Titre : Compter les moutons noirs
Auteur : Christian Castillo
Ces regards délaissés auront froissé nos peines
Dans nos draps enterrés, une autre fin demeure
Ces nuits lancinantes auront faim de nos veines
Ces cercueils confortables où l’angoisse hante l’heure
Ces sommeils forcés finis dès qu’ils s’entament
Chaque chose en son temps prend le temps de mourir
Ces oublis minutieux ne rendent jamais l’âme
Sans hasard ni fatigue, le tri des souvenirs
Nos tristes baisers sur le plafond blanc se peignent
Ces reflets de salive et de larmes nous noient
Sous la froideur du vide où les espoirs se saignent
Cette chaleur des corps qui nous manque au surcroit
Ces ténèbres vainqueurs et l’esprit s’accommode
Du sourire strident des grincements de lit
Conversation lugubre en guise de chant ou d’ode
Un point d’orgue, une attente, en plein milieu de vie.