Titre : À un poète amoureux
Auteur : Max Jacob
J'ai cru trouver mon âme en m'entourant de livres et c'est l'âme d'autrui que l'on m'offrait de suivre.
J'ai cru trouver mon âme en cherchant la vertu j'ai fatigué mes nerfs las d'avoir combattu.
J'ai cherché le talent j'ai trouvé des complices j'ai cherché
Jésus-Christ obtenu l'armistice j'ai cherché le secret du monde des humains et l'âme est restée loin même du médecin.
Un soir que je rêvais dans un jardin de fleurs une fille m'a dit : «
Pense à moi ou tu meurs » j'avais trouvé mon âme et l'ai perdue en elle.
Poète ami,
Phébus a poursuivi
Daphné l'amour nous révélant nous a vite incarnés avant que nous ayons vu le miroir qu'il tend."
Le
Seigneur est toujours déjoué par
Satan.
La terre donne l'âme et la terre la prend.
Beau
Montretout de l'univers
chaudement dit en ver de vers
de clous en clous
de moelle en moelle
il totalise les étoiles.
Terre et chair ce qu'on appelle
une belle langue
ce que j'appelle une belle cangue.
Terre et chair, quand la pensée (tout repensé et compensé)
s'empuantit bon avec l'engrais
pied sur la nuque et ventre à l'ail
plus de passe-boule que de travail.
Terre et chair ou l'étonnement
à minute minute du génie ingénument
qui n'en peut mais... d'être là
las pas lassé mais cancrelas là !
et jusqu'à ce que l'ange
se mêle au côte à côte
pour les faire saigner !
l'aie ! aïe ! aïe ! jusqu'à faire rire
la langue à frire... à frire, la langue à l'écarlate
langue de bœuf rugueuse, la langue échec et mat,
qui fait se réveiller plus tôt
de la
Belle qui dort le parc et le château.
Non !
Pas de porte ! on n'entre pas
dans les gens comme dans une usine
et de la naissance au trépas
ils sont seuls avec leurs cuisines.
Si tu entres, c'est un scandale !
ameutez l'opinion le juge les amis et la police.
«
J'appelle mon mari ! vous en avez du vice !
«
Sorcier c'est un sorcier, l'anneau du roi
Candaule. »