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Nostalgie

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Nostalgie

Poésies de la collection nostalgie

    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Chanson d’exil Triste exilé, qu’il te souvienne Combien l’avenir était beau, Quand sa main tremblait dans la tienne Comme un oiseau, Et combien ton âme était pleine D’une bonne et douce chaleur, Quand tu respirais son haleine Comme une fleur ! Mais elle est loin, la chère idole, Et tout s’assombrit de nouveau ; Tu sais qu’un souvenir s’envole Comme un oiseau ; Déjà l’aile du doute plane Sur ton âme où naît la douleur ; Et tu sais qu’un amour se fane Comme une fleur.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Epitaphe Dans le faubourg qui monte au cimetière, Passant rêveur, j’ai souvent observé Les croix de bois et les tombeaux de pierre Attendant là qu’un nom y fût gravé. Tu m’es ravie, enfant, et la nuit tombe Dans ma pauvre âme où l’espoir s’amoindrit ; Mais sur mon coeur, comme sur une tombe, C’est pour toujours que ton nom est écrit.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Et nunc et semper Sous l’éclat blanc du jour, sous la fraîcheur des cèdres, Sous la nuit où poudroie un peuple de soleils, Longtemps j’ai promené mes souvenirs, pareils Aux tragiques douleurs des Saphos et des Phèdres ; Mais l’azur clair, les bois profonds, les blondes nuits En moi n’ont point versé leurs influences calmes ; Sous les astres, sous les rayons et sous les palmes, Sans espoir je promène encore mes ennuis. Que la forêt frémisse ainsi qu’un chœur de harpes, Ou que le soir s’embaume aux calices ouverts, Le son ou le parfum des maux jadis soufferts Descend sur ma pensée en funèbres écharpes. Ames tristes des fleurs, chastes frissons des bois, Me haïssez-vous donc, puisqu’il faut que je sente Dans vos aromes chers les baisers de l’absente Et que j’entende en vos échos vibrer sa voix ?

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Le banc Non loin du piédestal où j’étais accoudé, A l’ombre d’un Sylvain de marbre démodé Et sur un banc perdu du jardin solitaire, Je vis une servante auprès d’un militaire. Ils se tenaient tous deux assis à chaque coin Du banc, et se parlaient doucement, mais de loin, – Attitude où l’amour jeune est reconnaissable. – A leurs pieds un enfant jouait avec le sable. C’était le soir ; c’était l’heure où les amoureux, Moins timides, tout bas osent se faire entre eux Les tendres questions et les douces réponses. Le couchant empourprait le front noir des quinconces ; Lentement descendait l’ombre, comme à dessein ; Le vent, déjà plus frais, ridait l’eau du bassin Où tremblait un beau ciel vert et moiré de rose ; Tout s’apaisait. C’était cette adorable chose : Une fin de beau jour à la fin de l’été. Et, n’ayant rien de mieux à faire, j’écoutai. Tous deux dirent d’abord le plaisir qu’on éprouve A parler du passé, comment on se retrouve Si loin, bien qu’étant nés dans un petit pays, Leur enfance commune, et les parents vieillis Dont on est inquiet, sans trop oser le dire Dans ses lettres, les vieux ne sachant pas écrire Et ne pouvant payer la plume du bedeau. Ils dirent la rivière ombreuse, le rideau De peupliers, l’endroit pour pêcher à la ligne Caché sous le houblon et sous la folle vigne, Le cerisier qu’ensemble ils avaient dépouillé, Le vieux bateau, rempli de feuillage mouillé, Qu’on prenait pour aller jouer dans le coin d’île, Les moulins, les sentiers sous bois, toute l’idylle. Mais l’enfance du pauvre est très courte, et depuis N’avaient-ils pas tous deux souffert bien des ennuis – – Et naïve, ignorant encore la prudence, La simple enfant livra toute sa confidence, La première. Elle dit, en termes très touchants, Que, ne supportant pas les durs travaux des champs Et ne voulant pas être à charge à sa famille, Elle avait bien prévu qu’elle resterait fille, Ses père et mère étant de pauvres villageois, Et qu’elle était entrée alors chez des bourgeois. Or cette vie était pour elle bien amère, A son âge, d’avoir tous les soins d’une mère Pour des enfants ingrats et qui ne l’aimaient pas. Elle pleurait souvent à l’heure des repas, Dans sa froide cuisine, auprès d’une chandelle, Toute seule. Elle était courageuse et fidèle ; Mais ses maîtres, gardant toujours leur air grognon, Ne semblaient même pas la connaître de nom Et lui donnaient celui de la servante ancienne. Enfin la vie était dure à tous, et la sienne Lui compterait sans doute un jour pour ses péchés. Les deux enfants s’étaient doucement rapprochés. Mais, sans pouvoir trouver un bon mot qui console, Le militaire prit à son tour la parole. Il parla, le front bas et les yeux assombris : Lui, la conscription à vingt ans l’avait pris. Être soldat, cela se nomme encor service. Il maudit ce métier qui lui donnait un vice : De pauvre on l’avait fait devenir paresseux. L’avenir ! il n’osait y croire, étant de ceux Qu’on peut le lendemain envoyer à la guerre, Un de ces hommes, faits d’une argile vulgaire, Que pour l’ambition du premier conquérant Dieu sans doute pétrit d’un pouce indifférent, Chair à canon, chair à scalpel, matière infâme Et que la statistique appelle seule une âme. Il raconta ses jours sans fin de garnison, Ses courses dans les champs, le soir, vers l’horizon, Sans but, en écoutant si la retraite sonne. Il était sans ami, sans pays, sans personne, Sans rien. Il ne pouvait se faire à son état Et parfois souhaitait que la guerre éclatât. A ce mot, prononcé simplement, la servante Eut un petit frisson de soudaine épouvante, Et s’approchant, avec un bon geste de sœur : « Ne parlez pas ainsi, » dit-elle avec douceur ; Puis elle prit les mains du soldat, sans rien dire, Et tous deux, essayant un douloureux sourire, Écoutèrent au loin mourir le chant des nids. Alors – mystérieux témoin, je te bénis, Amour, consolateur dernier des misérables, Je vous bénis, ô nuit, ô rameaux vénérables Qui les cachiez, pendant qu’ils oubliaient un peu ! En silence, les mains froides, la tête en feu, Ils virent dans l’azur les étoiles éclore, Puis longtemps et tout bas échangèrent encore, Heureux et confiants, l’un près de l’autre assis, Leurs modestes espoirs et leurs humbles soucis. Le murmure des voix, plus craintif et plus tendre, S’affaiblit ; et, bientôt après, je pus entendre – Car l’ombre m’empêchait de voir les deux amis – Un baiser, qu’un soupir d’abord avait promis, Vibrer, pareil au bruit d’un oiseau qui s’effare. Tout à coup une claire et brutale fanfare Éclata dans la nuit profonde du jardin. Le soldat inquiet se releva soudain : Il fallait se quitter, car c’était la retraite. Oh ! le triste moment d’un départ qui s’apprête ! Vingt fois on se redit qu’on se reverrait là ; Et le pauvre amoureux en hâte s’en alla, Mais non sans regarder bien souvent en arrière. Elle, les yeux baissés comme pour la prière, Triste, joignant les mains sur son tablier blanc, Resta longtemps rêveuse et seule sur le banc. Lentement s’éloignait la fanfare importune ; Et, lorsque dans le ciel monta le clair de lune, Je la vis, pâle encor du baiser de l’amant Et les larmes aux yeux, écouter vaguement La retraite s’éteindre au fond du crépuscule. Et je n’ai pas trouvé cela si ridicule.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Nostalgie Parisienne Bon Suisse expatrié, la tristesse te gagne, Loin de ton Alpe blanche aux éternels hivers ; Et tu songes alors aux prés de fleurs couverts, A la corne du pâtre, au loin, dans la montagne. Lassé parfois, je fuis la ville comme un bagne, Et son ciel fin, miré dans la Seine aux flots verts. Mais c'est là que mes yeux d'enfant se sont ouverts, Et le mal du pays me prend, à la campagne. Le vrai fils de Paris ne regrette pas moins Le relent du pavé que, toi, l'odeur des foins. Montagnard nostalgique, - il faut que tu le saches. - Mon coeur, comme le tien, fidèle et casanier, Souffre en exil, et l'air strident du fontainier Me ferait fondre en pleurs ainsi qu'un Ranz des Vaches.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Septembre au ciel léger taché de cerfs-volants Septembre au ciel léger taché de cerfs-volants Est favorable à la flânerie à pas lents, Par la rue, en sortant de chez la femme aimée, Après un tendre adieu dont l’âme est parfumée. Pour moi, je crois toujours l’aimer mieux et bien plus Dans ce mois-ci, car c’est l’époque où je lui plus. L’après-midi, je vais souvent la voir en fraude ; Et, quand j’ai dû quitter la chambre étroite et chaude Après avoir promis de bientôt revenir, Je m’en vais devant moi, distrait. Le Souvenir Me fait monter au coeur ses effluves heureuses ; Et de mes vêtements et de mes mains fiévreuses Se dégage un arôme exquis et capiteux, Dont je suis à la fois trop fier et trop honteux Pour en bien définir la volupté profonde, – Quelque chose comme une odeur qui serait blonde.

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    F

    François Fabié

    @francoisFabie

    Les genêts Les genêts, doucement balancés par la brise, Sur les vastes plateaux font une boule d’or ; Et tandis que le pâtre à leur ombre s’endort, Son troupeau va broutant cette fleur qui le grise ; Cette fleur qui le fait rêver d’amour, le soir, Quand il roule du haut des monts vers les étables, Et qu’il croise en chemin les grands boeufs vénérables Dont les doux beuglements appellent l’abreuvoir ; cette fleur toute d’or, de lumière et de soie, En papillons posée au bout des brins menus, Et dont les lourds parfums semblent être venus De la plage lointaine où le soleil se noie… Certes, j’aime les prés où chantent les grillons, Et la vigne pendue aux flancs de la colline, Et les champs de bleuets sur qui le blé s’incline, Comme sur des yeux bleus tombent des cheveux blonds. Mais je préfère aux prés fleuris, aux grasses plaines, Aux coteaux où la vigne étend ses pampres verts, Les sauvages sommets de genêts recouverts, Qui font au vent d’été de si fauves haleines. * * * Vous en souvenez-vous, genêts de mon pays, Des petits écoliers aux cheveux en broussailles Qui s’enfonçaient sous vos rameaux comme des cailles, Troublant dans leur sommeil les lapins ébahis ? Comme l’herbe était fraîche à l’abri de vos tiges ! Comme on s’y trouvait bien, sur le dos allongé, Dans le thym qui faisait, aux sauges mélangé, Un parfum enivrant à donner des vertiges ! Et quelle émotion lorsqu’un léger froufrou Annonçait la fauvette apportant la pâture, Et qu’en bien l’épiant on trouvait d’aventure Son nid plein d’oiseaux nus et qui tendaient le cou ! Quel bonheur, quand le givre avait garni de perles Vos fins rameaux émus qui sifflaient dans le vent, – Précoces braconniers, – de revenir souvent Tendre en vos corridors des lacets pour les merles. * * * Mais il fallut quitter les genêts et les monts, S’en aller au collège étudier des livres, Et sentir, loin de l’air natal qui vous rend ivres, S’engourdir ses jarrets et siffler ses poumons ; Passer de longs hivers dans des salles bien closes, A regarder la neige à travers les carreaux, Éternuant dans des auteurs petits et gros, Et soupirant après les oiseaux et les roses ; Et, l’été, se haussant sur son banc d’écolier, Comme un forçat qui, tout en ramant, tend sa chaîne, Pour sentir si le vent de la lande prochaine Ne vous apporte pas le parfum familier. * * * Enfin, la grille s’ouvre ! on retourne au village ; Ainsi que les genêts notre âme est tout en fleurs, Et dans les houx remplis de vieux merles siffleurs, On sent un air plus pur qui vous souffle au visage. On retrouve l’enfant blonde avec qui cent fois On a jadis couru la forêt et la lande ; Elle n’a point changé, – sinon qu’elle est plus grande, Que ses yeux sont plus doux et plus douce sa voix.  » Revenons aux genêts ! – Je le veux bien ?  » dit-elle. Et l’on va côte à côte, en causant, tout troublés Par le souffle inconnu qui passe sur les blés, Par le chant d’une source ou par le bruit d’une aile. Les genêts ont grandi, mais pourtant moins que nous ; Il faut nous bien baisser pour passer sous leurs branches, Encore accroche-t-elle un peu ses coiffes blanches ; Quant à moi, je me mets simplement à genoux. Et nous parlons des temps lointains, des courses folles, Des nids ravis ensemble, et de ces riens charmants Qui paraissent toujours si beaux aux coeurs aimants Parce que les regards soulignent les paroles. Puis le silence ; puis la rougeur des aveux, Et le sein qui palpite, et la main qui tressaille, Au loin un tendre appel de ramier ou de caille… Comme le serpolet sent bon dans les cheveux ! Et les fleurs des genêts nous font un diadème ; Et, par l’écartement des branches, haut dans l’air. Paraît comme un point noir l’alouette au chant clair Qui, de l’azur, bénit le coin d’ombre où l’on aime !… Ah ! de ces jours lointains, si lointains et si doux, De ces jours dont un seul vaut une vie entière, – Et de la blonde enfant qui dort au cimetière, – Genêts de mon pays, vous en souvenez-vous ?

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    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    Les Alpes ou l’Italie Donc reconnaissez-vous au fond de vos abîmes Ce voyageur pensif, Au cœur triste, aux cheveux blanchis comme vos cimes, Au pas lent et tardif ? Jadis de ce vieux bois, où fait une eau limpide, Je sondais l’épaisseur Hardi comme un aiglon, comme un chevreuil rapide, Et gai comme un chasseur. Alpes, vous n’avez point subi mes destinées ! Le temps ne vous peut rien; Vos fronts légèrement ont porté les années Qui pèsent sur le mien. Pour la première fois, quand, rempli d’espérance, Je franchis vos remparts, Ainsi que l’horizon, un avenir immense S’ouvrait à mes regards. L’Italie à mes pieds, et devant moi le monde, Quel champ pour mes désirs ! Je volai, j’évoquai cette Rome féconde En puissants souvenirs. Du Tasse une autre fois je revis la patrie : Imitant Godefroi, Chrétien et chevalier, j’allais vers la Syrie Plein d’ardeur et de foi. Ils ne sont plus ces jours que point mon cœur n’oublie, Et ce cœur aujourd’hui Sous le brillant soleil de la belle Italie, Ne sent plus que l’ennui. Pompeux ambassadeurs que la faveur caresse, Ministres, valez-vous Les obscurs compagnons de ma vive jeunesse Et mes plaisirs si doux ? Vos noms aux bords riants que l’Adige décore Du temps seront vaincus, Que Catulle et Lesbie enchanteront encore Les flots du Bénacus. Politiques, guerriers, vous qui prétendez vivre Dans la postérité, J’y consens : mais on peut arriver sans vous suivre, A l’immortalité. J’ai vu ces fiers sentiers tracés par la Victoire, Au milieu des frimas, Ces rochers du Simplon que le bras de la Gloire Pendit pour nos soldats : Ouvrage d’un géant, monument du génie, Serez-vous plus connus Que la roche où Saint-Preux contait à Meillerie Les tourments de Vénus ? Je vous peignis aussi, chimère enchanteresse, Fictions des amours ! Aux tristes vérités le temps, qui fuit sans cesse, Livre à présent mes jours. L’histoire et le roman font deux parts de la vie, Qui si tôt se ternit : Le roman la commence, et lorsqu’elle est flétrie L’histoire la finit. 1822

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    François-René de Chateaubriand

    François-René de Chateaubriand

    @francoisReneDeChateaubriand

    Souvenir du pays de France Romance Combien j’ai douce souvenance Du joli lieu de ma naissance ! Ma soeur, qu’ils étaient beaux les jours De France ! O mon pays, sois mes amours Toujours ! Te souvient-il que notre mère, Au foyer de notre chaumière, Nous pressait sur son coeur joyeux, Ma chère ? Et nous baisions ses blancs cheveux Tous deux. Ma soeur, te souvient-il encore Du château que baignait la Dore ; Et de cette tant vieille tour Du Maure, Où l’airain sonnait le retour Du jour ? Te souvient-il du lac tranquille Qu’effleurait l’hirondelle agile, Du vent qui courbait le roseau Mobile, Et du soleil couchant sur l’eau, Si beau ? Oh ! qui me rendra mon Hélène, Et ma montagne et le grand chêne ? Leur souvenir fait tous les jours Ma peine : Mon pays sera mes amours Toujours !

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    À Madame *** Madame, croyez-moi ; bien qu’une autre patrie Vous ait ravie à ceux qui vous ont tant chérie, Allez, consolez-vous, ne pleurez point ainsi ; Votre corps est là-bas, mais votre âme est ici : C’est la moindre moitié que l’exil nous a prise ; La tige s’est rompue au souffle de la brise ; Mais l’ouragan jaloux, qui ternit sa splendeur, Jeta la fleur au vent et nous laissa l’odeur. A moins, à moins pourtant que dans cette retraite Vous n’ayez apporté quelque peine secrète. Et que là, comme ici, quelque ennui voyageur Se cramponne à votre âme, inflexible et rongeur : Car bien souvent, un mot, un geste involontaire. Des maux que vous souffrez a trahi le mystère, Et j’ai vu sous ces pleurs et cet abattement La blessure d’un cœur qui saigne longuement. Vous avez épuisé tout ce que la nature A permis de bonheur à l’humble créature, Et votre pauvre cœur, lentement consumé, S’est fait vieux en un jour, pour avoir trop aimé : Vous seule, n’est-ce pas, vous êtes demeurée Fidèle à cet amour que deux avaient juré. Et seule, jusqu’au bout, avez pieusement Accompli votre part de ce double serment. Consolez-vous encor ; car vous avez. Madame, Achevé saintement votre rôle de femme ; Vous avez ici-bas rempli la mission Faite à l’être créé par la création. Aimer, et puis souffrir, voilà toute la vie : Dieu vous donna longtemps des jours dignes d’envie Aujourd’hui, c’est la loi. vous payez chèrement Par des larmes sans fin ce bonheur d’un moment. Certes, tant de chagrins, et tant de nuits passées A couver tristement de lugubres pensées. Tant et de si longs pleurs n’ont pas si bien éteint Les éclairs de vos yeux et pâli votre teint. Que mainte ambition ne se fût contentée, Madame, de la part qui vous en est restée. Et que plus d’un encor n’y laissât sa raison. Ainsi qu’aux églantiers l’agneau fait sa toison. Mais votre âme est plus haute, et ne s’arrange guère Des consolations d’un bonheur si vulgaire ; Madame, ce n’est point un vase où, tour à tour, Chacun puisse étancher la soif de son amour ; Mais Dieu la fit semblable à la coupe choisie, Dans les plus purs cristaux des rochers de l’Asie, Où l’on verse au sultan le Chypre et le Xérès, Qui ne sert qu’une fois, et qui se brise après. Gardez-la donc toujours cette triste pensée D’un amour méconnu et d’une âme froissée : Que le prêtre debout, sur l’autel aboli, Reste fidèle au Dieu dont il était rempli ; Que le temple désert, aux vitraux de l’enceinte Garde un dernier rayon de l’auréole sainte. Et que l’encensoir d’or ne cesse d’exhaler Le parfum d’un encens qui cessa de brûler ! Il n’est si triste nuit qu’au crêpe de son voile Dieu ne fasse parfois luire une blanche étoile, Et le ciel mit au fond des amours malheureux Certains bonheurs cachés qu’il a gardés pour eux. Supportez donc vos maux, car plus d’un les envie ; Car, moi qui parle, au prix du repos de ma vie. Au prix de tout mon sang. Madame, je voudrais Les éprouver un jour, quitte à mourir après.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    La ressemblance Sur tes riches tapis, sur ton divan qui laisse Au milieu des parfums respirer la mollesse, En ce voluptueux séjour, Où loin de tous les yeux, loin des bruits de la terre, Les voiles enlacés semblent, pour un mystère, Eteindre les rayons du jour, Ne t’enorgueillis pas, courtisane rieuse, Si, pour toutes tes soeurs ma bouche sérieuse Te sourit aussi doucement, Si, pour toi seule ici, moins glacée et moins lente, Ma main sur ton sein nu s’égare, si brûlante Qu’on me prendrait pour un amant. Ce n’est point que mon coeur soumis à ton empire, Au charme décevant que ton regard inspire Incapable de résister, A cet appât trompeur se soit laissé surprendre Et ressente un amour que tu ne peux comprendre, Mon pauvre enfant ! ni mériter. Non : ces rires, ces pleurs, ces baisers, ces morsures, Ce cou, ces bras meurtris d’amoureuses blessures, Ces transports, cet oeil enflammé ; Ce n’est point un aveu, ce n’est point un hommage Au moins : c’est que tes traits me rappellent l’image D’une autre femme que j’aimai. Elle avait ton parler, elle avait ton sourire, Cet air doux et rêveur qui ne peut se décrire. Et semble implorer un soutien ; Et de l’illusion comprends-tu la puissance ? On dirait que son oeil, tout voilé d’innocence, Lançait des feux comme le tien. Allons : regarde-moi de ce regard si tendre, Parle-moi, touche-moi, qu’il me semble l’entendre Et la sentir à mes côtés. Prolonge mon erreur : que cette voix touchante Me rende des accents si connus et me chante Tous les airs q’elle m’a chantés ! Hâtons-nous, hâtons-nous ! Insensé qui d’un songe Quand le jour a chassé le rapide mensonge, Espère encor le ressaisir ! Qu’à mes baisers de feu ta bouche s’abandonne, Viens, que chacun de nous trompe l’autre et lui donne Toi le bonheur, moi le plaisir !

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    L’anniversaire Oh ! qui me donnera d’aller dans vos prairies, Promener chaque jour mes tristes rêveries, Rivages fortunés où parmi les roseaux L’Yonne tortueuse égare au loin ses eaux ! Oui, je veux vous revoir, poétiques ombrages, Bords heureux, à jamais ignorés des orages, Peupliers si connus, et vous, restes touchants, Qui m’avez inspiré jadis mes premiers chants

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    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Héritage Qui sont-ils ? Ceux que nos proches convoquent d’outre-tombe Pour justifier une ride Une dépendance de rien Ou un succès d’estime Ils ne sont pas grand-chose Mythes sans fondation Inconnus sans adresse Poussière noire balayée au fil du patronyme Et malmenée par les unions indignes Leur sang ruissellerait À profusion dans nos veines Foutaises ! Ils ne ressemblent plus à rien Sinon à une poignée de raisins secs Pourtant aux heures les plus sombres Je les entends Leurs imprécations furieuses Qui vous cueillent au berceau Et vous collent une poisse d’enfer !

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    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    Ma banlieue Elle se dresse De toutes ses flaques bileuses Relents d’herbes souillées Ce bout de nulle part Ce Pôle nord parisien De mon sous-sol humide Je la contemple aux heures creuses Quand les nuages forment comme un deuxième ciel Je trace alors une ligne droite Vers la grande ville Et dans ce lointain poussif J’idéalise toutes ses lumières Par-delà le périph J’entrevois même ses boulevards Des peaux ocre qui fusionnent dans la même toile Des femmes voilées dans des trench-coats très bien ficelés Mais soudain, la lumière décline Seule la grisaille persiste Cette même teinte uniforme encore et toujours Elle me rentre dans les poumons Ce sentiment récurrent d’être de trop D’être loin de tout De mon centre De l’enfant En équilibre constant sur ce point mort Dont le projet d’ensemble me restera inconnu Face à des toboggans statiques Des chaises de bistrot déformées A force d’accueillir les mêmes chômeurs sans cesse affalés A contempler depuis les coulisses Ces affiches surannées Scotchées moult et moult fois par-dessus d’autres affiches Des témoins oubliés Qui ont fait vœux de silence

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Au lac de tes yeux Au lac de tes yeux très profond Mon pauvre coeur se noie et fond Là le défont Dans l’eau d’amour et de folie Souvenir et Mélancolie Nîmes, le 18 décembre 1914

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Cors de chasse Notre histoire est noble et tragique Comme le masque d’un tyran Nul drame hasardeux ou magique Aucun détail indifférent Ne rend notre amour pathétique Et Thomas de Quincey buvant L’opium poison doux et chaste À sa pauvre Anne allait rêvant Passons passons puisque tout passe Je me retournerai souvent Les souvenirs sont cors de chasse Dont meurt le bruit parmi le vent

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Cote 146 Plus de fleurs mais d’étranges signes Gesticulant dans les nuits bleues Dans une adoration suprême, mon beau ptit Lou, que tout mon être pareil aux nuages bas de juillet s’incline devant ton souvenir Il est là comme une tête de plâtre, blanche éperdument auprès d’un anneau d’or Dans le fond s’éloignent les vœux qui se retournent quelquefois Entends jouer cette musique toujours pareille tout le jour Ma solitude splénétique qu’éclaire seul le lointain Et puissant projecteur de mon amour J’entends la grave voix de la grosse artillerie boche Devant moi dans la direction des boyaux Il y a un cimetière où l’on a semé quarante-six mille soldats Quelles semailles dont il faut attendre sans peur la moisson ? C’est devant ce site désolé s’il en fut Que tandis que j’écris ma lettre appuyant mon papier sur une plaque de fibro ciment Je regarde aussi un portrait en grand chapeau Et quelques-uns de mes compagnons ont vu ton portrait Et pensant bien que je te connaissais Ils ont demandé : « Qui donc est-elle ?» Et je n’ai pas su que leur répondre Car je me suis aperçu brusquement Qu’encore aujourd’hui je ne te connaissais pas bien. Et toi dans ta photo profonde comme la lumière Tu souris toujours Secteur des Hurlus, le 14 juillet 1915

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    En allant chercher des obus Toi qui précèdes le long convoi qui marche au pas Dans la nuit claire… Les testicules pleins, le cerveau tout empli d’images neuves… Le sergent des riz pain de sel qui jette l’épervier dans le canal bordé de tilleuls… L’âme exquise de la plue Jolie me parvient dans l’odeur soudaine des lilas qui déjà tendent à défleurir dans les jardins abandonnés Des Bobosses poudreux reviennent des tranchées blanches comme les bras de l’Amour Je rêve de t’avoir nuit et jour dans mes bras Je respire ton âme à l’odeur des lilas Ô Portes de ton corps Elles sont neuf et je les ai toutes ouvertes O Portes de ton corps Elles sont neuf et pour moi se sont toutes refermées À la première porte La Raison Claire est morte C`était, t’en souviens-tu le premier jour à Nice Ton oeil de gauche ainsi qu`une couleuvre glisse Jusqu’à mon coeur Et que se rouvre encore la porte de ton regard de gauche À la seconde porte Toute ma force est morte C`était t’en souviens-tu dans une auberge à Cagnes Ton oeil de droite palpitait comme mon coeur Tes paupières battent comme dans la brise battent les fleurs Et que se rouvre encore la porte de ton regard de droite À la troisième porte Entends battre l’aorte Et toutes mes artères gonflées par ton seul amour Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de gauche À la quatrième porte Tous les printemps m’escortent Et l’oreille tendue entends du bois joli Monter cette chanson de l`amour et des nids Si triste pour les soldats qui sont en guerre Et que se rouvre encore la porte de ton oreille de droite À la cinquième porte C`est ma vie que je t’apporte C’était t’en souviens-tu dans le train qui revenait de Grasse Et dans l`ombre, tout près, tout bas Ta bouche me disait Des mots de damnation si pervers et si tendres Que je me demande, ô mon âme blessée Comment alors j’ai pu sans mourir les entendre Ô mots si doux, si forts que quand j’y pense il me semble que je les touche Et que s’ouvre encore la porte de ta bouche À la sixième porte Ta gestation de putréfaction, ô Guerre, avorte Voici tous les printemps avec leurs fleurs Voici les cathédrales avec leur encens Voici tes aisselles avec leur divine odeur Et tes lettres parfumées que je sens Pendant des heures Et que se rouvre encore la porte de ta narine de gauche À la septième porte Ô parfums du passé que le courant d’air emporte Les effluves salins donnaient à tes lèvres le goût de la mer Odeur marine, odeur d’amour; sous nos fenêtres mourait la mer Et l’odeur des orangers t’enveloppait d’amour Tandis que dans mes bras tu te pelotonnais Quiète et coite Et que se rouvre encore la porte de ta narine de droite À la huitième porte Deux anges joufflus veillent sur les roses tremblantes qui supportent Le ciel exquis de ta taille élastique Et me voici armé d`un fouet fait de rayons de lune Les amours couronnés de jacinthe arrivent en troupe Et que se rouvre encore la porte de ta croupe À la neuvième porte Il faut que l`amour même en sorte Vie de ma vie Je me joins a toi pour l’éternité Et par l’amour parfait et sans colère Nous arriverons dans la passion pure ou perverse Selon ce qu’on voudra À tout savoir à tout voir, à tout entendre Je me suis renoncé dans le secret profond de ton amour Ô porte ombreuse, ô porte de corail vivant Entre les deux colonnes de perfection Et que se rouvre encore la porte que tes mains savent si bien ouvrir Courmelois, le 13 mai 1915

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    La chanson du mal-aimé Et je chantais cette romance En 1903 sans savoir Que mon amour à la semblance Du beau Phénix s’il meurt un soir Le matin voit sa renaissance. Un soir de demi-brume à Londres Un voyou qui ressemblait à Mon amour vint à ma rencontre Et le regard qu’il me jeta Me fit baisser les yeux de honte Je suivis ce mauvais garçon Qui sifflotait mains dans les poches Nous semblions entre les maisons Onde ouverte de la Mer Rouge Lui les Hébreux moi Pharaon Oue tombent ces vagues de briques Si tu ne fus pas bien aimée Je suis le souverain d’Égypte Sa soeur-épouse son armée Si tu n’es pas l’amour unique Au tournant d’une rue brûlant De tous les feux de ses façades Plaies du brouillard sanguinolent Où se lamentaient les façades Une femme lui ressemblant C’était son regard d’inhumaine La cicatrice à son cou nu Sortit saoule d’une taverne Au moment où je reconnus La fausseté de l’amour même Lorsqu’il fut de retour enfin Dans sa patrie le sage Ulysse Son vieux chien de lui se souvint Près d’un tapis de haute lisse Sa femme attendait qu’il revînt L’époux royal de Sacontale Las de vaincre se réjouit Quand il la retrouva plus pâle D’attente et d’amour yeux pâlis Caressant sa gazelle mâle J’ai pensé à ces rois heureux Lorsque le faux amour et celle Dont je suis encore amoureux Heurtant leurs ombres infidèles Me rendirent si malheureux Regrets sur quoi l’enfer se fonde Qu’un ciel d’oubli s’ouvre à mes voeux Pour son baiser les rois du monde Seraient morts les pauvres fameux Pour elle eussent vendu leur ombre J’ai hiverné dans mon passé Revienne le soleil de Pâques Pour chauffer un coeur plus glacé Que les quarante de Sébaste Moins que ma vie martyrisés Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir Adieu faux amour confondu Avec la femme qui s’éloigne Avec celle que j’ai perdue L’année dernière en Allemagne Et que je ne reverrai plus Voie lactée ô soeur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons-nous d’ahan Ton cours vers d’autres nébuleuses Je me souviens d’une autre année C’était l’aube d’un jour d’avril J’ai chanté ma joie bien-aimée Chanté l’amour à voix virile Au moment d’amour de l’année

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Les feux du bivouac Les feux mouvants du bivouac Éclairent des formes de rêve Et le songe dans l’entrelacs Des branches lentement s’élève Voici les dédains du regret Tout écorché comme une fraise Le souvenir et le secret Dont il ne reste que la braise Secteur des Hurlus, 18 septembre 1915

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Mai Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains ? Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée Les pétales flétris sont comme ses paupières Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menés par des tziganes Suivaient une roulotte traînée par un âne Tandis que s’éloignait dans les vignes rhénanes Sur un fifre lointain un air de régiment Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Marie Vous y dansiez petite fille Y danserez-vous mère-grand C’est la maclotte qui sautille Toutes les cloches sonneront Quand donc reviendrez-vous Marie Les masques sont silencieux Et la musique est si lointaine Qu’elle semble venir des cieux Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine Et mon mal est délicieux Les brebis s’en vont dans la neige Flocons de laine et ceux d’argent Des soldats passent et que n’ai-je Un cœur à moi ce cœur changeant Changeant et puis encor que sais-je

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Découverte J’étais enfant. J’aimais les grands combats, Les Chevaliers et leur pesante armure, Et tous les preux qui tombèrent là-bas Pour racheter la Sainte Sépulture. L’Anglais Richard faisait battre mon coeur Et je l’aimais, quand après ses conquêtes Il revenait, et que son bras vainqueur Avait coupé tout un collier de têtes. D’une Beauté je prenais les couleurs, Une baguette était mon cimeterre ; Puis je partais à la guerre des fleurs Et des bourgeons dont je jonchais la terre. Je possédais au vent libre des cieux Un banc de mousse où s’élevait mon trône ; Je méprisais les rois ambitieux, Des rameaux verts j’avais fait ma couronne. J’étais heureux et ravi. Mais un jour Je vis venir une jeune compagne. J’offris mon coeur, mon royaume et ma cour, Et les châteaux que j’avais en Espagne. Elle s’assit sous les marronniers verts ; Or je crus voir, tant je la trouvais belle, Dans ses yeux bleus comme un autre univers, Et je restai tout songeur auprès d’elle. Pourquoi laisser mon rêve et ma gaieté En regardant cette fillette blonde ? Pourquoi Colomb fut-il si tourmenté Quand, dans la brume, il entrevit un monde.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Delfica La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance, Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs, Sous l’olivier, le myrthe ou les saules tremblants, Cette chanson d’amour… qui toujours recommence ! Reconnais-tu le Temple, au péristyle immense, Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents ? Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents, Où du dragon vaincu dort l’antique semence. Ils reviendront, ces dieux que tu pleures toujours ! Le temps va ramener l’ordre des anciens jours ; La terre a tressailli d’un souffle prophétique… Cependant la sibylle au visage latin Est endormie encor sous l’arc de Constantin : – Et rien n’a dérangé le sévère portique.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Fantaisie Il est un air pour qui je donnerais Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber, Un air très-vieux, languissant et funèbre, Qui pour moi seul a des charmes secrets. Or, chaque fois que je viens à l'entendre, De deux cents ans mon âme rajeunit : C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre Un coteau vert, que le couchant jaunit, Puis un château de brique à coins de pierre, Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs, Ceint de grands parcs, avec une rivière Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ; Puis une dame, à sa haute fenêtre, Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens, Que dans une autre existence peut-être, J'ai déjà vue… et dont je me souviens !

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    La cousine L’hiver a ses plaisirs ; et souvent, le dimanche, Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche, Avec une cousine on sort se promener… – Et ne vous faites pas attendre pour dîner, Dit la mère. Et quand on a bien, aux Tuileries, Vu sous les arbres noirs les toilettes fleuries, La jeune fille a froid… et vous fait observer Que le brouillard du soir commence à se lever. Et l’on revient, parlant du beau jour qu’on regrette, Qui s’est passé si vite… et de flamme discrète : Et l’on sent en rentrant, avec grand appétit, Du bas de l’escalier, – le dindon qui rôtit.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    L’enfance Qu’ils étaient doux ces jours de mon enfance Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin, je coulai ma douce existence, Sans songer au lendemain. Que me servait que tant de connaissances A mon esprit vinssent donner l’essor, On n’a pas besoin des sciences, Lorsque l’on vit dans l’âge d’or ! Mon coeur encore tendre et novice, Ne connaissait pas la noirceur, De la vie en cueillant les fleurs, Je n’en sentais pas les épines, Et mes caresses enfantines Étaient pures et sans aigreurs. Croyais-je, exempt de toute peine Que, dans notre vaste univers, Tous les maux sortis des enfers, Avaient établi leur domaine ? Nous sommes loin de l’heureux temps Règne de Saturne et de Rhée, Où les vertus, les fléaux des méchants, Sur la terre étaient adorées, Car dans ces heureuses contrées Les hommes étaient des enfants.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Au-delà des soupirs Je n’ai pu t’adresser un regard, un sourire, Tu es partie trop vite et sans me prévenir… Immense est mon regret. Je voudrais te le dire Au-delà du chagrin, au-delà des soupirs. Ta mort hante ma vie. Pour combler ton absence Sans cesse je remue de précieux souvenirs. Je trouve un réconfort en trompant ma souffrance Au-delà du chagrin, au-delà des soupirs. Mes plus tendres pensées vont vers toi dès l’aurore, Je t’appelle et te parle avant de m’endormir, Et bien étrangement ta voix me berce encore Au-delà du chagrin, au-delà des soupirs.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Nostalgie J’ai laissé, loin de moi, à l’abri des montagnes Un village blotti au milieu des coteaux, La brise du matin, les fleurs de la campagne Et le grand mimosa où nichent les oiseaux… J’ai laissé, quelque part, souffler la Tramontane Emportant les saisons, emportant les soupirs, Une petite place une allée de platanes Les rêves, les chagrins, et tous les souvenirs… J’ai laissé ma maison, j’ai laissé ma jeunesse, Mais il m’arrive encore au profond de l’hiver D’entendre, comme avant, à travers l’ombre épaisse L’écho d’une sardane ou le chant de la mer.

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    I

    Isabelle Callis-Sabot

    @isabelleCallisSabot

    Poème à mes enfants Vous avez déserté le jardin de l’enfance, Votre vie est ailleurs, loin de moi, loin d’ici ; Pourtant je pense à vous, toujours, en permanence, Je tremble à chaque instant de crainte ou de souci. Je vous protège encore et malgré les distances, Je vous couvre en secret d’attentions, de douceur, De tendresse et de soin, d’amour et de confiance, Je prie pour vos succès et pour votre bonheur. Quelques fois, je l’avoue, mon cœur souffre en silence, Devant la chambre vide imbue de souvenirs… Il ne regrette rien… il pleure votre absence Et l’envie qu’il aurait de vous voir revenir.

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