Bévue Je retrouve souvent ton portrait distingué dans les mirages de mes retournements diablotins vers les ruines de mes pensées badines. Je recule dans les abîmes d'un mythe fabuleux pour te toucher du regard. Je profite de ce songe éphémère pour te vivre encore, parmi les débris de ma légende que je garde comme un témoin pour m'approuver un avenir. Je me promène dans les hâbleries de ta présence décomposée partout dans ma solitude.
Je m'improvise ton visage radieux que je dessine souriant avec des saveurs joyeuses, empruntées à la palette de mes souvenirs galants. Je me défie en m'inventant tes apparitions fantastiques au front de mes farces consciemment crues et jovialement tolérées. Je mets le printemps autour de ton spectre qui envahit ma vue, noyée dans la robe de ton fantôme qui m'enveloppe pleinement dans le confort de ton hilarité.
Je me permets de franchir les limites convenables de la morale de ma propre bourde, avec mes opinions alléchantes qui proposent tes charmes nus, sous les mèches de mon crayon inspiré par le canular de mon idiotie vénérée comme une vitale tradition.
J'ose t'aimer jusqu'au bout de ma bévue licite qui incarne ton allure désirée par mes démons coquins. Je m'offre ton luxe jusqu'à la lie du génie de ta créature qui hallucine mes belles allégories, et sors finalement heureux après nos rencontres prévues par l'absence, pendant mes veillées sereines, brusquées par ta courtoisie qui enchante mon esprit distrait. Je ramasse mon cœur émietté au seuil de mon songe célèbre, et vais vers moi pour parcourir ensemble, encore, la plus merveilleuse de toutes mes âneries.
il y a 9 mois
A
Abdelkader Guerine
@abdelkaderGuerine
Rêveries A quelques aunes de mes caprices véreux, j'observe encore les ponces versatiles de ton charme affriandant, dans mon attente langoureuse à partir de mon logis situé dans un autre siècle poreux. J'enjambe mes oublis distants de ta culture entichée à mon absence coupable d'abandon de tes merveilles prodigieuses, depuis la genèse de mon affection fantoche qui régit mon cran innocemment arlequin.
Je refais le chemin de l'histoire sur les brises de ton folklore qui amadoue mes illusions fatales. Je secoue les nuages pour que le ciel pleuve des jets de ton musc mauresque qui enivre ma passion intelligente, endormie partout dans ton rêve qui gît à la portée de mes élans niais.
L'impression plaisante d’ouïr l'onction de la rumeur suave de ton approche vertigineuse, qui brave mes gâteries fantasques, désoriente mon intellect bêtement écervelé. Je m’évanouis dans l'abîme du fossé qui lie par son flegme opulent mon apathie léthargique au renfort huppé de tes frissons généreusement indolents. Je m'évapore dans tes lingeries courtoises qui portent la grâce rupine de tes galanteries exquises qui démoralisent mes convictions veinardes.
A quelques lettres de l'océan de la poésie, je bâtis un palais de sable pour accueillir le large de tes vagues aériennes qui appréhendent mes opinions bonnement hébétées. Je baigne ma plume dans les brumes de ton regard appétissant qui rafraichit la soif de mes réflexions gourmandes. Je prends mon voilier de verbes pour aller courir le vent de ton odeur douceâtre qui déborde son chant libertin du tourment taquin de mon encrier.
L'intuition jouissive de fleurer la volupté de tes guibolles poupines, avec tes courbures bouffies, échancrées dans les plissures de ma main qui dessine des traits de ton tact savoureux, dans les reflets de mes opinions distraites, quand ton absence langoureuse remplit tout le glèbe de mon forfait chimérique avec des illusions verbalement fictives. Je marche sur les raies de tes dentelles vicieuses qui répandent ta chair intime, polie partout dans mes esprits hallucinés.
A quelques murmures de la parole, je plonge ma langue dans mes silences nus pour écouter tes aubades toniques qui enflamment mon errance absurde dans mes pensées sans toi.
La déduction jubilatoire d'exhaler l'indolence de ton étrave fessu, déployé dans la finesse de tes minauderies rebondies devant la clairvoyance de mon regard abasourdi par tant de gracilité, dans le noir de mes idées panachées de pigments ensoleillés qui filtrent de tes nuances originelles, contumaces aux prouesses fofolles de ma conduite bernée par le fantôme de ton raffinement tellement éloquent.
Je me tais quand tu parles, c'est là que je rêve le mieux...
il y a 9 mois
A
Ahmed Yahia Messaoud
@ahmedYahiaMessaoud
Être Les ombres se frottaient au store, signe de l’existence de quelques marionnettes mises en mouvement par des fils invisibles. D’un réseau de cordes qui se croisaient, pendaient des habits qui séchaient au vent brûlant de l’été. Des figurines en cire se consumaient. Ces choses vivantes se mettaient à fredonner, la mort dansait derrière la nuit.
Un minuscule humanoïde de sexe masculin fondu dans un haillon en ruine déambulait sur la planche, il était taillé, modelé d’un bois pâle et dur. Ses petits pieds chaussés de deux sandales grotesques avaient peine à toucher le sol. Une jolie poupée en polyester fardée d’une beauté d’un genre commun, une copie d’une série de mille autres identiques l’arrêta et l’embrassa sur sa bouche mal usinée. Cette vie en bois était l’œuvre d’un artisan maladroit, quelque apprenti-menuisier qui était probablement destiné à faire autre chose dans sa vie. La poupée, elle, était l’œuvre d’une machine, elle sortait d’une boîte colorée, l’œuvre d’une industrie de mensonges à multi-usage.
Certes la cire qui fondait témoignait d’un climat chaud, mais l’atmosphère était glaciale, un froid qui terrifiait le bois, la cheminée ouvrait sa gueule, l’âtre était vide, même ce baiser était aussi froid et sec, il n’avait ni goût ni odeur, il annonçait l’hiver.
La musique s’arrêta net et l’homme de bois laissant ses sandales effleurer le plancher dit sans ouvrir la bouche :
— La musique est la forme la plus abjecte de l’art, n’importe quel trou de cul peut en produire. Moi-même j’en fais !
— Ce que toi tu fais est magnifique. lui dit le polyester femelle.
— Ce que je fais est toujours magnifique, mais c’est ce que je ne fais pas qui est utile.
Les fils qui le suspendaient se desserraient, on eut dit qu’il allait s’effondrer.
— Arrête de réfléchir et viens avec moi. lui proposa la poupée.
— La réflexion est une nécessité pour certains, une passion pour d’autres, mais une chimère pour ceux qui croient réfléchir. C’est d’ailleurs leur unique sujet de réflexion. Ils pensent à penser ou à ne pas penser.
Il était complètement étiré sur le plateau. Eparpillé serait le mot juste.
— Arrête de poignarder ta jeunesse ! lui cria la poupée.
— Ma jeunesse ! Je serai à jamais jeune, il n y a pas de temps, on ne vieillit pas on s’use.
On tira les fils et il se releva (Il se ramassa).
— Viens avec moi, et on inventera le temps, on vieillira ensemble et on mourra, inventons des années, inventons l’espoir.
— Si l’espoir était un homme, son dos serait voûté, on le verrait tendre la main pour ramasser, on le verrait se prosterner devant un semblable, devant ce néant qu’on appelle par pitié pour nous-mêmes dieu, devant n’importe quoi. Il voudrait exclure le doute, il voudrait voir ce qu’il n’y a pas, créer des insanités. On aurait pitié de lui. Ce n’est pas rien la pitié, c’est un noble sentiment……………. La pitié est une horreur et non un sentiment.
— Tu dois m’aimer. reprit la poupée.
— Si l’amour est un devoir, j’irai louer la haine, si la haine devient devoir je me ferai indifférent. lui répondit l’homme de bois.
— Il n’y a rien à faire, je ne puis me taire, je dois bien jouer à être quelqu’un, c’est plus facile en bavant. J’ai pris à la vie ce qu’elle avait de mieux : la chair, de la bonne viande rouge, ou plutôt rose, je préférais la rose, sans âme et sans vertu. -Une prostituée fera l’affaire- Je m’étais dit. C’était inutile, j’étais fait de bois, j’étais la mort qui vivait dans ma sève. Je suis censé être un arbre, pas un guignol.
— Arrête de te faire des nœuds dans la tête, moi aussi je n’aime pas trop le monde, mais je ne me fais pas chier à lui lancer des flèches, se serait humiliant de s’arquer pour les ramasser.
Il y a certes des natures insondables, néanmoins le fossé qui sépare deux de ces natures peut renseigner le Spinoza sur la dimension de l’une et l’autre, non en les mettant sur une échelle mais en traversant lui-même cet abîme. L’empreinte du silence sur un visage est beaucoup plus expressive que toutes les phrases qui s’impriment sur un vulgaire papier. Le silence est la forme la plus raffinée et subtile de l’art, c’est sa forme la plus élevée. Le non dit n’est pas l’oublié, il n’est pas le non su, il n’est même pas l’indicible, Il est l’art, il est la pensée qui redoute les mots.
— Viens avec moi. lui dit le polyester femelle en posant ses lèvres sèches sur les siennes et ces dernières restèrent indifférentes à ce baiser volé.
— Tu ne vois donc pas que je suis suspendu.
— Il te suffit de dire oui, de décider de venir avec moi et tu seras libéré de ces cordes… Viens avec moi, nous traverserons les champs, nous serons heureux, nous vaincrons cette honte qui t’accable. Nous serons riches.
— Les riches de notre époque jouent au golf ou je ne sais à quels autres jeux futiles, les riches d’une certaine époque écrivaient des livres. Ce n’est pas pour dire qu’il y a une évolution dans le temps, mais pour dire que rien n’a changé. C’est toujours la même histoire. Avoir pour être. Je préfère mes cordes.
On tirait sur les fils et il se releva.
— Nous autres poupées, on court chercher les balles. C’est cela ? dit la poupée en s’éloignant.
— On est les balles, des sujets, des trucs.
— Non, les balles sont identiques, pas nous. Moi je suis une femme et tu es un homme.
— Ce n’est pas ce qui nous distingue, on est des poupées le sexe est une différence banale.
— Tu es insensible, tu es de bois, fais-moi confiance, viens avec moi, je ne pourrai bouger d’ici sans toi, j’ai besoin de toi, j’ai besoin de t’avoir pour être. Viens, viens…
Sa voix s’éteignait.
— Il est vrai que je parais insensible, c’est toi-même qui le dis, je suis de bois. Mais je peux aimer, je peux aimer cette fleur (Il n’y avait aucune fleur sur scène) et si je te le montre, si je te fais voir cet amour, tu aurais honte du tien. Tu comprendrais certainement que tu es incapable d’amour.
— Pourquoi tu ne me le montres pas ? Tu n’as rien à faire d’autre, aime-moi, il n’existe aucune autre, il n’y a que moi et toi, aime-moi. Ton attente est ridicule.
— Qu’est ce que tu en sais ?
— Il y a dans une femme ce qu’il n’y aura jamais dans un homme, un vagin. Il y a dans un homme ce qu’il n’y aura jamais dans une femme, un pénis. Il y a là le véritable sens de l’existence : baiser en attendant ton godot, ce n’est que du théâtre.
— Il n’y a dans l’existence, ce théâtre de guignol aucune intrigue, aucun style, aucun sens c’est à peine un endroit.
il y a 9 mois
Albert Camus
@albertCamus
Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d’arbres, voici qu’à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu’un paradis perdu. L’hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n’avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu’il redevient lui-même. Ces décors masqués par l’habitude redeviennent ce qu’ils sont. Ils s’éloignent de nous. De même qu’il est des jours où, sous le visage familier d’une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu’on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n’est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c’est l’absurde.
il y a 9 mois
Albert Camus
@albertCamus
Pluies de New York La pluie de New York est une pluie d’exil. Abondante, visqueuse et compacte, elle coule inlassablement entre les hauts cubes de ciment, sur les avenues soudain assombries comme des fonds de puits. Réfugié dans un taxi, arrêté aux feux rouges, relancé aux feux verts, on se sent tout à coup pris au piège, derrière les essuie-glaces monotones et rapides, qui balaient une eau sans cesse renaissante. On s’assure qu’on pourrait ainsi rouler pendant des heures, sans jamais se délivrer de ces prisons carrées, de ces citernes où l’on patauge, sans l’espoir d’une colline ou d’un arbre vrai. Dans la brume grise, les gratte-ciel devenus blanchâtres se dressent comme les gigantesques sépulcres d’une ville de morts, et semblent vaciller un peu sur leurs bases. Ce sont alors les heures de l’abandon. Huit millions d’hommes, l’odeur de fer et de ciment, la folie des constructeurs, et cependant l’extrême pointe de la solitude. « Quand même je serrerais contre moi tous les êtres du monde, je ne serais défendu contre rien. »
C’est peut-être que New York n’est plus rien sans son ciel. Tendu aux quatre coins de l’horizon, nu et démesuré, il donne à la ville sa gloire matinale et la grandeur de ses soirs, à l’heure où un couchant enflammé s’abat sur la VIIIème Avenue et sur le peuple immense qui roule entre ses devantures, illuminées bien avant la nuit. Il y a aussi certains crépuscules sur le Riverside, quand on regarde l’autostrade qui remonte la ville, en contrebas, le long de l’Hudson, devant les eaux rougies par le couchant ; et la file ininterrompue des autos au roulement doux et bien huilé laisse soudain monter un chant alterné qui rappelle le bruit des vagues. je pense à d’autres soirs enfin, doux et rapides à vous serrer le coeur, qui empourprent les vastes pelouses de Central Park à hauteur de Harlem. Des nuées de négrillons s’y renvoient une balle avec une batte de bois, au milieu de cris joyeux, pendant que de vieux Américains, en chemise à carreaux, affalés sur des bancs, sucent avec un reste d’énergie des glaces moulées dans du carton pasteurisé, des écureuils à leurs pieds fouissant la terre à la recherche de friandises inconnues. Dans les arbres du parc, un jazz d’oiseaux salue l’apparition de la première étoile au-dessus de l’Impérial State et des créatures aux longues jambes arpentent les chemins d’herbe dans l’encadrement des grands buildings, offrant au ciel un moment détendu leur visage splendide et leur regard sans amour. Mais que ce ciel se ternisse, ou que le jour s’éteigne, et New York redevient la grande ville, prison le jour, bûcher la nuit. Prodigieux bûcher en effet, à minuit, avec ses millions de fenêtres éclairées au milieu d’immenses pans de murs noircis qui portent ce fourmillement de lumières à mi-hauteur du ciel comme si tous les soirs sur Manhattan, l’île aux trois rivières, un gigantesque incendie s’achevait qui dresserait sur tous les horizons d’immenses carcasses enfumées, farcies encore par des points de combustion.
il y a 9 mois
A
Alexis Hogue
@alexisHogue
Visions Visions
Route craquelée,
Paysage désséché,
Visions inédites,
Qui sortent de nos coeurs,
On se tiend en rond,
Et on s'observe,
Et celui qui parlera,
Brisera une chose sacrée,
il y a 9 mois
C
Célédonio Villar Garcia
@celedonioVillarGarcia
Une épine dans le pied C’est un pied-de-biche
qui fait sortir de ses gonds la porte du bonheur,
pour un malheur
qui bénéficie du non-lieu d’une plaie ouverte
où des yeux, remplis d’amour,
entrent pour verser des larmes de sang,
c’est un jour sans pêne qui claque au vent mauvais,
c’est une mémoire
qui frissonne dans la sente des courants d’air,
c’est une clé de sol
tombée dans l’étang où naissent les saules pleureurs,
où la même mémoire, pêche de l’abri côtier,
perce des sandalettes aux pieds des enfants
dont la blessure perd progressivement la trace,
cette épine dans le pied,
c’est une trace d’eux dans l’omelette des souvenirs.
il y a 9 mois
D
Daniel Leduc
@danielLeduc
Geste(S) du Jour Matrice de la nuit, les yeux clos te regardent,
l’univers est un vol de poussières
expectorées du temps, là-bas sur les frontières
se brisent les vagues
des Hommes sans voix, ce sont
les pipistrelles
qui mangent les ombres
suintant des miroirs, et me voilà
envie,
désir d’accompagner les femmes
les enfants
vers d’autres
balançoires – que la vie tangue,
ventre de houle. Le chagrin
se fera cuir, crachin
sur l’écorce
des vaisseaux.
Nuit, que viens-tu dévoiler
qui ne soit
volatile,
quelle fleur
en ton soleil ?
Me voilà
dissous dans le café
que l’aube sucre déjà.
Des miettes de pain
sur le visage.
Le jour se fend
d’une insolente
clarté.
Il n’y a plus de nuages. Plus d’éclairs plus de ciel.
Ce que nous lègue l’aurore, c’est, en chaque lieu,
la présence de la vie
verticale.
Mon corps est cet arbre
sur lequel
s’ancrent les mousses
les lichens et les vents –
tout un passé qui croît en sa demeure,
Les jardins sont des pages,
des écritures sarclées ;
je préfère le désordre
en jachère –
l’espoir y est plus grand.
La foule dans le métro est une entité secrète ;
derrière chaque visage s’obscurcissent des paroles
que le jour tente de percer.
Les quais ont une odeur de lente réalité
où se heurte l’empressement du désordre.
Il faut choisir entre les lignes,
savoir prendre la bonne trame,
que le transport se fasse
par le hasard de la nécessité. À ce sujet
je n’ai qu’un seul regret : les saccades
et autres secousses – de plus en plus rares –
comme si
la vie devait rouler se dérouler
dans un mouvement
sans valse…
Et que faire
de tout
ce qui déraille ?
Toutes les rues ont une destinée,
ne sont que passage,
traversée
où tenants et aboutissants se rejoignent
dans un même entrelacs. Je
circule
entre le désir et l’errance,
avec dans mes pas la volonté de me perdre
là où les femmes surprennent
ce qui ne se dit pas.
Regardez comme les toits
sont les planchers du ciel,
comme l’asphalte
recouvre
ce qui est tu.
Partez plus loin que la raison –
allez donc voir
tous ces oiseaux
sans ailes…
Le piéton de la ville déplace son regard dans la lenteur du jour.
Chaque pas est une seconde
dans un premier temps,
un mètre déployé
par une pensée en marche ;
chaque pas s’en va
vers la face qui nous crée.
Et je m’en vais tranquille
au plus près des façades,
derrière lesquelles se vautrent
de nouvelles ombres, furtives –
comme est furtif
le mot. Je marche
en une phrase
qui traverse
les saisons.
L’allure est un écho,
au timbre
imperceptible.
Les trottoirs, souvent, s’inscrivent comme des pages
dans un livre de grêle ou de printemps.
Des vendeurs à la sauvette s’y déploient
dans des cris de mouettes ou d’échassiers ;
on y trouve ainsi des montres et des miroirs,
du temps furtif, et de la fantaisie ;
le jour s’échappe à l’approche du gendarme ;
on y trouve des pensées, subitement gaillardes ;
des gestes incongrus qu’il faudrait disséquer ;
de la moelle
dans les mots des passants.
Les trottoirs, parfois, sont les toits où s’abritent
ceux qui n’ont plus de toit, plus de porte à franchir,
sinon celle qui les porte
vers les seuls courants d’air ;
trop souvent les trottoirs nous soufflent
l’arbi-
traire – la vie
qui passe,
dévêtue
livide,
épluchée --
jusqu’au sang.
Alors même que le trafic s’accroît,
que les artères se sclérosent, que les
carrefours tournent en rond : je débarque.
Des pigeons roucoulent
comme des vagues
sur mon regard breton. Il paraîtrait
que les places
ont toujours été prises ; que le vide
s’est occupé
des demandes sans réponses –
l’espace n’a d’infini que ses propres limites.
Parce qu’il faut traverser
au risque
de se faire aplatir,
je baisse les paupières –
jusqu’à la nuit
tombée.
Un klaxon vrombit ;
il est temps…
d’espacer.
Le fleuve traverse la ville sous des clartés latentes ;
ses eaux miroitent l’obscur passé des pierres ;
et ce futur qui nous attend
dans l’embrasure du ciel.
Quelques nuages, lourds de souillures,
annoncent une pluie, âcre,
comme de l’acide.
Il y a des feux qui réchauffent,
d’autres qui consument.
Dans la bouche
une odeur de pétrole
brûle
mes mots.
Des lettres
se pétrifient.
Déjà.
La pente, ce n’est jamais qu’un plan qui tangue,
tantôt vers le haut, tantôt vers le bas.
C’est bien pourquoi – je monte les rues qui descendent,
comme je dévale celles qui grimpent – le sommet n’est qu’illusoire.
Et mes pas m’entraînent où la vie fait le tango ;
ganchos et boleos, colgadas et sauts ; la vie s’improvise
au gré de l’inclinaison du corps
par rapport à l’horizon. L’horizon
qui se décline selon ta vue,
dans les limites
des contours
de ta chorégraphie
pensante –
chaque pas
soulève de la poussière :
c’est ainsi que tangue
le temps.
La mémoire des villes
sourd
de la pierre,
comme un jaillissement
reclus
dans son silence.
J’ai pesé sur mon ombre
autant qu’il est possible,
et des esquilles
se sont plantées dans mon miroir.
La ville, par son squelette,
fait un bruit de charpentes
crissant
sur la chaussée,
où beuglent
tous les encom-
brements.
C’est l’intestin qui stase,
les boyaux qui s’embarrassent,
le flux
dans les artères : stoppé !
La nuit même
retient
ce qui circule –
dans nos échos
de pierre.
Le pour, le contre,
j’ai pesé
leur devanture.
Encore combien de portes
nous faudra-t-il pousser
avant de découvrir
la bonne adresse ?
Je cherche à saisir
ce qu’il y a d’imprenable
dans le cœur de la ville ;
et je claudique de bar
en zinc,
tel un crabe
soûlé
des effluves marins.
Les caniveaux
ne charrient plus
les miasmes d’antan :
ils se font balayer,
ainsi que les migrants, les parias, les putains –
que le bourgeois
puisse ballonner
en paix !
Je n’ai d’autre fortune
que des mots rapiécés ;
ce sont eux.
qui frappent
à votre porte.
Sachez !
Les femmes, voilées de leur mystère,
n’ont besoin de parures
que pour dire qu’elles sont nues.
J’aime ce qui se cache
dans l’éclat
de la lumière ;
ce qui se
dévêt
par les paroles obscures ;
l’affrontement des signes,
par les pleins et les déliés.
Le cliquetis
des escarpins
dans la nuit
débottée
de la ville :
petite averse
érotique,
sur le cœur
infini.
La route, il nous faudra la prendre
par un matin sans bruine ;
que nos pas se dispersent,
loin, devant les lueurs de la ville ;
qu’il y ait un autre cheminement
parallèle aux vertiges,
s’écartant des sentiers trop battus
et des terres trop civiles ;
il nous faudra la prendre,
avant que le gel nous saisisse,
que l’ankylose
s’empare de nos rides,
que les racines nous tirent
vers le néant.
Je monte l’escalier
de la Butte Montmartre ;
mon regard, déjà, s’en est allé
par delà
toutes
les
périphéries –
du monde.
Il nous faudra…
l’apprendre.
Le corps des femmes, les corps de femme : j’aime !
Il n’y a pas d’autre écriture possible
que celle
de l'enlacement des formes.
L’ordinateur bourdonne. Par la fenêtre,
captation des murmures de la nuit. J’aime !
Un jour j’écrirai
ce qui retient les mots,
ce qui les tord et les délivre.
La ville
est un orgasme
sans fin.
Peut-être
n’y a-t-il pas d’équilibre ;
juste quelques bras
qui s’ouvrent –
et nous retiennent.
Le chemin, ce qu’il nous montre des perspectives, ne provient-il pas des ombres du regard ? Le réel, si tenté qu’il existe, s’appuie sur le contraste, bien plus que sur le flux. Tous les ondes, les corpuscules achoppent sur la mémoire des formes, sur ce qui nous sculpte, dans l’air du temps. Nous ne percevons que quelques angles des multiples facettes qui s’exposent ; les autres nous sont contés par l’imagination.
Le goût du café
est comme un goût de vivre,
je l’apprécie
même sous les ciels sombres.
Et la ville, par ses bouffées capricieuses,
me renvoie
dans la petite enfance,
là où l’espace
est encore
dans les mains,
et peut-être
dans la gorge.
Je chante :
ainsi je marche.
Daniel Leduc
il y a 9 mois
Jean Arp
@jeanArp
La mesure de toutes choses L´homme se comporte comme s´il avait créé le monde et comme s´il pouvait jouer avec lui. Presque au début de son glorieux développement il forgea cette phrase que l´homme est la mesure de toute chose. Là-dessus il se mit rapidement au travail, et renversa tout ce qu´il put dans le monde pour le mettre sens dessus dessous. La Vénus de Milo gît en morceaux sur le sol. Avec la mesure de toute chose, avec lui-même, il donné la mesure de la démesure. Il a taillé dans la beauté, et cet outrecuidant tailleur a gâché son ouvrage. De grand tailleur il est devenu confectionneur, et le magasin de confection est devenu une présentation des modèles de la folie. Désordre, confusion, inquiétude, non-sens, démence, mélancolie, démonomanie dominent le monde. Fœtus bicéphales et géométriques, corps humains à tête de champignon jaune, bâtards à forme d´éventail pourvu de trompe, estomacs qui ont des dents, yeux sans maître, gigantesques souris distinguées montées sur des béquilles, pyramides engraissées ou amaigries traînant les pieds et dont les yeux humains sont larmoyants, mottes de terre sexuées, et ainsi de suite, ainsi de suite sont nés sur la toile ou dans la pierre.
il y a 9 mois
J
Joh Hope
@johHope
L'antre nous - Acte 1 En vous, je m'égare
Ô Pensées étranges,
Sous une Lune avare
S'étiolent vos louanges:
- " Hé ho! Qui sont donc ces autres?"
- " Des reflets dans un miroir pardi!"
- " Les vôtres, le mien ou les nôtres?"
- " "Réfléchis un peu... Ici, nul paradis!"
- " Tu es ignoble! Ce jeu idiot t'amuse!!!!"
- " Serais-tu si noble? Où est ta Muse???"
- " C'est encore un leurre! Tout s'éclaire!"
- " Tu t'aveugles avec tes propres éclairs..."
- " Heu... Crois-tu à ce point au conte de fée?"
- " Ordure! c'est un véritable compte de faits!"
- " Ha, peut-être! Y vois-tu ton éventuel futur?"
- " Non! Je me refuse à cette insidieuse torture!"
- " Sais-tu où nous sommes? Dans ton seul monde..."
- " Diable! Quand cesseront tes délires immondes?"
- " Grand fou-rire!!! Devrais-je donc t'appeler Ange?"
- " Pfff, tu éludes! Inouï! Comment donner le change?"
- " Si je ne m'abuse, tu as prononcé un funeste nom..."
- " Enfin! C'était juste une expression! Tu es fou, ivre!"
- " Tiens... C'est envisageable si je suis tes vils démons!"
- " Suivre ou être? Tu m'abrutis! Tu me nuis, je me livre..."
- " Hum... Il s'agit en fait des deux à la fois..."
- " Baliverne, je n'en peux plus! Tue-moi!"
- " Quoi? Aurais-tu finalement perdu la foi?"
- " En qui croirais-je? En cet "Antre Tu-Moi"?"
- " Tu me sembles soudainement circonspect..."
- " Hi!hi! Pire! Tu es surtout le Sire qu'on s' paie!"
- " L humour sarcastique maintenant... A ta guise..."
- " J'aurais pu naître sans être! Bon, Tu t'aiguises?"
Ciel! Un silence évocateur m'emmure
Je ne puis en percevoir ses murmures...
Les étoiles se grisent à l'infini au firmament
Transies par ces chaotiques chuchotements!
" L'Antre Nous- Acte 1"
Copyright Joh Hope, 11.08.2015
TDAR
il y a 9 mois
J
Joh Hope
@johHope
L'antre nous - Acte 2 Soupir! Quel calme insolent! Je peste!
Une éventuelle tempête? Ô la Peste!
Il me faudrait essuyer son avalanche
Pour humer ton parfum, Ô revanche!!!!
Résiste! Sans blâme ni larme
S'ancre une fébrile esquisse
Ô Crayon, mon unique arme
Calque nos âmes complices:
- " Hé Moi!"
- " Hais-moi!!!!!!"
- " Emois..."
- " Et moi???"
- "Serions-nous à nouveau tes convives?"
- " Injure! Pas le choix! Il faut qu'on vive!!!!"
Aucune vérité sans mystère
Ne vaincra ce défi solidaire...
- " Je vous en conjure! Délivrez-moi!"
- " Tu te parjures... Des livres et moi?"
- " Tu m'énerves! Te trouves-tu aussi malin?"
- " Au propre comme au figuré! En ton sein..."
Bouche-bée, je te retiens Ô Souffle!
Variations utopiques, Ô Apparences,
Une possession glauque, je camoufle...
Esclave? J' exècre cette transparence!!!
- " Honte à Toi! Sans fin tu te déchaînes..."
- " Si, si, j'ai faim! Qui porte des chaînes?"
- " A force de trop tirer, la ficelle se rompt... "
- " Qui l'eut cru? Tu louvoies mais te corromps!"
- " Hein?! Jamais! quoique... Non! Pas à ce point..."
- " Disgrâce! Tu te noies dans ce doute constant! "
- " Seigneur! Tu me manipules tel ce pantin disjoint!"
- " Sourire! Tu encenses ici-même cet art méprisant!"
- " Assez! Fiche- moi le camps! Ô Quel dément!"
- " Diantre! Tu te défends parce qu'elle dément!"
- " Erreur! Mes ailes ploient souvent sous le vent..."
- " Fichtre! Tu la défriches, je le déchiffre à l'instant..."
"L' Antre Nous - Acte 2"
Copyright Joh Hope, 12 &13.08.2015
TDAR
il y a 9 mois
J
Joh Hope
@johHope
L'antre nous Le crépuscule muet agonise sur votre seuil
Quand sombre dans l'Absurde tout écueil;
L'ironie feint la résignation puis se recueille,
La peur grave ses maux par delà chaque oeil....
Un voile sombre englue mes cils
Mes paupières se closent, dociles...
Ô Pendule, à vive allure, tu oscilles;
Alerte! Les connexions s'amplifient!
- " Mince alors! Tu ne vouvoies plus..."
- " Bon sang! je ne vous vois plus!!!!
- " Quand bien même! Suis ma voix!"
- " La tienne? Quelle piètre claire-voie!"
- " Bonté divine! Ta frayeur transpire..."
- " Bingo,Tu me devines! Elle t'inspire?"
- " Je l'effleure à peine qu'elle se terre!"
- " Elle affleure car elle préfère se taire..."
Nos égos écument sans complaisance
Face à cette absolue intransigeance...
Ô Sempiternelle impasse, à qui en vouloir
Puisque nul ne détient le véritable savoir?
- " Hé ho! Tu es bien là? Ton esprit semble s'en lasser..."
- " Oui, forcément! Tu le balades tel un chien en laisse!"
- " Non, tu te trompes! Je m'essayais juste à l'enlacer..."
- " Stop! Tu m'exaspères! A tes futilités, je te laisse!!!"
- "Que devrais-je donc déduire de cet orgueil farouche?"
- " Prouverais-tu par là ton humilité? La Sainte-Nitouche..."
- " L'humiliation? Un signe exquis de ton impuissance..."
- " Qui méprises-tu ainsi pour contrer ces incohérences?"
- " Et si nos prétentions n'étaient que vils mensonges..."
- " Wow, voilà une proposition séduisante! Arguments?!"
- " Aie! Il s'agit plus d' une intime conviction! j'y songe!"
- " Va-y! Selon Toi, seraient-elles liées inextricablement?"
- " Possible... Oui, ça tilte: Vanité, scrupules, modestie..."
- " Des indices, un rébus? Une constance cette répartie!"
- " Un compliment? Si équivoque soit-il, je te le réciproque ..."
- " Oufti! Je frise l'électrochoc: nos idées s'entrechoquent!
" L'Antre Nous - Acte 3"
Copyright Joh Hope, 16&17.08.2015
TDAR
il y a 9 mois
J
Joh Hope
@johHope
L'antre nous - Acte 4 Si quelques paradoxes récusent ces absurdes élucubrations
Les sains hétérodoxes cèdent à l'instance l' intime conviction:
" Ta bicoque taillée à même ce roc t'escroque
Que ne te défroques-tu point Ô Ventriloque?
Les breloques baroques dont tu te toques
Estoquent ma coque en rauques loufoques!
Le marionnettiste dualiste aguiche l'illusionniste aliéniste,
L' humaniste utopiste te pastiche Ô Anarchiste Surréaliste;
L'artiste extrémiste s'entiche, l'exorciste fétichiste résiste,
Et les protagonistes dénichent à l'improviste l'Alchimiste!
L'Ephémère astique sa plénitude au moindre coût,
Le bouc émissaire esquive par habitude les coups,
L'Amer revendique son attitude, ensuite en découd,
L'imaginaire ravive les solitudes nouées à son cou!
- Pitoyable spectacle...- hurleront les loups,
- Impitoyable débâcle!- hululeront les hiboux,
- Il faudrait un miracle...- hallucinerez - vous;
Lucide, j' interroge l'oracle sous votre joug... "
- " Si las... Haaa! Hé! Ton soliloque épique l' assomme..."
- " Do ré mi fa, et ton -sol-? hiii, loqué!!! Pique la Somme!"
- " L'impératif! Piquer un somme? Tu nous sommes de...."
- " C'est l' apéritif somme toute mais... nous sommes deux!"
- " Mince! Un petit détail m'échappe... Pardonne - m' en!"
- " Tu mens! Tu détailles mes chapes puis pars... Donne!"
- " Une part? Je les taille en dés pour nourrir ce feu aimant..."
- " Ca crée sa craie sacrée! L' aimant naturel pare la donne..."
Soudain, Râ vira nos pensées, ébranla les pansés
Qui, à l'avenir, ravira nos panses et branlera l'athée?
A l'heure où ses traits passent, les leurres trépassent,
Sa race s'harasse, elle le sait, criera nu-tête son volteface
Ce qui ,dans ses songes, s'écrira : " Tête- bêche la bête!";
Une girouette à la diète s'épiette: quelle pirouette Poète !
"L'Antre Nous" Acte 4 - extrait
Copyright Joh Hope , 19 & 24.08.2015
TDAR
il y a 9 mois
M
Minod Alain
@minodAlain
De la nuit a l'aurore en Paris qu'une muse accompagne Doucement la nuit court sa parole
A l'intérieur d'un promontoire urbain
Illuminé sous des globes lunaires …
Des voix qui puisent en la compagnie
De quoi attraper les sources où
Se distillent les mots
Comme ébriété
De la veille
Comme
Une éternité chahutant avec
Rires et sourires …
Il y eut auparavant :
Cette douceur dans les filets
Couvrant l'azur :
Vous : Muse
Au creux de la solaire épiphanie -
Penchée vers le futur
Avec la grâce de
L'instant hasardé
Au partage ..
Ici : il y a maintenant
Tout l'accent des
Cités dont
Des êtres ont franchi
Les barrières jusqu'à l'en commun
Qui me reconduit
A ma jeunesse
Que j'expose aujourd'hui
A votre propre mémoire
Encore si vivante
O Muse !
Tendresse de compagnie
A la tête et au cœur
En liberté !
Vous qui – du sentiment -
Bâtissez et rebâtissez
Tant de sens
Qu'ici - :
Dans le brouhahas d'un monde -
Je reprends au chaos
L'harmonie
Secrète
D'une errance soutenue
Par les feux de
La ville jusqu'à ceux qui
Filent vers le chez-soi :
Cet horizon
Imprenable
Mais ils brûlent : les chemins
Sortis des antres
Des cités
Vous me le soufflez – O Muse :
Ils vont et sont bientôt
En confidences
Partagées !
Ils chantent la distance
Qui saute et prennent
Le va-tout de
Chacun
Vers
L'entente sans rien d'autre
Que l'attente des
Accords
Et c'est cette prise calfeutrée
Au creux d'un monde
Qui les fait filer
Au plus loin de
La liberté où
La nuit
Se réinvente le long
Cours du désir !
Et vous ! O Muse !
Vous me l'avez déjà soufflé
Sous le soleil jaloux :
Ce hasard vif
Des rencontres tentées
Met de la lumière
Au milieu des
Ombres et
Instruit d'un savoir
Indestructible de ce qui passe
Dans nos différences-mêmes
Le vent se lève et fait respirer
Les arbres comme
Nous respirons
Avec nos
Silences
La musique accorde
Dans nos veines
Les allées et
Venues de
L'instant
En cette nuit – les amants ont attrapé
Les secrets où vibre la chaîne
D'arpenteurs pour se lancer
Vers la plus lointaine
Des ententes
Et la vitesse a cédé sur les fils de sa toile …
Elle est risible sous les pulsations
Des voix qui disent
L'ému des mots
Ainsi – ô Muse -
Le va et vient des rêves
Et des espoirs
Traverse
La nuit comme une
Seule lampe et …
J'ai entendu
L'inattendu …
J'ai vu l'invisible
Avec votre
Regard si clair
De vie simple et …
Avec votre voix
Demeurant
Attentive au poème
Ici : tous les accents de la compagnie
Et toutes ces paroles qui
Semblaient étrangères
Me laissent à
La bouche
Un chant suave pour
Moduler sans entrave
Le cri d'une
Présence – celle qui fait
Disparaître la distance
Et je butine – bourdonnant -
Le cœur d'une
Humanité
Aventurée au creux profond
De la nuit enlevée
A l'espace de
L'horloge …
Même la misère n'aura pas
Sonné en vain sur
La fièvre de
Cette nuit !
Le poème ne tient ni pour
Déchéance – ni pour
Perdition : l'émulsion des sens
Et des sentiments dans
La durée de l'instant :
L'ailleurs est ici
Avec la seule
Promesse de
L'espoir
Combattant
Passant la brise glacée
Je m'en vais tâter
Le pouls de
L'aube …
Vite les lueurs mauves du ciel
Pâlissent …
Quelques miséreux mal couverts
Gardent dehors la clef
Du jour qui vient
Ils rentreront
A l'heure
Dans ce que l'on prend
Pour « la forêt des
Humains »
A petits pas tranquilles
Quelques petits travailleurs étrangers
« Infatigables » en appellent
A l'aurore qui – déjà – fait
Rougir cet horizon
Demeuré fauve avec sa crinière
De brume urbaine
Et j'entends vos appels aux rêves
O Muse qui semblez les peindre
Du velours royal
Dans le ciel par-dessus
Les toits
Je m'en vais harponner
Le silence dans
La clairière
Des humains amoureux
De l'Humanité -
Là – terminant ma nuit
Au café-croissant
A deux pas
D'ouvriers qui me souhaitent
La bienvenue alors que
Je plonge dans mes derniers mots
il y a 9 mois
M
Minod Alain
@minodAlain
La ville surprise par Avril qui a prise sur l'humaine condition Le merle a lancé ses trilles...Mais la ville est encore lourde de nouveautés à venir.
Le ciel le sait, lui qui pavoise en blanc à l'aurore, comme pour nous faire signe
d'attendre .
Les premiers véhicules mugissent ; ils montrent des yeux en éclairs. Gardons leurs
regards et leurs bruits de fauves...Leur vitesse nous apprend à être lestes, sauvages.
Cependant ces allures pressées par le travail nous dictent paix, tendresse, patience.
Le jour venu fait entendre des sirènes hurlantes qui assomment toutes rêveries sur
les bouches des avenues et au carrefour .
La terre dans la ville passe dans les arbres qui verdoient. La pierre en périphérie
a les couleurs des nuées ; elle ne sourit pas dans ses milles paupières fermées .
Tordu, serré par un écran blanc, l'azur semble condamné à être noyé sans traces.
Le fil d'avril a passé les fleurs !...Le vent a pleuré fort hier et … Aujourd'hui …
Le matin restera-t-il froid et blême . Nous ne nous sommes découverts, mais...
Une barre de platine s'est déposée au lointain, derrière les arbres ; elle s'élargit,
elle remonte la place et l'horizon demeure impassiblement blanc comme neige.
Alors le vent lance ses coups sur le drapeau qui se tord, sur l'auvent qui s'agite.
Viennent les troupeaux de voitures serrées de près par les feux du carrefour …
Bientôt neuf heures. Le temps se bâtit comme il peut sur cette terre d'humains.
Les enfants croisent dessous les nuées qui ...S'écartent … C'est aussi l'heure où
le savoir appelle. Ainsi le hasard se plie aux rythmes nouveaux de la saison ….
Alors insiste le droit d'aimer pour ces résurrections de l'azur sur fond blafard .
La terre remue le monde des humains qui voudraient ne plus rester à genoux …
Devant le destin fuyant …
On sautera contre les fenêtres lourdes d'une liberté fauve et grise ; on les ouvrira.
Notre liberté fera voler en éclats la feinte égalité des portes en périphérie urbaine .
Elle sera vive hors des poussières de Promesse , hors du fatum des temps actuels .
Elle sera une et forte des scissions de l'horizon, pour les miséreux errants sans toits,
pour les exilés parqués puis refoulés comme pour tous les humains qui passent en
courant presque, enfiévrés qu'ils sont par un travail qui enferme le savoir, son droit
et son choix, tous laminés par le règne inconditionnel du trafic qui ne voit rien, ni
ne sait arrêter sa machine infernale...Un travail qui apprend du soleil à être lumière
pour tous et réel enrichissement de l'âme et du corps ; un travail qui compose son
propre temps , jusques avec la pluie printanière, jusqu'à faire lever tous les germes
du renouveau … Voilà que des rayons d'argent puis de cuivre et d'or entrent dans
les bouches des carrefours !...
Mais les « pèlerins » du matin laborieux sont entrés comme dans un gouffre, ces
bouches qui les avalent … Pourvu que le soir rayonne encore pour les accueillir
et renforcer leur petit espoir :
La veille a besoin de cette aura pour gagner des rencontres pour des anges rebelles !!!
il y a 9 mois
M
Minod Alain
@minodAlain
Le printemps frappe déja aux portes de la ville La parole du vent hurle la rumeur qui souffle le soleil...
Son rayon pousse la liberté avec le remue-ménage dans le ciel à la peau pâle qui pèle ;
sa lueur cligne...Hésite...Elle tient.
Ce stylo sautille puis glisse sur la feuille trempée de lumière...
La douceur semble vouloir s'installer...
Les nuages – à grands coups de peigne – effilent l'azur au-dessus de l'encre des toits...
Tout le flan gauche du boulevard laisse épancher sa crème qui bave sur le trottoir...
A l'horizon brillant mouchettent les mouettes qui fouettent l'air avec leurs ailes.
Les arbres au corps de candélabres ont déjà lancé leurs filets aux murs.
Soleil ! Tu files derrière des remparts !
Drapeau attristé ! Tu te roules, comme
en berne, dans la fraîcheur !
Ruée des automobiles...Une rue dans la vitre remue...
La ville se secoue...Ses fleuves s'ébrouent .
Consonances des langues qui ouvrent au soir !
On tangue dans leurs flots...On entre dans leurs visages qui sourient de l'accueil.
La ville est un océan qui se mesure au monde et...Le ciel d'anges-nuages la couvent .
Les passants qui ont filé l'horizon lumineux de la pierre, jusqu'ici, se sont évanouis
au coin des rues
Et les toits, les fenêtres, sur le flan droit du boulevard, étincellent avant de se fondre
dans le gris qui libère les chuchotis du vent .
17h30
il y a 9 mois
M
Minod Alain
@minodAlain
Le temps a battu son plein... la nuit s'en va Le temps a battu son plein ... la nuit s'en va
La tête prise par mille feux qui enrubannent le boulevard ,
On se laisse porter dans la ville qui se réveille avant le jour .
Quelques fenêtres diamantent dans des hauteurs obscures ;
Elles retiennent de l'errance du regard .
L'horizon , rampe de la nuit serrée par les étoiles des lampadaires ,
Se soulève en couleur mauve .
Tout un théâtre de vie veillée par la Marianne noire , est encadré
Par les enseignes qui l'ensanglantent .
Une bise glacée sous l'auvent ; elle embrasse l'éveil …
Bleu plafond de la nuit qui décline …
Les liens de moins en moins lâches des silhouettes grises
Qui courent , courent ,
S'augmentent
Des files serrées de fauves aveuglants .
Tête rentrée dans la lèvre du boulevard ,
On est pris maintenant
Par l'accélération
Du rythme de
La circulation …
Les mots sont soufflés dans le gris du jour qui vient
Et la pierre pâle , hirsute , des immeubles
Ne nous laisse plus distinguer
Les lueurs des fenêtres .
L'horizon est aux filets noirs des arbres
Fondus dans un harnachement blanc
Du ciel …
Plus d'étoiles fixes … Plus de feux roulants … Plus de files serrées de fauves aveuglants .
Quelques passants se précipitent …
La première heure du jour est là , coïncidant avec la première affluence passée, appelée
Par le travail .
il y a 9 mois
M
Minod Alain
@minodAlain
Soleil en bandoulière nous entrons dans la nuit Soleil en bandoulière nous entrons dans la nuit
Soleil mou – plat et blanc comme vin
Chaleur tendre et douce dans l'assiette du ciel gris
Rivière clairsemée de poissons fauves
Entre rives murales
A crème brûlée
Ce festin qu'elle attendrait
A la barbe rousse d'un arbre
Secoue l'estomac
De la ville
Il creuse mes entrailles
Puisque je l'ai épousée...
Or la jeunesse est absente
Mais là où elle trempe
Le soleil s'ouvre
Ici il vient se faisant écho brillant
De ce qui commence...
Le printemps
Ne peut s'user à le reconnaître
On prend son temps
Pour dévoiler dessous leurs masques
Les tueurs de ce qui s'épanouit
Nous ne sommes plus au temps
Des menuets de cour
Scherzo bat
Le mouvement...
Le soleil – de voile en voile -
Descend sur notre
Table dégarnie
Le festin est nu
Et le vent lui souffle dessus...
Il se lève – couronnant
La fin d'un jour
De travail
Le travail ! Sans tête ni voix
Que celle des princes
S'émiette et
Siffle quand il se perd
Voici le merle gambadant vers nous
Il accrochera peut-être
Un trille à
L'ouverture de la partie pour
La ville sans dessein
Qui voit se lever un soir étincelant
Pour le désordre amoureux
Contre l'ordre fou
Des lois
Le festin est nu
Le travail est à nu
Mais les loups des princes dansants
Sont ôtés ! Et l'on voit
Des monstres
En vigie
Passer dans des rues sans fin
Avec des yeux injectés
Du sang de
La haine
On n'attend plus dans la veille
Les monstres sont à nu...
Il est tard déjà...
Dans son dernier sourire
L'astre flambant neuf
Nous lance un
Dernier regard
Et nous chevauchons déjà
L'ombre âcre et amère
Et nous nous dégageons
De l'âpre guerre des places
Et des sièges où ruminent
Les fantassins des
Princes
Notre vent dans nos voiles
Secoue tous les puissants
Dont nous sommes
Pourtant séparés
il y a 9 mois
M
Minod Alain
@minodAlain
Souffle ta partition O misère Souffle ta partition O misère !!
La misère est apocryphe
Mais elle peut écrire sur les fenêtres du monde
Sa grande partition de lumière
La misère est singulière
Elle ne s'autorise d'aucune promesse
Quand elle monte au créneau
Des révoltes
Ce Rien où elle se déploie
Rappelle l'errance à son air
Qu'elle fait fuguer
Des racines
Perdues
Au nulle-part
La misère creuse
Un horizon universel
A l'Humanité qui
Se cherche
Ses pas de plus en plus nombreux
Couvrent de grands espaces
Que nul guide ne peut plus
Intégrer aux chemins de
La fortune impériale
La misère est à l'étroit
Dans ce monde de rapines si rapides
Où les rats des riches
Prétendent l'enterrer
Comme en leurs
Grands trous
A notre sol
Soit-disant faits de « Notre sang pur »
Il y a encore derrière eux :
Des suceurs de sang qui
Traînent partout
Leurs dents de guerre et de chaos
Ainsi – ô Misère ! On te dit :
Invisible Sauvage Malpropre ou Rangée
Dans l'ordre hygiénique
Et bien visible
Des faisceaux et des fantassins
Impériaux et « nationalement
Nôtres »
Ainsi – ô Misère – Si tu n'es pas attachée
A nos « flonflons » militaires
Ni à nos oriflammes
Tu ne rassembles
Que pustules
Putréfiées !!!
Tu n'es identifiable autrement
Que comme marchandises
Et esclaves bons
A presser
Et – bien sûr on te renvoie – en notre nom
Ad patres – ad infernum
Là d'où tu viens
Si tu n'es pas estampillé par les saigneurs de chair
Qui font la loi de guerre
O Misère aux mille fleurs de pensée
Tu es déniée ou piétinée
Ou rejetée
Mais la tyrannie comme la terreur
Ne sauraient prendre pied
Dans nos têtes et
Dans nos cœurs
Pacifiques et accueillants !
Les va-t-en-guerres peuvent jouer
Une partie d'échec pour les rois
Qui sont toujours vainqueurs !
Mais si toi Misère tu n'écoutes la prophétie
Des barbares civilisés
Ou de ceux qui
Se targuent
D'une nouvelle pour leur paradis
Pour leur terre d'éden
Toutes celles criminelles qui
Se veulent supérieures
A l'Humanité
Alors les vendeurs de guerres
Et de cataclysme
T'apparaîtront
Comme des rois nus
Ces trônes – ces palais – ces châteaux – ces trésors
Ne pourront longtemps appeler Justice :
Ce chaos de sang et de famine
Si vous miséreux
Vous vous transformez en joueurs de flûte
Pour faire sortir les rats et les vampires
Du monde-chaos qu'ils
Réservent à
L'Humain
Qu'on t'entende rugir ! O Misère
Sur l'échiquier des rois
Qu'ils soient
Sans voix
Tous ces prétendus prophètes !
Que terreur – tyrannie
Et fantassins de
Tout royaume
Et empire
S'inclinent devant ton bon droit
Que leur opulence et leur chantages
Deviennent clairement
Faits de guerre
Contre le bon droit et
Apparaissent
Pour ce qu'ils sont :
Des chaînes pour l'esclavage de pays entiers et
Maintenant du nôtre
A travers toi ! O Misère !
O Misère d'ici et de partout
L'incendie gronde
Et prétend t'enrôler comme
Pompier pyromane
En ses flammes
Qui regorgent de prophéties nouvelles
Qu'ils rengorgent leur haine
Ceux qui font et défont
Le monde à leurs
Désirs de
Toute puissance et de paradis
Ton bon droit est ta raison
Qu'on l'entende
Ici
Dans ce qui demeure
Un empire pour
La fortune
Dressée contre toi
Et que ton invisibilité apparente
Ton anonymat – ton errance
Nous fassent respirer
D'un nouveau
Souffle
Capable de mener un long combat
Pour la liberté de l'égal
En toute paix et
Humanité
Dans la force de nos différences !
il y a 9 mois
M
Minod Alain
@minodAlain
Un nouveau départ Décachetée : la lettre de la paix
Au silence – dans le vent -
Sur cette rue-fleuve
Où l'on attend
L'ondée
Et
L'on boit au soleil
Clignotant dans les yeux...
Silence ouvert
Sur la rapidité d'un monde bruissant sans départ
Et roulant indifférent – sans fin autre
Que dans les feux qui se veulent
Durables et intermittents
O Silence ! Tu as fait ce pas de côté
Près de l'arbre roux qui a jeté
Ses fleurs et …
S'enrobe dans l'ombre
D'un grand mur
Oui ! Silence – tu suis son savoir
Installé là et … :
Toujours neuf
Et secret
Dans la ville où nous nous ruons le matin
Où nous cheminons le soir...
Nous aimons – ô Silence – tirer le vif
D'un monde par toi suspendu
Et...Comme l'azur
Est beau quand
Il y plonge !
Nous n'attendons rien des pourquoi
Qui ne sont incisifs
Qu'à t'interrompre
O Toi
Pour un monde de divagations
Qui te sont étrangères
Bruyantes et..
Sans âme
Réelle
Mais...Tout un courant
Nous porte encore là
A espérer dans
L'éclat de la lumière qui y rayonne -
Là – pour porter une plume
Aux pas fervents dans un hasard rebelle...
Elle s'y inscrit à ton appel -
O Silence -
Dans toutes les rencontres avec la nouveauté
Dans l'amour déployé !
Oui ! Silence- tu vas et pénètres
Le sang de toutes les paroles naissantes
Qui ne veulent s'éteindre
Sous les coups forcés des jeux bavards de la fortune
Un pas vers le désespéré
S'ajoute à celui qui disloque ce jeu !
O Pensée des ensembles bleus où
Se disloquent les nuées...
Il y a cette harmonie -
Elle aussi : rebelle et inscrite
Dans les ruptures instantanées d'avec
Le chaos tendu vers
D'obscurs calculs
D'alignements
Probables
Des éclairs sur quelle fin autre
Que celle d'une accumulation -
Toujours vaine -
D'un plus à valoir sur
Le temps qui travaille !
Or ce temps passe alors à l'orage
Tonitruant dans le silence
Mais le relançant
A chaque coup
Porté par
Le vent
Dans ce flux des nuées
Indifférentes à celui
D'artifices
Sonnant et tonnant
En vains tintamarres !
Et voilà qu'il y a eu cette parole
Explosant sous toutes ondées
En appelant encore
Une autre puis
Une autre
Dans l'aujourd'hui qui n'attend rien !
Il y a eu ce moment entraînant
Avec lui : la plus belle
Rencontre :
Celle de la vie neuve sans plus bruit
Que celui de la levée de
Nouvelles harmonies
En disharmonie
Entre son vent
Et ce flux du fictif si sonore
Jeté contre elle qui – pourtant
Est bien ville qui défile
Défiant toute
Fluctuation
Autre que
L’irrémédiable tempête
Où elle s'est avancée...
Le temps de passer maintenant
Outre les jeux du
Prétendu hasard qui n'est que
Celui de l'oubli de l'oubli
Où ceux-ci
S'abandonnent comme
Dans un grand miroir
Trouble où ne vient pourtant se perdre
La force de
La parole vive et sa musique
Drainant avec elle
Le profond
Silence
Et celui-ci est là – alerté par le chant
D'un merle avalant le chaos
Où s'abandonne
Le fleuve cursif de toute circulation -
Et buvant à l'eau du ciel
Abandonnée là
Sur l'arbre
Qui goutte cristallin dans la lumière
Où le soleil insiste
Un instant
Devant l'ombre du grand mur !
O Foules irruptives ! Vous l'avez avec vous
Ce silence et ce chant
Et...Quelque soient
Les incertitudes du temps...
Vous l'avez remonté
Avec votre houle
Ce courant
Des pourquoi perdus dans les fleuves
Du grand monde et l''avez
Interrompu !
Et l'écho de vos pas fébriles
Rentre dans l'alerte silencieuse
Où se rejoignent
Aujourd'hui
Les solitudes dispersées
Là où – érigées en peuple- s'inventent
Les soubresauts nouveaux
D'un orchestre !
Et voilà la musique !
Elle s'enfile dans
Tous les rameaux d'une paix
Sortant des tensions
Et des fracas
Vides
Parce que pleins des faire-valoir
En avoirs accumulés
Au détriment
Affirmé de l'être-même
Qui se cherche
Dans chaque soleil de la pensée
En chaque pas
Que tu fais
O Silence - dans le tintamarre et le chaos
Où insiste ce pauvre monde !
Que compte ce pas où s'est engouffrée
La musique des singuliers
Dans la foule levée de
Leur anonymat
Rejeté sans amour et dans
L'oubli de l'humaine
Condition par
Tous ces faux apôtres bruyants
Du « labeur »
Oui tout travail ne vaudrait
Qu'abandonné à
La vitesse et à l'intensité
Des peines allant
Jusqu'à sa perte et son rejet-même
Jusqu'à la guerre qui
En serait
Son affirmation « volontaire » !
Ainsi tonitruent les « faiseurs » et
Les « constructeurs » !
Ils détruisent – guerroient !
Mais même la patience du bœuf - sans dents !
Est morte !
Oui ! Il y a ce pas
Qui compte tous
Nos silences
Et les relève maintenant
Hors du voile épais
Jeté sur eux et
Lisible comme dans la grande lettre
Décachetée de Notre paix
Par un art neuf
En chemin !
il y a 9 mois
M
Minod Alain
@minodAlain
Vous avez souleve les questions O freres assassines ! Changer la vie – l'habiter …
Toujours penser la blessure des jours quand ont été rayés des corps
De la carte du tendre – avec la vitesse habituelle à la terreur
La panser avec le baume de l'instant jamais livide
Au creux alors palpable du temps
Ne pas escamoter ce vide
Qui se couche dans les draps des morts et monte au fanal de l'Histoire
Comme l'insondable miroir de la promesse sans chair ni os
Que « la guerre totale » nous traverse
De nouveau et nous atteint
Oui ! Que le vide paisse dans l'armoire aux médailles
Vous lui direz votre vérité O Les obscurs
Pour qu'elle ne s'en aille pas
Avec les revenants
Oui ! Ils nous font marcher au pas des honneurs bâtis
Dans la fausse gloire des héritages morts
Au dernier printemps de la splendeur
Candide mais révoltée
Et qui maintenant pérore d'amour sage et de paix en nous-mêmes
Pour appuyer là où ça fait mal : cette blessure
Ressentie pour la mort de frères
Et maintenant ne prions plus
Dans l'absence au monde !
L'exception est aujourd'hui la règle et la mesure de nos temps
Embourbés dans le suif de tous Pouvoirs
Qui coule en courbe raide
Du banal érigé
En vertu...
Jusqu'à cet air vicié où s'étalent des amours intimes
Avec leurs têtes si laides et si protubérantes
Sur le faîte de tous nos espoirs
Qu'ils assaillent le sentiment
Serré aux bras des vaillants
Coursiers de l'impossible :
Ce bien réel et infini univers de l'amour
Faisant fi de tout prétexte à resserrer
Les fers de la domination !
Le mensonge s'érige en règle de nos songes
Pour paraître immunisé de toute passion
Exceptée celle du Pouvoir qui sait
Récupérer tous nos frères
Assassinés par la terreur
Pour faire taire les voix
Fraternelles et libres
Il faut être raisonnable sans raison ni pourquoi
Il faudrait s'aligner sur le « qu'en dira-t-on »
Ne pas hausser le ton sauf si c'est
Pour tonner avec narcissiques
Accents contre toute
Radicale question …
De celles visant à désengager le flux même du sang versé
De tout trafic chaotique – mobile – guerrier
Et si mortifère qu'il nous laisse
Que la survie
Ne pas mourir donc comme si l'éternité dans l'instant
Devait toujours nous être promise et …
Ainsi abandonner notre pays
A la célérité d'exception
Comme règle hors-droit
De notre survie :
Ce pouvoir sur
Nos vies !!!
Oui ! Le vide est là propice à toute question essentielle !
Nous pouvons gagner la chair de nos âmes
En soulevant l'instant où ne bavardent
Que ces rhéteurs importuns
Pressés par l'autre guerre
Qu'ils nous font …
Changer la vie en la mesurant à l'aune de toute aube
Où voyager de la nuit au jour sans craindre
Ce moment gris où tout ciel
Semble se confondre
Avec notre terre …
Puis … Nous la rattachons cette terre à la diagonale
De la lumière naissante – pensant l'être vivace
D'un temps levé pour réaliser
Tant de rêves ...
Qu'ils aient été de simples étoiles filantes avec
Ces vœux du pouvoir lancés à la cantonade
D'en finir avec notre désir
De changer la vie …
Oui ! Du vide nous les mesurons ces vies outrepassées
A la plénitude de l'instant libéré
Par nos chairs liées aux
Âmes disparues
Nous rappelant
Leur liberté
Mais quelqu'un peut-il effacer – assassiner le soleil pour tous ?
Et si nous ne donnons ni dans « la guerre totale »
Ni dans tout ce qui ressemble
Au « Viva la Muerte ! »
Nous saurons faire vivre la paix même si elle est guettée
Par l'infâme – le vide – le banal et l'exception...
Changer la vie ne doit être sacrifié
Sur l'autel de la « Sécurité »
Le silence auquel on nous oblige ne saurait être avalé
Par notre désir solaire de voir briller
La justice – la paix – nos droits
A vivre autrement que
Dans ce monde qui
Va à notre perte !
Nous ne négocions pas notre aspiration au bonheur
Nous ne négocions aucun Pouvoir
Ils sont morts ou blessés
Ces êtres libres !
Nous leur laissons notre dernier mot :
Qui est aussi le leur :
« La liberté on ne
L'assassine pas »
Et « Que la terreur qui vous a touchés de plein fouet
N'accouche pas ici de la tyrannie »
Vous seriez affligés
De savoir
Que nous n'avons rien appris de la fraternité
Calcaire Des fuseaux d’une netteté prodigieuse s’entrecroisent sur l’étendue entière du calcaire graphique. De toutes nuances, entre chamois et brique. Ils dessinent de grandes sauterelles polygonales serrées et mêlées, élytres bruyants et longues pattes égarées, la tête de l’une accrochée à l’abdomen de l’autre. Les acridiens enchevêtrés projettent comme sur un papier peint leur grouillement vorace, analogue aux boules d’ivoire japonaises qui roulent des rats ou des crabes se dévorant entre eux en une parfaite, sphérique et ignoble continuité. Ici, tout est plat, anguleux et diagonal.
A travers les corps soudés des insectes, les séparant d’un trait appuyé, puis soudain les traversant d’outre en outre, courent des filaments ramifiés comme nerfs ou artérioles rigides. Les plus minces sont métallisés, les autres constitués de cristaux minuscules. Leur réseau reste mat, tant qu’il ne réfléchit pas la lumière. Mais qu’on dirige la pierre de façon qu’elle capte un rayon, voici que s’illuminent les ternes filets. Une électricité chevelue circule parmi les criquets en caque. Un fouet à multiples lanières les cingle de mèches agiles, de frissons de mercure furtif. La plaque ruisselle d’éclairs. En montagne, à la fonte des neiges, les prés sont ainsi zébrés d’eaux vives qui dévalent des poches d’ombres où les névés se sont accumulés. C’est un émoi, une fête de gouttelettes et d’écume, une course panique sans but vers le niveau le plus bas qu’un argent sauvage cherche à atteindre le plus vite, rebondissant jusqu’à s’exténuer, épongé avec peine par un sol déjà gorgé. Sur la tranche polie du calcaire, les canaux de feu étendent un peuple de radicelles que ne guette aucun épuisement prochain. Un geste les assoupit, un autre les éveille et voici leur fontaine bruire et miroiter, déverser leur ardente coulée dans les rigoles ménagées pour leur incandescence par la finesse réfractaire où elle se faufile et s’étale.
Au-dessus des sillons lumineux, dans un bref canton préservé de la pluie des obliques : un disque lointain, une pastille minuscule que son éclat de plomb écorché fait reconnaître comme l’image du triste Saturne.
il y a 9 mois
Roger Caillois
@rogerCaillois
Le château Le fond de la pierre est bistre pâle. Le profil d’un vaste château s’y découpe en brun luisant. Sous une lumière rasante, le fond devient mat et le sombre édifice miroite d’un éclat presque métallique. Les valeurs changent, les contours demeurent. De profonds chemins de ronde séparent les enceintes successives. Au centre, une tour à plusieurs étages domine l’ensemble des constructions. Il s’agit d’une coupe transversale sans épaisseur ni perspective, qui donne seulement l’élévation du bâti¬ ment imaginé. Si haut qu’on le suppose, il est encore dominé, ombragé par de larges feuilles inclinées de fou¬ gères arborescentes. Elles déploient leur dentelle bien au-dessus des tours. Le spectateur se demande quelle végétation a pu développer d’aussi gigantesques ramages, qui réduisent un palais à la dimension d’une maison de poupées. L’œil hésite et, ne sachant que choisir pour échelle de grandeur, tour à tour magnifie la fou¬ gère et amoindrit l’édifice. À droite, dans le ciel, des oiseaux tourbillonnent ; à gauche, il n’y en a qu’un, mais immense ; les ailes déployées et le cou tendu vers le bas, il fond sur les terrasses inégales où s’agite un étrange peuple.
Car le château est habité ; sur chaque terrasse, au fond de chaque fossé, dans chaque fenêtre ou escaladant les murs, se tiennent des silhouettes parallèles, orientées dans la même direction et figées dans la même attitude. Ces personnages fort distincts, quoique maladroitement tracés, semblables aux «bonshommes» que dessinent les enfants, sont tous debout, de profil, tournés vers la droite. Comme s’ils étaient aveugles, ils étendent leurs bras loin devant eux, dans le vide ou jusqu’à la paroi pro¬ chaine. Eux aussi ne sont qu’ombres chinoises. Leur absence d’épaisseur ajoute à l’irréalité de la scène. Que regardent ces êtres plats ? Où se dirigent-ils ? Leur geste est-il de protection ou de vénération ? Tout à droite, de l’autre côté d’une sorte de pont, la seule silhouette qui soit différente semble les attendre. Elle n’est pas de pro¬ fil. Une tache blanche lui donne l’ébauche d’un visage. Toute la scène est trois fois traversée par l’étincelle céleste ; biffée du zigzag blanc de l’éclair à l’instant où il foudroie un univers dément.
À plusieurs points de vue, rien ne ressemble davantage à une image.
il y a 9 mois
É
Éphraïm Mikhaël
@ephraimMikhael
Le magasin de jouets Je ne me rappelle plus à présent ni le temps, ni le lieu, ni si c'était en
rêve... Des hommes et des femmes allaient et venaient sur une longue promenade
triste; j'allais et je venais dans la foule, une foule riche, d'où montaient des
parfums de femmes. Et malgré la splendeur douce des fourrures et des velours qui
me frôlaient, malgré les rouges sourires des lèvres fraîches, entrevus sous les
fines voilettes, un ennui vague me prit de voir ainsi, à ma droite, à ma gauche,
défiler lentement les promeneurs monotones.
Or, sur un banc, un homme regardait la foule avec d'étranges yeux, et, comme je
m'approchais de lui, je l'entendis sangloter. Alors je lui demandai ce qu'il
avait à se plaindre ainsi, et, levant vers moi ses grands yeux enfiévrés, celui
qui pleurait me dit: « Je suis triste, voyez-vous, parce que depuis bien des
jours je suis enfermé ici dans ce Magasin de jouets. Depuis bien des jours et
bien des années, je n'ai vu que des Fantoches et je m'ennuie d'être tout seul
vivant. Ils sont en bois, mais si merveilleusement façonnés qu'ils se meuvent et
parlent comme moi. Pourtant, je le sais, ils ne peuvent que faire toujours les
mêmes mouvements et que dire toujours les mêmes paroles.
« Ces belles Poupées, vêtues de velours et de fourrures et qui laissent traîner
dans l'air, derrière elles, une énamourante odeur d'iris, celles-là sont bien
mieux articulées encore. Leurs ressorts sont bien plus délicats que les autres,
et, quand on sait les faire jouer, on a l'illusion de la Vie. »
Il se tut un moment; puis, avec la voix grave de ceux qui se souviennent:
« Autrefois, j'en avais pris une, délicieusement frêle, et je la tenais souvent
dans mes bras, le soir. Je lui avais tant dit de choses très douces, que j'avais
fini par croire qu'elle les comprenait; et j'avais tant essayé de la réchauffer
avec des baisers que je la croyais vivante. Mais j'ai bien vu après qu'elle
était aussi, comme les autres, une Poupée pleine de son.
« Longtemps j'ai espéré que quelque Fantoche ferait un geste nouveau, dirait une
parole que les autres n'eussent point dite. Maintenant, je suis fatigué de leur
souffler mes rêves. Je m'ennuie et je voudrais bien m'en aller de ce Magasin de
jouets où ils m'ont enfermé. Je vous en supplie, si vous le pouvez, emmenezmoi
dehors, dehors, là où il y a des Etres vivants ».