splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi
G

Grégory Rateau

Auteurplume

En savoir plus sur l'auteur

...plus

Compte non officiel

Poésies

16

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Beyrouth « Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant. » Rimbaud Un taxi noir, Celui d’après minuit, Mon chauffeur slame, Mixe de plusieurs langues, Et ses sourcils de loup-garou, Dans les nuits fauves de Beyrouth, Cette montagne dressée au loin, Constellation d’un Pollock en transe, Je décroche À côté de mes pompes, Tel un somnambule, La ville jappe, Puis bat la mesure en rythme, Par la fenêtre Des fils électriques tressés à l’infini, Tout va trop vite, Ça défile, Appartements percés de part en part, Éclats de balle, Des trous de la taille d’un obus, Un goût de poussière, Odeur de pneus brûlés, Ma tête prête à exploser, Comme si des doigts essayaient de me faire avouer Mais quoi ? Je délire, Un gamin court après la voiture, Le feu passe au rouge, Des scooters nous tournent autour, Haine de l’étranger, Je fonce Sur les bords de mer, La lune fait du sur-place, Le ciel pris de folie, Des lucioles rebondissent sur le sable, Des chars défilent, Tremblement, La terre entame son solo de jazz, Je rêve d’une femme, La peau claire, Aux cheveux noirs, Mais j’ai droit à la lampe d’un militaire, Braquée sur mon désir, Il nous fait ranger sur le bas-côté, Fouille au corps, Vérification des papiers, Le loup-garou ne veut pas aller plus loin, Je longe la plage, Des couples se cachent dans des voitures Tous phares éteints, Dans l’eau, elle est là, La femme à la peau claire, Aux cheveux noirs, Elle n’a pas peur des flammes, Des reflets brûlants sur les vagues, Nous plongeons Sous l’eau, une autre nuit, Une longue phrase, Sans un mot, « A love » suprême.

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Du soleil Les mêmes déglutitions Régularité monomaniaque Fureur liquide L’image obsédante du criminel au fond de son potage Et cette vieille bique au regard mort Du sol au plafond l’odeur contagieuse Solitude malsaine, aigreur de pierre C’est Elle qui avait fait le vide autour d’elle Qui d’autre ? Et elle lui en voulait de ne pas la désirer Cette misère en héritage De vouloir s’enfuir très loin Des pigeonniers glauques Des puits frigides, hermétiques au soleil Car c’est de lumière dont il a besoin D’un trop plein indigeste Jusqu’à l’insolation s’il le faut Pourvu qu’il s’enivre de paysages Qu’il finisse raide avant la tombée du soir Alors, étendu nu sous son vieil arbre Il s’imagine déjà soulevé sur son trône de paille De l’or noir jusqu’au fond des veines Mais la dernière feuille lui tombe sur le râble La piqûre du froid en rappel Le potage l’attend L’hiver maternel

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Elle Tu l’as écrit si souvent dans des récits minuscules et aujourd’hui qu’elle se présente enfin à toi tu feins de ne pas la reconnaître la coucher là, frivole malgré sa gravité pour mieux la repousser terre vaine l’eau du puits stagne depuis l’enfance seuls les rocs ruissellent encore entre deux averses quand le soleil n’est plus de cire tu ne veux voir personne seulement la cendre de tes cigarillos qui enlumine ton visage de vieux bonze la littérature te fuit et pourtant il ne reste qu’elle pour te sourire à Pierre Michon

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Elle est là Elle est là l’angoisse glissée entre tes doigts celle qui déclenche Le geste aligne les mots dans un ordre préexistant à ta naissance où tous les soleils te reconnaissent Sans Elle c’est la sensation d’une faim démoniaque et ces perceptions glauques durant cette nuit définitive mais comment renouer avec la Muse ? regagner ce territoire solaire entre ton carnet vide et ce cendrier plein de poèmes

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Poème païen A la fin, je me présenterai devant vous Presque nu Avec seulement mes bagues en éventail Une pour chaque vie que j’ai vampirisée Les yeux gris d’un trop plein de soleil L’iris en parchemin Récit des folies de ma jeunesse Mes muscles à présent atrophiés d’avoir trop ou mal aimé De rares cheveux formeront ici ma couronne Unique récompense pour toutes mes conquêtes Personne pour laver ma dépouille Lui donner les derniers sacrements païens Juste une vieille photo monstrueuse pliée dans mon poing droit Et qui n’aura plus rien à voir Avec cette chose sans âge aux traits aguicheurs Couchée là Sur son lit de ronces L’ironie glorieuse aux coins des lèvres Innocence encadrée dans un miroir de poche Enfin confrontée à son portrait ravagé Une vie entière pour un rien Car privée de tout Même d’une descendance

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    En route ! Géant, il commandait aux ombres Agitant ses longs bras Avec cette insouciance des Dieux Tout en lui repoussait les limites du bon sens Son sourire planait trop haut La misère à bonne distance La voix du monde pour coryphée Lui seul détenait le secret du bonheur Je le suivais sans réfléchir Me reniant si souvent Jusqu’à perdre sa trace Au carrefour de villes imaginaires Son secret irrévélé Et ce silence pesant

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    En travaillant la terre Le vieux est là Muet comme une souche Il attend que le nuage passe Ses outils sont comme des promesses Un supplément de force Malgré les années Chaque muscle est à sa place Pour faucher Bêcher Ratisser Je regarde ma main Pas un pli La finesse des doigts qui ne trompe pas Elle n’a donc servi à rien Le vieux ne me le dit pas Trop brave Sa poigne montre l’exemple Mes pas deviennent les siens Je suis vite à la traîne Sans un mot Le voilà qui porte deux fois plus que moi J’ai vu la ville de près ses fulgurances Ses éclats mystiques Ses passions au rabais Rastignac du pauvre J’ai croisé le fer avec elle Ne blessant que moi-même Le vieux n’a rien vu lui Aucune lutte Une simple ligne d’horizon Des remparts de forêts sous un ciel vide Il ne goûtera jamais à l’ennui qui élève Aux délices de la foule Son champ sera sa seule ivresse Et pourtant lui en a palpé de la terre Sué pour la rendre fertile Son nom restera une empreinte Que laisserai-je dans le bitume ? Des projets froissés Des rêves léthargiques… Au loin je vois des tours Les murs se rapprochent Que restera-t-il du vieux Quand même les arbres alentour seront maigres comme mes dix doigts ?

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Eux Compagnon boiteux J’ai trop longtemps traîné Ma rancune Dans les périphéries Comme tu traînes aujourd’hui Ton membre fantôme J’ai ourdi des sabotages Pour brûler mon avenir Redistribuer l’échec Nourrir encore et toujours ma rancœur Des ennemis sans visage Que je voyais partout Masques de Bacchus Se remplissant la panse de soleil Jouant l’éternité Pour quelques bulles Avec une aptitude à vivre Là où je n’avais que mes rimes Même en fermant les yeux Ils étaient là Identiques à mon propre reflet Et usant de mon passé Pour tuer en moi tout héroïsme

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Exil Je ne suis plus d’ici Lieu de transit Comptoir d’un hôtel Baie vitrée panoramique Les silhouettes tournent Et me reviennent La ville les appelle Vivre vite Ne plus chercher un visage en particulier J’ai échoué en suivant des ombres Dans les impasses de l’amitié Alors je me glisse dans la première valise venue Retiens mon souffle Bringuebalé aux douanes du hasard En passe-muraille de mon époque Je rentre peut-être chez moi

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Héritage Qui sont-ils ? Ceux que nos proches convoquent d’outre-tombe Pour justifier une ride Une dépendance de rien Ou un succès d’estime Ils ne sont pas grand-chose Mythes sans fondation Inconnus sans adresse Poussière noire balayée au fil du patronyme Et malmenée par les unions indignes Leur sang ruissellerait À profusion dans nos veines Foutaises ! Ils ne ressemblent plus à rien Sinon à une poignée de raisins secs Pourtant aux heures les plus sombres Je les entends Leurs imprécations furieuses Qui vous cueillent au berceau Et vous collent une poisse d’enfer !

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Îles d’Aran Surdité de la roche enseigne érodée un phare dans une lucarne les sanglots de la mer en ricochets glissent sur le silence des buveurs une pinte, deux pintes… molle continuité Calfeutrée devant la cheminée la vieille remet une tourbe claquant sa langue à chaque crépitement un gros nuage orphelin rejoint le troupeau éclaircie virale la lumière mousse drue Les mêmes gueules d’échoués dans le miroir éventré l’écho de la mer jusqu’à la nausée les filets roulés aux pieds du sel au coin des yeux un naufrage de mémoire

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Je suis Je suis ce gamin lancé dans le monde cherchant « la maison » partout où les sourires se souviennent encore Je suis cette langue exilée dont l’héritage en fuite le retient par la peau du Verbe Je suis cette cigarette de trop et qui, une fois éteinte attend sagement de nouvelles brumes Je suis cet être en chantier à la recherche du frère ou de la sœur passant outre les quelques miettes de sang Je suis cette raison vacillante accoquinée aux maudits mais se refusant à partager leurs tristes sorts Je suis ce bohémien avide de sensations aveuglé par ses chimères mais s’accrochant désespérément à une branche d’éternité Je suis cet imposteur dont la lucidité vengeresse lui désigne la blessure du soleil

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    La complainte des poètes Les derniers spécimens écument les mers privés d’équipage de l’aura des chercheurs d’or impossible d’imaginer une nouvelle terre chaque parcelle hurle sa peine seule l’aigreur fertilise encore témoin de votre échec d’un ultime effort pour coloniser le ciel l’ivresse sous contrôle les cris du cœur ne portent plus tout maudit est en déroute pourquoi continuer à vivre à rêver en martyre les coups de rame vous abrutissent alors qu’il suffirait de replier vos ailes de policer votre poème de dire encore et toujours la bonne aventure, la parole qui rassure rangez vos attributs dans une bouteille frères et sœurs aux visages oubliés pour ceux qui se souviendraient encore de vous à moi mes pionniers sans peur je vous conjure de résister encore de sentir la brûlure d’épouser la flamme.

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    La sieste J’ouvre les yeux un peu troubles du songe La rumeur du jour pique à vif Kaléidoscope rétinien D’ombres roumaines striées de veines Passage du noir au rouge Puis les piaillements amis Le cahot des charrettes Et les bâtards qui leur courent après Des voix familières dans la cloison Nomment sans le brusquer le dormeur L’appel en doux murmures suivis d’éclats de rire Se lever avant que le lit ne me ramène définitivement A cette torpeur molletonnée de l’entre-soi Le soleil qui se pose sur un coin de fraîcheur Une invite, une promesse renouvelée Aucune urgence Le monde m’attend Me recoucher Le faire languir encore un peu

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    L’autre La nuit je l’entends attablé se consumant à mon bureau les touches craquent il redouble de violence je le sens à la lueur fébrile de l’aube essayer de gagner du temps sur moi ses traits sont presque identiques aux miens l’obscurité allonge un peu plus ses mains mais son âme coule aux bouts de ses doigts tandis que la mienne végète pas un mot qui ne soit éprouvé le manuscrit que je récupère au petit matin est le testament d’un damné

    en cours de vérification

    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Ma banlieue Elle se dresse De toutes ses flaques bileuses Relents d’herbes souillées Ce bout de nulle part Ce Pôle nord parisien De mon sous-sol humide Je la contemple aux heures creuses Quand les nuages forment comme un deuxième ciel Je trace alors une ligne droite Vers la grande ville Et dans ce lointain poussif J’idéalise toutes ses lumières Par-delà le périph J’entrevois même ses boulevards Des peaux ocre qui fusionnent dans la même toile Des femmes voilées dans des trench-coats très bien ficelés Mais soudain, la lumière décline Seule la grisaille persiste Cette même teinte uniforme encore et toujours Elle me rentre dans les poumons Ce sentiment récurrent d’être de trop D’être loin de tout De mon centre De l’enfant En équilibre constant sur ce point mort Dont le projet d’ensemble me restera inconnu Face à des toboggans statiques Des chaises de bistrot déformées A force d’accueillir les mêmes chômeurs sans cesse affalés A contempler depuis les coulisses Ces affiches surannées Scotchées moult et moult fois par-dessus d’autres affiches Des témoins oubliés Qui ont fait vœux de silence

    en cours de vérification

  • 1