Titre : Baisers
Auteur : Jacques Tahureau
Ne vois-tu pas comme l'Aurore,
Cette envieuse, recolore
Desja d'un éclat jaunissant
L'avant jour partout blondissant ?
Hélas ! hélas ! que peu me dure
Cette tant heureuse avanture !
O combien m'est court le déduit
De cette tant mignarde nuit !
Puis doncques que le jour nous presse,
Adieu, ma petite maîtresse,
Adieu, ma gorgette et mon sein,
Adieu, ma délicate main,
Adieu donq, mon teton d'albâtre,
Adieu, ma cuissette folâtre,
Adieu, mon oeil, adieu, mon coeur,
Adieu, ma friande douceur !
Mais avant que je me départe,
Avant que plus loin je m'escarte,
Que je taste encore ce flanc
Et le rond de ce marbre blanc.
Tu pleures, hé !
Ma douce folle,
Tends moy les bras que je t'accolle,
Et que pour ton dueil apaiser
Je te donne encore un baiser...