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Clément Marot

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Clément Marot, né vers 1496 à Cahors et mort le 12 septembre 1544 à Turin, est un poète français. À la fois héritier des auteurs de la fin du XVe siècle et précurseur de la Pléiade, il est sans conteste le poète le plus important de la cour de François Ier. Malgré la protection de Marguerite de Valois-Angoulême (Marguerite de Navarre (1492-1549)), la propre sœur du roi, ses sympathies marquées pour la Réforme lui valent plusieurs emprisonnements et deux exils.

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Poésies

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    À Anne qu'il regrette Incontinent que je te vis venue Tu me semblas le clair soleil des cieux Qui sa lumière a longtemps retenue, Puis la fait voir luisant et gracieux. Mais ton départ me semble une grand'nue, Qui se vient mettre au devant de mes yeux ; Pas n'eusse cru que de joie advenue Fut advenu regret si envieux".

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    À Anne, lui déclarant sa pensée Puisqu'il vous plaît entendre ma pensée, Vous la saurez, gentil cœur gracieux. Mais je vous prie ne soyez offensée. Si en pensant suis trop audacieux. Je pense en vous et au fallacieux Enfant Amour, qui par trop sottement A fait mon cœur aimer si hautement, Si hautement, hélas, que de ma peine N'ose espérer un brin d'allégement. Quelque douceur de quoi vous soyez pleine.

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    À la fille d'un peintre d'orléans, belle entre les autres Au temps passé Apelle ' peintre sage Fit seulement de Vénus le visage Par fiction : mais (pour plus haut atteindre) Ton père a fait de Vénus (sans rien feindre) Entièrement la face et le corsage. Car il est peintre, et tu es son ouvrage, Mieux ressemblant Vénus de forme et d'âge, Que le tableau qu'Apellc voulu peindre Au temps passé. Vrai est qu'il fit si belle son image, Qu'elle échauffait en amour maint courage. Mais celle-là que ton père a su teindre Y met le feu, et a de quoi l'éteindre : L'autre n'eut pas un si gros avantage Au temps passé.

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    À la jeune dame mélancolique et solitaire Par seule amour, qui a tout surmonte, On trouve grâce en divine bonté, Et ne la faut par autre chemin querre. Mais tu la veux par cruauté conquerre, Qui est contraire à bonne volonté. Certes c'est bien à toi grand cruauté, De user en deuil la jeunesse et beauté, Que t'a donné Nature sur la terre Par seule amour. En sa verdeur se réjouit l'été, Et sur l'hiver laisse joyeuseté. En ta verdeur plaisir doneques asserre, Puis tu diras (si vieillesse te serre) : « Adieu le temps qui si bon a été Par seule amour ! »

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    À la terre O Terre basse, où l'homme se conduit, Réponds (hélas) à ma demande triste : Où est le corps que tu avais produit, Dont le départ me tourmente et contriste? L'avais-tu fait tant bon, tant beau, tant mistc, Pour de son sang teindre les dards pointus Des Turcs maudits ? Las, ils n'en ont point eus De plus aimant vrai honneur que icelui ; Qui mieux aima là mourir en vertus Qu'en déshonneur suivre plusieurs battus. Tel vit encor qui est plus mort que lui.

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    À Madame Jehanne Gaillarde D'avoir le prix en science et doctrine Bien mérita de Pisan la Christine Durant ses jours : mais ta plume dorée D'elle serait à présent adorée, S'elle vivait par volonté divine. Car tout ainsi que le feu l'or affine, Le temps a fait notre langue plus fine, De qui tu as l'éloquence assurée D'avoir le prix. Doncques, ma main, rends-toi humble et bénigne, En donnant lieu à la main féminine : N'écris plus rien en rime mesurée, Fors que tu es une main bien heurée, D'avoir touché celle qui est tant digne D'avoir le prix.

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    À Monsieur de Bei.I.Eville En attendant que plus grand œuvre fasse, Pour présenter devant la claire face De Diana , Seigneur tant estimé, Prends cet écrit mal poli et limé : Et si lourd suis, mes offenses efface. Si répondrai-je à ton envoi, qu'Horace N'amenderait. Voire mais, quand sera-ce? Tu le sauras par ce rondeau rimé En attendant. Ce sera lors que ma Muse trop basse Se haussera pour louer l'outrepasse En bruit et los qui par tout est semé. Loyal Amant très digne d'être aimé, Veuille-moi mettre et tenir en sa grâce En attendant.

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    À Nature Hélas, Nature, où est la bonne grâce Dont tu le fis luire par ses effets? Formé l'avais beau de corps et de face, Doux en parler, et constant en ses faits. D'honnêteté était l'un des parfaits, Car en fuyant les piquants épinettes D'oisiveté, flûtes et épinettes Bruire faisait en très douce accordance. Du luz sonnait motets et chansonnettes. Danser savait avec et sans sonnettes. Las, or est-il à sa dernière danse.

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    À ses amis, auxquels on rapporta qu'il était prisonnier Il n'en est rien, de ce qu'on vous révèle. Ceux qui l'ont dit ont faute de cervelle, Car en mon cas il n'y a méprison, Et par-dedans ne vis jamais prison : Doncqucs, amis, l'ennui qu'avez, ôtez-le. Et vous, causeurs pleins d'envie immortelle, Qui voudriez bien que la chose fût telle, Crevez de deuil, de dépit, ou poison : Il n'en est rien. Je ris, je chante en joie solennelle, Je sers ma Dame, et me console en elle, Je rime en prose (et peut-être en raison), Je sors dehors, je rentre en la maison. Ne croyez pas doneques l'autre nouvelle : II n'en est rien.

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    A la mer O cruauté de impétueuses vagues, Mer variable, où toute crainte abonde, Cause mouvant, dont trop cruelles dagues L'ont fait périr de mort tant furibonde. Si haut désir de connaître le monde T'avait transmis si gentil personnage, Las ! fallait-il qu'en la fleur de son âge Par-devers toi si rudement le prinses, Sans plus revoir la cour des nobles Princes, Où tant il est à présent regretté ? O mer amère, aux mordantes espinces ; Certainement, ce qu'arrêtes et pinces, Au gré de tous est trop bien arrêté.

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    A la mort Las, or cst-il à sa dernière danse, Où toi, la Mort, lui as fait sans soûlas Faire faux pas et mortelle cadence, Sous dur rebec sonnant le grand hélas. Quant est du corps, vrai est que meurtri l'as, Mais de son bruit, où jamais n'eut frivole, Maulgré ton dard, par tout le monde il vole, Toujours croissant, comme lys qui fleuronne. Touchant son âme, immortelle couronne Lui a donné celui pour qui mourut ; Mais quelque bien encor que Dieu lui donne, Je suis contraint par amour, qui l'ordonne, Le regretter, et maudire Baruth.

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    Adieux a la ville de Lyon Adieu Lyon qui ne mors point, Lyon plus doulx que cent pucelles. Sinon quand l'ennemy te poingt: Alors ta fureur point ne celles. Adieu aussy à toutes celles Qui embellissent ton séjour; Adieu, faces claires et belles. Adieu vous dy, comme le jour. Adieu, cité de grand valleur, Et citoyens que j'ayme bien. Dieu vous doint la fortune et l'heur Meilleur que n'a esté le mien. J'ay de vous receu tant de bien, Tant d'honneur et tant de bonté. Que voulentiers diroys combien : Mais il ne peult estre compté. Adieu les vieillardz bien heureux, Plus ne faisans l'amour aux dames, Toutesfoys tousjours amoureux De vertu, qui repaist voz âmes: Pour fuyr reproches et blasmes. De composer ay entreprins Des epitaphes sur voz lames, Si je ne suis le premier prins. Adieu, enfans pleins de sçavoir, Dont mort l'homme ne déshérite ; Si bien souvent me vinstes veoir, Cela ne vient de mon mérite : Grand mercy, ma Muse petite, C'est pour vous, et n'en suis marry : Pour belle femme l'on visite A tous les coups ung laid mary. Adieu la Saône, et son mignon Le Rhosne, qui court de vitesse; Tu t'en vas droict en Avignon, Vers Paris je prends mon adresse. Je diroys : adieu ma maistresse ; Mais le cas viendrait mieulx à poinct Si je disoys : adieu jeunesse Car la barbe grise me poingt. Va, Lyon, que Dieu te gouverne; Assez long temps s'est esbatu Le petit chien en ta caverne, Que devant toy on a batu. Finablement, pour sa vertu, Adieu des foys ung million A Tournon, de rouge vestu. Gouverneur de ce grand Lyon.

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    Au roi, du temps de son exil a ferrare Pour revenir doncques à mon propos, Rhadamanthus avecques ses suppôts Dedans Paris, combien que fusse à Blois, Encontre moi fait ses premiers exploits, En saisissant de ses mains violentes Toutes mes grandes richesses excellentes, Et beaux trésors, d'avarices délivres , C'est à savoir mes papiers et mes livres Et mes labeurs. Ô juge sacrilège, Qui t'a donné ni lois ni privilège D'aller toucher et faire tes massacres Au cabinet des saintes Muses sacres ? Bien est-il vrai que livres de défense3 On y trouva ; mais cela n'est offense A un poète, à qui on doit lâcher La bride longue et rien ne lui cacher, Soit d'art magique, nécromance ou caballe ; Et n'est doctrine écrite ni verbale, Qu'un vrai poète au chef ne dut avoir, Pour faire bien d'écrire son devoir. Savoir le mal est souvent profitable. Mais en user est toujours évitable. Et d'autre part, que me nuit de tout lire ? Le grand donneur m'a donné sens d'élire En ces livrets tout cela qui accorde Aux saints écrits de grâce et de concorde. Et de jeter tout cela qui diffère Du sacré sens, quand près on le confère ; Car l'Ecriture est la touche où l'on trouve Le plus haut or. Et qui veut faire épreuve D'or quel qu'il soit, il le convient toucher A cette pierte et bien près l'approcher De l'or exquis, qui tant se fait paraîtte, Que, bas ou haut, tout autre fait connaître. (...) Puis tôt après, royal chef couronné, Sachant plusieurs de vie trop meilleure Que je ne suis être brûlés à l'heure, Si durement, que mainte nation En est tombée en admitation1. J'abandonnai, sans avoir commis crime, Eingrate France, ingrate, ingratissime A son poète : et en la délaissant, Fort gtand regret ne vint mon cœur blessant Tu mens, Marot ! grand regret tu sentis, Quand tu pensas à tes enfants petits. Enfin, passai les grand froides montagnes Et vins entrer aux lombardes campagnes, Puis en l'Itale , où Dieu qui me guidait Dressa mes pas au lieu où résidait De ton clair sang une princesse humaine, Ta belle-sceur et cousine getmaine, Fille du roi tant craint et renommé Père du peuple aux chroniques nommé. En son duché de Ferrare venu,

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    Aux damoiselles paresseuses d'écrire a leurs amis Bonjour : et puis, quelles nouvelles ? N'en saurait-on de vous avoir? S'en bref ne m'en faites savoir, J'en ferai de toute nouvelles. Puisque vous êtes si rebelles, Bon vêpre, bonne nuit, bonsoir, Bonjour ! Mais si vous cueillez des groselles, Envoyez-m'en ; car, pour tout voir, Je suis gros, mais c'est de vous voir Quelque matin, mes damoiselles : Bonjour !

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    Ballade de la passion de notre seigneur Jesus-Christ Le pélican de la forêt célique Entre ses faits tant beaux et nouvelets, Après les cieux et l'ordre archangélique. Voulue créer ses petits oiselets, Puis s'envola, les laissa tous seulets, Et leur donna, pour mieux sur la terre estre, La grand'forêt de paradis terrestre, D'arbres de vie amplement revêtue, Plantés par lui, qu'on peut dite en tout estre Le pélican, qui pour les siens se tue. Mais cependant qu'en ramage musique Chantent au bois comme rossignolets, Un oiseleur cauteleux et inique Les a déçus2 à glu, rets et filets ; Dont sont bannis de jardins verdelets, Car des hauts fruits trop voulurent repaître, Par quoi en lieu sentant poudre et salpêtre Par plusieurs ans mainte souffrance ont eue, En attendant du beau lieu champêtre Le pélican qui pour les siens se tue. Pour eux mourut cet oisel déifique, Car du haut bois, plein de saints angeiets, Vola ça bas par charité pudique. Où il trouva corbeaux très ords3 et laids, Qui de son sang ont fait maints ruisselets, Le tourmentant à dextre et à senestre, Si que sa mort, comme l'on peut connaître A ses petits a la vie rendue. Ainsi leur fit sa bonté apparaître Le pélican qui pour les siens se tue. ENVOI Les corbeaux sont ces juifs exilés, Qui ont à tort les membres mutilés Du pélican, c'est du seul Dieu et maître. Les oiselets sont humains qu'il fit naître ; Et l'oiseleur, la serpente tortue Qui les déçut leur faisant méconnaître Le pélican, qui pour les siens se tue.

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    Bon espoir Va-t'en ailleurs, fausse Vieille dolente, Grande ennemie à Fortune et Bonheur, Sans fourvoyer par ta parole lente Ce pauvre humain hors la voie d'honneur; Et toi, ami, crois-moi, car guerdonneur Je te ferai, si craintif ne te sens : Crois donc Mercure, emploie tes cinq sens, Cœur et esprit et fantaisie toute A composer nouveaux mots et récents En déchassant crainte, souci et doute. Car celle-là vers qui tu as entente De t'adresser est pleine de liqueur D'humilité, cette vertu patente, De qui jamais vice ne fut vainqueur. Et outre plus, c'est la dame de cœur Mieux excusant les esperits et sens Des écrivains, tant soient-ils innocents, Et qui plutôt leurs misères déboute. Si te supplie, à mon vueil condescends, En déchassant crainte, souci et doute. Est-il possible, en vertu excellente Qu'un corps tout seul puisse être possesseur De trois beaux dons, de Juno l'opulente, Pallas, Vénus? Oui : car je suis sûr Qu'elle a prudence, avoir, beauté, douceur, Et des vertus encor plus de cinq cents. Parquoi, ami, si tes dits sont décents, Tu connaîtras (et de ce ne te doute) A quel honneur viennent adolescents En déchassant crainte, souci et doute. Envoi Homme craintif, tenant rentes et cens Des Muses, crois, si jamais tu descends Au val de peur, qui hors d'espoir te boute, Mal t'en ira : pource à moi te consens En déchassant crainte, souci et doute.

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    Chant de Mai et de vertu Volontiers en ce mois ici La terre mue et renouvelle. Maints amoureux en font ainsi, Sujets à faire amour nouvelle Par légèreté de cervelle, Ou pour être ailleurs plus contents ; Ma façon d'aimer n'est pas telle, Mes amours durent en tout temps. N'y a si belle dame aussi De qui la beauté ne chancelle ; Par temps, maladie ou souci, Laideur les tire en sa nacelle ; Mais rien ne peut enlaidir celle Que servir sans fin je prétends ; Et pour ce qu'elle est toujours belle Mes amours durent en tout temps.

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    Chant nuptial du mariage de Madame Renée Qui est ce duc venu nouvellement En si bel ordre et riche à l'avantage ? On juge bien à le voir seulement, Qu'il est issu d'excellent parentage. N'est-ce celui, qui en fleurissant âge Doit épouser la princesse Renée ? Elle en sera (ce pensé-je) estrenée : Car les hautbois l'ont bien chanté anuit, Et d'un accord, et tous d'une aliénée Ont appelé la bienheureuse nuit. O nuit, pour vrai si es-tu bien cruelle, Et tes excès nous sont tous apparents, Tu viens ravir la royale pucelle Entre les bras de ses propres parents, Et qui plus est, tu la livres et rends Entre les mains d'un ardent et jeune homme ; Que firent pis les ennemis à Rome, N'a pas longtemps par pillage empirée ? Or derechef, cruelle je te nomme ; Pourquoi es-tu donques nuit désirée ? Je me desdis, tu n'es point nuit cruelle. Tes doux effets nous sont tous apparents. Tu prends d'Amour et de gré la pucelle Entre les mains de ses nobles parents, Et qui plus est, deux cœurs en un tu rends En chaste lit fous nuptial affaire : Ce qu'autre nuit jamais n'aurait sut faire. Bref, ta puissance est grande et point ne nuit ; Ce que tu fais on ne saurait défaire ; Ô très puissante et bienheureuse nuit ! Fille de roi, adieu ton pucellage ; Et toutefois tu n'en dois faire pleurs. Car le pommier, qui porte bon fruitage, Vaut mieux que celui qui ne porte que fleurs. Roses aussi de diverses couleurs. Si on ne les cueille, sans profiter périssent, Et si on les cueille, les cueillant, les chérissent. Prisant l'odeur qui d'elles est tirée, Si de toi veux, que fruits odorants issent, Fuir ne faut la nuit tant désirée. Et d'autre part ta virginité toute Ne t'appartient, en quatre elle est partie : La part première elle est au roi (sans doute) L'autre à Madame est part droit départie, La sceur du roi a la tierce partie. Toi, la quatrième. Or ils donnent leurs droits A ton mari, veux-tu combattre à trois. Trois (pour certain) qui en valent bien huit ? Certes je crois que plutôt tu voudrais Que déjà fut la bienheureuse nuit. Ta douce nuit ne sera point obscure Car Phébé lors plus que Phébus luira. Et si Phébé a de te voir grand cure. Jusqu'à ton lit par les vitres ira, Vénus aussi la nuit éclaircira, Et Vesperus qui sur le soir s'enflamme, Hymeneus, qui fait la fille femme. Et chaste Amour, aux noces préférée, Te fourniront tant d'amoureuse flamme. Qu'ils feront jour de la nuit désirée. Vous qui soupez, laissez ces tables grasses ; Le manger peu vaut mieux pour bien danser. Sus aumôniers, dites vitement grâces, Le mari dit qu'il se faut avancer ; Le jour lui fâche, on le peut bien penser. Dames, dansez, et que l'on se déporte (Si m'en croyez) d'écouter à la porte, S'il donnera l'assaut sur la minuit ; Chaut appétit en tel lieu se transporte ; Dangereuse est la bienheureuse nuit. Dansez, ballez, solennisez la fête De celle en qui votre amour gît si fort. Las qu'ai-je dit ? Qu'est-ce que j'admoneste ? Ne dansez point, soyez en déconfort. Elle s'en va, Amour par son effort Lui fait laisser le lieu de sa naissance, Parents, amis et longue connaissance. Pour son époux suivre jour et ferée. O noble duc, pourquoi t'en vas de France, Où tu as eu la nuit tant désirée ? Duchesse (hélas) que fais-tu ? Tu délaisses Un peuple entier pour l'amour d'un seul prince. Et au partir en ta place nous laisses Triste regret, qui nos cœurs, mord et pince. Or va donc voir ta ducale province, Ton peuple déjà de dresser se soucie Arc triomphal, théâtre et facétie Pour t'accueillir en honneur et en bruit. Bientôt y fait ta ceinture accourcie Par une bonne et bienheureuse nuit.

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    Comment la mort sur I,E propos de République parle a tous Humains Peuple séduit, endormi en ténèbres Tant de longs jours par la doctrine d'homme, Pourquoi me fais tant de pompes funèbres, Puisque ta bouche inutile me nomme ? Tu me maudis quand tes amis assomme, Mais quand ce vient qu'aux obsèques on chante. Le prêtre adonc, qui d'argent en a somme, Ne me dit pas maudite ne méchante. Ainsi, pour vrai, de ma pompe ordinaire Amende plus le vivant que le mort, Car grand tombeau, grand deuil, grand luminaire Ne peut laver l'âme que péché mord. Le sang de Christ, si la foi te remord, Lave seul l'âme , ains que le corps dévie ; Et toutefois, sans moi qui suis la mort, Aller ne peut en l'éternelle vie. Pourtant, si suis défaite et dessirée, Ministre suis des grands trésors du ciel, Dont je devrais être plus désirée Que cette vie amère plus que fiel ; Plus elle est douce et moins en sort de miel ; Plus tu y vis, plus te charges de crimes ; Mais, par défaut d'esprit célestiel, En t'aimant trop, tu me hais et déprimes. Que dis-je aimer ? Celui ne s'aime en rien, Lequel voudrait toujours vivre en ce monde, Pour se frustrer du tant souverain bien Que lui promet vérité pure et monde, Possédât-il mer et terre féconde, Beauté, savoir, santé sans empirer; II ne croit pas qu'il soit vie seconde; Ou, s'il la croit, il me doit désirer. L'apôtre Paul, saint Martin charitable Et Augustin, de Dieu tant écrivant, Maint autre saint, plein d'esprit véritable, N'ont désiré que mort en leur vivant. Or est ta chair contre moi étrivant ; Mais, pour l'amour de mon père céleste , T'enseignerai comme iras ensuivant Ceux à qui onc mon dard ne fut moleste. Prie à Dieu seul que par grâce te donne La vive foi dont saint Paul tant écrit. Ta vie après du tout lui abandonne, Qui en péché journellement aigrit ; Mourir pour être avecques Jésus-Christ Lors aimeras plus que vie mortelle. Ce beau souhait fera le tien esprit ; La chair ne peut désirer chose telle. L'âme est le feu, le corps est le tison ; L'âme est d'en haut, et le corps inutile N'est autre cas qu'une basse prison En qui languit l'âme noble et gentille. De tel prison j'ai la clef très subtile; C'est le mien dard à l'âme gracieux, Car il la tire hors de sa prison vile Pour avec foi la renvoyer es cieux. Tiens-toi donc fort du seul Dieu triomphant, Croyant qu'il est ton vrai et propre père. Si ton père est, tu es donc son enfant Et héritier de son règne prospère. S'il t'a tiré d'éternel impropère, Durant le temps que ne le connaissois, Que fcra-t-il s'en lui ton cœur espère ? Douter ne faut que mieux traité ne sois. Et pour autant que l'homme ne peut faire Qu'il puisse vivre ici-bas sans péché , Jamais ne peut envers Dieu satisfaire ; Et plus lui doit le plus tard dépêché. Donc, comme Christ, en la croix attaché, Mourut pour toi, mourir pour lui désire ! Qui pour lui meurt est du tout relâché D'ennui, de peine et péché qui est pire. Qui fait le coup? C'est moi ; tu le sais bien. Airisi je suis au chrétien qui dévie Fin de péché, commencement de bien, Fin de langueur, commencement de vie. O toi, vieillard, pourquoi donc prends envie De retourner en ta jeunesse pleine? Veux-tu rentrer, en misère asservie, Dont échappé tu es à si grand peine ? Si tu me dis qu'en te venant saisir Je ne te fais sinon tort et nuisance, Et que tu n'as peine ne déplaisir, Mais tout plaisir, liesse et toute aisance, Je dis qu'il n'est déplaisir que plaisance, Vu que sa fin n'est rien que damnement , Et dis qu'il n'est plaisir que déplaisance, Vu que sa fin redonde à sauvement. Quel déplaisance entends-tu que je die ? Craindre mon dard ? Cela n'entends-je point ; J'entends pour Dieu souffrir deuil, maladie, Perte et méchef, tant viennent mal à point, Et mettre jus par foi, car c'est le point, Désirs mondains et liesses charnelles. Ainsi mourant sous ma darde qui point, Tu en auras qui seront éternelles. Doncqucs par moi contristé ne seras, Ains par fiance et d'un joyeux courage, Pour à Dieu seul obéir, laisseras Trésors, amis, maisons et labourage; Clair temps de loin est signe que l'orage Fera de l'air tôt séparation ; Ainsi tel foi au mourant personnage Est signe grand de sa salvation. Le Christ, afin que de moi n'eusses crainte, Premier que toi voulut mort encourir. Et en mourant ma force a si éteinte Que quand je tue, on ne saurait mourir. Vaincue m'a pour les siens secourir, Et plus ne suis qu'une porte ou entrée Qu'on doit passer voulentiers pour courir De ce vil monde en céleste contrée. Jadis celui que Moïse l'on nomme Un grand serpent tout d'airain élevoit, Qui (pour le voir) pouvait guérir un homme Quand un serpent naturel mors l'avoit. Ainsi celui qui par vive foi voit La mort de Christ, guérit de ma blessure Et vit ailleurs plus que ici ne vivoit, Que dis-je plus ? mais sans fin, je t'assure. Parquoi bien folle est la coutume humaine Quand aucun meurt porter et faire deuil. Si tu crois bien que Dieu vers lui le mène, A quelle fin en jettes larmes d'ceil ? Le veux-tu vif tirer hors du cercueil, Pour à son bien mettre empêche et défense ? Qui pour ce pleure est marri dont le vueil De Dieu est fait ; juge si c'est offense. Laisse gémir et braire les païens Qui n'ont espoir d'éternelle demeure. Faute de foi te donne les moyens D'ainsi pleurer quand faut que quelqu'un meure. Et quant au port du drap plus noir que meure, Hypocrisie en a taillé l'habit, Dessous lequel tel pour sa mère pleure Qui bien voudrait de son père l'obit. Messes sans nombre et force anniversaires, C'est belle chose, et la façon j'en prise; Si sont les chants, cloches et luminaires ; Mais le mal est en l'avare prêtrise *° ; Car, si tu n'as vaillant que ta chemise, Tiens-toi certain qu'après le tien trépas Il n'y aura ni couvent ni église Qui pour toi sonne ou chante ou fasse un N'ordonne à toi telles solennités, Ne sous quel marbre il faudra qu'on t'ei Car ce ne sont vers Dieu que vanités. Salut ne gît en tombeau ni en terre. Le bon chrétien au ciel ira grand erre, Fût le sien corps en la rue enterré ; Et le mauvais en enfer tiendra serre, Fût le sien corps sous l'autel enserré. Mais pour tomber à mon premier propos Ne me crains plus, je te prie, ne maudis ; Car qui voudra en éternel repos Avoir de Dieu les promesses et dits, Qui voudra voir les anges bénédits, Qui voudra voir de son vrai Dieu la face, Bref, qui voudra vivre au beau paradis, Il faut premier que mourir je le face. Confesse donc que je suis bienheureuse, Puisque sans moi tu ne peux être heureux Et que ta vie est aigre et rigoureuse, Et que mon dard n'est aigre ou rigoureux. Car tout au pis, quand l'esprit vigoureux Serait mortel comme le corps immonde, Encore t'est ce dard bien amoureux De te tirer des peines de ce monde. l'acteur Quand mort prêchait ces choses ou pareilles, Ceux qui avaient les plus grandes oreilles N'en désiraient entendre mots quelconques ; Parquoi se tut et fit marcher adoneques Son chariot en grand triomphe et gloire Et le défunt mener à Blois sur Loire, Où les manants, pour le corps reposer, Préparaient tombe et pleurs pour l'arroser. Or est aux champs ce mortel chariot, Et n'y a blé, sauge ne pouliot, Fleurs ni boutons, hors de la terre issus, Qu'il n'amortisse en passant par-dessus. Taupes et vers, qui dedans terre hantent, Tremblent de peur, et bien passer le sentent. Même la terre en sûrté ne se tient, Et à regret ce chariot soutient. Là-dessus est la mort maigre et vilaine, Qui de sa froide et pestiféré haleine L'air d'entour elle a mis en tel méchef Que les oiseaux volant par sus son chef Tombent d'en haut et morts à terre gisent, Excepté ceux qui les malheurs prédisent. Bœufs et juments courent par le pays, De voir la mort grandement ébahis ; Le loup cruel craint plus sa face seule Que la brebis du loup ne craint la gueule. Tous animaux de quelconques manières o A sa venue entrent en leurs tanières. Quand elle approche ou fleuves ou étangs, Poules, canards et cygnes là étant Au fond de l'eau se plongent et se cachent Tant que la mort loin de leur rive sachent. Et se elle approche une ville ou bourgade, Le plus hardi se musse ou chet malade, Ou meurt de peur ; nobles, prêtres, marchands Laissent la ville et gagnent l'air des champs. Chacun fait voie à la chimère vile ; Et quand on voit qu'elle a passé la ville, Chacun revient ; lors on épand et rue Eaux de senteurs et vinaigre en la rue. Puis es cantons feu de genèvre allument Et leurs maisons éventent et parfument, A leur pouvoir de la ville chassant L'air que la mort y a mis en passant . Tant fait la mort qu'auprès de Blois arrive Et côtoyait jà de Loire la rive, Quand les poissons grands, moyens et petits Le haut de l'eau laissèrent tout craintifs, Et vont trouver, au plus profond et bas, Loire, leur Dieu, qui prenait ses ébats Dedans son creux avec ses sœurs et filles, Dames des eaux, les Naïades gentilles. Mais bien à coup ses ébats se perdirent, Car les poissons en leur langue lui dirent Comment la mort, qu'ils avaient rencontrée, Avait occis quelqu'un de sa contrée. Le fleuve Loire adonc en ses esprits Bien devina que la mort avait pris Son bon voisin ; dont si fort lamenta Que de ses pleurs ses ondes augmenta ; Et n'eût été qu'il était immortel, Trépassé fût d'avoir un remords tel. Ce temps pendant la mort fait ses exploits De faire entrée en la ville de Blois, Dedans laquelle il n'y a citoyen Qui pour fuir cherche lieu ni moyen. Car du défunt ont plus d'amour empreinte Dedans leurs cœurs que de la mort n'ont crainte De leurs maisons partirent séculiers ; Hors des couvents sortirent réguliers. Justiciers laissèrent leurs pratiques ; Gens de labeur serrèrent leurs boutiques. Dames aussi, tant fussent bien polies, Pour ce jour-là ne se firent jolies . Toutes et tous, des grands jusqu'aux menus, Loin au-devant de ce corps sont venus, Sinon aucuns qui les cloches sonnaient Et qui la fosse et la tombe ordonnaient. Ses cloches donc chacune église ébranle, Sans carillon, mais toutes à grand branle Si hautement que le ciel entendit La belle Echo , qui pareil son rendit. Ainsi reçu ont honorablement Leur ami mort, et lamentablement L'ont amené avec croix et bannières, Cierges, flambeaux de diverses manières, Dedans l'église au bon saint Honoré, Là où Dieu fut pour son âme imploré Par Augustins, par Jacobins et Carmes Et Cordeliers. Puis avec pleurs et larmes Enterré l'ont ses parents et amis. Et aussitôt qu'en la fosse il est mis, Et que sur lui terre et tombe l'on voit, La fière mort, qui amené l'avoit, Subtilement de là s'évanouit, Et oneques puis on ne la vit n'ouït. Tel fut conduit dedans Blois, la comté, L'ordre funèbre, ainsi qu'on m'a conté. Si l'ai compris succinct en cet ouvrage, Fait en faveur de maint noble courage. S'il y a mal, il vient tout de ma part ; S'il y a bien, il vient d'où le bien part. Mort n'y mord.

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    Clément Marot

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    D'alliance de pensée Un mardi gras, que tristesse est chassée, M'advint par heur d'amitié pourchassée Une pensée excellente et loyale : Quand je dirais digne d'être royale, Par moi serait à bon droit exaucée. Car de rimer ma plume dispensée (Sans me louer) peut louer la Pensée Qui me survint dansant en une salle Un mardi gras. C'est celle qu'ai d'alliance pressée Par ces attraits; laquelle à voix baissée M'a dit : «Je suis ta Pensée féale, Et toi la mienne, à mon gré cordiale. » Notre alliance ainsi fut commencée Un mardi gras.

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    De celui qui incite une jeune dame a faire ami A mon plaisir vous faites feu et basme, Parquoi souvent je m'étonne, madame, Que vous n'avez quelque ami par amours : Au diable l'un, qui fera ses clamours Pour vous prier, quand serez vieille lame. Or, en effet, je vous jure mon âme, Que si j'étais jeune et gaillarde femme, J'en aurais un devant qu'il fut trois jours A mon plaisir. Et pourquoi non ? Ce serait grand diffame, Si vous perdiez jeunesse, bruit et famé Sans ébranler drap, satin et velours. Pardonnez-moi, si mes mots sont trop lourds : Je ne vous veux qu'apprendre votre gamme A mon plaisir.

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    De la jeune dame qui a vieil Mari En languissant et en griève tristesse Vit mon las cœur, jadis plein de liesse, Puisque l'on m'a donné mari vieillard. Hélas, pourquoi? Rien ne sait du vieil art Qu'apprend Vénus, l'amoureuse déesse. Par un désir de montrer ma prouesse Souvent l'assaus : mais il demande : « où est-ce ? », Ou dort (peut-être), et mon cœur veille à part En languissant. Puis quand je veux lui jouer de finesse, Honte me dit : « Cesse, ma fille, cesse, Garde-t'en bien, à honneur prends égard. » Lors je réponds : « Honte, allez à l'écart : Je ne veux pas perdre ainsi ma jeunesse En languissant. »

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    De la paix traitée a Cambrai par trois princesses Dessus la terre on voit les trois Déesses, Non pas les trois qui après grands liesses Mirent au monde âpre guerre et discord : Ces trois ici avec paix et accord Rompent de Mars les cruelles rudesses. Par ces trois-là, entre tourbes et presses, La pomme d'or causa grandes oppresses : Par ces trois-ci l'olive croît et sort Dessus la terre. S'elle fleurit, sont divines largesses ; S'elle flétrit, sont humaines sagesses : Et en viendra (si l'arbre est bon et fort) Gloire à Dieu seul, aux humains réconfort, Amour de peuple aux trois grandes Princesses Dessus la terre.

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    Clément Marot

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    De la passion notre Seigneur Jésus-Christ Le Pélican de la forêt célique ', Entre ses faits tant beaux et nouvelets, Après les cieux et l'ordre archangélique, Voulut créer ses petits oiselets. Puis s'envola, les laissa tous seulets, Et leur donna, pour mieux sur la terre estre, La grand forêt de Paradis terrestre, D'arbres de vie amplement revêtue, Plantés par lui, qu'on peut dire en tout estre Le Pélican, qui pour les siens se tue. Mais cependant qu'en ramage musique Chantent au bois comme rossignolcts, Un oiseleur cauteleux et inique Les a déçus à glus, rets et filets : Dont sont bannis des jardins verdelets, Car des hauts fruits trop voulurent repaistre. Parquoi en lieu sentant poudre et salpestre Par plusieurs ans mainte souffrance ont eue, En attendant hors du beau lieu champestre Le Pélican, qui pour les siens se tue. Pour eux mourut cet oiscl déifique, Car du haut bois plein de saints Angelets Vola çà-bas par charité pudique, Où il trouva corbeaux très ords et laids : Qui de son sang ont fait maints ruisselets, Le tourmentant à dextre et à senestre, Si que sa mort, comme l'on peut connoistre, A ses petits a la vie rendue. Ainsi leur fit sa bonté apparoistre Le Pélican, qui pour les siens se tue. ENVOI Les Corbeaux sont ces Juifs exilés, Qui ont à tort les membres mutilés Du Pélican : c'est du seul Dieu et maistre. Les Oiselets, sont Humains, qu'il fit naistre ; Et l'Oiseleur, la Serpente tortue Qui les déçut, leur faisant méconnaistre Le Pélican, qui pour les siens se tue.

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    Clément Marot

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    De paix et de victoire Quel haut souhait, quel bienheuré désir Ferai-je, las, pour mon deuil qui empire ? Souhaiterai-je avoir Dame à plaisir ? Désirerai-je un règne ou un empire ? Nenni (pour vrai) car celui qui n'aspire Qu'à son seul bien, trop se peut dévoyer. Pour chacun donc à soûlas convoyer, Souhaiter veux chose plus méritoire : C'est que Dieu veuille en bref nous envoyer Heureuse Paix ou triomphant Victoire. Famine vient Labeur aux champs saisir. Le bras au chef soudaine Mort désire. Sous terre vois gentilshommes gésir, Dont mainte dame en regrettant soupire. Clameurs en fait ma bouche qui respire, Mon triste cœur l'œil en fait larmoyer, Mon faible sens ne peut plus rimoyer Fors en dolente et pitoyable histoire. Mais Bon Espoir me promet pour loyer Heureuse Paix ou triomphant Victoire. Ma plume lors aura cause et loisir Pour du loyer quelque beau lai écrire. Bon Temps adonc viendra France choisir, Labeur alors changera pleurs en rire. O que ces mots sont faciles à dire ! Ne sais si Dieu les voudra employer. Cœurs endurcis (las) il vous faut ployer. Amende-toi, ô règne transitoire, Car tes péchés pourraient bien fourvoyer Heureuse Paix ou triomphant Victoire. ENVOI Prince Français, fais Discorde noyer. Prince Espagnol, cesse de guerroyer. Prince aux Anglais, garde ton territoire. Prince du Ciel, veuille à France octroyer Heureuse Paix ou triomphant Victoire.

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    Dedans Paris, ville jolie Dedans Paris, ville jolie, Un jour, passant mélancolie, Je pris alliance nouvelle À la plus gaie damoiselle Qui soit d'ici en Italie.

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    Clément Marot

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    Du baiser de s'amie En la baisant m'a dit : « Ami sans blâme, Ce seul baiser, qui deux bouches embasme, Les arrhes sont du bien tant espéré. » Ce mot elle a doucement proféré, Pensant du tout apaiser ma grand flamme. Mais le mien cœur adonc plus elle enflamme, Car son haleine odorant plus que basme Soufflait le feu qu'Amour m'a préparé, En la baisant. Bref, mon esprit sans connaissance d'âme Vivait alors sur la bouche à ma Dame, Dont se mourait le corps énamouré : Et si sa lèvre eût guères demouré Contre la mienne, elle m'eût sucé l'âme En la baisant.

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    Clément Marot

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    Du jour de Noël Or est Noël venu son petit trac, Sus donc aux champs, bergères de respec : Prenons chacun panetière et bissac, Flûte, flageol, cornemuse et rebec. Ores n'est pas temps de clore le bec, Chantons, sautons, et dansons rie à rie : Puis allons voir l'enfant au pauvre nie, Tant exalté d'Hélie, aussi d'Enoc, Et adoré de maint grand roi et duc. S'on nous dit nac, il faudra dire noc : Chantons Noël, tant au soir qu'au déjuc. Colin, Georget, et toi Margot du Clac, Ecoute un peu, et ne dors plus illec. N'a pas longtemps, sommeillant près d'un lac, Me fut avis qu'en ce grand chemin sec Un jeune enfant se combattait avec Un grand serpent, et dangereux aspic : Mais l'enfantcau, en moins de dire pic, D'une grand croix lui donna si grand choc Qu'il l'abattit, et lui cassa le suc. Garde n'avait de dire en ce défroc : Chantons Noël tant au soir qu'au déjuc. Quand je l'ouïs frapper et tic et tac, Et lui donner si merveilleux échec, L'ange me dit, d'un joyeux estomac: "Chante Noël, en français ou en grec, Et de chagrin ne donne plus un zec, Car le serpent a été pris au bric. " Lors m'éveillai, et comme fantastic Tous mes troupeaux je laissai près un roc. Si m'en allai plus fier qu'un archiduc En Bethléem. Robin, Gautier et Roch, Chantons Noël tant au soir qu'au déjuc. ENVOI Prince dévot, souverain catholiq , Sa maison n'est de pierre ne de bric. Car tous les vents y soufflent à grand floc : Et qu'ainsi soit, demandez à saint Luc. Sus donc avant, pendons souci au croc, Chantons Noël tant au soir qu'au déjuc.

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    Clément Marot

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    Du partement d'Anne Où allez-vous, Anne ? que je le sache, Et m'enseignez avant que de partir Comme ferai, afin que mon œil cache Le dur regret du cœur triste et martyr. Je sais comment ; point ne faut m'avertir Vous le prendrez, ce cœur, je le vous livre ; L'emporterez pour le rendre délivre Du deuil qu'aurait loin de vous en ce lieu ; Et pour autant qu'on ne peut sans cœur vivre Me laisserez le vôtre, et puis adieu.

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    Clément Marot

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    @clementMarot

    J'ai grand désir J'ai grand désir D'avoir plaisir D'amour mondaine : Mais c'est grand peine, Car chaque loyal amoureux Au temps présent est malheureux : Et le plus fin Gagne à la fin La grâce pleine.

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