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Les poésies les plus envoûtantes vous attendent...

Ne manquez plus jamais d'inspiration avec les poésies originales. Partagez l'émotion et la beauté des vers avec ceux qui vous entourent.

Poésies+7 000

Alain Bosquet

Alain Bosquet

@alainBosquet

Le corps disperse Le jazz s'enfonce comme un clou jusqu'aux vertèbres. Gardez ce sein, si vous le trouvez beau. Pourquoi, après l'orage, les trottoirs se couvrent-ils de fleurs qui hurlent ? Voulez-vous quelques muqueuses plus fraîches que la soie ? Le disque en s'arrêtant inflige aux garçons verts et aux fillettes bleues un supplice inhumain. Ce soir, au cinéma toutes les lunes sont enceintes. Vous aimez cène aisselle où l'on peut, comme dans un grand port, faire escale et dormir ? Celui qui s'articule, se prive de frissons. Le rock and roll permet de se dissoudre au fond de soi, alcool, naufrage, caresse nue. Si ce bas-ventre vous amuse, empruntez-le jusqu'à demain, poupée gonflable.

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Alain Bosquet

Alain Bosquet

@alainBosquet

Le corps du verbe Regarde-moi : je ne suis point, mais si j'étais, je serais le poumon du poème. Attends-moi : je n'ai rien résolu ; et le chant de l'absence n'a pas su me dissoudre. Ainsi que le vautour, j'hésite : faudrait-il dévorer l'alphabet ou s'acharner plutôt sur la douce musique qui donne un cœur au verbe, à son insu. Prends-moi pour me prouver enfin que je suis une forme, un besoin de matière, un peu de peau qui souffre. Choisis-moi un destin de texte ou de regard, de consonne ou de chair. J'ai trop de discipline pour me faire Tangage. Aide-moi : sans ivresse, je ne saurais désincarner ce corps trop lourd, ni incarner cette parole où tout est brume.

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Alain Bosquet

Alain Bosquet

@alainBosquet

Regrets Je n'ai rien fait de cène vie : ça me dispense de croire en moi, sauf aux moments où je rédige quelque poème reptilien. Alors, poussière sous la poussière, je me grise ; à chaque mot je me découvre des vertus : je ris, je chante jusqu'à saigner. Bientôt, comme une main de singe, l'angoisse est de retour sur ma poitrine. Où vont tant de malentendus ? J'ai l'étoffe d'un homme touché par le bonheur ; pourtant je m'interroge et rêve d'être un arbre étranglé par l'azur ou l'oiseau qui se cache en buvant la tempête. Luxe, velléité ! J'aligne un bout de phrase et me crois à l'abri de ce monde glacé qui passe à travers moi comme un banc de sardines.

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Alain Bosquet

Alain Bosquet

@alainBosquet

Religion Je n'aime pas les dieux. Les prophètes m'agacent. La seule vérité, je la veux dans les mots et dans la chair : le jeu des uns, l'aveuglement de l'autre. L'absolu, je le tiens pour suspect. Je nie le songe : un fleuve est un seau d'eau qui coule, et l'arbre dans sa boue ne peut rien contre moi. Étant mortel comme le chien et le soupir, je le proclame et n'en fais pas une leçon : juste un devoir de propreté. Je suis vivant sans y voir de miracle, et m'apprête à mourir imperturbable et dur. J'ordonne que Bouddha s'étrangle dans son rire et que, simple saumon, Moïse plonge entre les flots de la mer Rouge, cependant que la Croix se défait de son Christ.

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Alain Bosquet

Alain Bosquet

@alainBosquet

Sensualité J'aime la femme : un rire, un coude, un sein fuyant. Et puis, ça sert à quoi, ce choc de deux squelettes ? J'aime la femme : un regard doux, une sueur. Et puis, ça sert à quoi, ces salives mêlées ? J'aime la femme : une manière de traduire la peau trop fine du néant, son ventre mou qui s'ouvre et se referme. Et puis, ça sert à quoi de n'être qu'un objet flottant sur des menstrues ? J'aime la femme : il faut nourrir, pour le tuer, ce qui en moi devient un singe trop savant Et puis, ça sert à me grandir comme un mensonge qui soudain se transforme en folle vérité. J'aime la femme : une souffrance, un compromis comme un arbre acceptant d'être un corbeau sans plumes.

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Alain Bosquet

Alain Bosquet

@alainBosquet

Tendresse Après le désespoir vient la tendresse, comme il sied aux vieillards. Je suis joyeux, je me redresse et je m'adonne à l'art. Je parle aux fleurs. J'entretiens les comètes. J'écoute la chanson qu'un saxophone me répète : « Ensemble nous pensons... » Je monologue avec une peinture ou les statues de sel. Que sont mes amours les plus pures ? Je ne sais pas lequel de nous : l'ancien jeune homme ou son ancêtre, habite sous ma peau. L'être défait par le non-être, mes amis principaux, je les confonds parfois. Un personnage sort de chaque récit ; je ne suis pas atteint par l'âge : je lui demande si je peux lui ressembler : un frère, en somme, dans le jeu incertain de ma survie. Je caresse une pomme, jalousant un destin d'objet si rond ! Puis je rentre au poème, où c'est moi qui m'attends, affable, ironique, verbal ; je m'aime, de vivre hors de mon temps.

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A

Alain Le Roux

@alainLeRoux

Fleur Fleur éclatante fleur multicolore fleur de désir fleur d'amour en toi des gerbes d'espoir de fleur tendre sur la route du soleil je crie pour les hommes de la planète bonheur les mots d'espoir les mots forts pour une belle nature ouverte aux hommes frères .

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A

Alain Le Roux

@alainLeRoux

La liberté Sur les pas de vie La liberté se lève Entre les branches Vivre debout En cherchant le bruit sourd A l’odeur de cri. La main ouverte Sur la porte de glace Chantant les couleurs.

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A

Alain Le Roux

@alainLeRoux

Le papillon bleu Le papillon bleu Du jour De l'image De la nuit Se pose Se repose Sur le mur De peupliers Prenons le papillon bleu Sur l'épaule Du vertige Du monde En lui ouvrant L'horizon Des sourires Des clochers fleuris Pour une année " 2018" d'étincelles radieuses . (c) Alain LE ROUX 17/11/2017

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A

Alain Lortie

@alainLortie

Délivrance Pour tous ceux qui recherchent la délivrance, je ne vois d’autres chemins que les pratiques. Pour tous ceux qui recherchent la délivrance, je ne vois d’autres chemins que les techniques. Pour tous ceux qui recherchent la délivrance, je ne vois d’autres chemins que la dévotion. Pour tous ceux qui recherchent la délivrance, je ne vois d’autres chemins que la bonne action. Pour tous ceux qui cherchent la délivrance, je ne conçois d’autres chemins que le respect. Pour tous ceux qui recherchent la délivrance, je ne vois d’autres chemins que le grand secret. Pour tous ceux qui atteignent la délivrance, le Seigneur brille dans leur for intérieur. Pour tous ceux qui atteignent la délivrance par force des techniques intérieures.

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A

Alain Lortie

@alainLortie

Non-violence Comme la course du temps, comme le germe transforme l’ovule, ton combat doit être de non-violence et constamment ferme. Pour le salut de ton âme à transparaître. Il ne suffit d’un rien pour que récidive les forces violentes que cache un coeur anxieux, régime d’âme maladive. L’effort de non-violence, la saveur et la douceur. Car la colère amplifie les malaises encourus par des causes souvent ignorées du mental. Tourne l’actif bien à son aise la doctrine de non-violence assurée. Autres jours, autres moeurs, le travail maîtrisé fera place dans ta vie, le respect d’autrui. Sans colère les obstacles journaliers tu affronteras comme un soleil dans la nuit.

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A

Alain Lortie

@alainLortie

Passé présent futur Ton passé affecte ton futur, souffrance. Ton passé indiffère ton présent, délivrance Ton passé menace ton présent, violence. Ton présent contrôle ton passé, jouissance. Ton présent réclame ton passé, punition. Ton présent modifie ton passé, transition. Ton présent ajuste ton futur, formulation. Ton présent affaiblit ton futur, diminution. Ton passé rejoint ton présent, interjection. Ton présent rejoint ton futur, interrelation Ton futur rejoint ton passé, bénédiction. Ton présent rejoint ton passé, malédiction. Passé, présent, futur le nom de ma mère. 
Passé, présent,futur une place sur terre. 
Passé, présent, futur une place sur la mer.
 Passé, présent, futur une place dans l'air.

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A

Alain Lortie

@alainLortie

Argus Tu deviens un argus, lorsque ta nature en union avec l’énergie pourvoit les sons. Tu deviens un argus, lorsque ta nature saisi le nuage des vertus, ta maison. Tu deviens un argus, lorsque ta nature cerclée de lumière comprend tes prochains. Tu deviens un argus, lorsque ta nature contemple l’Artisan divin, la grande Main. Tu deviens un argus, dans ton temple de joie, le jour ou tu nais en Dieu, savoir logique. Tu deviens un argus, dans ton temple de joie, parcours chemin dans la céleste musique. Tu deviens un argus, dans ton temple de joie, la liqueur des vibrations montant où? En toi. Tu deviens un argus, dans ton temple de joie quand tu as choisit la présence de grand Moi.

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A

Albert Babinot

@albertBabinot

Contre l'ingratitude des hommes O ciel vouté qui la terre bien heures, O feu sans poix agilement leger, O air humide, o vent prompt messager, O large mer qui la terre ceintures, O terre riche, ô qui ton doz peintures De vers thesors pour l'homme soulager, Bois, pres, champs, eaux, que pour nous arranger, Nature essay' de mille architectures, Quand vous verrez que les ingrats humains Ne donront plus louanges ordinaires A JESUS CHRIST, pour les biens de ses mains : Vous Ciel, feu, air, et toy vent navigueur, Toy mer, toy terre, et bois, près, champs, rivieres, Deniez leur l'ancienne faveur

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A

Albert Babinot

@albertBabinot

Ne regreter point les mors Quand le Soleil, la torche coutumiere De l'Univers, s'est dans la mer rendu, Et pensons voir un voile noir tendu, Nous engendrant la nuit familiere Nul ne se plaint de se voir sans lumiere, Parcequ'il est plus qu'assés entendu, Que le Soleil nous est aptes rendu, Pour parcourir sa carriere ordinaire. Sans cris, sans dueil, tu te dois montrer tel, Voiant d'un corps souffreteux et mortel, Triste prison, sortir l'Ame immortelle. Ce corps que Mort nous fait abandonner Sera tout neuf au jour qui renouvelle, Et l'Ame y doit encores retourner.

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Albert Camus

Albert Camus

@albertCamus

Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d’arbres, voici qu’à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu’un paradis perdu. L’hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n’avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu’il redevient lui-même. Ces décors masqués par l’habitude redeviennent ce qu’ils sont. Ils s’éloignent de nous. De même qu’il est des jours où, sous le visage familier d’une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu’on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n’est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c’est l’absurde.

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Albert Camus

Albert Camus

@albertCamus

Pluies de New York La pluie de New York est une pluie d’exil. Abondante, visqueuse et compacte, elle coule inlassablement entre les hauts cubes de ciment, sur les avenues soudain assombries comme des fonds de puits. Réfugié dans un taxi, arrêté aux feux rouges, relancé aux feux verts, on se sent tout à coup pris au piège, derrière les essuie-glaces monotones et rapides, qui balaient une eau sans cesse renaissante. On s’assure qu’on pourrait ainsi rouler pendant des heures, sans jamais se délivrer de ces prisons carrées, de ces citernes où l’on patauge, sans l’espoir d’une colline ou d’un arbre vrai. Dans la brume grise, les gratte-ciel devenus blanchâtres se dressent comme les gigantesques sépulcres d’une ville de morts, et semblent vaciller un peu sur leurs bases. Ce sont alors les heures de l’abandon. Huit millions d’hommes, l’odeur de fer et de ciment, la folie des constructeurs, et cependant l’extrême pointe de la solitude. « Quand même je serrerais contre moi tous les êtres du monde, je ne serais défendu contre rien. » C’est peut-être que New York n’est plus rien sans son ciel. Tendu aux quatre coins de l’horizon, nu et démesuré, il donne à la ville sa gloire matinale et la grandeur de ses soirs, à l’heure où un couchant enflammé s’abat sur la VIIIème Avenue et sur le peuple immense qui roule entre ses devantures, illuminées bien avant la nuit. Il y a aussi certains crépuscules sur le Riverside, quand on regarde l’autostrade qui remonte la ville, en contrebas, le long de l’Hudson, devant les eaux rougies par le couchant ; et la file ininterrompue des autos au roulement doux et bien huilé laisse soudain monter un chant alterné qui rappelle le bruit des vagues. je pense à d’autres soirs enfin, doux et rapides à vous serrer le coeur, qui empourprent les vastes pelouses de Central Park à hauteur de Harlem. Des nuées de négrillons s’y renvoient une balle avec une batte de bois, au milieu de cris joyeux, pendant que de vieux Américains, en chemise à carreaux, affalés sur des bancs, sucent avec un reste d’énergie des glaces moulées dans du carton pasteurisé, des écureuils à leurs pieds fouissant la terre à la recherche de friandises inconnues. Dans les arbres du parc, un jazz d’oiseaux salue l’apparition de la première étoile au-dessus de l’Impérial State et des créatures aux longues jambes arpentent les chemins d’herbe dans l’encadrement des grands buildings, offrant au ciel un moment détendu leur visage splendide et leur regard sans amour. Mais que ce ciel se ternisse, ou que le jour s’éteigne, et New York redevient la grande ville, prison le jour, bûcher la nuit. Prodigieux bûcher en effet, à minuit, avec ses millions de fenêtres éclairées au milieu d’immenses pans de murs noircis qui portent ce fourmillement de lumières à mi-hauteur du ciel comme si tous les soirs sur Manhattan, l’île aux trois rivières, un gigantesque incendie s’achevait qui dresserait sur tous les horizons d’immenses carcasses enfumées, farcies encore par des points de combustion.

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Albert Camus

Albert Camus

@albertCamus

Premières journées de chaleur Premières journées de chaleur. Étouffant. Toutes les bêtes sont sur le flanc. Quand la journée décline, la qualité étrange de l’air au-dessus de la ville. Les bruits qui montent et s’y perdent comme des ballons. Immobilité des arbres et des hommes. Sur les terrasses, mauresques qui devisent en attendant le soir. Café qu’on grille et dont l’odeur monte aussi. Heure tendre et désespérée. Rien á embrasser. Rien où se jeter à genoux, éperdu de reconnaissance.

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Albert Camus

Albert Camus

@albertCamus

Soleil Dans un pays étranger, soleil qui dore les maisons sur une colline. Sentiment plus puissant que devant le même fait dans son propre pays. Ce n’est pas le même soleil. Je sais bien, moi, que ce n’est pas le même soleil.

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A

Albert Dabadie

@albertDabadie

La peine Du ciel le plus limpide et le plus radieux, Un nuage parfois assombrit l'atmosphère ; Ainsi quelque pensée inquiète ou sévère, Voile parfois d'ennuis les fronts les plus joyeux. Souvent ceux que le plus on envie ou révère, Ceux-là dont le bonheur luit le plus et le mieux, S'en vont portant au cœur, sur un brillant calvaire, Leur couronne d'épine, invisible à nos yeux. De la peine d'autrui nul ne sait la mesure, Nul n'en approfondit la plaie et la torture, Et n'en sait calculer l'amertume et le poids : Mais tous ont bien leur part, que chacun s'y résigne, Homme, fils des douleurs, chacun porte sa croix, C'est de l'humanité l'inévitable signe.

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A

Albert Dabadie

@albertDabadie

La tristesse Pouvez-vous donc ainsi douce mer, beaux rivages, Briller et parfumer ; et toi soleil joyeux, Peux-tu si bien sourire à l'azur sans nuages, Quand j'ai le cœur en deuil, et des pleurs dans les yeux. Oiseaux ne pouvez-vous, taisant vos gais ramages, Laisser pour un moment le bois silencieux, Et toi brise qui vas chuchotant aux feuillages, Peux-tu jouer ainsi sur mon front soucieux ! Quand la bise et l'autan amenaient l'hiver sombre Qui, soleil, rive et flots vous voilaient de tant d'ombre, Quand muets et pour eux, oiseaux vous fuyez tous : Vous qui jetez de chants à ma mélancolie Ou qui lui souriez ; votre enjouement oublie Ingrats ! combien mon cœur s'attristait avec vous.

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A

Albert Dabadie

@albertDabadie

Votre sourire Votre sourire est charmant de gaieté ; Lorsqu'en mon âme où bout parfois l'orage Il resplendit comme un soleil d'été, Il y dissipe et chasse tout nuage, Et je m'apaise à sa sérénité. Ce doux rayon dans mon cœur reflété, Oh ! si j'étais poète, à chaque page Comme en beaux vers ma muse l'eut chanté ! Votre sourire. Vous n'avez pas besoin en vérité, D'avoir le sceptre et l'empire en partage ; Vous n'en sauriez pas en réalité Être plus reine et régner d'avantage, Car il vaut bien certes une royauté, Votre sourire.

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A

Albert Lozeau

@albertLozeau

Avril Le ciel est d’un azur si pur qu’il en est blanc. C’est Avril qui revient, Avril doux et trop lent Et qui, pour émouvoir la torpeur de la terre, Lui tire, du soleil, des flèches de lumière. C’est le dimanche où les mains portent des rameaux Que le prêtre bénit avec de divins mots. Et c’est, là-bas encore, au clocher de Saint-Jacques, La musique de bronze, à l’aube, annonçant : Pâques ! Et chaque église avec sa chanson répondant, L’une en priant, l’autre en riant, l’autre en grondant, — Dont la plus belle vient de Saint-Louis-de-France, (Honni soit le curé jaloux qui mal y pense !) Avril, toi qu’a chanté jadis Remy Belleau, Le plus clair de ta gloire est encore de l’eau ! La neige fond, et le printemps frileux frissonne, Quand à Paris déjà le marronnier bourgeonne. Mais je ne t’en veux pas : c’est la faute au bon Dieu Qui retarde les pas du soleil dans le bleu. Aux mois fleuris, Avril, tu prépares la terre, Et ta venue est douce au cœur du solitaire. Tu prolonges les soirs de rêves, et tu mets Des étoiles là-haut plus qu’il n’en fut jamais, Tu rends le jour léger et transparent l’espace Et l’on regarde en soi l’espérance qui passe...

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A

Albert Lozeau

@albertLozeau

Douce Tromperie Je ne suis pas si fou, ma chère enfant, de croire Aux rêves que je fais et qui, dans ma mémoire, Comme sur un papier vieilli des mots tracés, Ont paru clairement et sont presque effacés. Aussi, sans nul regret comme sans amertume, J’en ébauche souvent le croquis à la plume. Nés du désir, ils sont passagers comme lui, Et c’est parce qu’une heure en mon âme ils ont lui, Parce que chaque jour je pourrai les reprendre, Que de leur doux plaisir je ne puis me défendre. J’en jouis à l’instant bref où je les conçois, Et ce moment me vaut des semaines, des mois D’espoirs et de projets tous irréalisables, ― Mais je n’y crois pas plus qu’aux fictions des fables. Ainsi, ma chère amie, évoquant vos beaux yeux, Quand mon rêve vous dit des mots ambitieux Et dont la passion vous fait frissonner toute, Je sais que je me leurre et que moi seul m’écoute… Que vous importe, à vous qui n’en apprenez rien, Si ce mensonge-là, chère, me fait du bien ?

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A

Albert Lozeau

@albertLozeau

La peur de vieillir Je vous évoque, seule en votre chambre, un soir, Avec angoisse, interrogeant votre miroir. Vous redressez le buste ou vous penchez la tête, Et le cristal, docile à vos gestes, répète La blancheur de vos bras, l’éclat noir de vos yeux, Votre cou, votre bouche exquise, vos cheveux… Tout est jeune et joli, tout respire la grâce ! Le mouvement, aisé comme une aile qui passe, Est léger comme un rythme et souple comme lui ! Qu’est-ce donc qui vous fait anxieuse aujourd’hui ? Vous êtes bien, pourtant, debout devant vous-même, Et le miroir vous dit votre beauté suprême… Une crainte soudaine est venue assaillir Votre âme : c’est la peur affreuse de vieillir ! L’image du miroir ne vous est plus bien sûre, Et vous cherchez un autre avis qui vous rassure… Mais moi qui connais l’homme et sa brutalité, Je sais où vous devez chercher la vérité. La glace complaisante et passive reflète L’image variable et que vous avez faite. Elle ne contredit jamais votre plaisir Et mire, plus que vous, votre vivant désir. Et la réalité constante vous échappe, Celle que d’une empreinte ineffaçable frappe Le Temps, incorruptible ouvrier de la Mort ! Pour savoir si vous êtes jeune et belle encor, Ce n’est pas au miroir, peu véridique en somme, Qu’il faut vous regarder, c’est dans les yeux des hommes ! Eux, dont les cœurs de chair vous considéreront, Avec leurs appétits brutaux vous jugeront ! Et vous n’aurez alors, jeune ou vieille, qu’à lire Dans leur regard cruel qui dédaigne ou désire…

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A

Albert Lozeau

@albertLozeau

Les arbres d’Octobre Au soleil, le matin, les arbres sont en or ; Octobre leur a fait des feuilles précieuses Qui tremblent à la brise et, toujours anxieuses, Craignent le vent d’automne en qui passe la mort. C’est l’immobilité maintenant qu’elles aiment, Ou, venant à l’entour des branches voltiger, Le souffle inoffensif qui les frôle, léger, Et fait luire les tons jaunes qui les parsèment Combien choiront avant le doux soir automnal ! Toujours sur le trottoir il en neige quelqu’une. Ce doit être, là-haut, une angoisse à chacune Quand la petite sœur quitte l’arbre natal… Mais l’orage viendra les pacifier toutes ! Un grand coup de vent dur tordra l’arbre soudain, Et comme des oiseaux qu’on chasse du jardin, Les feuilles partiront en l’air, tombant aux routes, Et les seuils en seront dorés jusqu’au matin.

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A

Albert Lozeau

@albertLozeau

Octobre Adieu, beau jour d’automne au firmament si bleu, Feuilles brunes encore à l’arbre, hier, adieu ! Le vent froid passe avec des plaintes adoucies, Et les petits oiseaux ont des âmes transies Sur le pavé sonore on entend fuir les pas : L’heure marche, elle aussi, mais on n’y songe pas ! Octobre, mois royal dont les couchants superbes Projettent leurs reflets sur les dernières herbes, Octobre se fait vieux et meurt tous les matins Dans le lit sépulcral des brouillards argentins. Sa douce gloire laisse au cœur une lumière Resplendissante, et moins que son règne, éphémère. Car ton soleil se couche en notre souvenir, Octobre, et chaque jour il peut en revenir ! La pensée, en rêvant de splendeur, le suscite, Et soudain, triomphait, voilà qu’il ressuscite !

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A

Albert Lozeau

@albertLozeau

Rayon de novembre Comme novembre est doux, ce matin, dans la brume… Le soleil, entre deux nuages gris, s’allume Et s’éteint comme sous la paupière un regard. On dirait que l’Eté rôde au loin, quelque part… C’est son haleine qui voltige tiède et lente, Moins le parfum hier encore respiré Dans le brouillard ténu de la ville bruyante ; Et c’est comme un retour de septembre égaré Mais les arbres n’ont plus de feuilles ; la lumière N’y fait plus resplendir ses flammes coutumières, Et la pensée en pleurs songe sur un tombeau…

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A

Albert Lozeau

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Sous le ciel Au beau ciel d'été le jour vient de naître ; Les petits oiseaux confondent leurs chants ; La clarté nouvelle emplit la fenêtre Et l'on sent l'odeur de l'herbe des champs. Le soleil reluit sur les feuilles vertes Qui tremblent au vent léger du matin. Respirant l'air bleu, les fleurs sont ouvertes : Somptueux velours et riche satin. Épris de beauté devant la nature, Vers le firmament je tourne les yeux ; L'espace infini, la lumière pure Émeuvent le coeur d'un rythme joyeux. Et cette splendeur qui charme et console Par l'homme n'est pas regardée en vain : Le meilleur de lui dans l'azur s'envole Sur les ailes d'or d'un rêve divin !

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A

Albert Lozeau

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À l’automne Par la couleur du ciel et les plaintes du vent, Par les tons nuancés du feuillage mouvant, Par mon désir de rêve et mon cœur qui frissonne, J’ai senti de là-bas venir vers nous l’automne. Dans la sérénité profonde des beaux soirs Où la lune apparaît bleue au firmament noir, Malgré les astres clairs, on l’aperçoit qui rôde Sur le gazon, ou dans les coins des chambres chaudes. Il émane de lui je ne sais quoi de doux Qui frôle notre chair et qui pénètre en nous, Qui nous change, on dirait, en une autre substance, Comme si l’on était de l’air ou du silence ! Il semble que l’on ait des ailes ; que le poids De notre corps se fonde et renaisse à la fois ; Qu’un bonheur à travers notre âme triste passe, Qu’on n’ait plus qu’un degré pour atteindre à l’extase ! Ô volupté de vivre, ô charme alanguissant ! ― Automne qui nous mets du plaisir dans le sang, Qui nous berces, pareil à la bonne nourrice, Jusqu’à ce que notre âme en tes bras s’assoupisse, Je t’aime d’un amour sensuel et païen ! Et je t’élève, ô dieu, fait de songe ancien, Un temple au clair autel entouré de balustres, Où mon cœur balancé brûle comme un grand lustre !

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