humanité”.De quelle manne peut-on pourvoir ces habitants de l'autre monde, de la terre sans terre, du pays derrière les murailles ? Comment est-il possible pour l'un de survivre à l'Arrestation de vie ? Pour l'autre d'être posthume à toute Poésie ? Manne de mots : quand on a droit à 500 mots par mois pour survivre, au bagne sans fin, il faut en vérité que ces 500 mots soient minutieusement magiques.Manne, la poésie. Des textes (Dante, Mandelstam) nourrissent et fécondent le texte qui à son tour porte au-delà de l'oubli les bannis. Chaîne de l'engendrement.L'écrivain nourrit de son texte, pour les revitaliser à partir de sa douleur, ces deux fortes ombres, ces deux forces “à l'ombre” que le siècle voudrait tant effacer.Mais sa Manne glorifie d'abord l'inépuisable don de deux femmes — et d'autres — de ces amantes, chacune à sa manière veuve et mère du mort-survivant. Corps et mémoires, Nadejda et Winnie remettent au monde, jour à jour, l'exilé. “Était interdite la question dont les mères nourrissent leur souci : et alors, qu'est-ce que tu as mangé là-bas, mon enfant ? Femmes privées du partage du pain, du temps, du gâteau de vie.”
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