Titre : Madame la poésie
Auteur : Jacques Gourvennec
Ô ! mon élue, ma muse, ma douce et passionnée, mon venin vénéré…
Qu’en as-tu fait de ma braguette ?
Et quel autre barbon aura su tant t’aimer ?
Et quelle âme prochaine auras-tu morcelée ?
Quel autre mieux que moi....
Quel autre mal chroniqu', sous ta jupe levée, aura su me convaincre ?
Combien de rêves et de fantasmes... Déraciné du cœur ?
Garde moi, mon amour, en ton ventre mouillé, ta plus douce colère…
Ton visage de pierre et ta larme de sang…
Nous veillerons le soir des poussières de lampes
Un fanal de chair, tant nos cendres perverses, à portée de tes dents…
Quand va l’oeil du tendre humer tes profondeurs
Quand va lustrer le pourpre, une langue qui meure, aux pieds d’une statue.
Combien de rien et de si peu, de supplices et de feux
Tant mon sexe dressé en nage de ton cul…
Pour que ta bouche s’ouvre, à l’unique saveur.
Combien de temps chéris, après tous nos silences, pour que le croque-mort, trinque à notre candeur…
Enivré du mépris…
Quelle autre belle Amie, quelle autre muse tendre, aussi pure que brèves, à mon mal chéri ?
Ne seras-tu que cendre, aux belles nuits d’antan, aux couleurs vermeilles ? Est-ce donc à présent, plus que larme et regrets ?
Est-ce un souvenir froid, à mon masque d’acier, que mon âme dérange en ta douce demeure ?
Entends déjà le chant, c’est notre fièvre belle…
Des princes des poèmes…
Ecoute, c’est les pleurs…
Ecoute une parole, et le crime et le trouble.
Entends cette rumeur
Ecoute ses violons dérisoires et moqueurs, n’écoute qu’un seul choeur…
Regarde, là, Cruelle…
Regarde, c’est la mort
Toutes ses dents noircies à mon âme traînante, un sourire enjôleur…
L’œil poudré de cendre, magnifique au brillant de tes cuisses tendues…
Tant ouvertes à jamais...
Ouvre grand mon amour, sois la porte béante,
Rends jalouse l’église, dont les pierres me hantent…
Sois au dôme ton cul, à la crypte ton ventre, aux cantiques ton chant, au calice le cœur…
Empoigne mon trépan, bande-le d'une stance, brûle un cierge à ta bouche… Hume, levés tes yeux…
C’est le sel et le vent, c’est le cri de la mer
C’est ton chant mon amour, dans ta main qui me branle…
Plus riche d’une obole, à ta gorge apaisée, échangée d'une langue…
Quel autre lait si doux à ta lèvre embaumée, emportera les pleurs ?