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Prose Poétique

26 poésies en cours de vérification
Prose Poétique

Poésies de la collection prose poétique

    A

    Abdelkader Guerine

    @abdelkaderGuerine

    Bévue Je retrouve souvent ton portrait distingué dans les mirages de mes retournements diablotins vers les ruines de mes pensées badines. Je recule dans les abîmes d'un mythe fabuleux pour te toucher du regard. Je profite de ce songe éphémère pour te vivre encore, parmi les débris de ma légende que je garde comme un témoin pour m'approuver un avenir. Je me promène dans les hâbleries de ta présence décomposée partout dans ma solitude. Je m'improvise ton visage radieux que je dessine souriant avec des saveurs joyeuses, empruntées à la palette de mes souvenirs galants. Je me défie en m'inventant tes apparitions fantastiques au front de mes farces consciemment crues et jovialement tolérées. Je mets le printemps autour de ton spectre qui envahit ma vue, noyée dans la robe de ton fantôme qui m'enveloppe pleinement dans le confort de ton hilarité. Je me permets de franchir les limites convenables de la morale de ma propre bourde, avec mes opinions alléchantes qui proposent tes charmes nus, sous les mèches de mon crayon inspiré par le canular de mon idiotie vénérée comme une vitale tradition. J'ose t'aimer jusqu'au bout de ma bévue licite qui incarne ton allure désirée par mes démons coquins. Je m'offre ton luxe jusqu'à la lie du génie de ta créature qui hallucine mes belles allégories, et sors finalement heureux après nos rencontres prévues par l'absence, pendant mes veillées sereines, brusquées par ta courtoisie qui enchante mon esprit distrait. Je ramasse mon cœur émietté au seuil de mon songe célèbre, et vais vers moi pour parcourir ensemble, encore, la plus merveilleuse de toutes mes âneries.

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    A

    Abdelkader Guerine

    @abdelkaderGuerine

    Rêveries A quelques aunes de mes caprices véreux, j'observe encore les ponces versatiles de ton charme affriandant, dans mon attente langoureuse à partir de mon logis situé dans un autre siècle poreux. J'enjambe mes oublis distants de ta culture entichée à mon absence coupable d'abandon de tes merveilles prodigieuses, depuis la genèse de mon affection fantoche qui régit mon cran innocemment arlequin. Je refais le chemin de l'histoire sur les brises de ton folklore qui amadoue mes illusions fatales. Je secoue les nuages pour que le ciel pleuve des jets de ton musc mauresque qui enivre ma passion intelligente, endormie partout dans ton rêve qui gît à la portée de mes élans niais. L'impression plaisante d’ouïr l'onction de la rumeur suave de ton approche vertigineuse, qui brave mes gâteries fantasques, désoriente mon intellect bêtement écervelé. Je m’évanouis dans l'abîme du fossé qui lie par son flegme opulent mon apathie léthargique au renfort huppé de tes frissons généreusement indolents. Je m'évapore dans tes lingeries courtoises qui portent la grâce rupine de tes galanteries exquises qui démoralisent mes convictions veinardes. A quelques lettres de l'océan de la poésie, je bâtis un palais de sable pour accueillir le large de tes vagues aériennes qui appréhendent mes opinions bonnement hébétées. Je baigne ma plume dans les brumes de ton regard appétissant qui rafraichit la soif de mes réflexions gourmandes. Je prends mon voilier de verbes pour aller courir le vent de ton odeur douceâtre qui déborde son chant libertin du tourment taquin de mon encrier. L'intuition jouissive de fleurer la volupté de tes guibolles poupines, avec tes courbures bouffies, échancrées dans les plissures de ma main qui dessine des traits de ton tact savoureux, dans les reflets de mes opinions distraites, quand ton absence langoureuse remplit tout le glèbe de mon forfait chimérique avec des illusions verbalement fictives. Je marche sur les raies de tes dentelles vicieuses qui répandent ta chair intime, polie partout dans mes esprits hallucinés. A quelques murmures de la parole, je plonge ma langue dans mes silences nus pour écouter tes aubades toniques qui enflamment mon errance absurde dans mes pensées sans toi. La déduction jubilatoire d'exhaler l'indolence de ton étrave fessu, déployé dans la finesse de tes minauderies rebondies devant la clairvoyance de mon regard abasourdi par tant de gracilité, dans le noir de mes idées panachées de pigments ensoleillés qui filtrent de tes nuances originelles, contumaces aux prouesses fofolles de ma conduite bernée par le fantôme de ton raffinement tellement éloquent. Je me tais quand tu parles, c'est là que je rêve le mieux...

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    A

    Ahmed Yahia Messaoud

    @ahmedYahiaMessaoud

    Être Les ombres se frottaient au store, signe de l’existence de quelques marionnettes mises en mouvement par des fils invisibles. D’un réseau de cordes qui se croisaient, pendaient des habits qui séchaient au vent brûlant de l’été. Des figurines en cire se consumaient. Ces choses vivantes se mettaient à fredonner, la mort dansait derrière la nuit. Un minuscule humanoïde de sexe masculin fondu dans un haillon en ruine déambulait sur la planche, il était taillé, modelé d’un bois pâle et dur. Ses petits pieds chaussés de deux sandales grotesques avaient peine à toucher le sol. Une jolie poupée en polyester fardée d’une beauté d’un genre commun, une copie d’une série de mille autres identiques l’arrêta et l’embrassa sur sa bouche mal usinée. Cette vie en bois était l’œuvre d’un artisan maladroit, quelque apprenti-menuisier qui était probablement destiné à faire autre chose dans sa vie. La poupée, elle, était l’œuvre d’une machine, elle sortait d’une boîte colorée, l’œuvre d’une industrie de mensonges à multi-usage. Certes la cire qui fondait témoignait d’un climat chaud, mais l’atmosphère était glaciale, un froid qui terrifiait le bois, la cheminée ouvrait sa gueule, l’âtre était vide, même ce baiser était aussi froid et sec, il n’avait ni goût ni odeur, il annonçait l’hiver. La musique s’arrêta net et l’homme de bois laissant ses sandales effleurer le plancher dit sans ouvrir la bouche : — La musique est la forme la plus abjecte de l’art, n’importe quel trou de cul peut en produire. Moi-même j’en fais ! — Ce que toi tu fais est magnifique. lui dit le polyester femelle. — Ce que je fais est toujours magnifique, mais c’est ce que je ne fais pas qui est utile. Les fils qui le suspendaient se desserraient, on eut dit qu’il allait s’effondrer. — Arrête de réfléchir et viens avec moi. lui proposa la poupée. — La réflexion est une nécessité pour certains, une passion pour d’autres, mais une chimère pour ceux qui croient réfléchir. C’est d’ailleurs leur unique sujet de réflexion. Ils pensent à penser ou à ne pas penser. Il était complètement étiré sur le plateau. Eparpillé serait le mot juste. — Arrête de poignarder ta jeunesse ! lui cria la poupée. — Ma jeunesse ! Je serai à jamais jeune, il n y a pas de temps, on ne vieillit pas on s’use. On tira les fils et il se releva (Il se ramassa). — Viens avec moi, et on inventera le temps, on vieillira ensemble et on mourra, inventons des années, inventons l’espoir. — Si l’espoir était un homme, son dos serait voûté, on le verrait tendre la main pour ramasser, on le verrait se prosterner devant un semblable, devant ce néant qu’on appelle par pitié pour nous-mêmes dieu, devant n’importe quoi. Il voudrait exclure le doute, il voudrait voir ce qu’il n’y a pas, créer des insanités. On aurait pitié de lui. Ce n’est pas rien la pitié, c’est un noble sentiment……………. La pitié est une horreur et non un sentiment. — Tu dois m’aimer. reprit la poupée. — Si l’amour est un devoir, j’irai louer la haine, si la haine devient devoir je me ferai indifférent. lui répondit l’homme de bois. — Il n’y a rien à faire, je ne puis me taire, je dois bien jouer à être quelqu’un, c’est plus facile en bavant. J’ai pris à la vie ce qu’elle avait de mieux : la chair, de la bonne viande rouge, ou plutôt rose, je préférais la rose, sans âme et sans vertu. -Une prostituée fera l’affaire- Je m’étais dit. C’était inutile, j’étais fait de bois, j’étais la mort qui vivait dans ma sève. Je suis censé être un arbre, pas un guignol. — Arrête de te faire des nœuds dans la tête, moi aussi je n’aime pas trop le monde, mais je ne me fais pas chier à lui lancer des flèches, se serait humiliant de s’arquer pour les ramasser. Il y a certes des natures insondables, néanmoins le fossé qui sépare deux de ces natures peut renseigner le Spinoza sur la dimension de l’une et l’autre, non en les mettant sur une échelle mais en traversant lui-même cet abîme. L’empreinte du silence sur un visage est beaucoup plus expressive que toutes les phrases qui s’impriment sur un vulgaire papier. Le silence est la forme la plus raffinée et subtile de l’art, c’est sa forme la plus élevée. Le non dit n’est pas l’oublié, il n’est pas le non su, il n’est même pas l’indicible, Il est l’art, il est la pensée qui redoute les mots. — Viens avec moi. lui dit le polyester femelle en posant ses lèvres sèches sur les siennes et ces dernières restèrent indifférentes à ce baiser volé. — Tu ne vois donc pas que je suis suspendu. — Il te suffit de dire oui, de décider de venir avec moi et tu seras libéré de ces cordes… Viens avec moi, nous traverserons les champs, nous serons heureux, nous vaincrons cette honte qui t’accable. Nous serons riches. — Les riches de notre époque jouent au golf ou je ne sais à quels autres jeux futiles, les riches d’une certaine époque écrivaient des livres. Ce n’est pas pour dire qu’il y a une évolution dans le temps, mais pour dire que rien n’a changé. C’est toujours la même histoire. Avoir pour être. Je préfère mes cordes. On tirait sur les fils et il se releva. — Nous autres poupées, on court chercher les balles. C’est cela ? dit la poupée en s’éloignant. — On est les balles, des sujets, des trucs. — Non, les balles sont identiques, pas nous. Moi je suis une femme et tu es un homme. — Ce n’est pas ce qui nous distingue, on est des poupées le sexe est une différence banale. — Tu es insensible, tu es de bois, fais-moi confiance, viens avec moi, je ne pourrai bouger d’ici sans toi, j’ai besoin de toi, j’ai besoin de t’avoir pour être. Viens, viens… Sa voix s’éteignait. — Il est vrai que je parais insensible, c’est toi-même qui le dis, je suis de bois. Mais je peux aimer, je peux aimer cette fleur (Il n’y avait aucune fleur sur scène) et si je te le montre, si je te fais voir cet amour, tu aurais honte du tien. Tu comprendrais certainement que tu es incapable d’amour. — Pourquoi tu ne me le montres pas ? Tu n’as rien à faire d’autre, aime-moi, il n’existe aucune autre, il n’y a que moi et toi, aime-moi. Ton attente est ridicule. — Qu’est ce que tu en sais ? — Il y a dans une femme ce qu’il n’y aura jamais dans un homme, un vagin. Il y a dans un homme ce qu’il n’y aura jamais dans une femme, un pénis. Il y a là le véritable sens de l’existence : baiser en attendant ton godot, ce n’est que du théâtre. — Il n’y a dans l’existence, ce théâtre de guignol aucune intrigue, aucun style, aucun sens c’est à peine un endroit.

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    Albert Camus

    Albert Camus

    @albertCamus

    Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d’arbres, voici qu’à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu’un paradis perdu. L’hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n’avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu’il redevient lui-même. Ces décors masqués par l’habitude redeviennent ce qu’ils sont. Ils s’éloignent de nous. De même qu’il est des jours où, sous le visage familier d’une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu’on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n’est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c’est l’absurde.

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    Albert Camus

    Albert Camus

    @albertCamus

    Pluies de New York La pluie de New York est une pluie d’exil. Abondante, visqueuse et compacte, elle coule inlassablement entre les hauts cubes de ciment, sur les avenues soudain assombries comme des fonds de puits. Réfugié dans un taxi, arrêté aux feux rouges, relancé aux feux verts, on se sent tout à coup pris au piège, derrière les essuie-glaces monotones et rapides, qui balaient une eau sans cesse renaissante. On s’assure qu’on pourrait ainsi rouler pendant des heures, sans jamais se délivrer de ces prisons carrées, de ces citernes où l’on patauge, sans l’espoir d’une colline ou d’un arbre vrai. Dans la brume grise, les gratte-ciel devenus blanchâtres se dressent comme les gigantesques sépulcres d’une ville de morts, et semblent vaciller un peu sur leurs bases. Ce sont alors les heures de l’abandon. Huit millions d’hommes, l’odeur de fer et de ciment, la folie des constructeurs, et cependant l’extrême pointe de la solitude. « Quand même je serrerais contre moi tous les êtres du monde, je ne serais défendu contre rien. » C’est peut-être que New York n’est plus rien sans son ciel. Tendu aux quatre coins de l’horizon, nu et démesuré, il donne à la ville sa gloire matinale et la grandeur de ses soirs, à l’heure où un couchant enflammé s’abat sur la VIIIème Avenue et sur le peuple immense qui roule entre ses devantures, illuminées bien avant la nuit. Il y a aussi certains crépuscules sur le Riverside, quand on regarde l’autostrade qui remonte la ville, en contrebas, le long de l’Hudson, devant les eaux rougies par le couchant ; et la file ininterrompue des autos au roulement doux et bien huilé laisse soudain monter un chant alterné qui rappelle le bruit des vagues. je pense à d’autres soirs enfin, doux et rapides à vous serrer le coeur, qui empourprent les vastes pelouses de Central Park à hauteur de Harlem. Des nuées de négrillons s’y renvoient une balle avec une batte de bois, au milieu de cris joyeux, pendant que de vieux Américains, en chemise à carreaux, affalés sur des bancs, sucent avec un reste d’énergie des glaces moulées dans du carton pasteurisé, des écureuils à leurs pieds fouissant la terre à la recherche de friandises inconnues. Dans les arbres du parc, un jazz d’oiseaux salue l’apparition de la première étoile au-dessus de l’Impérial State et des créatures aux longues jambes arpentent les chemins d’herbe dans l’encadrement des grands buildings, offrant au ciel un moment détendu leur visage splendide et leur regard sans amour. Mais que ce ciel se ternisse, ou que le jour s’éteigne, et New York redevient la grande ville, prison le jour, bûcher la nuit. Prodigieux bûcher en effet, à minuit, avec ses millions de fenêtres éclairées au milieu d’immenses pans de murs noircis qui portent ce fourmillement de lumières à mi-hauteur du ciel comme si tous les soirs sur Manhattan, l’île aux trois rivières, un gigantesque incendie s’achevait qui dresserait sur tous les horizons d’immenses carcasses enfumées, farcies encore par des points de combustion.

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    A

    Alexis Hogue

    @alexisHogue

    Visions Visions Route craquelée, Paysage désséché, Visions inédites, Qui sortent de nos coeurs, On se tiend en rond, Et on s'observe, Et celui qui parlera, Brisera une chose sacrée,

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    C

    Célédonio Villar Garcia

    @celedonioVillarGarcia

    Une épine dans le pied C’est un pied-de-biche qui fait sortir de ses gonds la porte du bonheur, pour un malheur qui bénéficie du non-lieu d’une plaie ouverte où des yeux, remplis d’amour, entrent pour verser des larmes de sang, c’est un jour sans pêne qui claque au vent mauvais, c’est une mémoire qui frissonne dans la sente des courants d’air, c’est une clé de sol tombée dans l’étang où naissent les saules pleureurs, où la même mémoire, pêche de l’abri côtier, perce des sandalettes aux pieds des enfants dont la blessure perd progressivement la trace, cette épine dans le pied, c’est une trace d’eux dans l’omelette des souvenirs.

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    D

    Daniel Leduc

    @danielLeduc

    Geste(S) du Jour Matrice de la nuit, les yeux clos te regardent, l’univers est un vol de poussières expectorées du temps, là-bas sur les frontières se brisent les vagues des Hommes sans voix, ce sont les pipistrelles qui mangent les ombres suintant des miroirs, et me voilà envie, désir d’accompagner les femmes les enfants vers d’autres balançoires – que la vie tangue, ventre de houle. Le chagrin se fera cuir, crachin sur l’écorce des vaisseaux. Nuit, que viens-tu dévoiler qui ne soit volatile, quelle fleur en ton soleil ? Me voilà dissous dans le café que l’aube sucre déjà. Des miettes de pain sur le visage. Le jour se fend d’une insolente clarté. Il n’y a plus de nuages. Plus d’éclairs plus de ciel. Ce que nous lègue l’aurore, c’est, en chaque lieu, la présence de la vie verticale. Mon corps est cet arbre sur lequel s’ancrent les mousses les lichens et les vents – tout un passé qui croît en sa demeure, Les jardins sont des pages, des écritures sarclées ; je préfère le désordre en jachère – l’espoir y est plus grand. La foule dans le métro est une entité secrète ; derrière chaque visage s’obscurcissent des paroles que le jour tente de percer. Les quais ont une odeur de lente réalité où se heurte l’empressement du désordre. Il faut choisir entre les lignes, savoir prendre la bonne trame, que le transport se fasse par le hasard de la nécessité. À ce sujet je n’ai qu’un seul regret : les saccades et autres secousses – de plus en plus rares – comme si la vie devait rouler se dérouler dans un mouvement sans valse… Et que faire de tout ce qui déraille ? Toutes les rues ont une destinée, ne sont que passage, traversée où tenants et aboutissants se rejoignent dans un même entrelacs. Je circule entre le désir et l’errance, avec dans mes pas la volonté de me perdre là où les femmes surprennent ce qui ne se dit pas. Regardez comme les toits sont les planchers du ciel, comme l’asphalte recouvre ce qui est tu. Partez plus loin que la raison – allez donc voir tous ces oiseaux sans ailes… Le piéton de la ville déplace son regard dans la lenteur du jour. Chaque pas est une seconde dans un premier temps, un mètre déployé par une pensée en marche ; chaque pas s’en va vers la face qui nous crée. Et je m’en vais tranquille au plus près des façades, derrière lesquelles se vautrent de nouvelles ombres, furtives – comme est furtif le mot. Je marche en une phrase qui traverse les saisons. L’allure est un écho, au timbre imperceptible. Les trottoirs, souvent, s’inscrivent comme des pages dans un livre de grêle ou de printemps. Des vendeurs à la sauvette s’y déploient dans des cris de mouettes ou d’échassiers ; on y trouve ainsi des montres et des miroirs, du temps furtif, et de la fantaisie ; le jour s’échappe à l’approche du gendarme ; on y trouve des pensées, subitement gaillardes ; des gestes incongrus qu’il faudrait disséquer ; de la moelle dans les mots des passants. Les trottoirs, parfois, sont les toits où s’abritent ceux qui n’ont plus de toit, plus de porte à franchir, sinon celle qui les porte vers les seuls courants d’air ; trop souvent les trottoirs nous soufflent l’arbi- traire – la vie qui passe, dévêtue livide, épluchée -- jusqu’au sang. Alors même que le trafic s’accroît, que les artères se sclérosent, que les carrefours tournent en rond : je débarque. Des pigeons roucoulent comme des vagues sur mon regard breton. Il paraîtrait que les places ont toujours été prises ; que le vide s’est occupé des demandes sans réponses – l’espace n’a d’infini que ses propres limites. Parce qu’il faut traverser au risque de se faire aplatir, je baisse les paupières – jusqu’à la nuit tombée. Un klaxon vrombit ; il est temps… d’espacer. Le fleuve traverse la ville sous des clartés latentes ; ses eaux miroitent l’obscur passé des pierres ; et ce futur qui nous attend dans l’embrasure du ciel. Quelques nuages, lourds de souillures, annoncent une pluie, âcre, comme de l’acide. Il y a des feux qui réchauffent, d’autres qui consument. Dans la bouche une odeur de pétrole brûle mes mots. Des lettres se pétrifient. Déjà. La pente, ce n’est jamais qu’un plan qui tangue, tantôt vers le haut, tantôt vers le bas. C’est bien pourquoi – je monte les rues qui descendent, comme je dévale celles qui grimpent – le sommet n’est qu’illusoire. Et mes pas m’entraînent où la vie fait le tango ; ganchos et boleos, colgadas et sauts ; la vie s’improvise au gré de l’inclinaison du corps par rapport à l’horizon. L’horizon qui se décline selon ta vue, dans les limites des contours de ta chorégraphie pensante – chaque pas soulève de la poussière : c’est ainsi que tangue le temps. La mémoire des villes sourd de la pierre, comme un jaillissement reclus dans son silence. J’ai pesé sur mon ombre autant qu’il est possible, et des esquilles se sont plantées dans mon miroir. La ville, par son squelette, fait un bruit de charpentes crissant sur la chaussée, où beuglent tous les encom- brements. C’est l’intestin qui stase, les boyaux qui s’embarrassent, le flux dans les artères : stoppé ! La nuit même retient ce qui circule – dans nos échos de pierre. Le pour, le contre, j’ai pesé leur devanture. Encore combien de portes nous faudra-t-il pousser avant de découvrir la bonne adresse ? Je cherche à saisir ce qu’il y a d’imprenable dans le cœur de la ville ; et je claudique de bar en zinc, tel un crabe soûlé des effluves marins. Les caniveaux ne charrient plus les miasmes d’antan : ils se font balayer, ainsi que les migrants, les parias, les putains – que le bourgeois puisse ballonner en paix ! Je n’ai d’autre fortune que des mots rapiécés ; ce sont eux. qui frappent à votre porte. Sachez ! Les femmes, voilées de leur mystère, n’ont besoin de parures que pour dire qu’elles sont nues. J’aime ce qui se cache dans l’éclat de la lumière ; ce qui se dévêt par les paroles obscures ; l’affrontement des signes, par les pleins et les déliés. Le cliquetis des escarpins dans la nuit débottée de la ville : petite averse érotique, sur le cœur infini. La route, il nous faudra la prendre par un matin sans bruine ; que nos pas se dispersent, loin, devant les lueurs de la ville ; qu’il y ait un autre cheminement parallèle aux vertiges, s’écartant des sentiers trop battus et des terres trop civiles ; il nous faudra la prendre, avant que le gel nous saisisse, que l’ankylose s’empare de nos rides, que les racines nous tirent vers le néant. Je monte l’escalier de la Butte Montmartre ; mon regard, déjà, s’en est allé par delà toutes les périphéries – du monde. Il nous faudra… l’apprendre. Le corps des femmes, les corps de femme : j’aime ! Il n’y a pas d’autre écriture possible que celle de l'enlacement des formes. L’ordinateur bourdonne. Par la fenêtre, captation des murmures de la nuit. J’aime ! Un jour j’écrirai ce qui retient les mots, ce qui les tord et les délivre. La ville est un orgasme sans fin. Peut-être n’y a-t-il pas d’équilibre ; juste quelques bras qui s’ouvrent – et nous retiennent. Le chemin, ce qu’il nous montre des perspectives, ne provient-il pas des ombres du regard ? Le réel, si tenté qu’il existe, s’appuie sur le contraste, bien plus que sur le flux. Tous les ondes, les corpuscules achoppent sur la mémoire des formes, sur ce qui nous sculpte, dans l’air du temps. Nous ne percevons que quelques angles des multiples facettes qui s’exposent ; les autres nous sont contés par l’imagination. Le goût du café est comme un goût de vivre, je l’apprécie même sous les ciels sombres. Et la ville, par ses bouffées capricieuses, me renvoie dans la petite enfance, là où l’espace est encore dans les mains, et peut-être dans la gorge. Je chante : ainsi je marche. Daniel Leduc

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    Jean Arp

    Jean Arp

    @jeanArp

    La mesure de toutes choses L´homme se comporte comme s´il avait créé le monde et comme s´il pouvait jouer avec lui. Presque au début de son glorieux développement il forgea cette phrase que l´homme est la mesure de toute chose. Là-dessus il se mit rapidement au travail, et renversa tout ce qu´il put dans le monde pour le mettre sens dessus dessous. La Vénus de Milo gît en morceaux sur le sol. Avec la mesure de toute chose, avec lui-même, il donné la mesure de la démesure. Il a taillé dans la beauté, et cet outrecuidant tailleur a gâché son ouvrage. De grand tailleur il est devenu confectionneur, et le magasin de confection est devenu une présentation des modèles de la folie. Désordre, confusion, inquiétude, non-sens, démence, mélancolie, démonomanie dominent le monde. Fœtus bicéphales et géométriques, corps humains à tête de champignon jaune, bâtards à forme d´éventail pourvu de trompe, estomacs qui ont des dents, yeux sans maître, gigantesques souris distinguées montées sur des béquilles, pyramides engraissées ou amaigries traînant les pieds et dont les yeux humains sont larmoyants, mottes de terre sexuées, et ainsi de suite, ainsi de suite sont nés sur la toile ou dans la pierre.

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    J

    Joh Hope

    @johHope

    L'antre nous - Acte 1 En vous, je m'égare Ô Pensées étranges, Sous une Lune avare S'étiolent vos louanges: - " Hé ho! Qui sont donc ces autres?" - " Des reflets dans un miroir pardi!" - " Les vôtres, le mien ou les nôtres?" - " "Réfléchis un peu... Ici, nul paradis!" - " Tu es ignoble! Ce jeu idiot t'amuse!!!!" - " Serais-tu si noble? Où est ta Muse???" - " C'est encore un leurre! Tout s'éclaire!" - " Tu t'aveugles avec tes propres éclairs..." - " Heu... Crois-tu à ce point au conte de fée?" - " Ordure! c'est un véritable compte de faits!" - " Ha, peut-être! Y vois-tu ton éventuel futur?" - " Non! Je me refuse à cette insidieuse torture!" - " Sais-tu où nous sommes? Dans ton seul monde..." - " Diable! Quand cesseront tes délires immondes?" - " Grand fou-rire!!! Devrais-je donc t'appeler Ange?" - " Pfff, tu éludes! Inouï! Comment donner le change?" - " Si je ne m'abuse, tu as prononcé un funeste nom..." - " Enfin! C'était juste une expression! Tu es fou, ivre!" - " Tiens... C'est envisageable si je suis tes vils démons!" - " Suivre ou être? Tu m'abrutis! Tu me nuis, je me livre..." - " Hum... Il s'agit en fait des deux à la fois..." - " Baliverne, je n'en peux plus! Tue-moi!" - " Quoi? Aurais-tu finalement perdu la foi?" - " En qui croirais-je? En cet "Antre Tu-Moi"?" - " Tu me sembles soudainement circonspect..." - " Hi!hi! Pire! Tu es surtout le Sire qu'on s' paie!" - " L humour sarcastique maintenant... A ta guise..." - " J'aurais pu naître sans être! Bon, Tu t'aiguises?" Ciel! Un silence évocateur m'emmure Je ne puis en percevoir ses murmures... Les étoiles se grisent à l'infini au firmament Transies par ces chaotiques chuchotements! " L'Antre Nous- Acte 1" Copyright Joh Hope, 11.08.2015 TDAR

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    J

    Joh Hope

    @johHope

    L'antre nous - Acte 2 Soupir! Quel calme insolent! Je peste! Une éventuelle tempête? Ô la Peste! Il me faudrait essuyer son avalanche Pour humer ton parfum, Ô revanche!!!! Résiste! Sans blâme ni larme S'ancre une fébrile esquisse Ô Crayon, mon unique arme Calque nos âmes complices: - " Hé Moi!" - " Hais-moi!!!!!!" - " Emois..." - " Et moi???" - "Serions-nous à nouveau tes convives?" - " Injure! Pas le choix! Il faut qu'on vive!!!!" Aucune vérité sans mystère Ne vaincra ce défi solidaire... - " Je vous en conjure! Délivrez-moi!" - " Tu te parjures... Des livres et moi?" - " Tu m'énerves! Te trouves-tu aussi malin?" - " Au propre comme au figuré! En ton sein..." Bouche-bée, je te retiens Ô Souffle! Variations utopiques, Ô Apparences, Une possession glauque, je camoufle... Esclave? J' exècre cette transparence!!! - " Honte à Toi! Sans fin tu te déchaînes..." - " Si, si, j'ai faim! Qui porte des chaînes?" - " A force de trop tirer, la ficelle se rompt... " - " Qui l'eut cru? Tu louvoies mais te corromps!" - " Hein?! Jamais! quoique... Non! Pas à ce point..." - " Disgrâce! Tu te noies dans ce doute constant! " - " Seigneur! Tu me manipules tel ce pantin disjoint!" - " Sourire! Tu encenses ici-même cet art méprisant!" - " Assez! Fiche- moi le camps! Ô Quel dément!" - " Diantre! Tu te défends parce qu'elle dément!" - " Erreur! Mes ailes ploient souvent sous le vent..." - " Fichtre! Tu la défriches, je le déchiffre à l'instant..." "L' Antre Nous - Acte 2" Copyright Joh Hope, 12 &13.08.2015 TDAR

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    J

    Joh Hope

    @johHope

    L'antre nous Le crépuscule muet agonise sur votre seuil Quand sombre dans l'Absurde tout écueil; L'ironie feint la résignation puis se recueille, La peur grave ses maux par delà chaque oeil.... Un voile sombre englue mes cils Mes paupières se closent, dociles... Ô Pendule, à vive allure, tu oscilles; Alerte! Les connexions s'amplifient! - " Mince alors! Tu ne vouvoies plus..." - " Bon sang! je ne vous vois plus!!!! - " Quand bien même! Suis ma voix!" - " La tienne? Quelle piètre claire-voie!" - " Bonté divine! Ta frayeur transpire..." - " Bingo,Tu me devines! Elle t'inspire?" - " Je l'effleure à peine qu'elle se terre!" - " Elle affleure car elle préfère se taire..." Nos égos écument sans complaisance Face à cette absolue intransigeance... Ô Sempiternelle impasse, à qui en vouloir Puisque nul ne détient le véritable savoir? - " Hé ho! Tu es bien là? Ton esprit semble s'en lasser..." - " Oui, forcément! Tu le balades tel un chien en laisse!" - " Non, tu te trompes! Je m'essayais juste à l'enlacer..." - " Stop! Tu m'exaspères! A tes futilités, je te laisse!!!" - "Que devrais-je donc déduire de cet orgueil farouche?" - " Prouverais-tu par là ton humilité? La Sainte-Nitouche..." - " L'humiliation? Un signe exquis de ton impuissance..." - " Qui méprises-tu ainsi pour contrer ces incohérences?" - " Et si nos prétentions n'étaient que vils mensonges..." - " Wow, voilà une proposition séduisante! Arguments?!" - " Aie! Il s'agit plus d' une intime conviction! j'y songe!" - " Va-y! Selon Toi, seraient-elles liées inextricablement?" - " Possible... Oui, ça tilte: Vanité, scrupules, modestie..." - " Des indices, un rébus? Une constance cette répartie!" - " Un compliment? Si équivoque soit-il, je te le réciproque ..." - " Oufti! Je frise l'électrochoc: nos idées s'entrechoquent! " L'Antre Nous - Acte 3" Copyright Joh Hope, 16&17.08.2015 TDAR

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    Joh Hope

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    L'antre nous - Acte 4 Si quelques paradoxes récusent ces absurdes élucubrations Les sains hétérodoxes cèdent à l'instance l' intime conviction: " Ta bicoque taillée à même ce roc t'escroque Que ne te défroques-tu point Ô Ventriloque? Les breloques baroques dont tu te toques Estoquent ma coque en rauques loufoques! Le marionnettiste dualiste aguiche l'illusionniste aliéniste, L' humaniste utopiste te pastiche Ô Anarchiste Surréaliste; L'artiste extrémiste s'entiche, l'exorciste fétichiste résiste, Et les protagonistes dénichent à l'improviste l'Alchimiste! L'Ephémère astique sa plénitude au moindre coût, Le bouc émissaire esquive par habitude les coups, L'Amer revendique son attitude, ensuite en découd, L'imaginaire ravive les solitudes nouées à son cou! - Pitoyable spectacle...- hurleront les loups, - Impitoyable débâcle!- hululeront les hiboux, - Il faudrait un miracle...- hallucinerez - vous; Lucide, j' interroge l'oracle sous votre joug... " - " Si las... Haaa! Hé! Ton soliloque épique l' assomme..." - " Do ré mi fa, et ton -sol-? hiii, loqué!!! Pique la Somme!" - " L'impératif! Piquer un somme? Tu nous sommes de...." - " C'est l' apéritif somme toute mais... nous sommes deux!" - " Mince! Un petit détail m'échappe... Pardonne - m' en!" - " Tu mens! Tu détailles mes chapes puis pars... Donne!" - " Une part? Je les taille en dés pour nourrir ce feu aimant..." - " Ca crée sa craie sacrée! L' aimant naturel pare la donne..." Soudain, Râ vira nos pensées, ébranla les pansés Qui, à l'avenir, ravira nos panses et branlera l'athée? A l'heure où ses traits passent, les leurres trépassent, Sa race s'harasse, elle le sait, criera nu-tête son volteface Ce qui ,dans ses songes, s'écrira : " Tête- bêche la bête!"; Une girouette à la diète s'épiette: quelle pirouette Poète ! "L'Antre Nous" Acte 4 - extrait Copyright Joh Hope , 19 & 24.08.2015 TDAR

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    Minod Alain

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    De la nuit a l'aurore en Paris qu'une muse accompagne Doucement la nuit court sa parole A l'intérieur d'un promontoire urbain Illuminé sous des globes lunaires … Des voix qui puisent en la compagnie De quoi attraper les sources où Se distillent les mots Comme ébriété De la veille Comme Une éternité chahutant avec Rires et sourires … Il y eut auparavant : Cette douceur dans les filets Couvrant l'azur : Vous : Muse Au creux de la solaire épiphanie - Penchée vers le futur Avec la grâce de L'instant hasardé Au partage .. Ici : il y a maintenant Tout l'accent des Cités dont Des êtres ont franchi Les barrières jusqu'à l'en commun Qui me reconduit A ma jeunesse Que j'expose aujourd'hui A votre propre mémoire Encore si vivante O Muse ! Tendresse de compagnie A la tête et au cœur En liberté ! Vous qui – du sentiment - Bâtissez et rebâtissez Tant de sens Qu'ici - : Dans le brouhahas d'un monde - Je reprends au chaos L'harmonie Secrète D'une errance soutenue Par les feux de La ville jusqu'à ceux qui Filent vers le chez-soi : Cet horizon Imprenable Mais ils brûlent : les chemins Sortis des antres Des cités Vous me le soufflez – O Muse : Ils vont et sont bientôt En confidences Partagées ! Ils chantent la distance Qui saute et prennent Le va-tout de Chacun Vers L'entente sans rien d'autre Que l'attente des Accords Et c'est cette prise calfeutrée Au creux d'un monde Qui les fait filer Au plus loin de La liberté où La nuit Se réinvente le long Cours du désir ! Et vous ! O Muse ! Vous me l'avez déjà soufflé Sous le soleil jaloux : Ce hasard vif Des rencontres tentées Met de la lumière Au milieu des Ombres et Instruit d'un savoir Indestructible de ce qui passe Dans nos différences-mêmes Le vent se lève et fait respirer Les arbres comme Nous respirons Avec nos Silences La musique accorde Dans nos veines Les allées et Venues de L'instant En cette nuit – les amants ont attrapé Les secrets où vibre la chaîne D'arpenteurs pour se lancer Vers la plus lointaine Des ententes Et la vitesse a cédé sur les fils de sa toile … Elle est risible sous les pulsations Des voix qui disent L'ému des mots Ainsi – ô Muse - Le va et vient des rêves Et des espoirs Traverse La nuit comme une Seule lampe et … J'ai entendu L'inattendu … J'ai vu l'invisible Avec votre Regard si clair De vie simple et … Avec votre voix Demeurant Attentive au poème Ici : tous les accents de la compagnie Et toutes ces paroles qui Semblaient étrangères Me laissent à La bouche Un chant suave pour Moduler sans entrave Le cri d'une Présence – celle qui fait Disparaître la distance Et je butine – bourdonnant - Le cœur d'une Humanité Aventurée au creux profond De la nuit enlevée A l'espace de L'horloge … Même la misère n'aura pas Sonné en vain sur La fièvre de Cette nuit ! Le poème ne tient ni pour Déchéance – ni pour Perdition : l'émulsion des sens Et des sentiments dans La durée de l'instant : L'ailleurs est ici Avec la seule Promesse de L'espoir Combattant Passant la brise glacée Je m'en vais tâter Le pouls de L'aube … Vite les lueurs mauves du ciel Pâlissent … Quelques miséreux mal couverts Gardent dehors la clef Du jour qui vient Ils rentreront A l'heure Dans ce que l'on prend Pour « la forêt des Humains » A petits pas tranquilles Quelques petits travailleurs étrangers « Infatigables » en appellent A l'aurore qui – déjà – fait Rougir cet horizon Demeuré fauve avec sa crinière De brume urbaine Et j'entends vos appels aux rêves O Muse qui semblez les peindre Du velours royal Dans le ciel par-dessus Les toits Je m'en vais harponner Le silence dans La clairière Des humains amoureux De l'Humanité - Là – terminant ma nuit Au café-croissant A deux pas D'ouvriers qui me souhaitent La bienvenue alors que Je plonge dans mes derniers mots

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    Minod Alain

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    La ville surprise par Avril qui a prise sur l'humaine condition Le merle a lancé ses trilles...Mais la ville est encore lourde de nouveautés à venir. Le ciel le sait, lui qui pavoise en blanc à l'aurore, comme pour nous faire signe d'attendre . Les premiers véhicules mugissent ; ils montrent des yeux en éclairs. Gardons leurs regards et leurs bruits de fauves...Leur vitesse nous apprend à être lestes, sauvages. Cependant ces allures pressées par le travail nous dictent paix, tendresse, patience. Le jour venu fait entendre des sirènes hurlantes qui assomment toutes rêveries sur les bouches des avenues et au carrefour . La terre dans la ville passe dans les arbres qui verdoient. La pierre en périphérie a les couleurs des nuées ; elle ne sourit pas dans ses milles paupières fermées . Tordu, serré par un écran blanc, l'azur semble condamné à être noyé sans traces. Le fil d'avril a passé les fleurs !...Le vent a pleuré fort hier et … Aujourd'hui … Le matin restera-t-il froid et blême . Nous ne nous sommes découverts, mais... Une barre de platine s'est déposée au lointain, derrière les arbres ; elle s'élargit, elle remonte la place et l'horizon demeure impassiblement blanc comme neige. Alors le vent lance ses coups sur le drapeau qui se tord, sur l'auvent qui s'agite. Viennent les troupeaux de voitures serrées de près par les feux du carrefour … Bientôt neuf heures. Le temps se bâtit comme il peut sur cette terre d'humains. Les enfants croisent dessous les nuées qui ...S'écartent … C'est aussi l'heure où le savoir appelle. Ainsi le hasard se plie aux rythmes nouveaux de la saison …. Alors insiste le droit d'aimer pour ces résurrections de l'azur sur fond blafard . La terre remue le monde des humains qui voudraient ne plus rester à genoux … Devant le destin fuyant … On sautera contre les fenêtres lourdes d'une liberté fauve et grise ; on les ouvrira. Notre liberté fera voler en éclats la feinte égalité des portes en périphérie urbaine . Elle sera vive hors des poussières de Promesse , hors du fatum des temps actuels . Elle sera une et forte des scissions de l'horizon, pour les miséreux errants sans toits, pour les exilés parqués puis refoulés comme pour tous les humains qui passent en courant presque, enfiévrés qu'ils sont par un travail qui enferme le savoir, son droit et son choix, tous laminés par le règne inconditionnel du trafic qui ne voit rien, ni ne sait arrêter sa machine infernale...Un travail qui apprend du soleil à être lumière pour tous et réel enrichissement de l'âme et du corps ; un travail qui compose son propre temps , jusques avec la pluie printanière, jusqu'à faire lever tous les germes du renouveau … Voilà que des rayons d'argent puis de cuivre et d'or entrent dans les bouches des carrefours !... Mais les « pèlerins » du matin laborieux sont entrés comme dans un gouffre, ces bouches qui les avalent … Pourvu que le soir rayonne encore pour les accueillir et renforcer leur petit espoir : La veille a besoin de cette aura pour gagner des rencontres pour des anges rebelles !!!

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    Le printemps frappe déja aux portes de la ville La parole du vent hurle la rumeur qui souffle le soleil... Son rayon pousse la liberté avec le remue-ménage dans le ciel à la peau pâle qui pèle ; sa lueur cligne...Hésite...Elle tient. Ce stylo sautille puis glisse sur la feuille trempée de lumière... La douceur semble vouloir s'installer... Les nuages – à grands coups de peigne – effilent l'azur au-dessus de l'encre des toits... Tout le flan gauche du boulevard laisse épancher sa crème qui bave sur le trottoir... A l'horizon brillant mouchettent les mouettes qui fouettent l'air avec leurs ailes. Les arbres au corps de candélabres ont déjà lancé leurs filets aux murs. Soleil ! Tu files derrière des remparts ! Drapeau attristé ! Tu te roules, comme en berne, dans la fraîcheur ! Ruée des automobiles...Une rue dans la vitre remue... La ville se secoue...Ses fleuves s'ébrouent . Consonances des langues qui ouvrent au soir ! On tangue dans leurs flots...On entre dans leurs visages qui sourient de l'accueil. La ville est un océan qui se mesure au monde et...Le ciel d'anges-nuages la couvent . Les passants qui ont filé l'horizon lumineux de la pierre, jusqu'ici, se sont évanouis au coin des rues Et les toits, les fenêtres, sur le flan droit du boulevard, étincellent avant de se fondre dans le gris qui libère les chuchotis du vent . 17h30

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    Le temps a battu son plein... la nuit s'en va Le temps a battu son plein ... la nuit s'en va La tête prise par mille feux qui enrubannent le boulevard , On se laisse porter dans la ville qui se réveille avant le jour . Quelques fenêtres diamantent dans des hauteurs obscures ; Elles retiennent de l'errance du regard . L'horizon , rampe de la nuit serrée par les étoiles des lampadaires , Se soulève en couleur mauve . Tout un théâtre de vie veillée par la Marianne noire , est encadré Par les enseignes qui l'ensanglantent . Une bise glacée sous l'auvent ; elle embrasse l'éveil … Bleu plafond de la nuit qui décline … Les liens de moins en moins lâches des silhouettes grises Qui courent , courent , S'augmentent Des files serrées de fauves aveuglants . Tête rentrée dans la lèvre du boulevard , On est pris maintenant Par l'accélération Du rythme de La circulation … Les mots sont soufflés dans le gris du jour qui vient Et la pierre pâle , hirsute , des immeubles Ne nous laisse plus distinguer Les lueurs des fenêtres . L'horizon est aux filets noirs des arbres Fondus dans un harnachement blanc Du ciel … Plus d'étoiles fixes … Plus de feux roulants … Plus de files serrées de fauves aveuglants . Quelques passants se précipitent … La première heure du jour est là , coïncidant avec la première affluence passée, appelée Par le travail .

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    Minod Alain

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    Soleil en bandoulière nous entrons dans la nuit Soleil en bandoulière nous entrons dans la nuit Soleil mou – plat et blanc comme vin Chaleur tendre et douce dans l'assiette du ciel gris Rivière clairsemée de poissons fauves Entre rives murales A crème brûlée Ce festin qu'elle attendrait A la barbe rousse d'un arbre Secoue l'estomac De la ville Il creuse mes entrailles Puisque je l'ai épousée... Or la jeunesse est absente Mais là où elle trempe Le soleil s'ouvre Ici il vient se faisant écho brillant De ce qui commence... Le printemps Ne peut s'user à le reconnaître On prend son temps Pour dévoiler dessous leurs masques Les tueurs de ce qui s'épanouit Nous ne sommes plus au temps Des menuets de cour Scherzo bat Le mouvement... Le soleil – de voile en voile - Descend sur notre Table dégarnie Le festin est nu Et le vent lui souffle dessus... Il se lève – couronnant La fin d'un jour De travail Le travail ! Sans tête ni voix Que celle des princes S'émiette et Siffle quand il se perd Voici le merle gambadant vers nous Il accrochera peut-être Un trille à L'ouverture de la partie pour La ville sans dessein Qui voit se lever un soir étincelant Pour le désordre amoureux Contre l'ordre fou Des lois Le festin est nu Le travail est à nu Mais les loups des princes dansants Sont ôtés ! Et l'on voit Des monstres En vigie Passer dans des rues sans fin Avec des yeux injectés Du sang de La haine On n'attend plus dans la veille Les monstres sont à nu... Il est tard déjà... Dans son dernier sourire L'astre flambant neuf Nous lance un Dernier regard Et nous chevauchons déjà L'ombre âcre et amère Et nous nous dégageons De l'âpre guerre des places Et des sièges où ruminent Les fantassins des Princes Notre vent dans nos voiles Secoue tous les puissants Dont nous sommes Pourtant séparés

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    Minod Alain

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    Souffle ta partition O misère Souffle ta partition O misère !! La misère est apocryphe Mais elle peut écrire sur les fenêtres du monde Sa grande partition de lumière La misère est singulière Elle ne s'autorise d'aucune promesse Quand elle monte au créneau Des révoltes Ce Rien où elle se déploie Rappelle l'errance à son air Qu'elle fait fuguer Des racines Perdues Au nulle-part La misère creuse Un horizon universel A l'Humanité qui Se cherche Ses pas de plus en plus nombreux Couvrent de grands espaces Que nul guide ne peut plus Intégrer aux chemins de La fortune impériale La misère est à l'étroit Dans ce monde de rapines si rapides Où les rats des riches Prétendent l'enterrer Comme en leurs Grands trous A notre sol Soit-disant faits de « Notre sang pur » Il y a encore derrière eux : Des suceurs de sang qui Traînent partout Leurs dents de guerre et de chaos Ainsi – ô Misère ! On te dit : Invisible Sauvage Malpropre ou Rangée Dans l'ordre hygiénique Et bien visible Des faisceaux et des fantassins Impériaux et « nationalement Nôtres » Ainsi – ô Misère – Si tu n'es pas attachée A nos « flonflons » militaires Ni à nos oriflammes Tu ne rassembles Que pustules Putréfiées !!! Tu n'es identifiable autrement Que comme marchandises Et esclaves bons A presser Et – bien sûr on te renvoie – en notre nom Ad patres – ad infernum Là d'où tu viens Si tu n'es pas estampillé par les saigneurs de chair Qui font la loi de guerre O Misère aux mille fleurs de pensée Tu es déniée ou piétinée Ou rejetée Mais la tyrannie comme la terreur Ne sauraient prendre pied Dans nos têtes et Dans nos cœurs Pacifiques et accueillants ! Les va-t-en-guerres peuvent jouer Une partie d'échec pour les rois Qui sont toujours vainqueurs ! Mais si toi Misère tu n'écoutes la prophétie Des barbares civilisés Ou de ceux qui Se targuent D'une nouvelle pour leur paradis Pour leur terre d'éden Toutes celles criminelles qui Se veulent supérieures A l'Humanité Alors les vendeurs de guerres Et de cataclysme T'apparaîtront Comme des rois nus Ces trônes – ces palais – ces châteaux – ces trésors Ne pourront longtemps appeler Justice : Ce chaos de sang et de famine Si vous miséreux Vous vous transformez en joueurs de flûte Pour faire sortir les rats et les vampires Du monde-chaos qu'ils Réservent à L'Humain Qu'on t'entende rugir ! O Misère Sur l'échiquier des rois Qu'ils soient Sans voix Tous ces prétendus prophètes ! Que terreur – tyrannie Et fantassins de Tout royaume Et empire S'inclinent devant ton bon droit Que leur opulence et leur chantages Deviennent clairement Faits de guerre Contre le bon droit et Apparaissent Pour ce qu'ils sont : Des chaînes pour l'esclavage de pays entiers et Maintenant du nôtre A travers toi ! O Misère ! O Misère d'ici et de partout L'incendie gronde Et prétend t'enrôler comme Pompier pyromane En ses flammes Qui regorgent de prophéties nouvelles Qu'ils rengorgent leur haine Ceux qui font et défont Le monde à leurs Désirs de Toute puissance et de paradis Ton bon droit est ta raison Qu'on l'entende Ici Dans ce qui demeure Un empire pour La fortune Dressée contre toi Et que ton invisibilité apparente Ton anonymat – ton errance Nous fassent respirer D'un nouveau Souffle Capable de mener un long combat Pour la liberté de l'égal En toute paix et Humanité Dans la force de nos différences !

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    Minod Alain

    @minodAlain

    Un nouveau départ Décachetée : la lettre de la paix Au silence – dans le vent - Sur cette rue-fleuve Où l'on attend L'ondée Et L'on boit au soleil Clignotant dans les yeux... Silence ouvert Sur la rapidité d'un monde bruissant sans départ Et roulant indifférent – sans fin autre Que dans les feux qui se veulent Durables et intermittents O Silence ! Tu as fait ce pas de côté Près de l'arbre roux qui a jeté Ses fleurs et … S'enrobe dans l'ombre D'un grand mur Oui ! Silence – tu suis son savoir Installé là et … : Toujours neuf Et secret Dans la ville où nous nous ruons le matin Où nous cheminons le soir... Nous aimons – ô Silence – tirer le vif D'un monde par toi suspendu Et...Comme l'azur Est beau quand Il y plonge ! Nous n'attendons rien des pourquoi Qui ne sont incisifs Qu'à t'interrompre O Toi Pour un monde de divagations Qui te sont étrangères Bruyantes et.. Sans âme Réelle Mais...Tout un courant Nous porte encore là A espérer dans L'éclat de la lumière qui y rayonne - Là – pour porter une plume Aux pas fervents dans un hasard rebelle... Elle s'y inscrit à ton appel - O Silence - Dans toutes les rencontres avec la nouveauté Dans l'amour déployé ! Oui ! Silence- tu vas et pénètres Le sang de toutes les paroles naissantes Qui ne veulent s'éteindre Sous les coups forcés des jeux bavards de la fortune Un pas vers le désespéré S'ajoute à celui qui disloque ce jeu ! O Pensée des ensembles bleus où Se disloquent les nuées... Il y a cette harmonie - Elle aussi : rebelle et inscrite Dans les ruptures instantanées d'avec Le chaos tendu vers D'obscurs calculs D'alignements Probables Des éclairs sur quelle fin autre Que celle d'une accumulation - Toujours vaine - D'un plus à valoir sur Le temps qui travaille ! Or ce temps passe alors à l'orage Tonitruant dans le silence Mais le relançant A chaque coup Porté par Le vent Dans ce flux des nuées Indifférentes à celui D'artifices Sonnant et tonnant En vains tintamarres ! Et voilà qu'il y a eu cette parole Explosant sous toutes ondées En appelant encore Une autre puis Une autre Dans l'aujourd'hui qui n'attend rien ! Il y a eu ce moment entraînant Avec lui : la plus belle Rencontre : Celle de la vie neuve sans plus bruit Que celui de la levée de Nouvelles harmonies En disharmonie Entre son vent Et ce flux du fictif si sonore Jeté contre elle qui – pourtant Est bien ville qui défile Défiant toute Fluctuation Autre que L’irrémédiable tempête Où elle s'est avancée... Le temps de passer maintenant Outre les jeux du Prétendu hasard qui n'est que Celui de l'oubli de l'oubli Où ceux-ci S'abandonnent comme Dans un grand miroir Trouble où ne vient pourtant se perdre La force de La parole vive et sa musique Drainant avec elle Le profond Silence Et celui-ci est là – alerté par le chant D'un merle avalant le chaos Où s'abandonne Le fleuve cursif de toute circulation - Et buvant à l'eau du ciel Abandonnée là Sur l'arbre Qui goutte cristallin dans la lumière Où le soleil insiste Un instant Devant l'ombre du grand mur ! O Foules irruptives ! Vous l'avez avec vous Ce silence et ce chant Et...Quelque soient Les incertitudes du temps... Vous l'avez remonté Avec votre houle Ce courant Des pourquoi perdus dans les fleuves Du grand monde et l''avez Interrompu ! Et l'écho de vos pas fébriles Rentre dans l'alerte silencieuse Où se rejoignent Aujourd'hui Les solitudes dispersées Là où – érigées en peuple- s'inventent Les soubresauts nouveaux D'un orchestre ! Et voilà la musique ! Elle s'enfile dans Tous les rameaux d'une paix Sortant des tensions Et des fracas Vides Parce que pleins des faire-valoir En avoirs accumulés Au détriment Affirmé de l'être-même Qui se cherche Dans chaque soleil de la pensée En chaque pas Que tu fais O Silence - dans le tintamarre et le chaos Où insiste ce pauvre monde ! Que compte ce pas où s'est engouffrée La musique des singuliers Dans la foule levée de Leur anonymat Rejeté sans amour et dans L'oubli de l'humaine Condition par Tous ces faux apôtres bruyants Du « labeur » Oui tout travail ne vaudrait Qu'abandonné à La vitesse et à l'intensité Des peines allant Jusqu'à sa perte et son rejet-même Jusqu'à la guerre qui En serait Son affirmation « volontaire » ! Ainsi tonitruent les « faiseurs » et Les « constructeurs » ! Ils détruisent – guerroient ! Mais même la patience du bœuf - sans dents ! Est morte ! Oui ! Il y a ce pas Qui compte tous Nos silences Et les relève maintenant Hors du voile épais Jeté sur eux et Lisible comme dans la grande lettre Décachetée de Notre paix Par un art neuf En chemin !

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    Minod Alain

    @minodAlain

    Vous avez souleve les questions O freres assassines ! Changer la vie – l'habiter … Toujours penser la blessure des jours quand ont été rayés des corps De la carte du tendre – avec la vitesse habituelle à la terreur La panser avec le baume de l'instant jamais livide Au creux alors palpable du temps Ne pas escamoter ce vide Qui se couche dans les draps des morts et monte au fanal de l'Histoire Comme l'insondable miroir de la promesse sans chair ni os Que « la guerre totale » nous traverse De nouveau et nous atteint Oui ! Que le vide paisse dans l'armoire aux médailles Vous lui direz votre vérité O Les obscurs  Pour qu'elle ne s'en aille pas Avec les revenants Oui ! Ils nous font marcher au pas des honneurs bâtis Dans la fausse gloire des héritages morts Au dernier printemps de la splendeur Candide mais révoltée Et qui maintenant pérore d'amour sage et de paix en nous-mêmes Pour appuyer là où ça fait mal : cette blessure Ressentie pour la mort de frères Et maintenant ne prions plus Dans l'absence au monde ! L'exception est aujourd'hui la règle et la mesure de nos temps Embourbés dans le suif de tous Pouvoirs Qui coule en courbe raide Du banal érigé En vertu... Jusqu'à cet air vicié où s'étalent des amours intimes Avec leurs têtes si laides et si protubérantes Sur le faîte de tous nos espoirs Qu'ils assaillent le sentiment Serré aux bras des vaillants Coursiers de l'impossible : Ce bien réel et infini univers de l'amour Faisant fi de tout prétexte à resserrer Les fers de la domination ! Le mensonge s'érige en règle de nos songes Pour paraître immunisé de toute passion Exceptée celle du Pouvoir qui sait Récupérer tous nos frères Assassinés par la terreur Pour faire taire les voix Fraternelles et libres Il faut être raisonnable sans raison ni pourquoi Il faudrait s'aligner sur le « qu'en dira-t-on » Ne pas hausser le ton sauf si c'est Pour tonner avec narcissiques Accents contre toute Radicale question … De celles visant à désengager le flux même du sang versé De tout trafic chaotique – mobile – guerrier Et si mortifère qu'il nous laisse Que la survie Ne pas mourir donc comme si l'éternité dans l'instant Devait toujours nous être promise et … Ainsi abandonner notre pays A la célérité d'exception Comme règle hors-droit De notre survie : Ce pouvoir sur Nos vies !!! Oui ! Le vide est là propice à toute question essentielle ! Nous pouvons gagner la chair de nos âmes En soulevant l'instant où ne bavardent Que ces rhéteurs importuns Pressés par l'autre guerre Qu'ils nous font … Changer la vie en la mesurant à l'aune de toute aube Où voyager de la nuit au jour sans craindre Ce moment gris où tout ciel Semble se confondre Avec notre terre … Puis … Nous la rattachons cette terre à la diagonale De la lumière naissante – pensant l'être vivace D'un temps levé pour réaliser Tant de rêves ... Qu'ils aient été de simples étoiles filantes avec Ces vœux du pouvoir lancés à la cantonade D'en finir avec notre désir De changer la vie … Oui ! Du vide nous les mesurons ces vies outrepassées A la plénitude de l'instant libéré Par nos chairs liées aux Âmes disparues Nous rappelant Leur liberté Mais quelqu'un peut-il effacer – assassiner le soleil pour tous ? Et si nous ne donnons ni dans «  la guerre totale » Ni dans tout ce qui ressemble Au « Viva la Muerte ! » Nous saurons faire vivre la paix même si elle est guettée Par l'infâme – le vide – le banal et l'exception... Changer la vie ne doit être sacrifié Sur l'autel de la « Sécurité » Le silence auquel on nous oblige ne saurait être avalé Par notre désir solaire de voir briller La justice – la paix – nos droits A vivre autrement que Dans ce monde qui Va à notre perte ! Nous ne négocions pas notre aspiration au bonheur Nous ne négocions aucun Pouvoir Ils sont morts ou blessés Ces êtres libres ! Nous leur laissons notre dernier mot : Qui est aussi le leur : « La liberté on ne L'assassine pas » Et «  Que la terreur qui vous a touchés de plein fouet N'accouche pas ici de la tyrannie » Vous seriez affligés De savoir Que nous n'avons rien appris de la fraternité

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    Raynaldo

    @raynaldo

    L’insuffisance du langage… Tu sais poète : pour corroder le métal de mon âme, j’ai eu recours à l’écriture. S’exacerber dans le bocage des mages, à outrance l’on se bouquine. Et la mémoire bourbeuse : réfléchit la lourde lumière, des astres-voyageurs… Illumination de vases. Supernova de sangs. Fioritures-fournitures. Ô novation ! Thématique exanthématique, où les mots se régalent de la jouissance en enfer. Conceptualiser l’écriture sans méthode, et pêle-mêle, je : jongleur brasse les mots, tels matériaux dérisoires… Ceci est un poème pour dire…, que le langage n’est jamais suffisant. Un poème cumulo-nimbus. Véritable cure-pipe de ma pipe de mots. Je suis monté, sur le ventre de l’humanité, pour quereller avec l’existence. Je m’ignore quelquefois, ignore les innombrables interrogations existentielles, et vis de manière plus vague, dans toute la lumière m’embrasant, dans le creux furtif des saisons… Moi j’écris pour me saigner…, me blesser rudement…, pour que la plaie soit plus rouge, et la pierre plus austère ; que les branches de l’arbre soient planches, dans le festin de la nuit blanche. Je tapote la porte des désirs béants, azur-blessures cicatrisées. J’ai la géographie des papillons. J’ai la rouge iconographie des automnes. Et ceci est bien mon poème, tarabiscoté, travesti en visages multiples… Terrasser l’hiver dans sa marche absurde. Oui mon poème. Un poème mille pattes, déposant ses pieds partout dans le non-lieu. Mon poème ne finit pas. Nulle finitude. Et l’espace–temps en est trop petit, je vis hors-temps, hors d’espace, forger un milieu sans largeur ni longueur, pour me perdre et me pendre à contre-courant. Cette immensité est donc trop étroite. Oui je vis hors-temps, où les calculs d’heure n’existent guère. C’est une infinité de millénaires, collée au front de mon poème, mon poème, oui mon poème, pour dire l’insuffisance du langage. Ensiler l’été de l’encre. Gravitent les vapeurs…, en sens vertical du rêve. Je navigue entre mers et villes, me libère et m’emprisonne. Je coiffe l’exil, ô exode demi-consciente. Je rature ce siècle, de hiéroglyphes palpables..., les scribes reviennent à l’ère moderne. Clairon. Clairon. La lyre se promène dans les montagnes du cerveau. J’interpelle la démence, dans la spirale de l’opium. Ivresse. Toujours ivresse. Saoulerie d’un ivrogne acharné. Évoé !!! Oui, et la mémoire divague, de sphères en sphères. J’ai ma main plus vaste que moi, plus têtue que moi, perdue aux pays virtuels ; alors les abeilles rôdent, aux alentours de ma main. Errer. Vaguer. Voguer. Vautrer. L’on s’en fou désormais, la quête intérieure continue. Je suis un animal dans la nuit, un nuage qui passe, un météore éblouissant. Et mon poème s’évade avec moi-même, tel papillon de mai… © Raynaldo Pierre Louis, Lundi 25 novembre 2013, Saint-Domingue, Villa Mella, Valle Hermoso

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    Raynaldo Pierre Louis

    @raynaldoPierreLouis

    Quand il est un crime d’être insulaire Peuple de cafards sous le joug des saints noirs, baves de chiens putrides sur les seins de mon île... Corbeaux et vautours envahissant l´espace, l´espace épouse toutes les obscénités… La subversion est à son point culminant, l´île assise sur le socle de la bêtise, la charogne tourne sur elle-même, tel mouvement de rotation, sur les axes flexibles et invincibles de l´absurde… Je ne sais pas le chant qui berce la mer Ni le chant qui endormit les fleuves... J´ai le chant fauve dans mes veines rouges Peuple de cafards sur les trottoirs des chiens, entre vomissures et blessures, cassures macabres, à prolonger le cycle de la nuit. Mais que faire de l´espace déchiré ? C´est la racine qui pue les branches. Pèlerinage errance ou aventure, les poètes-funambules déambulent sur les cordes de l´exil, idylle perdue-ballotée entre deux mers indomptables… Mais comment faire pour habiter son île Quand il est un crime d´être insulaire ? © Raynaldo Pierre Louis Mercredi 2 avril 2014

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    Roger Caillois

    Roger Caillois

    @rogerCaillois

    Calcaire Des fuseaux d’une netteté prodigieuse s’entrecroisent sur l’étendue entière du calcaire graphique. De toutes nuances, entre chamois et brique. Ils dessinent de grandes sauterelles polygonales serrées et mêlées, élytres bruyants et longues pattes égarées, la tête de l’une accrochée à l’abdomen de l’autre. Les acridiens enchevêtrés projettent comme sur un papier peint leur grouillement vorace, analogue aux boules d’ivoire japonaises qui roulent des rats ou des crabes se dévorant entre eux en une parfaite, sphérique et ignoble continuité. Ici, tout est plat, anguleux et diagonal. A travers les corps soudés des insectes, les séparant d’un trait appuyé, puis soudain les traversant d’outre en outre, courent des filaments ramifiés comme nerfs ou artérioles rigides. Les plus minces sont métallisés, les autres constitués de cristaux minuscules. Leur réseau reste mat, tant qu’il ne réfléchit pas la lumière. Mais qu’on dirige la pierre de façon qu’elle capte un rayon, voici que s’illuminent les ternes filets. Une électricité chevelue circule parmi les criquets en caque. Un fouet à multiples lanières les cingle de mèches agiles, de frissons de mercure furtif. La plaque ruisselle d’éclairs. En montagne, à la fonte des neiges, les prés sont ainsi zébrés d’eaux vives qui dévalent des poches d’ombres où les névés se sont accumulés. C’est un émoi, une fête de gouttelettes et d’écume, une course panique sans but vers le niveau le plus bas qu’un argent sauvage cherche à atteindre le plus vite, rebondissant jusqu’à s’exténuer, épongé avec peine par un sol déjà gorgé. Sur la tranche polie du calcaire, les canaux de feu étendent un peuple de radicelles que ne guette aucun épuisement prochain. Un geste les assoupit, un autre les éveille et voici leur fontaine bruire et miroiter, déverser leur ardente coulée dans les rigoles ménagées pour leur incandescence par la finesse réfractaire où elle se faufile et s’étale. Au-dessus des sillons lumineux, dans un bref canton préservé de la pluie des obliques : un disque lointain, une pastille minuscule que son éclat de plomb écorché fait reconnaître comme l’image du triste Saturne.

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    Roger Caillois

    Roger Caillois

    @rogerCaillois

    Le château Le fond de la pierre est bistre pâle. Le profil d’un vaste château s’y découpe en brun luisant. Sous une lumière rasante, le fond devient mat et le sombre édifice miroite d’un éclat presque métallique. Les valeurs changent, les contours demeurent. De profonds chemins de ronde séparent les enceintes successives. Au centre, une tour à plusieurs étages domine l’ensemble des constructions. Il s’agit d’une coupe transversale sans épaisseur ni perspective, qui donne seulement l’élévation du bâti¬ ment imaginé. Si haut qu’on le suppose, il est encore dominé, ombragé par de larges feuilles inclinées de fou¬ gères arborescentes. Elles déploient leur dentelle bien au-dessus des tours. Le spectateur se demande quelle végétation a pu développer d’aussi gigantesques ramages, qui réduisent un palais à la dimension d’une maison de poupées. L’œil hésite et, ne sachant que choisir pour échelle de grandeur, tour à tour magnifie la fou¬ gère et amoindrit l’édifice. À droite, dans le ciel, des oiseaux tourbillonnent ; à gauche, il n’y en a qu’un, mais immense ; les ailes déployées et le cou tendu vers le bas, il fond sur les terrasses inégales où s’agite un étrange peuple. Car le château est habité ; sur chaque terrasse, au fond de chaque fossé, dans chaque fenêtre ou escaladant les murs, se tiennent des silhouettes parallèles, orientées dans la même direction et figées dans la même attitude. Ces personnages fort distincts, quoique maladroitement tracés, semblables aux «bonshommes» que dessinent les enfants, sont tous debout, de profil, tournés vers la droite. Comme s’ils étaient aveugles, ils étendent leurs bras loin devant eux, dans le vide ou jusqu’à la paroi pro¬ chaine. Eux aussi ne sont qu’ombres chinoises. Leur absence d’épaisseur ajoute à l’irréalité de la scène. Que regardent ces êtres plats ? Où se dirigent-ils ? Leur geste est-il de protection ou de vénération ? Tout à droite, de l’autre côté d’une sorte de pont, la seule silhouette qui soit différente semble les attendre. Elle n’est pas de pro¬ fil. Une tache blanche lui donne l’ébauche d’un visage. Toute la scène est trois fois traversée par l’étincelle céleste ; biffée du zigzag blanc de l’éclair à l’instant où il foudroie un univers dément. À plusieurs points de vue, rien ne ressemble davantage à une image.

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    É

    Éphraïm Mikhaël

    @ephraimMikhael

    Le magasin de jouets Je ne me rappelle plus à présent ni le temps, ni le lieu, ni si c'était en rêve... Des hommes et des femmes allaient et venaient sur une longue promenade triste; j'allais et je venais dans la foule, une foule riche, d'où montaient des parfums de femmes. Et malgré la splendeur douce des fourrures et des velours qui me frôlaient, malgré les rouges sourires des lèvres fraîches, entrevus sous les fines voilettes, un ennui vague me prit de voir ainsi, à ma droite, à ma gauche, défiler lentement les promeneurs monotones. Or, sur un banc, un homme regardait la foule avec d'étranges yeux, et, comme je m'approchais de lui, je l'entendis sangloter. Alors je lui demandai ce qu'il avait à se plaindre ainsi, et, levant vers moi ses grands yeux enfiévrés, celui qui pleurait me dit: « Je suis triste, voyez-vous, parce que depuis bien des jours je suis enfermé ici dans ce Magasin de jouets. Depuis bien des jours et bien des années, je n'ai vu que des Fantoches et je m'ennuie d'être tout seul vivant. Ils sont en bois, mais si merveilleusement façonnés qu'ils se meuvent et parlent comme moi. Pourtant, je le sais, ils ne peuvent que faire toujours les mêmes mouvements et que dire toujours les mêmes paroles. « Ces belles Poupées, vêtues de velours et de fourrures et qui laissent traîner dans l'air, derrière elles, une énamourante odeur d'iris, celles-là sont bien mieux articulées encore. Leurs ressorts sont bien plus délicats que les autres, et, quand on sait les faire jouer, on a l'illusion de la Vie. » Il se tut un moment; puis, avec la voix grave de ceux qui se souviennent: « Autrefois, j'en avais pris une, délicieusement frêle, et je la tenais souvent dans mes bras, le soir. Je lui avais tant dit de choses très douces, que j'avais fini par croire qu'elle les comprenait; et j'avais tant essayé de la réchauffer avec des baisers que je la croyais vivante. Mais j'ai bien vu après qu'elle était aussi, comme les autres, une Poupée pleine de son. « Longtemps j'ai espéré que quelque Fantoche ferait un geste nouveau, dirait une parole que les autres n'eussent point dite. Maintenant, je suis fatigué de leur souffler mes rêves. Je m'ennuie et je voudrais bien m'en aller de ce Magasin de jouets où ils m'ont enfermé. Je vous en supplie, si vous le pouvez, emmenezmoi dehors, dehors, là où il y a des Etres vivants ».

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